Vestiges antiques
Dressés depuis des millénaires
Vous nous regardez
Remplis de sagesse
Et tentez de nous donner
Cette force des âges
Portiques de la vie
Aux regards tendres et aimants
Vous n’avez d’yeux que pour ces mortels
En quête d’un monde à jamais perdu
Ponts entre les hommes d’hier et aujourd’hui
Vous tissez des liens indéfectibles
Viendra alors à travers les âges
Une force encore insoupçonnée.
© Leiloona
Crédits photo © Romaric Cazaux
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Le texte de Gaëlle :
Ce matin j’ai posté cette photo de mes vacances en Grèce sur facebook.
Pourquoi ? Suis-je une coquille vide que seuls les autres peuvent remplir ? La vie, n’est-elle que partage, des beaux comme des mauvais moments ? Suis-je actrice ou spectatrice de ma propre vie improvisée en scénario médiocre ?
Le stress me submerge. Deux solutions : 1. Poster ce sujet sur facebook, pour savoir si les gens aiment. 2. Couper internet, défaire ses godasses, s’asseoir, et admirer en silence ce témoin de l’histoire.
Le texte de Jacou :
Ô Luxor
Luxe, calme et volupté,
Au royaume de Rê.
Les colonnes se sont jouées
Du disque solaire vénéré,
Sur le sable ont dessiné
Des trainées de lumière dorée.
Les pins, fièrement étalés,
Parasols métamorphosés,
Invitent à une halte d’éternité,
Et deviner l’homme-bélier
Dans la nuit s’embarquer,
Pendant que lentement estompés,
S’évanouissent les rayons-or.
Le texte de Morgane :
Rendez-vous
Bientôt 15H. La chaleur est écrasante. Je suis au lieu du rendez-vous. Je patiente la boule au ventre depuis une demi -heure maintenant. Ce retard … Que signifie-t-il ? Que je dois m’en aller ? Que ce n’était qu’un rêve ? Serait-ce là la banale conclusion de ce voyage en Egypte ?
Voyage tant espéré, tant attendu pourtant.
– Une promesse faite à ma mère :
Une visite de ce pays qu’elle n’a pas eu le temps de découvrir faute d’argent au début de sa vie de femme, faute de temps à la naissance de ses petits enfants et d’énergie au crépuscule de sa vie malheureusement arrivé trop tôt.
– Une mise au point pour moi :
Une remise en question à l’aube de mes 50 ans. Qui suis-je ? Ai-je accompli mes rêves d’enfants ? Qui est cette femme que je regarde chaque matin dans le miroir ? Suis-je heureuse ? D’après cet anneau doré, je suis toujours mariée donc l’épouse DE. Je suis la mère d’un grand gaillard parti faire sa vie outre atlantique et qui peine à donner des nouvelles à sa mère. Où est partie la jeune étudiante fougueuse pleine de projets ? Où est passée la femme ? Je me suis mise de côté durant toutes ces années : je me suis volontairement oubliée … Mais aujourd’hui, mon âge va changer de dizaine ; J’ai une dizaine de kilos en trop ; J’ai envie de hurler des dizaines de fois par jour ; Cela fait une dizaine de fois que je repousse l’idée de consulter un « pro » : un spécialiste de l’humeur et du mal être afin de vider mon sac une bonne fois pour toute.
Magnifique voyage rempli de couleurs, de senteurs, de panoramas inoubliables, de rencontres pleines de sourires. Ces quelques jours m’auront fait du bien : Je le sens au fond de moi.
Et hier … Ce magnifique tour en montgolfière : Cette crainte évidemment de quitter la terre ferme à bord d’un ballon multicolore, ces paysages encore plus époustouflants vus de haut, cette promiscuité dans la nacelle donc cette rencontre exceptionnelle : Un bel inconnu au regard envoutant et aux mains qui n’inspirent qu’aux caresses, du rouge aux joues et des frissons aux creux des reins, un morceau de papier déposé en douce dans la paume de ma main gauche où j’ai lu, une fois seule dans ma chambre d’hôtel : Demain, 14 : 30, Ruines du Temple Karnak.
Alors j’y suis, j’attends telle une adolescente amourachée ; j’ai passé un temps infini à me préparer ; j’ai échafaudé de multiples scénarios tout au long de la nuit mais pas celui du lapin il faut bien me l’avouer. Je regarde une nouvelle fois ma montre : Je resterai jusqu’à 15H30. S’il ne vient pas, je resterai avec mes idées érotico-romantiques de cette nuit. Si il vient ? … « Inch’Allah » comme ils disent ici …
« Ça vous dit un nouveau voyage en montgolfière ? »
Je n’ose me retourner tellement mon cœur cogne comme s’il voulait sortir de ma poitrine. Je pivote pourtant d’un quart de tour et c’est moi que j’entends répondre avec une certaine suavité dans la voix :
« Pour admirer un couché de soleil cette fois ? »
Le texte de Stephaniz :
Chaque année depuis que tu m’as quittée, je reviens ici une fois par an à l’occasion de la date de ton anniversaire, espérant… je ne sais pas trop quoi au fond. Un miracle sans doute. Te croiser à nouveau, plonger dans ton regard, sentir ta présence près de moi, respirer ta peau. Juste, te revoir une dernière fois. Sans même te toucher, sans même te parler.
Chaque année j’attends là, au pied de cet immense portique vieux comme mon cœur en ruines. Comme un rituel, je choisi le même banc, je détache mes cheveux, je me place face au soleil, je ferme les yeux et j’attends. J’attends. J’attends encore. Je sens la douceur des rayons me caresser les joues. Je sens la brise effleurer mon visage. Je vois des images défiler ; une larme glisse sur ma joue.
Les minutes sont longues. Au début, pleine d’une incertitude folle mon cœur bondit, rempli d’espoir au moindre bruissement de pas. Mais ce n’est pas toi. Ce n’est jamais toi. Ce ne sera plus jamais toi.
Je me sens si minuscule, si infime dans cet univers qui m’englobe, m’enrobe et m’avale. Chaque année, le même coucher de soleil dont l’éclat mélancolique me tord l’âme. Chaque année, je compte les bougies comme on compte les moutons pour tenter de trouver un sommeil qui ne vient pas, qui ne vient plus, qui ne viendra plus jamais.
Soudain, une main sur mon épaule. C’est l’heure. Maman est là, toujours prés de moi. Forte comme un roc silencieux. Elle m’aide à me lever, porte tout le poids qu’elle peut à ma place. Me confie la rose blanche. Quelques pas plus loin, je la dépose sur ta couche. Tu aurais 8 ans aujourd’hui…
Voici vos liens :
Yosha : Les ruines de notre histoire
Stéphanie : Le message du Sphinx
Cardamone : Monumental comme notre amour
Zelda : Luxor, j’adore
Didi : Ombres et lumières
Aurais-je employé une encre invisible pour écrire mon texte? Où serait-il enfoui quelque part dans le monde souterrain de la terre? en attente de réapparaître à l’est.
J’habite dans le sud-ouest, il est vrai, où je bénéficie de magnifiques couchers de soleil, et le matin, il m’est parfois impossible de saluer le lever du soleil, pourtant tardif. C’est peut-être la raison. Mon texte paresse lui aussi.
Amitiés occidentales. Jacqueline
Désolée, Jacqueline, des p’tits soucis de connexion ..
@ Leiloona : j’espère que tu as fait bon voyage ! On sent que tu aimes ces ruines, elles t’inspirent… C’est beau cette image de pont entre les hommes.
@ Jacou : je me suis laissée emportée par les belles images que tu as fait naître
@ Morgane : ton texte m’a beaucoup touchée, peut-être parce que je me suis projetée dans la peau de cette femme, je suis heureuse que tu lui aies accordé son tour en montgolfière !
Ah oui, j’aime les ruines … C’est pour cela que j’enseigne le latin et le grec. 😉
Merci Leiloona, ma poésie s’intitule « Ombres et lumières »
Bises
Je vais éditer ! 😀
@Leiloona J’aime vraiment beaucoup cette idée de liens indéfectibles, d’une tendresse et d’une force venus du fond des âges. Merci!
@Jacou J’admire ta capacité à écrire des textes très différents, toujours étonnants.
@Morgane Ton personnage est très attachant et le texte très touchant.
Oui, et c’est aussi ce que je ressens sur les sites archéologiques. Je ne l’explique pas. ♥
Bonjour,
Voici mon humble participation. Je ne sais pas si on doit la poster ici, ou l’envoyer par e-mail, dans ce cas à quelle adresse ? bref… Mon texte…
Chaque année depuis que tu m’as quittée, je reviens ici une fois par an à l’occasion de la date de ton anniversaire, espérant… je ne sais pas trop quoi au fond. Un miracle sans doute. Te croiser à nouveau, plonger dans ton regard, sentir ta présence près de moi, respirer ta peau. Juste, te revoir une dernière fois. Sans même te toucher, sans même te parler.
Chaque année j’attends là, au pied de cet immense portique vieux comme mon cœur en ruines. Comme un rituel, je choisi le même banc, je détache mes cheveux, je me place face au soleil, je ferme les yeux et j’attends. J’attends. J’attends encore. Je sens la douceur des rayons me caresser les joues. Je sens la brise effleurer mon visage. Je vois des images défiler ; une larme glisse sur ma joue.
Les minutes sont longues. Au début, pleine d’une incertitude folle mon cœur bondit, rempli d’espoir au moindre bruissement de pas. Mais ce n’est pas toi. Ce n’est jamais toi. Ce ne sera plus jamais toi.
Je me sens si minuscule, si infime dans cet univers qui m’englobe, m’enrobe et m’avale. Chaque année, le même coucher de soleil dont l’éclat mélancolique me tord l’âme. Chaque année, je compte les bougies comme on compte les moutons pour tenter de trouver un sommeil qui ne vient pas, qui ne vient plus, qui ne viendra plus jamais.
Soudain, une main sur mon épaule. C’est l’heure. Maman est là, toujours prés de moi. Forte comme un roc silencieux. Elle m’aide à me lever, porte tout le poids qu’elle peut à ma place. Me confie la rose blanche. Quelques pas plus loin, je la dépose sur ta couche. Tu aurais 8 ans aujourd’hui…
Magnifique texte ! Touchant, poignant puis bouleversant … J’aime beaucoup ton écriture. J’ai hâte de te relire. Bravo !
Je l’inclus avec les autres ! 😀
Sinon vous pouvez envoyer votre participation à leiloona[@]bricabook.fr
Textes sympathiques et évidemment différents cette semaine.
J’admire celles qui savent écrire des poèmes : Je tire donc mon chapeau à Jacou et Didi.
@ Leiloona : C’est vrai que l’on se sent petit face à ces ruines construites par un peuple qui avait beaucoup à nous apprendre …
@ Yosha : C’est forcement un homme pour être obnubilé comme ça par son appareil photo et pour ne pas voir la détresse de sa compagne : C’est lui la ruine !
@ Stéphanie : L’espoir d’une réponse face à un édifice qui en sait long depuis des siècles.
@ Zelda : Miaou !!!
Oh que oui, une civilisation qui a beaucoup) nous apprendre ! ♥
Merci Morgane. C’est la première fois que je participe à un atelier d’écriture, donc… ton commentaire me touche beaucoup. Merci.
Jacou : j’aime, et comme aujourd’hui le soleil est revenu, je pourrais presque croire que je suis en Egypte ! 😀
Morgane : Un message positif. Effectivement ne pas croire que le temps ne nous réserve pas des surprises. A tous les âges. ♥ Un joli message positif.
Stephaniz : votre texte me remue, comment rester insensible à cette perte ? la plus terrible qui existe. Il n’y a même pas de mot pour dire cette souffrance. Indicible.
Merci pour ce texte.
Stephaniz vous m’avez émue aux larmes.
Magnifique texte…
Merci !
Leiloona merci à vous pour cette magnifique initiative ( même si je ne trouve pas ce mot approprié).
Ces textes sont un régal, tout s’y mêle.
Le coeur bat plus vite, plus fort..,
Merci
À bientôt…