L’Horizon en pointillés pointait de son index famélique la frontière entre deux mondes. Le réel et le potentiel. Sur un fil funambule les jeunes hommes pantins jouaient de leur belle innocence, le Destin leur accorderait encore quelques années cet atout majeur de ne profiter que du présent.
La mer libre, rieuse et indomptée regardait la piscine fissurée par l’attaque du sel et du vent. La Nature encore une fois plus forte que l’homme. Là, aucun remous, aucune vague qui langoureusement venait échapper un soupir plaintif. Les bordures, la monotonie et le fade se battaient mollement le haut du pavé. De l’autre côté, le ressac se glorifiait d’une fougue non feinte. Deux mondes complémentaires, mais à jamais distants.
Paul restait là, en retrait du groupe. En attente, le corps tendu, il semblait même sur le seuil du retour. La peur l’habitait. Poser ses pieds sur ce béton chauffé par les premiers rayons du soleil, partager avec ses amis des moments inoubliables : cette année serait marquée du sceau du changement. Il lui fallait changer, accepter de se dépasser enfin. L’eau serait son baptême, sa nouvelle naissance. Un premier pas, puis un deuxième, le cœur battait à tout rompre. Ses doigts crispés entouraient une main invisible qui le guiderait vers un nouveau monde.
Il porta alors son regard de l’autre côté de la frontière, vers ce monde salin indompté et à l’horizon infini. Un jour, il l’arpenterait et se glisserait dans cette immensité. Mais cette heure n’était pas encore venue, il lui fallait d’abord dompter le monotone avant la fougue. Il ferma les yeux, se remplit les poumons d’air iodé, prit ce coup de fouet comme le signal. Un nouveau pas, la lisière sur le point d’être franchie. Là les découpes du béton entaillaient les pieds, une marche, une deuxième … ne pas flancher, continuer malgré la tête qui lui tournait, et ce coeur qui menaçait à chaque instant de rompre les vannes. Paul vaincrait et découvrirait enfin de nouvelles ivresses : la vie lui ouvrait les bras, il ne lui suffisait que de franchir le pas, il touchait du doigt la bascule .
C’est alors qu’il accepta la Force. Impulsion du pied, prise de hauteur, renversement du corps et ivresse du saut. Les bras reçurent les premiers cette eau salvatrice, puis la tête suivit. Un premier plongeon. Paul ressortit la tête de l’eau, ivre encore d’avoir goûté ce qui lui semblait inaccessible quelques minutes : il avait vaincu sa peur de l’eau.
Un rire animal sortit de sa gorge, il n’y avait pas de petites batailles, et il savait qu’un jour il plongerait lui aussi dans l’immensité saline. La fougue marine l’attendait et l’appelait déjà.
© Leiloona, le 25 octobre 2015
Le texte d’Isabelle :
« Allez, papa, dépêche !!!
-Pas de précipitation, les enfants, on a tout le temps, elle ne va pas partir, vous le savez bien. Et faites attention, ne courez pas, vous voyez bien que le sol est mouillé »
Mouillé…, ça, pour l’être, il l’était… Tout était mouillé d’ailleurs. Depuis des années, des siècles. L’eau, dont on craignait qu’elle devînt denrée rare, avait envahi une planète qui méritait encore moins son nom qu’en des temps anciens. Il avait fallu la dompter, ériger, toujours plus haut, plus solide, inventer de nouveaux matériaux. Une fois de plus, l’homme croyait dompter la nature quand c’était elle qui le dressait, l’obligeait à s’adapter, évoluer (?).
Les enfants devenaient de plus en plus impatients. Ils criaient, sautaient sur place. C’est qu’ils avaient hâte de la voir, celle dont on leur avait tant rabâché les oreilles à l’école. Le symbole de l’ancienne grandeur de l’Homme, désormais devenu celui de son irrémédiable échec. Tout avait été tenté pour la préserver, mais les ingénieurs n’avaient su que créer cet énorme bassin entouré d’une promenade, s’inspirant de la façon dont elle était présentée aux hommes lors de sa gloire. Ils se tournèrent vers leur père, le regard brillant d’anticipation et de hâte. L’homme, quant à lui, regardait ses rejetons avec fatalisme et une pointe de désespoir. Mais leur enthousiasme et leur trépignement prirent le dessus et l’homme, d’un sourire las et d’un signe du menton, leur donna enfin l’autorisation de plonger. Et les enfants rejoignirent avec joie ce qui était maintenant leur élément. Ils y voyaient presque mieux qu’à la surface. Ils décidèrent d’aller tout au fond du bassin, afin de remonter le long de son corps pour en découvrir les attributs en une formidable apothéose. Les plis harmonieux de la robe longue, vêtement désormais remplacé par une combinaison en novonéoprène, les firent sourire, dans l’insolence de leur jeunesse, et ils décidèrent de passer rapidement à la suite. La main gauche tenait un gros parallélépipède et ils crurent reconnaître cet objet dont leurs maîtres disaient qu’il s’appelait « livre ». Une fois leur perplexité passée, leur fascination s’orienta vers ces grandes épines qui lui sortaient de la tête. Ils avaient beau se répéter que ces pics représentaient la Lumière éclairant le monde, aucune image concrète ne leur venait à l’esprit, le soleil, ayant perdu sa force, ne dardait plus qu’une faible lueur sur ce monde humide. Mais c’est surtout ce qui affleurait à la surface qui avait motivé leur plongée, ce que brandissait sa main droite, cet amas coloré, censé réchauffer les âmes, les cœurs et les peaux, cette… « flamme ». Mais comment le pourrait-elle, maintenant que la peau des hommes était devenue froide et visqueuse, comme le reste ?
L’homme, resté à la surface, regarda ses enfants émerger, joyeux et insouciants, déjà faits pour ce monde. « Bah », se dit Aquino Bartholdi…
Le texte de Claude :
En ces temps-là, le monde était en pleine décadence. La quasi-totalité des hommes n’avait que faire de leur environnement, de la nature, et du bonheur des autres. L’égoïsme régnait. Chacun ne voyait plus que lui-même à travers les autres. Le Ciel se mit en colère. Dans sa fureur, il souhaita en finir en anéantissant la terre sous des flots destructeurs. Il fit abattre sur elle des pluies diluviennes sans discontinuer durant quarante jours et quarante nuits. On appela cela le Déluge.
Au début, la population ne prêta que peu d’attention à ce cataclysme, et continua à vivre avec arrogance au milieu de ses pollutions et ses conflits, s’abritant tant bien que mal chacun dans son coin sous des abris dérisoires. L’eau montait, montait,… Rien ne résistait aux vagues incessantes qui submergeaient tout sur leur passage. On ne comptait plus sur Noé, parti à bord d’une arche avec famille et animaux et qui naviguait patiemment dans des mers lointaines. De toutes manières, son embarcation était inaccessible au commun des mortels.
Face au drame qui se déroulait, à Dinard, cinq adolescents altruistes et généreux, petits fils de marins au caractère bien trempé, refusèrent de payer pour la turpitude de leurs contemporains. Ils firent converger leurs idées, dessinèrent ensemble les plans et construisirent à la hâte une Tour de Babel dans l’espoir qu’elle pourrait les épargner d’une noyade fatale. La pluie cessa peu à peu, mais les eaux n’en finissaient tout de même pas de monter. Juchés sur les dernières marches de leur édifice inachevé émergeant des mers qui couvraient maintenant la Terre entière, ils attendirent alors avec courage le dernier flux mortel.
Un bruit étrange se fit entendre au-dessus d’eux. Ils virent tout à coup sortir des nuages une boule de terre irrégulière qui se rapprochait. Elle supportait un arbre lourd, un peu grand pour la surface qui, aussi incroyable que cela puisse paraître, parlait et prenait même des photos. Maman Baobab ! « Oui, c’est moi, la photographe qui signe aujourd’hui la photo de Brica Book. Mais je suis également le baobab du Petit Prince de Saint Exupéry. Venez vite accrochez-vous à mes grosses branches. On est un peu serré ici sur cette minuscule planète, mais ce n’est pas grave, vous serez au moins au sec. Et chez nous, vous verrez, le monde y est tranquille, c’est celui où on ne se regarde pas l’un l’autre, mais où les yeux vont tous dans la même direction»
Le texte de Manue :
Avant de continuer à poursuivre ses frères, il jeta un coup d’œil rapide vers la masse d’eau sombre qui s’étalait devant lui. Il se sentit alors comme happé par son double, son autre lui qui apparaissait à la surface de la piscine. Plus un son ne parvint à ses oreilles, le bruit des vagues, pourtant toutes proches, s’évanouit, les cris des enfants s’arrêtèrent net et le soleil qui brûlait sa peau un instant auparavant sembla n’envoyer plus que des rayons glacés. Ses membres refusaient de lui obéir et, tétanisé, il eut l’impression qu’une seule minute durerait l’éternité.
Pourtant, sous ses yeux, dans l’eau, la vie continuait. Lui et ses frères se baignaient, ils étaient juste un peu plus vieux … Leurs barbes avaient poussé, leurs cris étaient plus rauques. Un court instant après, des jeunes femmes les rejoignaient et tous riaient d’être ensemble dans l’eau. Assis au bord du plongeoir, leurs parents les regardaient, heureux de pouvoir, aussi, penser un peu à eux. Tout était dit dans un regard. Et le temps s’écoulait inexorablement. La piscine se remplit de bouées et d’enfants plus jeunes puis, une seconde plus tard, il manquait une serviette au bord de l’eau. Le temps courrait. Il rongeait les corps. Amertume et moments perdus envahirent alors son cœur glacé. Et le vide, le vide laissé entre ces instants de bonheur, transperça tout son être jusqu’au plus profond de ses trippes. Que reste-t-il du temps qui passe, de la vie qui s’écoule ? Quelques images sélectionnées et puis quoi ?
Alors qu’il sondait sa mémoire à la recherche du temps perdu, le sang se remit à couler dans ses veines, sa longue apnée vers le futur pris soudainement fin. Il sentit des éclaboussures, ses frères venaient juste de plonger. Il sourit, simplement heureux d’être là.
Depuis ce jour, chaque seconde est importante. L’envie de laisser une trace de lui est ancrée, chevillée à son corps. Il y travaille sans relâche, le jour, la nuit. Il savoure toutes les soixante minutes d’une heure. Lorsqu’il pose son crayon ou ferme son ordinateur laissant là, pour un moment, le fil de ses pensées, et qu’il s’assoit dehors profiter des rayons du soleil, il se dit que décidément la vie est belle, aussi bien maintenant qu’au bord de la piscine d’eau de mer de son enfance.
Le texte de Nady :
Les mois qui venaient de s’écouler n’ont pas été de tout repos pour Léa. La mort de son père, la vente de la maison dans l’Aube et ce n’est pas de si tôt qu’elle y retournera car le nouveau propriétaire semble avoir pris au moins 6 mois de retard sur les travaux de la future chambre et table d’hôte… et pour couronner le tout son histoire d’amour prit fin dans la foulée…Léa ne supportait plus, surtout en ce moment, de passer après les ambitions politiques de son ami et cela n’allait pas s’arranger à quelques années de grandes élections. Trop c’est trop… et quand la coupe est pleine et le nectar pas à notre goût de surplus, on a le choix de tout boire au risque de s’étrangler ou de laisser la coupe et s’enquérir d’une nouvelle, peut être moins remplie mais à notre goût du moment. Léa prit cette option à l’aube de ses 40 ans et n’en est pas peu fière même si elle risque de prendre du temps pour trouver le bon nectar !
Heureusement qu’il y avait le travail pour sauver tout cela dans sa vie. Un nouveau président dans sa boîte, de nouvelles et passionnantes missions, une équipe motivée ! Pendant 4 mois Léa travailla d’arrache pied, ne comptant pas ses heures. Avec un enthousiasme sans faille, elle a su répondre présente partout et a pu mener au succès la première mission confiée et en plus dans les délais ! Pour fêter cela, Big boss avait même organisé une soirée avec toutes les équipes au Grand Véfour ; malgré l’excellence de la carte, Léa avait perdu le plaisir de la table mais elle su savourer humblement quelques secondes de bonheur devant ses collègues aux félicitations de leur grand chef.
Mais moralement, Léa était très fatiguée. Les cases de son cerveau semblaient déborder des « To do list », les tiroirs avaient du mal à fermer et les connexions se faisaient de plus en plus lentement. Léa manquait de sommeil aussi mais souffrait d’insomnie ces derniers temps dans notre belle capitale, ce qui n’arrangeait pas son affaire… Le Printemps arrivant avec les premiers rayons de soleil, Léa décida de s’offrir une mini cure de thalassothérapie à Dinard. Le prospectus vantait la sérénité de la région et parlait relaxation, anti stress, repos et cure de sommeil : un programme bien alléchant avant l’été où elle ne savait pas ce qu’elle allait faire cette année. Elle avait décidé de commencer à improviser l’année de ses 40 ans. Pour l’instant direction la Bretagne pour un long week-end en pleine semaine !
La thalasso est une grande découverte pour Léa. Le premier jour elle prend ses marques, découvre les 3 premiers soins qui lui plaisent énormément. On s’occupe d’elle, on la chouchoute, on la masse, on lui fait découvrir des infusions qui la font voyager dans sa tête, loin, très loin du brouhaha de la capitale, bien loin des tumultes du monde, assez loin pour qu’elle puisse enfin se reconnecter avec elle-même. Byzance, au bout du deuxième jour de soins, elle a redécouvert les nuits de 10h d’affilée et cerise sur le gâteau, elle a retrouvé l’appétit à travers un far breton, pâtisserie qui lui faisait de l’œil dans la vitrine d’une boulangerie à proximité du centre de thalasso. Son séjour arrivait à sa fin. Avant de regagner la petite auberge où elle avait pris une chambre pour toute la durée de la thalassothérapie, elle décida de marcher un peu, histoire de digérer la divine pâtisserie du coin. Ses pas l’amenèrent une demi-heure plus tard vers la plage de l’Ecluse.
L’océan a toujours été la came de Léa, les piscines pleines de chlore de son club de sport un dérivé et ses longs bains moussants un palliatif chaque week-end en attendant de se replonger dans une mer chaque été. Mais cet été, rien n’était programmé et les finances un peu en berne avec les temps qui courent pas très folichons en ce moment en tant qu’intermittent du spectacle.
Arrivée sur le sable, Léa est intriguée par un ponton au loin et décide de s’en approcher et quelle ne fut sa surprise de découvrir une piscine naturelle !!!! Une piscine d’eau de mer qui se remplit au gré des marées ! Quel bonheur ! C’est la deuxième fois de sa vie que Léa voyait une piscine naturelle de ses propres yeux !
La première fois c’était il y a 2 ans à Ténérife, aux dernières longues vacances d’été avec son ex amoureux. Des vacances en club bien reposantes pour eux deux où chacun vaquait à ses occupations en journée sans étouffer l’autre. Pendant ce séjour, Léa fit la connaissance de Chloé, une charmante ado qui séjournait au même hôtel avec sa maman. La personnalité de Chloé avait interpellé Léa ; les enfants de ses amis étaient ados aussi et souvent en rébellion contre la vie, les parents. Rien n’allait pour eux dans notre société, leur pessimisme sur l’avenir était proportionnel à leur nonchalance dans la vie qu’il traversait… Il faut que jeunesse se passe, dit le dicton. Mais Chloé était différente. Elle avait un je-ne-sais-quoi de maturité époustouflante du haut de ses 15 avec une bonne dose d’éducation « second Empire » à en ravir plus d’un et une qualité suprême : l’écoute de l’autre. Loin de vouloir toujours la ramener et affirmer qu’elle avait raison sur tout sans argument, Chloé était attentive aux autres, à leurs émotions, à leurs humeurs. Un après-midi, les pieds plongés dans la piscine près du bar, Léa se souvient y avoir passé des heures entières à discuter de tout et de rien sur le monde et la vie avec Chloé. Elle avait été bluffée de voir le recul que pouvait avoir cette ado sur le monde qui nous entoure. Elle savait mettre chaque événement en perspective, ne jamais rester dans un dogme pour s’ouvrir à l’avenir ! Une vraie pépite cette fille et Léa ne cessait de féliciter sa maman sur la formidable éducation qu’elle lui octroya.
Léa, Chloé et sa mère avaient décidé de se retrouver entre filles un après-midi pour découvrir la piscine naturelle à proximité du club, dont tout le monde parlait aux restaurants et aux bars. Elles choisirent de partir en tout début d’après-midi, espérant éviter la foule plus apte à faire la sieste autour des piscines avant le redémarrage des activités nautiques. Et elles ont eu raison. A part un couple faisant bronzette sur les rochers glissants, la piscine naturelle était déserte !! De grosses vagues venaient s’échouer le long du bord, renouvelant l’eau et la débarrassant des produits solaires des précédents visiteurs qui étaient venus s’y baigner.
Léa et Chloé s’armèrent de courage pour atteindre le centre de la piscine en essayant de ne pas glisser sur les rochers pleins d’algues. Léa retrouvait son insouciance d’antan avec cette gamine ; c’est elle-même qui proposa à Chloé de se hisser sur le bord pour attendre que les vagues viennent s’abattre sur leurs dos. Aucun danger apparent, à part peut être celui de voir la vague balancer un objet tranchant ou lourd mais il y a des jours comme cela où on croit à sa bonne étoile en ne pensant plus aux risques éventuels. Une vague fut tellement forte qu’elle projeta Léa et Chloé vers le milieu de la piscine, provoquant un fou rire des nouveaux arrivants, une fois qu’ils avaient vu ressortir les 2 têtes de l’eau !
C’est ce merveilleux souvenir qui revint à la mémoire de Léa quand elle s’approcha de la piscine naturelle de Dinard. Ici moins d’inattendu : pas trop de vagues à l’horizon, un bord aménagé pour des plongeons. Quatre jeunes se préparaient d’ailleurs à se lancer dans l’eau. La piscine naturelle était, dans la tête de Léa, un bon compromis avec l’océan qui l’effrayait de plus en plus. Depuis quelques années, Léa avait plus d’appréhension à ramer loin du rivage, à se laisser emporter par les flots en plein océan. Les coups de gueule de la nature l’avaient refroidie : des tsunamis par ici, des requins par là, des scooters de mers imprudents de l’autre côté l’avaient vite dissuadée de s’aventure dans la mer. Mais avec la piscine naturelle, elle retrouvait la douceur des caresses de la mer sans chlore sur son corps et se sentait en même temps protégée par l’enceinte naturelle de la piscine, comme dans sa baignoire à débordement qu’elle affectionnait dans la capitale.
La piscine naturelle de Dinard lui tendait les bras et quand elle décida de se mettre en maillot pour y faire un tour, elle entendit une douce voix qui la hélait. C’était Mathéo, le jeune homme rencontré hier au bar de son auberge avec qui elle avait si bien sympathisé qu’ils avaient décidé de poursuivre leur diner ensemble. Mathéo était venu passer le week-end de Pâques chez sa grand-mère à la Rochelle et la remercier du super beau cadeau qu’elle lui avait envoyé pour ses 20 ans il y a quelques semaines. Avant de rejoindre la capitale, Mathéo avait décidé de s’arrêter une nuit à Dinard, histoire de souffler loin de tout avant d’attaquer une longue période de travaux de son studio de jazz. Leurs deux solitudes avaient un point commun : une maison à reconstruire. Léa venait de se débarrasser de la sienne mais savait qu’elle y reviendrait en invitée, lui venait d’en acquérir une avec le challenge de la transformer en antre de jazz. « Léa, attends moi, je veux aussi plonger avec toi ! » et à cet instant, comme avec Chloé il y a 2 ans, Léa oublia sa maturité d’adulte et dans le cas présent le fait d’avoir deux fois 20 ans et s’élança avec Mathéo vers le ponton, comme deux enfants insouciants et heureux.
Le texte de Bénédicte :
Je me souviens très bien de cet été-là…J’avais 11 ans,je portais un deux-pièces mais je n’avais pas grand-chose à mettre dedans.J’avais aussi des lunettes,une fatigue passagère disait le médecin,et on venait de me poser un appareil dentaire juste avant les vacances….Bon,je ne devais pas être au top,mais cela ne m’empêchait pas d’être éperdument amoureuse….
Pour leurs trois semaines de congé,mes parents avaient choisi la Bretagne et plus particulièrement le camping de Dinard. Pourquoi Dinard, j’avoue que je ne le savais pas,ce n’était pas le genre de choses dont on nous informait.
Dans la caravane en face de la nôtre,il y avait une famille avec trois garçons de l’âge de mes frères et nos parents ont très vite sympathisé.Nous descendions tous ensemble sur la grande plage de l’Écluse et nous avions rapidement découvert la piscine d’eau de mer avec son petit plongeoir.Cette retenue d’eau aménagée dans les rochers permettait de se baigner même en dehors des marées.Nous y passions des heures.Les garçons y faisaient beaucoup de bruit et moi,assise au bord,les jambes dans l’eau,j’essayais d’empêcher mon cœur de sortir de ma poitrine à chaque fois que je le regardais….
Il faisait tout mieux que les autres,il sautait plus loin,nageait mieux,inventait sans cesse de nouveaux jeux,ramassait des coquillages à marée basse,débusquait les »couteaux » avec du gros sel et connaissait une quantité de tours de magie….
Je les suivais partout,ils n’avaient pas trop le choix,mes parents n’auraient pas accepté qu’ils me laissent seule sur la plage,mais ils ne se souvenaient de ma présence que si le besoin d’une prisonnière,d’une esclave,d’un public,d’un nombre pair,se faisait sentir….Cela m’était égal,le simple fait de pouvoir le regarder toute la journée me suffisait.
Quand il lui arrivait de me sourire,mon cœur se décrochait pour venir palpiter dans mon ventre,dans un endroit dont je ne soupçonnais même pas l’existence….
Et puis les vacances se sont terminées,nous sommes tous repartis et le visage de ce garçon,son corps brun et solide,ses yeux bleus,ont alimenté encore longtemps mes rêveries….
L’été suivant mes parents ont choisi le Sud pour les vacances….
Le texte d’Adèle :
Eté 29
Juillet avait été chaud, août s’annonçait torride. Tante Julienne avait convaincu mes parents de me laisser la rejoindre, elle et ses deux fils, à Dinard, où elle passait tout l’été dans une villa louée par son mari. J’avais 19 ans, j’habitais à Auxerre et je n’en revenais pas de ma chance : prendre le train, découvrir la mer, m’amuser avec mes cousins, des jumeaux de deux ans mes ainés, que je voyais trop rarement, à Noël et à Pâques, chez ma grand-mère de Nogent.
André et Paul étaient là depuis un mois déjà, ils avaient pris leurs marques dans la station balnéaire. Avec d’autres jeunes, ils formaient une petite bande insouciante. Leurs parents revenaient à Dinard chaque été, ils se fréquentaient, s’invitant « à la bonne franquette» comme ils disaient. La plupart, dont mon oncle et ma tante, laissaient à leurs enfants une liberté d’aller et venir, que je trouvais nouvelle et exaltante.
C’étaient pour la plupart des étudiants parisiens, comme mes cousins, Paul qui venait de réussir son certificat préparatoire aux études de médecine et André qui faisait son droit à la Sorbonne, comme son père avant lui. Faire partie de leur bande me flattait, bien sur. Je venais tout juste d’avoir mon bachot et j’entrerais à la faculté de lettres de Dijon pour la rentrée d’octobre. Je projetais d’enseigner plus tard les lettres modernes.
S’étaient joints à nous quelques jeunes britanniques. Nous baragouinions dans une langue ou dans l’autre, riant avec indulgence de nos maladresses.
Les journées, c’étaient baignades et pique-niques sur la plage, à Saint Enogat ou au Port Blanc. Le soir, nous nous réunissions chez les uns ou les autres, pour écouter de la musique, fumer et, quelques trop rares fois, danser.
Mais le lieu que je préférais entre tous, c’était la piscine de la Porte d’Emeraude. Nichée à l’extrémité Est de la plage de l’écluse, c’était un bassin presque rond rempli d’eau de mer, qui permettait de se baigner par tous les temps, quel que soit l’état de la mer, marée basse ou tempête. Nous aimions y plonger, et, si le soleil le permettait, nous lézardions sur la plage de ciment brut qui la ceignait.
C’est là que je le vis pour la première fois. Pendant que les autres se poursuivaient en criant, courant dans l’escalier avant de plonger, lui se tenait à l’écart, debout, immobile, en pleine lumière. Une émotion inconnue m’envahit. A contre-jour, de l’autre côté du bassin, j’avais tout le loisir de l’observer, sans qu’il le remarque. Il était grand. Les épaules étaient larges, la taille fine, les cuisses solides. C’était un corps d’homme. Sa peau était très claire, elle devait être douce au toucher. J’étais trop loin pour observer ses yeux, le délié de ses doigts, mais je pouvais deviner un renflement au bas de son ventre, qui déjà m’émouvait. Il tourna la tête, marqua un temps d’arrêt en découvrant mon regard scrutateur et rougissant. Il dit quelques mots que je n’entendis pas à André, et lui donna une claque dans le dos en riant. Il entoura ses hanches étroites d’une serviette à rayures et quitta les lieux en direction des cabines.
« Mike vient d’arriver à Dinard, c’est un chouette garçon, intéressant, tu verras. Je l’ai invité à la soirée de samedi ». André n’entendit pas la cavalcade des battements de mon cœur.
Samedi était trop loin, trois jours à attendre. La nuit, dans ma chambre, à l’abri de la fraicheur des draps de lin, mes mains, dans leur imagination, parcouraient le corps inconnu autant que le mien.
Le soir venu, j’enfilai une chemise blanche de fine batiste. Je passai et repassai le peigne dans mes épais cheveux noirs, finissant de lisser ma frange avec la main.
Chacun avait apporté quelque chose, des cigarettes, de l’alcool. Moi, rien, j’avais moins de 21 ans et, en théorie, tout cela m’était interdit. Dans le salon, sur le gramophone portable, tournaient des 78 tours de Maurice Chevalier et de Damia. Les anglais avaient apporté les leurs, d’un certain Sydney Bechet, qui jouait ce qu’ils appelaient du « jazz ». J’écoutais d’une oreille distraite. Mike arriva tard, il était très gai, il avait l’air de connaitre tout le monde. Je crois qu’il était le plus âgé de tous et qu’il avait un peu bu.
« Tu aimes le jazz, c’est bien.
-Heu, oui, enfin, c’est la première fois.
-C’est la première fois quoi ? »
Mon embarras avait l’air de l’amuser. Il me tendit son verre, plein d’un liquide doré et tentant. A la première gorgée, je hoquetais.
« Ça aussi, c’est la première fois ?
-Mais non, j’ai l’habitude », répondis-je en avalant cul sec.
Après, tout s’accéléra. J’avais envie de toucher sa main, mais c’était évidemment impossible. La soirée avançait, l’ambiance était agréable, il faisait chaud, Mike passait de l’un à l’autre, à l’aise. Je suivais ses déplacements du coin de l’œil, discrètement. Quand il sortit dans le jardin, je n’hésitai pas un instant à le suivre. Il m’attrapa par le poignet, me plaqua contre le volet et me donna un baiser profond, en passant rapidement sa main entre mes jambes. Ce fut comme un choc électrique mais je ne protestai pas.
Je ne résistai pas non plus quand il m’entraina derrière lui dans la nuit.
La piscine de la Porte d’Emeraude.
Il se hissa sur le muret, enjamba la rambarde, me tendit la main pour m’aider à grimper. En silence, il se déshabilla. Nu, il me défia du regard et j’essayai d’imiter ses gestes. Il se glissa dans l’eau et je le suivis. Il m’embrassa pour la deuxième fois, lentement, et là c’était doux et chaud, et ça me donnait envie d’autre chose, de quelque chose d’inconnu qui me faisait peur mais m’attirait. Je sentis son sexe dressé contre ma cuisse, dur. Il glissa sa main en bas de mon ventre, me caressa d’un geste sur, provoquant en moi une vague de plaisir. De son autre bras, il m’entoura le torse et me fit pivoter, son ventre contre mes fesses, tout en continuant de me caresser.
Il me pénétra, j’en avais envie et j’aimai cela, même si cela me surprit.
En 1929, j’ignorais que deux hommes peuvent s’aimer.
Voici vos liens sur les autres textes écrits à partir de la même photo :
@Leiloona : question bête et banale (que tu as déjà dû entendre mille et une fois) : comment fais-tu ? Quelle âme très ancienne habite ce corps qui maîtrise parfaitement l’art de choisir les mots, de bâtir les phrases et de les faire émerger comme autant d’évidences devant les yeux du lecteur déjà conquis ? As-tu seulement conscience de cet incroyable don des dieux, ce sens du don qui transparaît dans chacune des mots que tu déposes sur la page. Je remercie le hasard qui m’a permis d’entrevoir la petite lumière au dessus de l’atelier Bricabook, de pousser la porte et de découvrir tant de merveilles, un univers d’une incroyable richesse qui m’émeut et me submerge parfois… Et au milieu de tout ce bric à brac d’histoires, de tranches de vie, je ne parviens pas à détourner mon regard de ces joyaux étincelants que sont tes textes, qui me ramènent à ma modeste conditions d’humain balbutiant quelques mots insensés sur une feuille de papier. Heureux d’avoir croisé le sillage d’un futur auteur majeur de ce vingt-et-unième siècle. Je me lève et je vous applaudis, irrésistible envoyée des dieux. Paul a vaincu sa peur de l’eau, je fais le voeux que tu parviennes à vaincre la tienne pour que je puisse caresser tes mots si visuels et émotionnels sur les page d’un roman, m’enivrer de l’encre fraîchement séchée. Chapeau l’artiste…
Nimentrix … je lis tes mots et les accepte. Un jour, peut-être, le temps de la digestion et de l’action viendra. Pour le moment,je ne peux que te remercier. Le plus joli commentaire qu’on ait pu écrire à propos de mes écrits …
Moi je n’y ai pas vu de poésie. Juste l’allusion à « La Force » et je me suis dit que c’était une n-ième opération de marketing pour le prochain star wars qui sortira le 16 décembre. J’ai tout faux alors ???!!!
Le Mexicain ou l’art de pointer du doigt une expression et de la rendre ridicule … #Ouin …
(Cela dit, quelle perspicacité, et moi qui croyais que mon implicite à propos du film passerait inaperçu. Voilà qui est raté.) 😉
mouarf.
Aie, je crois que tu as été contaminé par ton personnage … 🙂
Deux explications possibles :
– Tu as trop passé de temsp à la #ComiConParis…
– @lemexicainjaune a trop passé de temps à la #ComiConParis…
Woaw, un commentaire d’une beauté rare pour une plume (et une femme) d’une beauté tout aussi rare
Je ne peux qu’approuver
Han mais pfff … attention à mon petit coeur quand tu écris une telle chose. ♥
Triste en ce lundi matin. 🙁 Mon texte n’est pas là …
Cette fois pourtant, je n’étais pas en retard (la dernière fois j’avais tant attendu la dernière minute du dimanche, que le prof n’avait pas corrigé ma copie, bien fait pour moi). Là, je l’avais envoyé dès le mercredi !
Enfin, tout cela n’est pas bien grave, je vais quand même partir travailler. Ce soir peut-être ?
Bon, depuis je t’ai écrit et tu m’as déjà répondu … je serai triste que tu ne reviennes pas, mais si tel est ton souhait, je peux pas te retenir. (Je n’ai jamais réussi à convaincre les gens de rester s’ils n’avaient pas envie de rester …) Surtout pour les raisons que tu m’as invoquées… mais nous perdons quelqu’un de talentueux.
J’adore tes ateliers, Leiloona, tu l’as compris, j’espère. Je m’y sens bien, c’est un cocon douillet avec pleins de gens bienveillants, j’adore lire leurs interprétations littéraires des photographies que tu proposes.. Je m’y amuse beaucoup.
Mais il faut que je me botte les fesses, que je sorte de ce fauteuil confortable pour avancer un peu.
leiloona : Ah ! dépasser sa peur de l’eau, quel courage, et seul, parfois devant les copains il fallait se dépasser un peu, beaucoup, dans ce texte il y a du vécu.
bénédicte : j’aime beaucoup ce moment de grandes vacances et cet émoi passionnel, dommage pour le sud.
Janickmm : du vécu ? Hum, pas ici, non … 🙂
Bonjour
je ne comprends pas pourquoi ça ne veut pas passer dans le formulaire…
je mets ici mon lien… il y a quelque chose qui m’échappe…
http://randonnezvousdansceblog.blogspot.fr/2015/10/atelier-ecriture-chez-bric-book-193.html
Bonne journée
Il y est pourtant, pourquoi tu ne le vois pas ? 😮
@ Leiloona : Je vais faire plus court que Nimentrix 😉 ! J’aime beaucoup cette image des deux mers, l’une sage, l’autre sauvage. On souhaite une vie passionnée à ce Paul qui a su vaincre sa peur. Bonne journée à toi, « âme très ancienne » !
@ Isabelle : un texte d’anticipation qui donne le frisson. J’aime beaucoup cette approche par petites touches de la célèbre statue.
@ Claude :Je plagie Julien Clerc : « Fais-moi une place » sur cette petite planète 😉 !
@ Nady : Ta « Léa » a tous les âges, 15 ans, 20 ans, 40 ans. C’est bien ainsi que nous sommes selon les jours et les événements. Belle image que cette piscine, enceinte protectrice.
@ Tu te glisse très joliment dans la peau de cet pré-ado à fleur de peau, au cœur qui commence à battre pour les garçons « qui font tout mieux »…
@ Adèle : Texte plein de sensualité avec un fin bluffante, bravo !
@ Manue : Étonnante prescience du temps qui nous glisse entre les doigts ! Un « carpe diem » à ta façon…
Albertine : Merci à toi … Oui, j’ai choisi cette photo pour sa dualité … la peur de l’eau, mais je crois qu’on pourrait mettre n’importe quelle peur pour Paul …
Merci Albertine. ça a vraiment été un exercice le texte de cette semaine car en voulant reprendre les personnages du passé, il ne fallait pas que je m’emmêle les pinceaux avec les âges que je leur avais donnés, leurs situations… bref, tout plein de petits détails à contrôler mais ce fut un plaisir presque sportif cette fois ci 😉 contente d’arriver à la fin 😉
Merci Albertine ! C’est ma première
participation
@ Leiloona : Un moment « suspendu » pour Paul… On sent vraiment son hésitation et son saut… dans l’inconnu 😉
@ Isabelle : J’aime bien quand, dans un texte, on se demande « mais que veut-elle dire ?? » et ensuite « aaah ! »
@ Claude : J’aime toujours les clins d’oeil de tes textes.
Je vous lirai plus tard les autres !
Tant mieux, si l’hésitation est palpable ! 🙂
Isabelle : Jolie performance, mamz’elle ! 🙂 Comme je te connais un peu (si peu), je te dirais que ce texte est à ton image. On est dans de l’anticipation (what else venant de toi ? Je crois que c’est ce genre de texte qui te convient d’écrire), mais on sent en filigrane l’émotion, la sensibilité qui te caractérise. Il ne te manque plus que de mettre tes autres textes sur ton blog et de prendre l’essor qui doit être le tien ces prochaines années.
Tu es trop gentille, Leiloona ! Moi tout petit scarabée 😉
Claude : Mouarf ! J’adore ton imagination fertile qui nous entraîne toujours vers de nouveaux rivages. De belles allusions aussi, toujours en finesse.
Manue : Des mots résonnent en moi, notamment cette phrase « Alors qu’il sondait sa mémoire à la recherche du temps perdu, le sang se remit à couler dans ses veines, sa longue apnée vers le futur pris soudainement fin. » et le dernier paragraphe … Superbes.
Waouhh merci !
J’ai hésité avant de l’envoyer ce texte ! Et puis, je trouve ça tellement intéressant d’être confrontée à vos avis que zouuuuuuu j’ai appuyé sur « entrée » !!!
On hésite toujours avant de publier ou d’envoyer un texte, non, Manue ? 🙂
Tout à fait 🙂
Nady : Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression que cette photo t’a permis non pas cette semaine de servir de thérapie, ou plutôt de catharsis pour le présent, mais bien qu’elle t’a plongée dans des souvenirs pour remettre une pièce de puzzle à ce présent pour l’équilibrer … Je me trompe peut-être totalement … Une très jolie réflexion sur les différences d’âge … on revient un peu aux âmes et aux connexions qui peuvent exister entre deux âmes de 2 âges différents … C’est ainsi que j’ai perçu ton texte.
Merci beaucoup Leiloona pour ton retour sur mon texte ; en plus du plaisir d’écrire, (bon pour cette semaine ça a été un peu ardu mais tout est de a faute à vouloir faire comme les copines et copains à donner une suite à mes personnages car ça demande de faire attention à des détails ;)) , j’apprécie plus que tout ces échanges sur nos textes que tu nous octroies car les différentes perceptions de chacun sont toujours riches d’enseignement sur nos styles, nos ressentis, en final nous quoi !!
Bénédicte : Ah les premiers émois des adolescents … et même plus tard de l’innamoramento qui reste le même chez les adultes…
Adèle : Je ne m’attendais pas à cette chute … elle donne une autre ampleur à ton texte.
Belle description tout en sensualité … hum …
Ce n’est pas une mince affaire que de vaincre sa peur, bravo à Paul d’avoir réussi à le faire. J’aime beaucoup les mots que tu poses sur la mer et sa fougue.
Merci Titine ! La fougue indomptable de la mer … je ne peux m’en passer.
@ Manue : Des allers-retours très maîtrisés entre passé, présent et futur, bravo.
@ Nady : Léa se retrouve… comme un poisson dans l’eau !
@ Bénédicte : L’émotion des premières amours d’été…
@ Adèle : Je retrouve un peu la même émotion que dans le texte de Bénédicte, mais transportée en 1929 avec beaucoup de brio… Tous ces détails d’époque… Et cette chute à laquelle je ne m’attendais pas ! Bravo.
Tu as raison, l’émotion de l’amour est la même, quels que soient les protagonistes 🙂
Oui, tu as tout compris Ellettres 😉 merci
Ce que j’aime avant tout ce sont vos idées à tous ! Chaque photo appelle quelque chose de différent en nous … ça crée une grande richesse chaque lundi !
Leiloona, belle idée ! Ce que j’aime le plus, c’est ton amour de l’océan ! J’ai le même et tes mots sont justes ! Ils me parlent complètement !
Isabelle, la fin du monde est proche … l’avenir sera aquatique ou ne sera pas ! Bravo
Claude, quelle chouette fin, j’adore !
Nady, c’est pour quand la suite 😉 on commence à s’attacher à ton personnage !
Bénédicte, pauvre jeune fille, dans tes mots on ressent toute l’amertume et la tristesse de cette adolescente, bien vu !
Adèle, jusqu’au bout on veut savoir si ton personnage va vivre sa première fois … la fin est … inattendue 🙂
Manue : Oui, effectivement, une adoration, presque, pour l’Océan … Contente de voir que cela se perçoit.
@Manue Rêva:Je suis ennuyée que tu ais perçu de l’amertume et de la tristesse car c’est un tel bonheur de découvrir le sentiment amoureux!On est tellement absorbé par cette expérience que la réciprocité n’a pas beaucoup d’importance!!!
Roooo ! T’es trop mimi Manue Rêva mais là je pense faire une pause sur le personnage car ça a été compliqué cette suite pour moi 😉 j’ai voulu faire comme les copains/copines mais même si c’est éreintant, j’ai trouvé l’exercice intéressant intellectuellement 😉 Je me lance dans la lecture et les retours des textes dès demain 😉
@:Isabelle:J’ai vu le clin d’œil à « la planète des singes »,et j’ai pensé aussi à ces villages engloutis par les eaux d’un barrage avec leurs cloches d’église qui ne sonneront plus jamais…Mais le texte,pour moi,reste assez joyeux,il n’y a pas de désespoir finalement,juste une humanité en mutation….Peut-être celle qui nous attend?
@Claude : J’aime beaucoup ton texte,le Déluge,Noé et tout son arche de privilégiés,et ces ados courageux…Un peu moins la fin qui, de mon point de vue,lui enlève de sa force….
@Bénédicte : merci. je suis d’accord. La fin n’a pas le même rythme que le reste. J’aime bien ton texte et ta description d’amours (souvent non consommés) de vacances qui entretiennent les rêves d’une année.
Clin d’oeil voulu et assumé 😉 Récemment, dans l’actualité, ce fut le contraire. Une ancienne église du temps des Conquistadors a émergé des eaux. Espoir ?
@Benedicte. Effectivement ton texte est intéressant car tu ne portes pas de jugement (notamment lors de la dernière phrase). On ne sait pas si c’est de la tristesse, du spleen, de le joie (le voir était suffisant, dixit). Voir le commentaire de Manue.
Pour renforcer cette ambiguité/neutralité, j’aurai bien supprimé cette phrase : « Quand il lui arrivait de me sourire,mon cœur se décrochait pour venir palpiter dans mon ventre,dans un endroit dont je ne soupçonnais même pas l’existence…. »
Ainsi, le lecteur s’interroge sur cet état d’ame : innamoramento (merci Leiloona !), observation, apprentissage, premier emoi, etc. ?
Si tu veux….Mais moi c’est clairement à cet âge que j’ai découvert que j’avais un sexe avec des papillons dedans!….
Eh bien, ça devient hot par ici ! 😮
@Leiloona : dans l’existence, il y a des plongeurs et il y a des spectateurs. Je fais partie des seconds, même si parfois la vie m’a poussée dans le dos, m’obligeant à inventer les gestes instinctifs de la survie. Mais par tes lignes, j’ai ressenti quelques instants l’ivresse des plus audacieux. Merci !
@Isabelle : je suis partagée entre l’effroi (d’autant que j’ai un 2 pièces en rez-de-jardin à Mandelieu) et la confiance dans les générations du futur. Ce qui doit être difficile pour ton héros, c’est de devenir étranger à son propre monde
@Claude : un vrai plaisir, ce texte ! Pour toi aussi, la foi en la jeunesse, la résilience. J’ai reconnu la planète baobab dès que tu l’as évoquée. Superbe image, véhiculant une si belle idée !
@Manue : Moment de vertige,d’apnée, et ouf ! le héros reprend pied et recommence à vivre. Et dans ma tête, la chanson d’Yves Jamait « le temps emporte tout ».
@Nady : elle est belle, Léa, belle dans sa tête et dans son cœur. J’aime sa capacité à nouer des liens avec tous et toutes. Je partirais bien avec elle, en thalasso ou tiens, une idée : marcher sur les chemins de Compostelle. On y va ? 🙂
@ Bénédicte : mon texte préféré ! Parce que nos textes sont des frères (ou des soeurs !), parce que dans ma tête j’ai toujours quinze ans (et parfois onze !), et surtout parce que aimer est si doux. Bises
C’est un très joli commentaire que tu me fais là,Adèle ! Merci. 🙂
Chiche Adèle pour marcher sur les chemins de Compostelle et on terminerait par une mini thalasso de réconfort 😉 C’est un rêve que je nourris depuis quelques années de faire ce chemin avec mon père et comme on n’en fera qu’un morceau, j’ai encore toute la vie pour parcourir les autres morceaux avec d’autres personnes ! On se programme cela Adèle 😉 Merci pour ton joli commentaire 😉
J’ai édité et « enrichi » (sauce meta) le texte que j’avais mis en ligne ce matin et dont je n’étais pas entièrement satisfait. Ca m’a pris quelques heures mais ça va mieux 😉 Je lis vos textes ce soir et vous donnerais mon feedback.:-) A plus !
@Leiloona : Toute personne ayant souffert de phobie se reconnaitra dans ton texte.Il n’y a pas d’autres moyens pour surmonter sa peur que de lui laisser toute la place,la lutte l’entretient,lui offre un terrain pour ce combat qu’elle adore,l’abandon la laisse stupide et la fait reculer….Paul connaît sa peur,l’accepte et quand il saute,il lui retire son pouvoir et par la-même s’en délivre…ça vaut bien un grand cri!!…J’aime beaucoup ce que tu écris….
Le texte de « parlons littérature » se résume au titre, c’est normal ? Ceci dit c’est un modèle de concision, tout est dit, on peut tout imaginer … Si c’est voulu, bravo ! 🙂
Hum, en fait le texte est là, il faut le surligner avec sa souris … la couleur n’est pas la bonne, je vais lui dire. 🙂
Je n’ai qu’un mot : bravo (ce qui m’amuse en plus c’est que j’étais à Dinard au dessus de la piscine tout à l’heure)
Oh merci Gambadou d’être passée par là ! 🙂
Et quelle chance d’être passée à Dinard … je le redis, mais j’adore cette ville … St Malo aussi … pour une raison différente.
@Isabelle Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à La Planètes des Singes, à cause de la célèbre statue… Un joli texte qui décrit peut-être un futur à venir ?
Merci Nimentrix ! Le film m’avait fascinée et glacé d’effroi en même temps quand j’étais enfant
@Claude : encore une situation apocalyptique mais avec l’apparition du fantastique à la fin
@Manue : intéressante métaphore sur l’écoulement du temps
@Leiloona : Waouuuu ! Tu décris si bien cette première fois pour Paul qu’on en oublie le sentiment de peur. Le résultat du dépassement de soi est si agréable qu’on regretterait presque d’avoir hésité si longtemps avant le premier saut ! Toujours un régal de te lire 😉
Merci belle Nady ! 🙂 J’aime ton enthousiasme, il me porte et me ferait presque abattre des barrières. 😉 Belle journée !
@claude : une belle idée ton texte à partir de cette photo ! moi aussi j’ai envie d’attraper une branche du baobab pour rejoindre l’île du Petit Prince ! y a encore une petite place ? 😉 merci pour l’espoir de ta conclusion 😉
@Bénédicte : ton texte est vraiment choupinet sur les émotions du « premier amour » ! La vie est étrange parfois, ne sait on jamais, elle peut peut être le retrouver dans 10 ans et je suis sûre qu’il la regardera mieux avec ses jolies formes qui se seront développées 😉 trop hâte de lire une suite 😉
@Manue : ton texte m’a fascinée ! » Que reste-t-il du temps qui passe, de la vie qui s’écoule ? Quelques images sélectionnées et puis quoi ? » j’adore ! ces phrases m’ont transportée et m’ont rappelée les paroles de Serge Reggiani dans le film « Le premier jour du reste de ta vie » ( https://www.youtube.com/watch?v=iZYrHDREkZM )
Merci pour cette parenthèse du temps présent pour conclure cette journée.
et j’en profite pour corriger ma faute « m’ont rappelé »… 😉
Merci ! Vraiment !
C’est la première fois que l’on cite quelque chose que j’ai écrit !
J’espère continuer à réussir à vous fasciner :-)))
@Nady: Désolée,je ne dois pas avoir toutes les clés car je me suis un peu perdue dans ton texte!!…Mais semble-t-il d’autres avaient l’air de savoir ou tu allais et avec qui!….
@Adèle: Tu avais prévenu et bien sensualité il devait y avoir et sensualité il y a eu!!Mais la fin je ne l’avais pas vu venir car tu as bien préservé le mystère……
@bénédicte : ne sois pas désolée, ça arrive que nos clés n’ouvrent pas toutes les portes. Merci d’avoir pris le temps d’essayer d’entrer dans mon texte en le parcourant 😉
J’adore quand je m’aperçois que l’on ne voit pas tous la même chose pour la même photographie…
Vos textes sont tous différents à leur manière…Riches en tout cas, je m’en nourris l’âme. Merci à tous 🙂
Merci Val ! 😀 Et vraiment, n’hésite pas à participer, tu es la bienvenue ! 🙂
@ Leiloona : après les compliments de Nimentrix, le mien va paraître fade… J’aime beaucoup ton style riche de poésie. Et cette idée des deux mondes, le réel et le potentiel m’a beaucoup plu. Les grands destins ont toujours un parcours initiatique…
Je retiens ta dernière phrase, elle résonne particulièrement en moi en ce moment. Merci.
@ Adèle. Un beau texte plein de sensualité. Et un beau choix de chute.
@ Adrienne : c’est très drôle. Je me suis bien amusé en lisant ce poème. Bravo.
@ Lemexicainjaune : c’est très bien fait cette description de l’ambivalence de K.
Claude : tu devrais commenter sur les blogs des participants, ils ne verront pas ici ce que tu leur écris. 🙂
@ Ellelettres : voilà une bonne idée. Et bien menée, je trouve.
@ Nimentrix : j’aime beaucoup le décalage de tes textes. On ne sais jamais où on va être emmené.
@Albertine : c’est simple, court et très bien écrit.
@ Fuchs : ton texte est plein de générosité.
@ Caribou : j’aimerai entendre réciter ton texte comme un slam
@Nady Toujours cette série à suivre… ça va devenir un roman 😉 Agréable à lire
@Benedicte : le passage de l’enfance à l’adolescence… Premiers émois
Merci Nimentrix pour ton retour. heuunon non, je capitule d’avance pour le roman, ça m’a presqu’épuisée cette suite 😉 Ma lecture se poursuit à un rythme très lent cette semaine et il me tarde de découvrir ton texte. J’ai cru comprendre qu’il y avait une version 2, je lirai donc la complète 😉 Hâte de voir la suite de ton texte de cette semaine dont j’ai cru apercevoir l’intro sur ton blog ;)))
@ Manue : bien vu : la mémoire est une leçon pour le présent.
@ Laflibust : bel hommage à l’insouciance de l’enfance
@ Parlonslittérature : une insouciance aussi, mais avant le drame.
@Adele : étant donné l’état d’esprit dans lequel j’ai écrit mon texte (voir mon blog), je me doutais de la chute (de rein) du tien 😉 Belle émotion, sensuelle, j’ai bien aimé le « toi aussi c’est la première fois ? » Bravo !
Grrr ! 🙁 Voyons, tu dénatures mon texte, ce qui en change le sens !!! J’ai écrit « ça aussi, c’est la première fois ? » (sous-entendu l’alcool, il faut tout t’expliquer !)
Sans rancune, lol ! 🙂
L’idée, c’est Leiloona qui me l’a donnée en écrivant en commentaire « il n’y a que des hommes »
Merci Leiloona ! 🙂
en fait moi j’ai vu qu’il n’y avait que des hommes donc…. le Elle ne pouvait être que… (je ne spoile pas pour ceux qui n’aurait pas lu 😉 )
Je t’ai guidée alors, d’une certaine manière … suis désolée, on ne devrait pas interférer dans l’imaginaire des autres. 🙂
Je répondais à Adèle …
Mais si, c’est chouette 🙂
Mon imaginaire ne vit pas pas sur une île déserte et tout ce qui le nourrit est bienvenu. C’est qu’il est gourmand ! 🙂
Oups, je pensais à première réplique :
-Heu, oui, enfin, c’est la première fois.
-C’est la première fois quoi ? »
Sans rancune 😉
@adèle : ton texte fait écho avec celui de Bénédicte avec des protagonistes plus âgés, ce qui pimente l’histoire pour notre plus grand plaisir 😉 une chute inattendue !!! Chapeau pour cette prouesse !!!
@Manue : Plus je vieiilis,plus je pense que tu as raison dans ta conclusion.J’ai aimé ce truc bizarre,cette fente existentielle fugitive qui lui a permis d’observer le(son?)futur….On en a tous envie non?….Même si en gros on sait ce qui va se passer!…..
C’est moi ou les commentaires glissent vers le torride par ici ? 😛
Mais non,mais non,je ne faisais pas allusion à’l’origine du monde » même si le terme de « fente existentielle » était bizarrement choisi je le reconnais!!!….
On va dire ça, Bénédicte, oui, oui oui … 🙂
Qu’est ce que ça va être alors avec la prochaine photo 🙂
Je n’ose imaginer ! 😮
@Manue :Zut mon doigt s’est tétanisé sur le i…Mais on s’en fiche non?….
Ouiiiiiiiiiii