J’avais bien fait de prendre des munitions ! Il allait encore une fois me faire attendre ! Et sous la pluie en plus ! J’avais beau le lui dire, à chaque fois je faisais le poireau !
Heureusement que j’avais toujours dans mon sac ce mochasse pépin acheté un jour de pluie chez le bazar du coin. Brinquebalant, il me ferait faux bond au premier petit souffle de vent. En attendant, j’étais bien contente de l’avoir, ce p’tit parapluie.
Toujours dans mon sac (ma caverne d’Ali-Baba), quelques clémentines m’apporteraient les vitamines dont j’avais besoin en ce moment. La lassitude me prenait ces derniers temps.
L’hiver sans doute.
Elles me feraient aussi patienter.
Depuis toute petite, j’aimais les croquer du bout des dents pour les ouvrir. Le zeste qui en sortait était bien amer, et sûrement bourré de pesticides, mais je ne pouvais m’empêcher de croquer leur peau.
Venait ensuite l’épluchage. Petit morceau par petit morceau la clémentine se laissait déshabiller.
De cette peau enlevée s’échappe un savoureux parfum d’enfance qui chatouille les narines. Aujourd’hui encore, je ne peux m’empêcher de penser à ces soirées de Noël, un feu dans la cheminée qui crépitait. Alors que la nuit était déjà tombée, on regardait, bien emmitoufflé derrière la fenêtre, l’épais manteau de neige dans le jardin.
Ce soir, j’aurais bien aimé manger ces clémentines avec lui, bien au chaud sur le canapé, avec pourquoi pas une bonne tasse de chocolat. Nous n’avions pas de cheminée, et la neige ne semblait pas s’être invitée cet hiver, mais on aurait fait semblant. De toute façon, il était en retard, et je n’avais plus une seule clémentine dans mon sac.
Mais que faisait-il donc ?
Sûrement en train de discuter encore. Jamais il ne voyait le temps passer.
C’est alors qu’une petite tête blonde sortie de l’étude du soir. Un sourire grand comme une banane, il vit sa mère l’attendre. Qu’elle était belle sous ce parapluie bon marché ! La plus belle des mamans !
Il se mit à courir et sauta dans ses bras. Aussitôt la fatigue et l’inquiétude s’évanouirent du visage de Léna.
Sous le choc, le parapluie s’envola et retomba quelques mètres plus loin.
Pas de p’tit coin de parapluie, mais un joli coin de paradis pour ces deux-là.
♫♫♪♫♪
Jean-Charles : Un coin de parapluie
L’Insatiable (qui prend goût on dirait ! :)) C’est chouette !) : L’attente
Julie Mallauran : Turbulences
Gwenaëlle : Total plombage
Zelda : Soldes
Asphodèle : Nuit chagrine
Alvi : Le tournant
♫♪♫♪
Et le texte de Gaëlle / Roswelette !
Ce soir il n’y a plus une goutte d’essence nulle part en France. Crise oblige, les voitures ont disparu. Malgré l’heure tardive, Paris est en effervescence. Bizarrement un brouhaha très apaisant. Le temps s’aligne enfin sur l’échelle de nos pas, et la vie reprend une dimension humaine. La rue fourmille, les voisins se reconnaissent enfin. Le concierge de l’immeuble part acheter du pain pour tout le monde, tandis que la fille de la voisine garde les marmots du 4e. Moi, j’ai été chargée d’aller chercher des pommes. Très symbolique. Car voir tous ces gens qui se croisaient sans jamais se voir, les voir se sourire, se parler, s’écouter, s’entraider, ça me donne envie de croquer la vie à pleines dents. Comme l’espoir naïf d’un jour où le meilleur de l’homme sera remis au centre de la société. Comme la sensation de n’être plus jamais seule sous la pluie. Comme une envie d’humanité et de partage pour 2012.
♫♪♫♫
Merci à tous !
Gaëlle : un texte qui colle très bien avec la nouvelle année, même s’il y a un p’tit air apocalyptique à ton message !
@Roswelette : original comme texte ! Belle utopie qui nous attend, qui sait ?
voici mon texte! http://lescuriosites.over-blog.com/article-une-photo-quelques-mots-96682897.html
j’ai hâte de lire les vôtres! bonne journée!
On a peu près le même titre mais on est à des kilomètres
Bon je reconnais ton texte est à mettre entre toutes les mains pas les miens
@Gaelle :
On peut toujours l’espérer mais je crois que si il n’y avait plus une goutte d’essence on serait plutôt dans le style Mad Max.
@Gaëlle : un petit espoir quand même ? Que 2012 fasse mentir les prévisionnistes amateurs de catastrophes ! L’humain a déjà résisté a tant de choses…
moi aussi j’associe depuis longtemps les clémentines à Noel, un petit peu de magie quand on les épluche
effectivement, ca doit être un beau petit coin de paradis
Roswelette, belle utopie, ce serait interessant que ca se passe comme ca!
@ Gaëlle : rien de tel qu’un bon bouleversement pour faire changer les habitudes…
leiloona, moi aussi je pensais qu’elle attendait son amoureux
Le texte de Gaëlle/Roswelette est très poétique aussi.
@gaelle : Ce n est pas gagné pour plus de solidarité en 2012 , plus tard peut être
leiloona, I also thought she was waiting for her lover is really nice that this is not the case.
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