C’est à vous ! A lundi ! 🙂
Une photo quelques mots n° 416
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- Composition – Chroniques Atmosphériques - […] poème est ma participation à l’atelier d’écriture 416 de Bric a […]
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Lorsque j’observe la photo, ce danseur, aux muscles dessinés comme une planche d’anatomie me laisse perplexe. Il porte sur le dos une femme, frêle sans doute, mais probablement quand même une cinquantaine de kilos, ce qui n’est pas rien, et il ne laisse cependant apparaître aucun rictus, aucune souffrance.
Parce que moi aussi, j’ai dansé dans ma jeunesse. Certes mon niveau était à faire fuir Terpsichore et pleurer Nijinski, mais je sais ce qu’est un « porté », comme on dit dans le milieu. Hisser le corps de sa partenaire est un exercice éprouvant. Lors des quelques représentations mémorables auxquelles j’ai participé, je me vois encore, rouge écarlate, à deux doigts de l’apoplexie, soulevant par la taille une danseuse de la troupe, souvent bien en chair, au visage marqué par la peur que je la lâche brusquement, et qui me regardait d’en haut réclamant pitié. J’imaginais à ce moment le public ressentir, impuissant, les mêmes angoisses. Il était venu pour voir des sylphides et se retrouvait devant une compétition d’haltérophilie. Les secondes devenaient pour moi interminables ; je priait pour que le Temps ne suspende pas plus son vol. Dieu merci, Monsieur Volkoff, notre vieux pianiste au smoking élimé, un exilé russe qui avait accompagné les films muets au début du XXe siècle, accélérait le rythme pour mettre un terme au carnage. Je laissais enfin tomber sans grâce ma partenaire sous des holàs de remerciements de l’assistance soulagée et me lançait, en dépit de mon collant tirbouchonné par l’exercice, dans des sauts écarts avec le sourire forcé d’un homme politique battu aux élections.
Toute expérience, même cuisante, a ses vertus. Aujourd’hui, lorsque j’assiste à une représentation chorégraphique, je ne peux que m’émerveiller devant la prouesse des danseurs capables de masquer aux spectateurs les efforts incroyables qu’ils doivent déployer. Dans tout art, le talent est souvent de ne laisser percevoir au monde qui l’entoure qu’une émotion immatérielle.
Je viens de finir le livre Étonnez-moi qui retranscrit tout aussi bien que votre texte la difficulté des portés. La confiance est au coeur de la réussite et cette photo le montre bien.
Un témoignage qui sent le vrai, on a bien la perception de l’effort qui se réalise devant nous.
Quand on a les dessous de l’histoire on ne peut qu’être en admiration devant une telle scène! Et prouesse physique.
C’est qu’il ne faut pas prendre à la légère le choix de la partenaire.
Lézard vivant : notre passion du mouvement, faite art vibrant, sous les graviers ministériels !
Jambes en l’air
Et pointes des pieds
C’est leur vocabulaire
A ces amants damnés
Ils ont choisi cette grammaire
Pour exprimer leur colère
Bras levés
Doigts écartés
Dos courbé
Posture élaborée
Ils défient la gravité
Devenus sourds à l’amour
Ils ne savent plus s’aimer
C’est fini pour toujours
Terminé
Très joli texte. Bravo
Superbe ! Bravo. Aborder cette photo en dialogue intime chorégraphique est une excellente idée, et de surcroît là bien retranscrite en poème.
Ensemble mais séparés, chouette poème au désamour.
C’est tranché, tranchant, une danse qui sonne comme un adieu
Bravo
Merci vraiment pour vos retours.
Sont ils des survivants, tentent ils d’oublier l’inoubliable.?
Ah, bon ?
Bonjour. Voici mon texte du jour sur cette photo tellement significative pour moi.
Bonne lecture et excellente journée.
Trois ans…
36 mois que ce drôle de crabe
Est venu me pincer de l’intérieur,
Bousculant le présent,
Balayant le futur.
Trois ans…
À s’en remettre au corps médical,
À se balader d’examens en consultations,
À enrichir son parcours de soin de diverses spécialités,
Son répertoire de contacts médicaux.
Trois ans…
À composer avec des effets secondaires
Plus intenses que ce vaisseau indésirable.
À accepter cette fatigue quotidienne,
Cet esprit malhabile voire défaillant,
Ses nouveaux traitements antidouleurs.
Mais aussi et surtout
Trois ans…
Où de nouveaux rôles sont apparus,
Où la charge de cet après-cancer
Alourdit le quotidien,
Barbouille le futur d’un opaque brouillard.
Mais surtout j’aimerai tant
Que l’on ne s’enferme pas
Dans un duo patient/aidant
Que l’on redevienne un duo d’aimants…
Texte touchant, une interprétation très personnelle de cette photo de couple.
Merci beaucoup.
Un texte poignant qui vient nous bousculer.
Un final très bien choisi, un jeu de mot comme un souhait puissant qui n’attend que d’être entendu
Merci beaucoup
C’est exactement cela de l’amour en surdosage !
que rajouter?
Un texte intime où ne manquent des rimes en ‘ase’…
Mais j’en aime les phrases.
Couraze !
Ce texte est poignant, superbement exprimé. Et le désir formulé dans les dernières lignes apparaît comme un cri d’amour.
Merci ☺️
Bonjour à tous, ma participation est ci-dessous mais également sur https://photonanie.com/2021/11/15/brick-a-book-416/
Bonne journée.
Il en avait littéralement plein le dos de cette bonne femme!
Ils s’étaient connus à la salle de musculation, avaient échangé quelques sourires appréciateurs puis s’étaient rapidement trouvés dans le même lit pour le meilleur et pour le…meilleur.
Il y avait deux ans déjà. Complètement obsédés tous les deux par leur apparence, ils prenaient des tas de produits anabolisants pour parfaire leur musculature. Aucun concours, aucun programme d’exhibition dans la région ou plus loin ne les rebutait. On les voyait partout, ensemble et sur la même longueur d’onde, créant de nouvelles figures à deux pour faire saillir leurs muscles.
Tout allait merveilleusement bien jusqu’au début du printemps dernier. Elle commença par limiter sa consommation de produits dopants laissant ainsi rapidement fondre sa masse musculaire. il s’en étonna mais mis ça sur une lubie de régime ou autre fantaisie féminine.
Puis elle commença à laisser traîner des magazines avec des photos d’enfants un peu partout dans leur appartement. Inutile de dire que le signal n’arrivait pas au cerveau masculin de son compagnon. A croire que les nœuds de ses muscles empêchaient l’information d’arriver jusqu’à ses neurones!
Au fil du temps, l’horloge biologique de l’une avait pris de l’avance sur celle de l’autre, toujours obsédé par son corps.
Hier elle lui avait carrément posé un ultimatum: tu me fais un enfant, très vite, ou je te quitte directement après l’exhibition de ce soir.
Il savait qu’il vivait les derniers instants de leur couple et qu’il sentait pour la dernière fois le poids de sa compagne sur ses épaules. Il ne pouvait pas laisser tomber tous ses rêves et changer radicalement de vie, même sous la menace.
Le spectacle fini, elle rentra une dernière fois dans leur logement pour emporter le bagage préparé discrètement au cas où malgré l’espoir qu’il partage enfin son envie de fonder une famille.
Cette photo, devenue collector, est la dernière des “Musclamoureux” comme on les appelait dans le milieu.
J’aime beaucoup ce texte. Ah, être et paraître… Avec le temps, seul le premier demeure…
La « beauté » extérieure si fugace et l’intérieure qui dure…
Très beau texte sur les rouages d’un couple et de cette fichue horloge biologique
Merci de ton commentaire Céline
Beaucoup d’humanité !
Merci à toi aussi Janick
« Il en avait littéralement plein le dos de cette bonne femme! »
L’entrée en matière, toute littéraire, se confirme par la suite. C’est génial !
La fin d’une relation…
Les « Musclamoureux » je trouve que ça colle magnifiquement bien à la photo. Les deux vont de paire naturellement
Et oui, tout passe tout lasse tout casse dit-on parfois. Merci Marie.
Voici mon texte – poème:
A retrouver sue mon blog: https://latmospheriquemariekleber.wordpress.com/2021/11/15/composition/
Sur ton dos et tes os
J’écris une histoire
Celle de ces corps au désespoir
Qui se mêlent et s’emmêlent
Dans une danse funeste
Ton corps plie sous le poids
De mes membres lourds
Comme ces secrets que l’on porte
Et qui sur le cœur s’impriment
Jusqu’à nous faire perdre le nord
Tu t’arques et tu te crispes
Il ne faudrait pas quelque regard
S’incruste dans notre composition
Ballet vengeur qui hurle l’abandon
D’un combat déjà perdu
Sur ton dos et tes os
J’écris en arabesques
Le temps qu’il nous reste
A être acteurs de cette scène
Avant de redevenir nous-mêmes
Un spectacle pour le public et une réflexion en interne sur le temps qui passe…bien trop vite!
Oui le temps semble parfois nous abandonner à notre triste sort!
Superbe texte !!!
Merci beaucoup Céline!
Les coulisses de la danse et toutes ces questions qui déboulent dans notre inconscient.
C’est exactement ce que j’ai souhaité traduire. Merci!
Je reviens de ton blog, d’où je découvre, navré, qu’il n’y est pas possible d’y porter commentaire, alors je le fais là.
Le mouvement de ton poignet imprime, sur ces quelques lignes, un esprit mouvementé !
J’en ai savouré la dépense – le fait de se dé-penser au profit d’une image, pour le simple partage d’émettre sa pensée, cette fleur à cinq doigt… Comme ta main ouverte… (ou bleue, dirait ce cher Pierrot : Desproges). 😉
Joli poème qui exprime avec beaucoup de sentiment ce paradoxe entre la fiction artistique offerte au public et la réalité intime des acteurs qui la jouent.
Merci beaucoup. Ce sont souvent des questions que je me pose. Où commence et se termine la fiction et la réalité?
Alors tu devrais aimer te laisser emporter par le roman d’Alexandra (notre hôtesse sur ce blog) « La dixième muse »
Le contact charnel
Le geste éternel
Avec grâce et paresse
Apprivoiser la caresse
Être soi juste ici
Être toi juste ainsi
Les gestes lents domptés étudiés mis en scène nous portent, de pas chassés en regards croisés, se donner l’un à l’autre le meilleur, oublier l’autre, oublier soi, être deux.
Un bel assemblage de couple.
L’amour en construction et tout en délicatesse. Bravo
Un magnifique poème, un bel accord, une danse éternelle.
De danseur à dense heure : vibrance ! 😉
Indifférence et tolérance
Autant j’aime passionnément la peinture, la sculpture, le cinéma, la photographie(et bien d’autres arts et choses), autant le spectacle vivant comme le théâtre,l’opéra ou la danse me laisse indifférente bien que je comprenne fort bien que d’autres puissent aimer ça. Je ne cours pas après mais si j’ai l’occasion, je ne le fuirais pas le spectacle. J’aimerais ou pas mais j’essaierais de comprendre, Je suis toujours ouverte à la surprise d’aimer, à la découverte de ce que je ne connais pas. En cela, j’ai été choquée,même si ce n’est pas dans la danse, par quelqu’un qui aime ce que je n’aime pas(je lui ai précisé que je pouvais concevoir son attirance) mais me dit qu’elle ne comprend pas et même trouve idiot que quelqu’un aime ce qu’elle n’aime pas. Où est la frontière entre mon indifférence(curieuse et ouverte) et son intolérance ?
Belle interrogation sur l’amour à l’opposé
merci
Insidieux serpentaire… Mais je me suis habitué à tes points de fuite.
Un, deux, deux fois deux, deux qui font un, la jambe droite d’elle en continuité de la jambe droite de lui, la jambe gauche de lui en continuité du bras gauche d’elle, les bras se dédoublent, les mains s’écartent en doigts dont la luisance transparente du haut contraste avec l’opacité sombre du dessous. Reflets de marbre, de celluloid. Nervures acérées des tendons et des muscles de lui, tracé des côtes et des plis du tissu d’elle, fuselé doucement galbé des muscles d’elle. Deux têtes en font une, deux chevelures se mêlent. Hercule soutient un monde, le tout, une araignée à huit pattes, inquiétante, envoûtante. Tissus chamarrés. Noir et banc, clair-obscur, létale piqûre.
Belle description physique!
Bravo! C’est comme si la photo se mettait en mouvement sous nos yeux!
Ah, mais tu devrais t’intéresser à ce qui reste vibrant chez l’Oulipo, dis donc !
https://www.facebook.com/groups/2559421325
Comme un scorpion !
En fait, mon 417 dit pareil…
http://niak65poletique.canalblog.com/archives/2021/11/20/39227068.html