Line, Rose, Aline et Rosemary s’empiffraient déjà depuis presque trois heures, de Vache qui rit, en riant, bien sûr, en gloussant même.
L’excitation était à son comble ; Léon , l’inventeur du produit, surveillait les opérations de loin, en toute discrétion.
D’abord le choix du casting avait été fastidieux et plusieurs portions de crème de gruyère fondue s’étaient évanouis dans l’estomac des plus audacieux.
Mais ces quatre là, connaissaient leur affaire, ce produit les rendaient dingues, tout simplement. Toute l’équipe du tournage était sur place, mais voilà, Line et Rose étaient excitées comme des puces, elles enchaînaient les fous rires, les rigolades, se tâchaient, devaient changer de robes, s’essuyer les mains, faire semblant de manger, disaient qu’elles étaient écoeurées, enfin ça commençait à cafouiller sérieusement, et puis il faisait chaud, très chaud et le fromage fondait naturellement ainsi que les blocs de glace dans la glaciaire, et aussi la patience du chef opérateur.
Bref ! ça périclitait sérieux ! C’est à ce moment qu’André à dit : Coupé !
Excédé, il n’a pas vu le porte-monnaie d’Aline au premier plan : Il n’y a plus de pellicule, le budget va dépasser, Léon s’en contentera.
Alors la photo a été « retouchée » ou tronquée, je ne m’en souviens plus, mais l’affiche est belle, tu ne trouves pas ?
Oui, papy ! Mais pourquoi tu connais cette histoire ?
J’étais journaliste à cette époque, je débutais et j’aimais aussi cette petite portion de fromage, alors l’affaire était pour moi, je m’étais bien débrouillé, tu ne trouves pas ?
oui, il me semblait que la portion de fromage fondu et cette photo devait être à peu près de la même époque, cette idée a été instantannée, merci à toi
Kroum
sur 17 novembre 2019 à 23h18
Super Janickmm cette idėe de fromage à partir de cette photo. Même le sac au premier plan a trouvé une place dans ton récit. Bravo !
Merci Marina ! comment faire autrement, elles ont l’air de bien s’amuser.
Bassetti clamens
sur 17 novembre 2019 à 13h21
Bonjour,
à l’heure..
Une vieille photo,
quatre jeunes femmes
jeunes sans aucun doute
mais déjà l’air vieux
comme souvent dans les vieilles photos.
Trois sourient
une hésite à croquer
la pomme ?
Le gâteau aux pommes ?
Elles arborent de fraîches tenues d’été,
des orbes qui ont été repassées,
pas de synthétique encore
et des bas un peu épais pour la saison,
des bas qui tire-bouchonnent
et font des plis disgracieux.
Mais elles s’en moquent
toutes les quatre,
profitent du moment présent,
et elles ont bien raison,
que leur réserve le lendemain
nul ne le sait !
Ont-elles bien conscience
qu’elles ne choisiront sans doute
pas leur futur,
qu’il est déjà tout tracé
un mari, des enfants,
des petits bonheurs qu’à peine
elle remarqueront
tant les jours passeront vite,
qu’elles s’oublieront entre
petits tracas et grosses catastrophes.
Qu’elles se retrouveront à soixante ans
trop tard pour vivre la vie
qu’elles avaient rêvée,
car elles avaient rêvé,
ces quatre jeunes femmes,
souriant au photographe !
Une vie idéale,
tranquille , paisible,
à l’opposé de celles de leurs mères et grand mères
rester à la maison
s’occuper des enfants
qui bien sûr seront heureux,
plus qu’elles,
ils n’auront pas à se lever tôt,
ils iront à l’école
au lycée, même les filles
et maman sera là à leur retour,
le goûter sera prêt,
pain beurre et chocolat
ils seront au chaud
elle sourira tout en préparant
le repas pour le père
qui rentrera du travail
épuisé et sale,
mais tendre et attentionné !!
les efforts payent !
Un rêve, quoi !
Que s’est il passé ?
Où était la peau de banane,
Tout a dérapé, le rêve effondré,
des murs élevés, hauts si hauts
elles avaient pourtant bien rêvé
le jour de la photo !
Les rêves qui s’étiolent au fil du temps, les espoirs qui s’éteignent, la vie qui passe sans ressembler à ce qu’on avait imaginé. Tout cela est bien décrit et nous entraîne dans l’histoire.
Mais non … même après soixante ans il se passe des choses incroyables et extrêmement chouettes, et les rêves qui se réalisent font partie de ceux que l’on choisit.
La première fois que Betty Verleraine tomba malheureuse, tout le monde crut à une peine de cœur. C’était un jour de novembre, un jour de jardins pailletés de givre. Elle avait alors dix-neuf ans. L’âge des émotions qui font chavirer les jeunes filles, se dirent ses parents et ses sœurs. Les jours se suivirent et, avec eux, l’inquiétude grandissante. On avait beau lui offrir toute l’affection et l’attention du monde, rien n’y fit. Betty semblait se noyer dans d’invisibles méandres.
On soupçonna la grippe, la méningite, la tuberculose et la poliomyélite. Le mauvais sort et l’empoisonnement.
Sans pouvoir rien y faire, la tristesse continuait à envahir la jeune Betty, la clouant au fond de son lit, les larmes lourdes, les mots fuyants, les yeux perdus vers l’inconnu, la douleur intérieure muette et hurlante à la fois.
Six mois passèrent ainsi.
Et puis, un matin de printemps, parfumé de fleurs d’orangers, Betty tomba heureuse. Soudainement, sans prévenir. Elle se leva le sourire radieux et l’envie d’être belle. Belle comme le jour. Belle comme les filles de son âge. Une rage de vivre qui la métamorphosa en oiseau ivre de liberté. Ses sœurs explosèrent de bonheur. L’une s’empressa de la maquiller, l’autre de la coiffer, et la dernière de la parer de bijoux.
Pour fêter ce rétablissement éclair, le soir même, elles allèrent au bal.
Betty but plus que de raison. Dansa à en perdre l’équilibre. Rit et chanta sans timidité, elle qui pourtant était la plus réservée des quatre sœurs.
Sous les regards étonnés de ses cadettes, elle fut aussi un brin légère. Passant de bras en bras, déposant quelques baisers faciles, et retroussant ses jupons pour un regard, un sourire. Mais qu’arrivait-il à Betty ? Sans plus tarder, les cadettes lui pressèrent le pas, il était temps de rentrer, de se reposer, de se calmer eurent-elles envie d’hurler.
Un état d’incandescence qui dura près de six mois. Six mois d’inquiétude pour les proches de Betty, capable de tout et de n’importe quoi. Emprunter l’automobile parentale sachant à peine conduire, goûter à la marijuana avec de parfaits inconnus, offrir ses charmes au premier venu. La vie n’était plus qu’un jeu. Un jeu effréné et virevoltant. Un jeu qui fendait le cœur de toute une famille, ne reconnaissant plus la jeune fille autrefois douce et disciplinée.
Jusqu’au jour où Betty retomba malheureuse.
Puis, heureuse.
Et malheureuse à nouveau.
Un état plus que déstabilisant. C’était comme si Betty était triple. Jamais vraiment elle-même. Tantôt, elle n’était que la part noire de sa personnalité, tantôt la plus colorée, et quelquefois, rarement, fragilement, elle revenait à l’équilibre. Peut-être, son véritable moi.
Aujourd’hui, Betty a 60 ans.
Elle vit toujours au gré de ses deux saisons.
Cette submergence d’ombres et de lumières que la médecine appelle dorénavant troubles bipolaires.
Kroum
sur 17 novembre 2019 à 23h24
Quelle belle écriture Séverine Baaziz pour ce texte résumant cette terrible maladie. Bravo et merci.
Rhooo, merci Marinadedhistoires ! C’est vrai que j’ai une vraie faiblesse pour les incipits (et les chutes). Je me demande même, quelquefois, si je n’écris pas juste pour ça 😉
Le sujet est bien maîtrisé, je pensais au début de la lecture à un conte contemporain, une sorte de « belle au bois dormant », mais non, tu maîtrises bien le sujet, et l’écriture est belle, bienveillante.
Le texte est comme une onde, une oscillation, une fois la courbe monte, une fois elle descend en se répétant à l’infini…un trouble difficile à comprendre et à soigner, bel hommage en tous cas.
L’allégresse printanière comble l’incertitude.
La puissance du rire appel à l’oubli,
autorise l’interstice éphémère à la quiétude et la fuite du doute.
Un moment,
elles ne sont que joie, tendresse et communauté.
Le plaisir des instants partagés à jamais inscrit en elles.
Permettant de construire l’avenir,
de pallier les aigreurs du journalier,
les douleurs de certains matins.
Les éclats résonnent et trompe la mélancolie,
fabrique l’armure nécessaire à la survie
Enveloppée par la puissance de la sororité,
l’injuste est réparé grâce au regard bienveillant de celle qui sait,
celle qui est autre mais égale.
Merci beaucoup pour vos commentaires très positifs. Avoir des retours sur les textes est encourageant et me pousse à écrire chaque semaine. Belle semaine!
J’adore « les aigreurs du journalier » , beau texte.
Kroum
sur 17 novembre 2019 à 23h15
Toute mon enfance et adolescence j’ai entendu ma mère vanter les bienfaits d’une société matriarcale. C’était son fer de lance avec comme crédo :
« Vive les femmes
et leur beauté d’âme !
leur intelligence
qui donne du sens !
leur sensibilité
alliée à leur extrême beauté !! »
La preuve en est avec ce portrait !
C’est ma famille,
ma mère et ses filles…
Mais ce que l’on ne voit pas,
sur ce cliché limite sépia,
c’est celui qui appuie sur le bouton,
mon père, « le couillon »,
comme ma mère aimait l’appeler
« quand il la faisait chier ! ».
Ce soir là, il s’est vengé.
Après l’avoir amadouée,
Il sema sa graine
dans sa bedaine,
pour me voir pointer le bout du nez,
9 mois après.
Moi, c’est Charles, et à son opposé,
de mon sperme sont nés,
4 garçons. Non mais !
Oups ! Que se passe-t-il ? comme un sentiment de vengeance, de déterminisme et puis ce mot « couillon » que moi aussi petite j’entendais à chaque fin de phrase, méridional et plein de charme pour qui sait le prononcer : » té ! couillon va ! »
Bel hommage à la gente féminine ! Pareil 3 garçons 🙂 mais sans la photos, car mes parents ont alterné fille/garçon avec une parité presque exemplaire x 7 🙂 🙂
Anne-Marie
sur 18 novembre 2019 à 0h33
Croquer la vie
Elles souriaient toutes à l’objectif, Suzan, Kate, Emily, Ashley, mes quatre sœurs. Seul mâle d’une fratrie de cinq, je devais assurer… Après la naissance de leurs trois premières filles, mon père n’espérait plus un garçon. Il nourrissait de grands espoirs pour moi. A contrario, il ne se préoccupait que peu de l’avenir de ses filles. Quand Ashley pointa le bout de son nez, au grand dam de ma mère, il s’esclaffa : « encore une fille ! ».
Mum, elle, bien que femme au foyer espérait changer le cours des choses. En avance sur son temps, elle s’était promis de faire de ses filles des femmes libres. Libres de faire des études ou pas, libres de choisir un métier, un compagnon, de se marier, d’avoir des enfants ou pas. A cette époque, l’éducation des filles se résumait à les élever au rang de futurs bonnes épouses. Pour ma mère, l’avenir de ses cinq enfants n’était pas négociable. C’est ainsi qu’elle imposa à son mari de scolariser ses cinq enfants sans distinction de genre. Il finit par accepter.
Par une belle journée de juin, nous nous retrouvâmes à fêter la remise des diplômes de mes deux aînées, Suzan et Kate. Les mortiers avaient volé en tous sens. Mais, moi, le frère, le fils, j’avais raté mon année. Pas de doute, j’étais un doux rêveur et devrais affronter un jour ou l’autre les foudres paternelles. Je m’interprétais artiste. Les planches m’attendaient. C’était devenu une certitude. Mais, mon premier défi serait de ne jamais décevoir ma famille. Mon désir le plus cher : que mes sœurs portent le même regard sur moi que celui que je porte sur elle : un regard plein d’admiration. Vous, mes parents serez fières de vos enfants.
Alors que mes sœurs s’imposeraient dans un monde d’hommes sans jamais baisser leur garde. Elles savaient que rien n’était jamais gagné. Les femmes avaient encore bien des domaines à conquérir. Moi, je peinais à m’affirmer. Elles m’aidèrent à concrétiser mes rêves de scène. Plus tard, malgré des résultats scolaires médiocres, j’oserai, sur leur impulsion, pousser la porte de la Royal Academy of Dramatic Art.
Aujourd’hui, cette photo de mes quatre sœurs ravive le souvenir d’un jour plein de rires insouciants. Nous étions jeunes, heureux, les projets se bousculaient dans nos têtes. L’avenir était devant nous, prometteur. Quelle chance nous avons eu d’avoir des parents comme les nôtres ! Merci mum d’avoir été féministe avant l’heure, merci à toi, dad, d’avoir envers et contre toute attente combattu ces idées reçues d’un autre temps.
Un récit tout en contraste et plein d’optimisme, ça me plait 🙂
être libre d’être qui on veut, et faire ce que l’on aime : un combat de chaque instant et c’est toujours d’actualité !
Un beau courrier qui j’espère rencontrera ses destinataires, afin qu’ils sachent.
Kroum
sur 18 novembre 2019 à 20h12
En effet Anne-Marie, nos textes ont pris le même thème. J’ai beaucoup aimé ton angle d’écriture qui nous fait aimer tes personnages forts, sensibles et surtout unis. Merci à toi.
Joli plébiscite pour le féminisme qui ne date évidement pas d’aujourd’hui.
Terjit
sur 18 novembre 2019 à 3h15
Un jeudi après-midi comme les autres, le quatuor magique assis sur l’herbe à regarder les garçons rivalisant de dribbles pour les impressionner. Au début elles rougissaient et riaient aux éclats quand l’une faisait des commentaires amusés sur la coupe de cheveux de l’un ou la moustache naissante d’un autre. Puis le temps passant les remarques se firent moins anodines, elles portaient plutôt sur les jambes musclées, les épaules larges, ou les fesses rebondies de l’un ou de l’autre. Le petit groupe de copines glissait calmement vers l’âge adulte.
Monique était la seule à être fille unique, et ses parents rentrant tard, en fin d’après-midi elles se précipitaient chez elle pour écouter Salut les copains. Elles dansaient comme des damnées pendant deux heures, puis elles repartaient vers 19h15 en se jurant de recommencer la semaine suivante.
Une semaine sur deux Elisabeth restait dormir, ses parents étaient amis depuis longtemps avec ceux de Monique. Le diner se passait toujours agréablement, la tisane traditionnelle mettait fin à la journée et il était l’heure de se coucher. Elles embrassaient les parents, passaient rapidement par la salle de bain se brosser les dents et disparaissaient dans la caverne de Monique. Enfin seules elles se déshabillaient sans précipitation, enfilaient leurs chemises de nuit, se glissaient sous les couvertures et papotaient encore un peu avant de s’endormir. C’était un moment calme et doux, la chaleur de l’autre avait un petit goût sensuel qui les faisaient agréablement frissonner.
Un soir de printemps qui ressemblait à l’hiver la mère de Monique leur prépara une bouillotte bien chaude. Les deux amies se déshabillèrent bien plus vite que d’habitude et se précipitèrent sous les draps encore froids. Elles se blottirent l’une contre l’autre, face à face, en serrant la bouillotte entre leurs ventres. Elles avaient chacune glissé un bras sous la nuque de l’autre, l’autre bras frottait énergiquement le dos, et les pieds glacés s’entremêlaient pour faire monter plus vite la chaleur. Front contre front elles pouvaient l’une et l’autre sentir les respirations se faire de plus en plus profondes. Elles restèrent ainsi de longues minutes à se laisser envahir par une volupté nouvelle. Quand le lit fut réchauffé Monique repoussa la bouillotte vers le fond du lit. A l’aller sa main frôla la cuisse dénudée d’Elisabeth, au retour elle s’arrêta à mi-chemin au creux des reins. Ses lèvres franchirent les quelques centimètres qui les séparaient de celles d’Elisabeth, et y déposa le premier baiser de leur histoire d’amour restée longtemps secrète.
Aujourd’hui le regard de la société a changé, elles peuvent vivre au grand jour, et même choisir les deux amies comme témoins ! Alors trêve de nostalgie devant cette photo, le Maire a d’autres mariages que le leur à célébrer : Yallah !!!
J’aime beaucoup cette manière de passer de l’enfance à l’adolescence avec tous les émois qui l’accompagne… La regard qui change, les 1ères expériences… Vraiment agréable à lire !
Très bien, cet écrit, c’est tout en bienveillance, en découverte de l’autre et de ses sentiments, de ses premières émotions, expériences, bravo ! agréable lecture
Kroum
sur 19 novembre 2019 à 7h57
Tu as une jolie écriture très sensuelle. J’aime beauccoup, bravo terjit !
C’est alors que je faisais du tri dans les archives de la sous-préfecture, que cette photo s’échappa d’un épais dossier. Derrière, il y avait inscrit 4 matricules et une date : 14 juillet 1935.
Quatre matricules, quatre destins , quatre amies, les mains bientôt nouées par le crime.
Ces quatre jeunes femmes avaient toutes été placées à la même période, à l’Orphelinat Mutualiste vers l’âge de 9/10 ans, pour la raison suivante : Situation dangereuse et malheureuse.
Toutes les quatre avaient eu une enfance violentée et bafouée.
A gauche sur la photo, on y voyait le Matricule 62530, Jeanne la Fatale, accusée du meurtre de sept jeunes hommes âgés de moins de 25 ans, qui avaient tous péri de mort lente par hémorragie suite à une castration. Jeanne avait une soif de vengeance contre tout ce qui portait pénis et qui avait tenté de la séduire. Il était stipulé que les sept victimes portaient un prénom identique, celui d’un oncle de Jeanne.
Punis de la peine capitale, Jeanne fût guillotinée à l’aube du 17 novembre 1936.
A sa gauche, Matricule 62629, se trouve Arlette la Muette. Elle aussi fût accusée de meurtre pour avoir empoisonné son maître d’apprentissage avec de l’arsenic. Elle avait ensuite découpé le corps de la victime pour le cuisiner et le servir en repas à son épouse.
Il est écrit que la criminelle a été abattue le jour de son interpellation par les forces de l’ordre.
Ensuite, vient le Matricule 62280, Hélène la Gangrène, accusée de meurtre et de « maricide ». Alors que son époux la forçait à se prostituer et que sa belle-mère l’incitait à s’alcooliser entre deux passes, Hélène, pour mettre fin à son calvaire, s’était immolée par le feu après avoir poignardé son compagnon. Trois personnes de la belle-famille périrent dans l’incendie en plus de la criminelle.
Enfin, à gauche, Matricule 62836, Betty l’Ange Noir, infirmière de métier, accusée d’avoir empoisonné une trentaine de patients, toutes par injection létale de morphine. Ses motivations ? Elle scandait à tue-tête qu’elle était la fille de Satan !
Elle aussi fût condamnée à mort et exécutée peu de temps avant sa sœur de cœur Jeanne.
Pourtant, sur cette photo, le quidam moyen aurait reconnu quatre jeunes femmes épanouies et joyeuses, de futures bonnes épouses et futures bonnes mères…
Pour les jurés, elles avaient tué à mains nues, utilisé la ruse et la séduction et ils avaient refusé de leur reconnaitre de quelconques troubles psychiatriques. D’ailleurs, cette photo était bien la preuve qu’elles se portaient bien !
Médusée, je rangeais soigneusement la photo dans l’épais dossier que je classais définitivement.
Ben dis donc, Marlaguette (c’est toi ?), tout cela va un peu vite n’est-ce pas ? parce que Jeanne a été abusée par son oncle alors la peine capitale c’est un peu fort, cela ne se passerait plus de la même facon maintenant, et puis Hélène aussi, bon, pour les autres effectivement il y a un petit souci, j’avoue !
Marlaguette / Marlabis repetita ! C’est encore moi ! Le retour !
Pour mon texte, ce genre de procès de nos jours est déjà bien compliqué, même si on reconnait l’irresponsabilité plus facilement, et j’ai imaginé que dans les années 30, ce devait être encore pire… Femme et criminelle, je ne sais pas si on cherchait les circonstances atténuantes.
Suis contente de ton retour ! Bienvenue à l’atelier, et oui les procès à l’époque étaient bien vite expédiés c’est aussi ce que je voulais exprimer, à bientôt
Kroum
sur 19 novembre 2019 à 7h44
Glaçant… inattendu comme thème à partir de ce cliché de visages enjoués. Bravo Marlabis !
Ah ah ! très originale cette histoire de meurtrières en série, et leurs prénoms agrémentés d’un sens très évocateur qui contraste fort avec la photo. Ça fait froid dans le dos lorsqu’on est un homme…surtout Jeanne.
Meg, Jo, Beth et Amy se détestaient. Mais elles n’avaient pas le choix, elles n’avaient jamais eu le choix d’ailleurs. Pour commencer, elles avaient été affublées de prénoms qui garantissaient au mieux un regard chaleureux et au pire moqueries en tout genre. Des années que cela durait. Insupportable. Ensuite, la vie s’était acharnée sur elles. Elles n’avaient pu quitter le giron familial pour étudier, faute de moyens financiers suffisants, elles avaient dû ensuite, toutes les quatre, rester dans la même petite ville nichée au fin fond des Etats Unis, célibataires et obligées d’habiter dans la même rue, celle où les loyers étaient les plus modiques. Et, comble de tout, les voilà posant ensemble pour le même photographe, un garçon qui ne payait pas de mine mais qui avait réussit l’exploit de les rencontrer à des moments différents et à les inviter à le rejoindre dans ce petit bois, espérant qu’au moins l’une d’elle viendrait à son rendez-vous. C’était bien le seul à ne pas savoir qui étaient les sœurs April.
Meg l’avait rencontré en faisant ses courses, il avait eu la gentillesse de lui laisser le dernier paquet de céréales du rayon, et une chose en amenant une autre, il avait fini par lui demander si elle voulait bien le rejoindre pour le pique nique dominical qui se profilait. Présentement assise dans l’herbe, elle se demandait bien pourquoi elle avait accepté… il était laid et maintenant qu’elle portait ses lunettes, elle les avait oubliées en partant au drugstore l’autre jour, elle ne pouvait que constater l’ampleur du désastre.
Jo elle l’avait croisé alors qu’elle rentrait dans son deux pièces miteux, elle hésitait, au pied des marches de son immeuble, entre rester encore à profiter du soleil quelques minutes ou entrer et devoir rester des heures à contempler l’affreux papier peint de sa chambre qu’elle n’avait pas les moyens de changer. La croyant perdue il l’avait abordée et de fil en aiguille l’avait invitée aussi, n’étant pas sûr que la fille rencontrée plus tôt viendrait réellement. Le pauvre n’avait jamais séduit qui que ce soit alors deux précautions valaient mieux qu’une.
Amy ne voulait même plus le regarder, elle préférait manger et encore manger les délicieuses madeleines qu’il avait ramenées. Elle n’avait pas imaginé un instant que ce type qui l’avait invitée en deux minutes alors qu’elle lui vendait sa place de cinéma derrière la vitre de sa caisse aurait le culot d’inviter d’autres femmes, qui plus est, ses sœurs. Alors elle noyait son chagrin dans la nourriture.
Ce que préférait ne plus faire Beth, elle avait trop grossi ces derniers temps et elle se contentait de sourire maintenant, de toutes ses dents, en émiettant discrètement le reste de son déjeuner. Elle se disait qu’il était peut-être sa seule chance de se marier alors elle comptait bien de pas rater sa chance. Il travaillait dans les mêmes bureaux qu’elle et lui était rentré dedans avec sa tasse de café l’avant veille au détour d’un couloir. Devant le désastre de sa robe tachée il n’avait pu faire autrement que de l’inviter elle aussi pour se faire pardonner.
Sa surprise à lui avait été totale quand une à une ses quatre invitées étaient arrivées au point du rendez-vous, il n’avait su quoi dire et les avaient entrainées dans un recoin tapi de mousse fraiche pour déjeuner. Et ne sachant quoi faire une fois les maigres victuailles avalées, elles étaient quatre …. il avait sorti son appareil photo et immortalisait ce drôle de moment. Il ne savait laquelle choisir alors il usa toute sa pellicule. Puis, courageusement, prétextant une visite à une vieille tante dont il se souvenait maintenant, il les planta là, provisoirement, réfléchissant à quelle suite donner à tout cela.
Personne en ville ne sut ce qui se passa ensuite réellement. Pourtant cette photo fut gardée précieusement par chaque sœur, et leurs enfants, elles en eurent chacune un, la regardent avec émotion en se disant que c’était là que tout avait commencé. Ils ignoraient qu’ils avaient le même père, leurs mères ayant vite déménagé aux quatre coins du pays, subitement, quelques mois après ce dimanche étonnant, sans jamais plus se parler.
A gauche de l’objectif, se trouvent Irène et Marie et à droite Anne et Geneviève. Mes frangines.
A la naissance d’Irène, si toute la famille espérait un garçon, moi j’ai été contente de savoir que j’allais avoir une sœur avec qui jouer. C’était un bébé calme qui souriait tout le temps et il était aisé de s’en occuper. J’aimais particulièrement les moments où je me retrouvais seule avez elle pendant qu’Anne et Geneviève étaient à l’école. Mais ça n’a pas duré longtemps parce que Marie a pointé son nez dix mois plus tard.
Je n’ai pas réalisé de suite combien la fratrie allait être chamboulée avec sa venue. Ça s’est fait sans heurt, comme une évidence où chacune de mes sœurs a trouvé sa place. L’entente des aînées, la connivence des benjamines. Ça faisait rire mon père et si ma mère s’en abstenait, je voyais sa moue attendrie et sa fierté d’avoir des filles si complices. Moi, j’étais entre deux. Trop jeune pour mes sœurs aînées qui n’avaient guère envie de partager leurs jeux de « grandes » mais finalement pas si jeune que ça puisqu’il m’incombait de surveiller les benjamines afin de soulager maman qui peinait à recouvrer sa santé après sa dernière grossesse. J’étais spectatrice plus qu’actrice de cette fratrie, cherchant le fragile équilibre dans l’alignement de deux duos.
Il m’aura fallu des années pour arriver à saisir cet équilibre ; des années d’instabilité avant de comprendre où me situer. Mais le jour où j’ai réalisé l’évidence de ma place, tout m’a paru plus grand, ouvert à une multitude de projets à venir. J’en ai même fait ma profession. Depuis des années maintenant je fige le temps et les gens. Mes photos font même le tour du monde.
Pourtant à chaque été qui me ramène quelques jours près de mes sœurs, je sais que derrière mon objectif elles restent mon sujet préféré à immortaliser.
Ah ! La place du milieu, petite pour aller se coucher à 8h et grande pour faire la vaisselle, je connais, mais même avec le temps je suis toujours entre mes deux soeurs, et sert un peu de « coupe-feu », bien développé en tous les cas cette idée de fratrie
On ressent bien l’ambiance des familles nombreuses dans ton texte, ambiance que l’on capte parfois dans des reportages, ambiance assez fascinante quant on est comme moi enfant unique !
Merci
Mon mari a prévu certaines choses parce qu’il était plus âgé que moi
sans penser partir à 68 ans
En tout cas, la douleur, elle, tombe dessus, sans qu’o puisse la préparer, elle
Encore merci et bonne journée
Anne-Marie
sur 18 novembre 2019 à 14h27
Un hommage bouleversant, Laura. J’aimerai pouvoir trouver les mots qui réconfortent.
Courage, j’espère pouvoir te lire dans les prochains ateliers, bien sincèrement.
C’est lorsque la douleur et la peine nous anéantient que les mots affluent, vivants, puissants, douce thérapie intime et solitaire. Douce pensée, Laura
Elles sont quatre amies et elles dévorent.
Insouciantes du pourrissement des fougères
Sur lesquelles elles sont installées,
Elles pique-niquent avec avidité.
Jambes étalées, jupes retroussées
Délestées de leurs sacs, de leurs cahiers
Fières de leur complicité
Elles s’amusent, elles s’esclaffent.
Leurs yeux se plissent, leurs pupilles flamboient
Leurs rires grincent, détonnent, deviennent sorciers
Elles se congratulent, se félicitent de l’avoir fait.
« C’est vrai, il l’avait bien cherché ! »
Sous les fougères, elles l’ont enterré
Le prof de maths et son sale martinet
Adieu les heures de colle et les zéros pointés
Pour elles c’est jour de fête, elles l’ont bien mérité !
J’avais retiré cette photo du tas de vieux portraits retrouvés dans une boîte métallique après le décès de mes parents.
Je me souvenais que, gamine, je ne comprenais pas que ma mère, qui me paraissait si vieille du haut de ses trente trois ans, ait pu être amie avec ces souriantes jeunes filles. Elle m’avait raconté que la photo avait été prise au lendemain de la guerre qui avait frappé si durement les Ardennes où elles vivaient. Les demoiselles avaient pris beaucoup de plaisir à poser pour cette photo où on les voyait déguster les chewing gum offerts par les Américains venus les libérer. C’était nouveau pour elles cette matière qu’on mâchait sans l’avaler pour ne pas « qu’elle reste collée partout dans le ventre ».
La guerre, encore une abstraction pour une petite fille… qui écoutait, avec incompréhension, raconter les privations, la peur, le froid mordant les jambes colorées à la chicorée et les galoches à semelles de bois.
Elle me parlait aussi de chacune d’entre elles: de Johanna partie au Mexique avec un soldat séduisant, de Jeanne et Joséphine, les deux sœurs célibataires qui vivaient toujours dans la maison de leurs parents et puis elle, à l’arrière. Elle regardait d’un air déjà méfiant ce qu’elle allait mettre en bouche. Cette habitude ne la quitterait jamais comme si le manque de tout durant presque cinq ans avait ancré cette nécessité de bien regarder, goûter, analyser ce qu’on mangeait pour en tirer un maximum de plaisir.
Aujourd’hui c’est à mon tour et ce sont mes petits-enfants qui ne me reconnaissent pas sur les photos du passé. Quant à la guerre… Les nombreuses vues présentées sur le petit écran la font entrer quotidiennement dans notre vie mais ça se passe toujours ailleurs, loin de nous, sans la force émotionnelle du récit d’un proche qui l’a traversée dans sa jeunesse.
Anne-Marie
sur 18 novembre 2019 à 14h37
Une belle plongée dans l’histoire, Photonanie, le mélange des temps, des époques, bien traduit. Belle journée.
Ces photos nous servent de support pour la transmission de nos histoires du passé… Perso, j’adore me plonger dans les piles de vieilles photos qui nous plongent dans nos souvenirs, dans leurs souvenirs.
Je crois juste qu’il faut trouver le bon moment, se poser et échanger… Nous avons tous besoin à un moment donné de notre vie de retrouver nos racines.
Kroum
sur 18 novembre 2019 à 20h19
Une jolie histoire du passé très bien racontée. Ce parallèle avec le présent est un vrai plus qui vient conclure le récit. Comme j’aime te lire Photonanie, c’est fluide et captivant à la fois. Bravo Photonanie !
Bah oui, un prof de maths avec un martinet, y a pas pire !! (Je plaisante évidemment) Merci pour ton commentaire Marlabis !
Kroum
sur 19 novembre 2019 à 7h54
Un thème qui revient cette semaine mais chez toi j’ai beaucoup ri tellement tu as su exprimer l’air espiègle de ces filles du cliché. Bravo Marinadedhistoires !
Tranquillité, coquineries, amusements bien décrits qui nous mènent tout droit vers un sordide sort donnée à ce prof sans que pour autant on ressente une quelconque gêne comme si c’était normal et sans importance.
L’œil du père est collé au viseur de l’appareil-photo, il a fait les réglages et les blagues d’usage. On n’attend plus que la sortie du petit oiseau. Bon public, la brochette des mère, filles et sœurs, unanimement contentes, complices et coquettes, rit de bon cœur.
On est loin du Déjeuner sur l’herbe de Manet et du salon des Refusés. Ce sont les années 60, c’est la sortie du dimanche et on va goûter sur le haut du talus d’une France embourgeoisée et stéréotypée. On découvre la société de consommation dont la clé est ce sac à main bien garni délibérément oublié au premier plan.
Pourtant, la fille aînée, un peu en arrière, regarde son biscuit d’un drôle d’air. Elle le trouve fichtrement insipide le Choco BN, tout comme la rengaine des plaisanteries familiales. Et si c’était elle qui allait s’envoler ?
Histoire courte mais originale avec une fin évocatrice de liberté futur…
Plume47
sur 18 novembre 2019 à 14h25
C’était la fête
Quand je pique – niquais avec elles
_ Huguette ! Huguette ! Huguette !
Pas besoin d’assiettes ni de serviettes
Rendez-vous habituel près de la balancelle.
Elles étaient seules à m’appeler par mon prénom
À l’école les quolibets étaient légion
La binoclarde, ohé
Tu n’y vois pas plus loin que le bout de ton nez ?
Tu regardes par le p’tit bout de tes lorgnettes ?
Il fait quel temps sur ta planète ?
Eh, la miro
Tu mets tes besicles pour la photo ?
Quelquefois la maîtresse mettait le hola
– On n’a rien fait M’dame
Judas. ..
La petite Huguette a bien grandi. C’est mon amie. L’an dernier elle est montée tout en haut du podium d’un concours de beauté qu’elle a remporté avec de jolies lunettes cerclées. ..
Ben voilà ! Une belle revanche ! Les enfants de cours primaires sont durs entre eux, sans pitié et avec un acharnement doté de méchanceté, une bonne lecture
Elisabeth entretien son sourire et son diabète
Elle n’arrive pas à gérer sa diète
Et devant un macaron
Elle jouit, Elle fond
Fanny la cadette, tout le temps elle ri
Bouche ouverte, dents noircies
Engluées de chocolat fondant
Qu’elle utilise comme remontant
Brigitte, elle, sagement elle profite
Regard pudique baissé vers ses cuisse
Convoitées par l’amie venue de Suisse
A la recherche des racines de son clite
Thérèse, coquine et libertine
Arbore un sourire qui en dit long
Long comme sa main balladeuse
Furtive, vive et fouineuse
C’est la vie des macarons !
Inspiration : Atelier d’écriture 3489
Photo : The joy of film
Merci Kroum. Oui j’ai été vite en besogne, nous avons trop peu de temps pour peaufiner alors la musique proposée, pas terrible en effet, alors je corrige :
Pour la musique : https://www.youtube.com/watch?v=UMZq1KSrcrE
Et j’en profite pour corriger deux fautes d’orthographe grossières :
Fanny la cadette, tout le temps elle rit
…
Regard pudique posé sur ses cuisses
Merci MH. En fait l’inspiration à la base est venue d’une poésie apprise en cours d’espagnol au collège et intitulé Elena y Maria…et ça les décrit l’une et l’autre de manière pas aussi coquine mais bien rythmée et drôle.
Pour le plaisir :
A Elena y María les gusta …
Elena y María son dos chicas trabajadoras, risueñas, muy guapas.
A Elena le gusta la cocina y a María le gustan los niños.
A Elena le gustan los hombres morenos y a María, los rubios.
A Elena le gustan los bailes en la plaza y a María los paseos por la vega.
A Elena le gustan los perros y a María, los gatos.
A Elena le gusta el cordero asado y a María, la tortilla francesa.
A Elena le gusta el café y a María, no.
A Elena le gusta leer el periódico y a María, no
a María le gusta leer novelas.
Camilo José Cela (escritor español) Viaje a la Alcarría, 1948.
Pas évident de trouver une musique pour illustrer ça sans tomber dans le vulgaire.
J’ai mis une version du texte un peu corrigée (fautes et une rime de plus) sur mon blog ici : https://poussieresdemots.blogspot.com/
Céline
sur 28 novembre 2019 à 17h53
Bonsoir, avec un grand retard (pour souci personnel), voici mon texte :
À cette photo que l’on ne fera plus,
À ces souvenirs que l’on ne fabriquera plus,
À cette photo que l’on ne fera pas,
À ces souvenirs que l’on ne fabriquera pas…
Maman,
Voilà déjà 6 ans que tu n’es plus là,
À peine le double de l’âge de ta petite-fille
Et pourtant déjà tant d’années…
2 parents, 4 enfants et bientôt 5 petits-enfants…
Mais tu nous manqueras à chaque fois…
Ca me rappelle mon époque !
Trop occupée ce weekend, je souhaite une bonne écriture aux courageuses et fidèles
Bises à toi, Leiloona
Bonjour ! voici ma participation au 349ème atelier d’écriture https://janickmm.wordpress.com/2019/11/17/laffiche-publicitaire/ et en voici le texte ici
L’affiche publicitaire
Line, Rose, Aline et Rosemary s’empiffraient déjà depuis presque trois heures, de Vache qui rit, en riant, bien sûr, en gloussant même.
L’excitation était à son comble ; Léon , l’inventeur du produit, surveillait les opérations de loin, en toute discrétion.
D’abord le choix du casting avait été fastidieux et plusieurs portions de crème de gruyère fondue s’étaient évanouis dans l’estomac des plus audacieux.
Mais ces quatre là, connaissaient leur affaire, ce produit les rendaient dingues, tout simplement. Toute l’équipe du tournage était sur place, mais voilà, Line et Rose étaient excitées comme des puces, elles enchaînaient les fous rires, les rigolades, se tâchaient, devaient changer de robes, s’essuyer les mains, faire semblant de manger, disaient qu’elles étaient écoeurées, enfin ça commençait à cafouiller sérieusement, et puis il faisait chaud, très chaud et le fromage fondait naturellement ainsi que les blocs de glace dans la glaciaire, et aussi la patience du chef opérateur.
Bref ! ça périclitait sérieux ! C’est à ce moment qu’André à dit : Coupé !
Excédé, il n’a pas vu le porte-monnaie d’Aline au premier plan : Il n’y a plus de pellicule, le budget va dépasser, Léon s’en contentera.
Alors la photo a été « retouchée » ou tronquée, je ne m’en souviens plus, mais l’affiche est belle, tu ne trouves pas ?
Oui, papy ! Mais pourquoi tu connais cette histoire ?
J’étais journaliste à cette époque, je débutais et j’aimais aussi cette petite portion de fromage, alors l’affaire était pour moi, je m’étais bien débrouillé, tu ne trouves pas ?
Bien vue, l’idée du fromage ! J’adore ! C’est pétillant, vivant, on y est dans ce shooting photo 😉
oui, il me semblait que la portion de fromage fondu et cette photo devait être à peu près de la même époque, cette idée a été instantannée, merci à toi
Super Janickmm cette idėe de fromage à partir de cette photo. Même le sac au premier plan a trouvé une place dans ton récit. Bravo !
Ah ! Même le sac, oui, je l’ai aperçu en dernier comme le chef’op ! merci à toi
c’est une belle histoire,merci
Merci Laura, cette histoire a surgit très vite en voyant ces quatres personnes qui mangent ..
Très bien trouvé, on s’y croirait 🙂
ah ! ah ! finalement je vais peut-être m’y remettre, à la vache qui rit, ça me donne envie !
Petite portion de fromage pour éclat de rire ! 🙂 J’aime beaucoup ton idée de la publicité qui en résulte.
Merci Laurence, tout cela m’a paru évident, en tous les cas elles ont l’air de s’amuser !
Très agréable plaisir de lecture, Janick. « La vache qui rit » : toute une époque…
eh ! oui ! et toujours le même goût finalement, le fromage du pique-nique lors des premiers congés payés !
Je reconnais la fraîcheur dans ta manière d’écrire… Hello Janick !
Merci Marlabis, ce texte est venu à l’instant où j’ai vu la photo et hop ! on s’amuse ici, c’est la première chose qui compte, merci à toi
Belle réclame ! Et puis les glaçons et surtout le porte monnaie, énorme ! Bien vu !
Merci Nour, cette photo valait plus d’un commentaire, plein de choses à dire et à écrire !
Ton texte est original, bravo pour cette idée d’affiche publicitaire et puis ça déborde de vie avec ces quatre coquinettes.
Merci Marina ! comment faire autrement, elles ont l’air de bien s’amuser.
Bonjour,
à l’heure..
Une vieille photo,
quatre jeunes femmes
jeunes sans aucun doute
mais déjà l’air vieux
comme souvent dans les vieilles photos.
Trois sourient
une hésite à croquer
la pomme ?
Le gâteau aux pommes ?
Elles arborent de fraîches tenues d’été,
des orbes qui ont été repassées,
pas de synthétique encore
et des bas un peu épais pour la saison,
des bas qui tire-bouchonnent
et font des plis disgracieux.
Mais elles s’en moquent
toutes les quatre,
profitent du moment présent,
et elles ont bien raison,
que leur réserve le lendemain
nul ne le sait !
Ont-elles bien conscience
qu’elles ne choisiront sans doute
pas leur futur,
qu’il est déjà tout tracé
un mari, des enfants,
des petits bonheurs qu’à peine
elle remarqueront
tant les jours passeront vite,
qu’elles s’oublieront entre
petits tracas et grosses catastrophes.
Qu’elles se retrouveront à soixante ans
trop tard pour vivre la vie
qu’elles avaient rêvée,
car elles avaient rêvé,
ces quatre jeunes femmes,
souriant au photographe !
Une vie idéale,
tranquille , paisible,
à l’opposé de celles de leurs mères et grand mères
rester à la maison
s’occuper des enfants
qui bien sûr seront heureux,
plus qu’elles,
ils n’auront pas à se lever tôt,
ils iront à l’école
au lycée, même les filles
et maman sera là à leur retour,
le goûter sera prêt,
pain beurre et chocolat
ils seront au chaud
elle sourira tout en préparant
le repas pour le père
qui rentrera du travail
épuisé et sale,
mais tendre et attentionné !!
les efforts payent !
Un rêve, quoi !
Que s’est il passé ?
Où était la peau de banane,
Tout a dérapé, le rêve effondré,
des murs élevés, hauts si hauts
elles avaient pourtant bien rêvé
le jour de la photo !
Des stophes qui racontent à merveille combien le temps, les rêves, peuvent filer, nous échapper. Enfin.. En partie 😉
être deux est déjà beaucoup
je m’en rends compte encore plus cruellement aujourd’hui
Les rêves qui s’étiolent au fil du temps, les espoirs qui s’éteignent, la vie qui passe sans ressembler à ce qu’on avait imaginé. Tout cela est bien décrit et nous entraîne dans l’histoire.
Que vive l’insouciance de notre jeunesse ! Elle est primordiale !
Mais non … même après soixante ans il se passe des choses incroyables et extrêmement chouettes, et les rêves qui se réalisent font partie de ceux que l’on choisit.
Très joli, avec une observation fine de la photo et une extrapolation très intéressante de l’avenir de ces jeunes filles.
Histoire bien amenée, qui coule dans ces mots comme le temps avec un reveil douloureux comme final.
(Bon dimanche soir, lundi, et semaine à tous !)
La première fois que Betty Verleraine tomba malheureuse, tout le monde crut à une peine de cœur. C’était un jour de novembre, un jour de jardins pailletés de givre. Elle avait alors dix-neuf ans. L’âge des émotions qui font chavirer les jeunes filles, se dirent ses parents et ses sœurs. Les jours se suivirent et, avec eux, l’inquiétude grandissante. On avait beau lui offrir toute l’affection et l’attention du monde, rien n’y fit. Betty semblait se noyer dans d’invisibles méandres.
On soupçonna la grippe, la méningite, la tuberculose et la poliomyélite. Le mauvais sort et l’empoisonnement.
Sans pouvoir rien y faire, la tristesse continuait à envahir la jeune Betty, la clouant au fond de son lit, les larmes lourdes, les mots fuyants, les yeux perdus vers l’inconnu, la douleur intérieure muette et hurlante à la fois.
Six mois passèrent ainsi.
Et puis, un matin de printemps, parfumé de fleurs d’orangers, Betty tomba heureuse. Soudainement, sans prévenir. Elle se leva le sourire radieux et l’envie d’être belle. Belle comme le jour. Belle comme les filles de son âge. Une rage de vivre qui la métamorphosa en oiseau ivre de liberté. Ses sœurs explosèrent de bonheur. L’une s’empressa de la maquiller, l’autre de la coiffer, et la dernière de la parer de bijoux.
Pour fêter ce rétablissement éclair, le soir même, elles allèrent au bal.
Betty but plus que de raison. Dansa à en perdre l’équilibre. Rit et chanta sans timidité, elle qui pourtant était la plus réservée des quatre sœurs.
Sous les regards étonnés de ses cadettes, elle fut aussi un brin légère. Passant de bras en bras, déposant quelques baisers faciles, et retroussant ses jupons pour un regard, un sourire. Mais qu’arrivait-il à Betty ? Sans plus tarder, les cadettes lui pressèrent le pas, il était temps de rentrer, de se reposer, de se calmer eurent-elles envie d’hurler.
Un état d’incandescence qui dura près de six mois. Six mois d’inquiétude pour les proches de Betty, capable de tout et de n’importe quoi. Emprunter l’automobile parentale sachant à peine conduire, goûter à la marijuana avec de parfaits inconnus, offrir ses charmes au premier venu. La vie n’était plus qu’un jeu. Un jeu effréné et virevoltant. Un jeu qui fendait le cœur de toute une famille, ne reconnaissant plus la jeune fille autrefois douce et disciplinée.
Jusqu’au jour où Betty retomba malheureuse.
Puis, heureuse.
Et malheureuse à nouveau.
Un état plus que déstabilisant. C’était comme si Betty était triple. Jamais vraiment elle-même. Tantôt, elle n’était que la part noire de sa personnalité, tantôt la plus colorée, et quelquefois, rarement, fragilement, elle revenait à l’équilibre. Peut-être, son véritable moi.
Aujourd’hui, Betty a 60 ans.
Elle vit toujours au gré de ses deux saisons.
Cette submergence d’ombres et de lumières que la médecine appelle dorénavant troubles bipolaires.
Quelle belle écriture Séverine Baaziz pour ce texte résumant cette terrible maladie. Bravo et merci.
Merci, Kroum ! A sujet difficile, écriture tentée par la délicatesse…
moi auusi, j’ai été légère
et l’atterrissage est rude
Que celui qui n’a jamais été léger jette la première pierre 😉
Belle histoire de Betty qui oscille entre ombre et lumière…
Merci, Photonanie !
La perception de l’incompréhension des proches, tout en nuance, donne sa force au récit. c’est un très beau texte.
Comme c’est beau et bien raconté ! J’adore ton incipit, on est tout de suite dans l’histoire.
Rhooo, merci Marinadedhistoires ! C’est vrai que j’ai une vraie faiblesse pour les incipits (et les chutes). Je me demande même, quelquefois, si je n’écris pas juste pour ça 😉
Merci beaucoup, Laurence ! J’avais vraiment envie que le désarroi des proches soit ressenti…
Sujet difficile mais admirablement traité. Bravo.
Merci, Anne-Marie !
Une version « édulcorée » de la bipolarité… Mais le récit est beau !
C’est vrai que j’avais à coeur de ne pas trop assombrir le récit. Merci, Marlabis, pour ta lecture et ton retour !
Le sujet est bien maîtrisé, je pensais au début de la lecture à un conte contemporain, une sorte de « belle au bois dormant », mais non, tu maîtrises bien le sujet, et l’écriture est belle, bienveillante.
Merci, Janickmm ! Vu le sujet difficile, je trouvais qu’un petit vernis façon conte le rendrait peut-être plus audible.
Le texte est comme une onde, une oscillation, une fois la courbe monte, une fois elle descend en se répétant à l’infini…un trouble difficile à comprendre et à soigner, bel hommage en tous cas.
Belle semaine à tous!
L’allégresse printanière comble l’incertitude.
La puissance du rire appel à l’oubli,
autorise l’interstice éphémère à la quiétude et la fuite du doute.
Un moment,
elles ne sont que joie, tendresse et communauté.
Le plaisir des instants partagés à jamais inscrit en elles.
Permettant de construire l’avenir,
de pallier les aigreurs du journalier,
les douleurs de certains matins.
Les éclats résonnent et trompe la mélancolie,
fabrique l’armure nécessaire à la survie
Enveloppée par la puissance de la sororité,
l’injuste est réparé grâce au regard bienveillant de celle qui sait,
celle qui est autre mais égale.
La belle amitié qui réchauffe et reste dans les mémoires, joli.
Suis sous le charme du texte qui se lit comme un poème, musique des mots.
Le premier paragraphe nous indique que le reste du texte sera aussi beau et nous ne sommes pas déçus. Je me suis régalée à la lecture de ce texte.
Merci beaucoup pour vos commentaires très positifs. Avoir des retours sur les textes est encourageant et me pousse à écrire chaque semaine. Belle semaine!
Alors à la semaine prochaine !
J’aime beaucoup ce texte car écrit avec beaucoup de finesse et la dernière partie est tout en images mais très résonnante.
J’adore « les aigreurs du journalier » , beau texte.
Toute mon enfance et adolescence j’ai entendu ma mère vanter les bienfaits d’une société matriarcale. C’était son fer de lance avec comme crédo :
« Vive les femmes
et leur beauté d’âme !
leur intelligence
qui donne du sens !
leur sensibilité
alliée à leur extrême beauté !! »
La preuve en est avec ce portrait !
C’est ma famille,
ma mère et ses filles…
Mais ce que l’on ne voit pas,
sur ce cliché limite sépia,
c’est celui qui appuie sur le bouton,
mon père, « le couillon »,
comme ma mère aimait l’appeler
« quand il la faisait chier ! ».
Ce soir là, il s’est vengé.
Après l’avoir amadouée,
Il sema sa graine
dans sa bedaine,
pour me voir pointer le bout du nez,
9 mois après.
Moi, c’est Charles, et à son opposé,
de mon sperme sont nés,
4 garçons. Non mais !
Ah ah ah ! Drôlissime que cette guerre des sexes. Merci Kroum !
Ah la revanche des hommes est bien amenée 🙂
Vive l’égalité!
Très drôle Un texte combatif, jusqu’à la plus petite cellule ! 🙂
Avec mon texte, la parité sera s’imposer, merci Kroum.
Voilà que je bafouille, je voulais dire, la parité s’imposera.
Excellent !
Oups ! Que se passe-t-il ? comme un sentiment de vengeance, de déterminisme et puis ce mot « couillon » que moi aussi petite j’entendais à chaque fin de phrase, méridional et plein de charme pour qui sait le prononcer : » té ! couillon va ! »
Hi, hi hi, très drôle, le » couillon » aura quand-même triomphé !
Bel hommage à la gente féminine ! Pareil 3 garçons 🙂 mais sans la photos, car mes parents ont alterné fille/garçon avec une parité presque exemplaire x 7 🙂 🙂
Croquer la vie
Elles souriaient toutes à l’objectif, Suzan, Kate, Emily, Ashley, mes quatre sœurs. Seul mâle d’une fratrie de cinq, je devais assurer… Après la naissance de leurs trois premières filles, mon père n’espérait plus un garçon. Il nourrissait de grands espoirs pour moi. A contrario, il ne se préoccupait que peu de l’avenir de ses filles. Quand Ashley pointa le bout de son nez, au grand dam de ma mère, il s’esclaffa : « encore une fille ! ».
Mum, elle, bien que femme au foyer espérait changer le cours des choses. En avance sur son temps, elle s’était promis de faire de ses filles des femmes libres. Libres de faire des études ou pas, libres de choisir un métier, un compagnon, de se marier, d’avoir des enfants ou pas. A cette époque, l’éducation des filles se résumait à les élever au rang de futurs bonnes épouses. Pour ma mère, l’avenir de ses cinq enfants n’était pas négociable. C’est ainsi qu’elle imposa à son mari de scolariser ses cinq enfants sans distinction de genre. Il finit par accepter.
Par une belle journée de juin, nous nous retrouvâmes à fêter la remise des diplômes de mes deux aînées, Suzan et Kate. Les mortiers avaient volé en tous sens. Mais, moi, le frère, le fils, j’avais raté mon année. Pas de doute, j’étais un doux rêveur et devrais affronter un jour ou l’autre les foudres paternelles. Je m’interprétais artiste. Les planches m’attendaient. C’était devenu une certitude. Mais, mon premier défi serait de ne jamais décevoir ma famille. Mon désir le plus cher : que mes sœurs portent le même regard sur moi que celui que je porte sur elle : un regard plein d’admiration. Vous, mes parents serez fières de vos enfants.
Alors que mes sœurs s’imposeraient dans un monde d’hommes sans jamais baisser leur garde. Elles savaient que rien n’était jamais gagné. Les femmes avaient encore bien des domaines à conquérir. Moi, je peinais à m’affirmer. Elles m’aidèrent à concrétiser mes rêves de scène. Plus tard, malgré des résultats scolaires médiocres, j’oserai, sur leur impulsion, pousser la porte de la Royal Academy of Dramatic Art.
Aujourd’hui, cette photo de mes quatre sœurs ravive le souvenir d’un jour plein de rires insouciants. Nous étions jeunes, heureux, les projets se bousculaient dans nos têtes. L’avenir était devant nous, prometteur. Quelle chance nous avons eu d’avoir des parents comme les nôtres ! Merci mum d’avoir été féministe avant l’heure, merci à toi, dad, d’avoir envers et contre toute attente combattu ces idées reçues d’un autre temps.
Heureusement qu’il y a eu des pionniers de l’égalité des genres et c’est très bien narré dans cette histoire familiale.
Une famille harmonieuse pleine de bienveillance et d’entraide. Joli texte !
Une famille qui pourrait faire rêver !
Un récit tout en contraste et plein d’optimisme, ça me plait 🙂
être libre d’être qui on veut, et faire ce que l’on aime : un combat de chaque instant et c’est toujours d’actualité !
Ca sonne très authentique, même autobiographique, un des ingrédients, je trouve, d’un récit réussi 😉
Un grand merci pour vos précieux commentaires bienveillants et très encourageants. Belle semaine à toutes et tous.
Un beau courrier qui j’espère rencontrera ses destinataires, afin qu’ils sachent.
En effet Anne-Marie, nos textes ont pris le même thème. J’ai beaucoup aimé ton angle d’écriture qui nous fait aimer tes personnages forts, sensibles et surtout unis. Merci à toi.
Joli plébiscite pour le féminisme qui ne date évidement pas d’aujourd’hui.
Un jeudi après-midi comme les autres, le quatuor magique assis sur l’herbe à regarder les garçons rivalisant de dribbles pour les impressionner. Au début elles rougissaient et riaient aux éclats quand l’une faisait des commentaires amusés sur la coupe de cheveux de l’un ou la moustache naissante d’un autre. Puis le temps passant les remarques se firent moins anodines, elles portaient plutôt sur les jambes musclées, les épaules larges, ou les fesses rebondies de l’un ou de l’autre. Le petit groupe de copines glissait calmement vers l’âge adulte.
Monique était la seule à être fille unique, et ses parents rentrant tard, en fin d’après-midi elles se précipitaient chez elle pour écouter Salut les copains. Elles dansaient comme des damnées pendant deux heures, puis elles repartaient vers 19h15 en se jurant de recommencer la semaine suivante.
Une semaine sur deux Elisabeth restait dormir, ses parents étaient amis depuis longtemps avec ceux de Monique. Le diner se passait toujours agréablement, la tisane traditionnelle mettait fin à la journée et il était l’heure de se coucher. Elles embrassaient les parents, passaient rapidement par la salle de bain se brosser les dents et disparaissaient dans la caverne de Monique. Enfin seules elles se déshabillaient sans précipitation, enfilaient leurs chemises de nuit, se glissaient sous les couvertures et papotaient encore un peu avant de s’endormir. C’était un moment calme et doux, la chaleur de l’autre avait un petit goût sensuel qui les faisaient agréablement frissonner.
Un soir de printemps qui ressemblait à l’hiver la mère de Monique leur prépara une bouillotte bien chaude. Les deux amies se déshabillèrent bien plus vite que d’habitude et se précipitèrent sous les draps encore froids. Elles se blottirent l’une contre l’autre, face à face, en serrant la bouillotte entre leurs ventres. Elles avaient chacune glissé un bras sous la nuque de l’autre, l’autre bras frottait énergiquement le dos, et les pieds glacés s’entremêlaient pour faire monter plus vite la chaleur. Front contre front elles pouvaient l’une et l’autre sentir les respirations se faire de plus en plus profondes. Elles restèrent ainsi de longues minutes à se laisser envahir par une volupté nouvelle. Quand le lit fut réchauffé Monique repoussa la bouillotte vers le fond du lit. A l’aller sa main frôla la cuisse dénudée d’Elisabeth, au retour elle s’arrêta à mi-chemin au creux des reins. Ses lèvres franchirent les quelques centimètres qui les séparaient de celles d’Elisabeth, et y déposa le premier baiser de leur histoire d’amour restée longtemps secrète.
Aujourd’hui le regard de la société a changé, elles peuvent vivre au grand jour, et même choisir les deux amies comme témoins ! Alors trêve de nostalgie devant cette photo, le Maire a d’autres mariages que le leur à célébrer : Yallah !!!
La découverte de la sensualité et les premiers troubles, tout en douceur et en naturel, beaucoup de tendresse dans cet écrit.
Tout en nuance et délicatesse, très belle histoire.
J’aime beaucoup cette manière de passer de l’enfance à l’adolescence avec tous les émois qui l’accompagne… La regard qui change, les 1ères expériences… Vraiment agréable à lire !
C’est un beau texte sensible, le fondement de l’amour au delà des dogmes. J’ai beaucoup aimé.
Très bien, cet écrit, c’est tout en bienveillance, en découverte de l’autre et de ses sentiments, de ses premières émotions, expériences, bravo ! agréable lecture
Tu as une jolie écriture très sensuelle. J’aime beauccoup, bravo terjit !
Une très belle histoire de la vie quotidienne pleine de malice et surtout de vie !
Voici ma participation que vous pouvez retrouver ici.
https://lesempreintesdutemps.wordpress.com/2019/11/18/atelier-decriture-349-bric-a-book
Affaire classée
C’est alors que je faisais du tri dans les archives de la sous-préfecture, que cette photo s’échappa d’un épais dossier. Derrière, il y avait inscrit 4 matricules et une date : 14 juillet 1935.
Quatre matricules, quatre destins , quatre amies, les mains bientôt nouées par le crime.
Ces quatre jeunes femmes avaient toutes été placées à la même période, à l’Orphelinat Mutualiste vers l’âge de 9/10 ans, pour la raison suivante : Situation dangereuse et malheureuse.
Toutes les quatre avaient eu une enfance violentée et bafouée.
A gauche sur la photo, on y voyait le Matricule 62530, Jeanne la Fatale, accusée du meurtre de sept jeunes hommes âgés de moins de 25 ans, qui avaient tous péri de mort lente par hémorragie suite à une castration. Jeanne avait une soif de vengeance contre tout ce qui portait pénis et qui avait tenté de la séduire. Il était stipulé que les sept victimes portaient un prénom identique, celui d’un oncle de Jeanne.
Punis de la peine capitale, Jeanne fût guillotinée à l’aube du 17 novembre 1936.
A sa gauche, Matricule 62629, se trouve Arlette la Muette. Elle aussi fût accusée de meurtre pour avoir empoisonné son maître d’apprentissage avec de l’arsenic. Elle avait ensuite découpé le corps de la victime pour le cuisiner et le servir en repas à son épouse.
Il est écrit que la criminelle a été abattue le jour de son interpellation par les forces de l’ordre.
Ensuite, vient le Matricule 62280, Hélène la Gangrène, accusée de meurtre et de « maricide ». Alors que son époux la forçait à se prostituer et que sa belle-mère l’incitait à s’alcooliser entre deux passes, Hélène, pour mettre fin à son calvaire, s’était immolée par le feu après avoir poignardé son compagnon. Trois personnes de la belle-famille périrent dans l’incendie en plus de la criminelle.
Enfin, à gauche, Matricule 62836, Betty l’Ange Noir, infirmière de métier, accusée d’avoir empoisonné une trentaine de patients, toutes par injection létale de morphine. Ses motivations ? Elle scandait à tue-tête qu’elle était la fille de Satan !
Elle aussi fût condamnée à mort et exécutée peu de temps avant sa sœur de cœur Jeanne.
Pourtant, sur cette photo, le quidam moyen aurait reconnu quatre jeunes femmes épanouies et joyeuses, de futures bonnes épouses et futures bonnes mères…
Pour les jurés, elles avaient tué à mains nues, utilisé la ruse et la séduction et ils avaient refusé de leur reconnaitre de quelconques troubles psychiatriques. D’ailleurs, cette photo était bien la preuve qu’elles se portaient bien !
Médusée, je rangeais soigneusement la photo dans l’épais dossier que je classais définitivement.
Brrr ça fait froid dans le dos cette histoire, comme quoi l’habit ne fait pas le moine 😉
J’ai justement eu envie de contrecarrer cette photo où le plaisir et la sérénité nous éclaboussent trop facilement !
Horrifiant ! Bien plus de cadavres que dans mon texte 😉 C’est vrai que ces jeunes filles ont l’air à la fois candides et inquiétantes !
j’avoue que j’ai chargé la barque !
Ben dis donc, Marlaguette (c’est toi ?), tout cela va un peu vite n’est-ce pas ? parce que Jeanne a été abusée par son oncle alors la peine capitale c’est un peu fort, cela ne se passerait plus de la même facon maintenant, et puis Hélène aussi, bon, pour les autres effectivement il y a un petit souci, j’avoue !
Marlaguette / Marlabis repetita ! C’est encore moi ! Le retour !
Pour mon texte, ce genre de procès de nos jours est déjà bien compliqué, même si on reconnait l’irresponsabilité plus facilement, et j’ai imaginé que dans les années 30, ce devait être encore pire… Femme et criminelle, je ne sais pas si on cherchait les circonstances atténuantes.
Suis contente de ton retour ! Bienvenue à l’atelier, et oui les procès à l’époque étaient bien vite expédiés c’est aussi ce que je voulais exprimer, à bientôt
Glaçant… inattendu comme thème à partir de ce cliché de visages enjoués. Bravo Marlabis !
Ah ah ! très originale cette histoire de meurtrières en série, et leurs prénoms agrémentés d’un sens très évocateur qui contraste fort avec la photo. Ça fait froid dans le dos lorsqu’on est un homme…surtout Jeanne.
Sourire…
Atelier 349
Meg, Jo, Beth et Amy se détestaient. Mais elles n’avaient pas le choix, elles n’avaient jamais eu le choix d’ailleurs. Pour commencer, elles avaient été affublées de prénoms qui garantissaient au mieux un regard chaleureux et au pire moqueries en tout genre. Des années que cela durait. Insupportable. Ensuite, la vie s’était acharnée sur elles. Elles n’avaient pu quitter le giron familial pour étudier, faute de moyens financiers suffisants, elles avaient dû ensuite, toutes les quatre, rester dans la même petite ville nichée au fin fond des Etats Unis, célibataires et obligées d’habiter dans la même rue, celle où les loyers étaient les plus modiques. Et, comble de tout, les voilà posant ensemble pour le même photographe, un garçon qui ne payait pas de mine mais qui avait réussit l’exploit de les rencontrer à des moments différents et à les inviter à le rejoindre dans ce petit bois, espérant qu’au moins l’une d’elle viendrait à son rendez-vous. C’était bien le seul à ne pas savoir qui étaient les sœurs April.
Meg l’avait rencontré en faisant ses courses, il avait eu la gentillesse de lui laisser le dernier paquet de céréales du rayon, et une chose en amenant une autre, il avait fini par lui demander si elle voulait bien le rejoindre pour le pique nique dominical qui se profilait. Présentement assise dans l’herbe, elle se demandait bien pourquoi elle avait accepté… il était laid et maintenant qu’elle portait ses lunettes, elle les avait oubliées en partant au drugstore l’autre jour, elle ne pouvait que constater l’ampleur du désastre.
Jo elle l’avait croisé alors qu’elle rentrait dans son deux pièces miteux, elle hésitait, au pied des marches de son immeuble, entre rester encore à profiter du soleil quelques minutes ou entrer et devoir rester des heures à contempler l’affreux papier peint de sa chambre qu’elle n’avait pas les moyens de changer. La croyant perdue il l’avait abordée et de fil en aiguille l’avait invitée aussi, n’étant pas sûr que la fille rencontrée plus tôt viendrait réellement. Le pauvre n’avait jamais séduit qui que ce soit alors deux précautions valaient mieux qu’une.
Amy ne voulait même plus le regarder, elle préférait manger et encore manger les délicieuses madeleines qu’il avait ramenées. Elle n’avait pas imaginé un instant que ce type qui l’avait invitée en deux minutes alors qu’elle lui vendait sa place de cinéma derrière la vitre de sa caisse aurait le culot d’inviter d’autres femmes, qui plus est, ses sœurs. Alors elle noyait son chagrin dans la nourriture.
Ce que préférait ne plus faire Beth, elle avait trop grossi ces derniers temps et elle se contentait de sourire maintenant, de toutes ses dents, en émiettant discrètement le reste de son déjeuner. Elle se disait qu’il était peut-être sa seule chance de se marier alors elle comptait bien de pas rater sa chance. Il travaillait dans les mêmes bureaux qu’elle et lui était rentré dedans avec sa tasse de café l’avant veille au détour d’un couloir. Devant le désastre de sa robe tachée il n’avait pu faire autrement que de l’inviter elle aussi pour se faire pardonner.
Sa surprise à lui avait été totale quand une à une ses quatre invitées étaient arrivées au point du rendez-vous, il n’avait su quoi dire et les avaient entrainées dans un recoin tapi de mousse fraiche pour déjeuner. Et ne sachant quoi faire une fois les maigres victuailles avalées, elles étaient quatre …. il avait sorti son appareil photo et immortalisait ce drôle de moment. Il ne savait laquelle choisir alors il usa toute sa pellicule. Puis, courageusement, prétextant une visite à une vieille tante dont il se souvenait maintenant, il les planta là, provisoirement, réfléchissant à quelle suite donner à tout cela.
Personne en ville ne sut ce qui se passa ensuite réellement. Pourtant cette photo fut gardée précieusement par chaque sœur, et leurs enfants, elles en eurent chacune un, la regardent avec émotion en se disant que c’était là que tout avait commencé. Ils ignoraient qu’ils avaient le même père, leurs mères ayant vite déménagé aux quatre coins du pays, subitement, quelques mois après ce dimanche étonnant, sans jamais plus se parler.
Je ne m’attendais pas du tout à la chute! Bien amené en tout cas.
Houuuu ! Le vilain garçon !
Eh bien ! Un père, quatre soeurs et des cousins, drôle de famille, c’est trop fou !
la ref aux quatre filles du Docteur March m’a bien fait sourire 😉
A gauche de l’objectif, se trouvent Irène et Marie et à droite Anne et Geneviève. Mes frangines.
A la naissance d’Irène, si toute la famille espérait un garçon, moi j’ai été contente de savoir que j’allais avoir une sœur avec qui jouer. C’était un bébé calme qui souriait tout le temps et il était aisé de s’en occuper. J’aimais particulièrement les moments où je me retrouvais seule avez elle pendant qu’Anne et Geneviève étaient à l’école. Mais ça n’a pas duré longtemps parce que Marie a pointé son nez dix mois plus tard.
Je n’ai pas réalisé de suite combien la fratrie allait être chamboulée avec sa venue. Ça s’est fait sans heurt, comme une évidence où chacune de mes sœurs a trouvé sa place. L’entente des aînées, la connivence des benjamines. Ça faisait rire mon père et si ma mère s’en abstenait, je voyais sa moue attendrie et sa fierté d’avoir des filles si complices. Moi, j’étais entre deux. Trop jeune pour mes sœurs aînées qui n’avaient guère envie de partager leurs jeux de « grandes » mais finalement pas si jeune que ça puisqu’il m’incombait de surveiller les benjamines afin de soulager maman qui peinait à recouvrer sa santé après sa dernière grossesse. J’étais spectatrice plus qu’actrice de cette fratrie, cherchant le fragile équilibre dans l’alignement de deux duos.
Il m’aura fallu des années pour arriver à saisir cet équilibre ; des années d’instabilité avant de comprendre où me situer. Mais le jour où j’ai réalisé l’évidence de ma place, tout m’a paru plus grand, ouvert à une multitude de projets à venir. J’en ai même fait ma profession. Depuis des années maintenant je fige le temps et les gens. Mes photos font même le tour du monde.
Pourtant à chaque été qui me ramène quelques jours près de mes sœurs, je sais que derrière mon objectif elles restent mon sujet préféré à immortaliser.
Ah la famille et la complicité avec ses sœurs…que je me plaît à imaginer puisque je suis hélas fille unique.
« plais » bien sûr!
La place dans la fratrie… Tout un programme ! Et parfois, avec le temps, elle n’a plus lieu d’être, gommée par le temps et une solide complicité.
Pas évident cette position de milieu dans une fratrie mais ton personnage s’en sort bien. Merci Laurence delis
Ah ! La place du milieu, petite pour aller se coucher à 8h et grande pour faire la vaisselle, je connais, mais même avec le temps je suis toujours entre mes deux soeurs, et sert un peu de « coupe-feu », bien développé en tous les cas cette idée de fratrie
On ressent bien l’ambiance des familles nombreuses dans ton texte, ambiance que l’on capte parfois dans des reportages, ambiance assez fascinante quant on est comme moi enfant unique !
Jolie peinture d’une famille, et de la place que chacun a ou cherche parmi la fratrie. Tout ceci avec une délicatesse propre à l’enfance, bravo !
Bonjour,
Voilà ma participation en hommage à mon mari
Sans toi, oui, mais entre filles?
J’ai eu des meilleures amies mais ça a toujours foiré. Ce n’est pas le lieu ici de dire pourquoi.
J’ai passé sept ans chez les bonnes sœurs, alors l’ambiance « filles », je connais.
Alors, pour simplifier, je me suis tournée vers la gent masculine.
Et puis, il y a eu toi, pendant vingt-cinq ans; ça s’est terminé le 2 novembre 2019.
Tu étais mon mari, mon amant, ma/mon meilleur(e) ami(e) etc.
Alors forcément, le monde me paraît d’autant plus vide.
Si j’avais des amies….?
http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2019/11/18/mon-texte-inedit-sur-ce-blog-sans-toi-oui-mais-entre-filles-6191076.html
Merci et bonne journée
Très touchant Laura! Un moment que je redoute, bon courage à toi.
Des confidences tout en murmures, et un bien bel hommage. Merci et courage, Laura.
Merci
Mon mari a prévu certaines choses parce qu’il était plus âgé que moi
sans penser partir à 68 ans
En tout cas, la douleur, elle, tombe dessus, sans qu’o puisse la préparer, elle
Encore merci et bonne journée
Un hommage bouleversant, Laura. J’aimerai pouvoir trouver les mots qui réconfortent.
Courage, j’espère pouvoir te lire dans les prochains ateliers, bien sincèrement.
Il n’y a pas plus douloureux que la perte de ceux qu’on aime… et le vide ressenti est immense, oui…
Toutes mes pensées vous accompagnent, Laura.
C’est lorsque la douleur et la peine nous anéantient que les mots affluent, vivants, puissants, douce thérapie intime et solitaire. Douce pensée, Laura
Très émouvant, Laura. Courage à toi. L’écriture peut aider.
Texte à retrouver ci-dessous ou chez moi:
https://marinadedhistoires.wordpress.com/2019/11/18/rejouissance-forestiere/
Réjouissance forestière
Elles sont quatre amies et elles dévorent.
Insouciantes du pourrissement des fougères
Sur lesquelles elles sont installées,
Elles pique-niquent avec avidité.
Jambes étalées, jupes retroussées
Délestées de leurs sacs, de leurs cahiers
Fières de leur complicité
Elles s’amusent, elles s’esclaffent.
Leurs yeux se plissent, leurs pupilles flamboient
Leurs rires grincent, détonnent, deviennent sorciers
Elles se congratulent, se félicitent de l’avoir fait.
« C’est vrai, il l’avait bien cherché ! »
Sous les fougères, elles l’ont enterré
Le prof de maths et son sale martinet
Adieu les heures de colle et les zéros pointés
Pour elles c’est jour de fête, elles l’ont bien mérité !
MH
Ma participation se trouve également chez moi sur https://photonanie.com/2019/11/17/brick-a-book-349/
J’avais retiré cette photo du tas de vieux portraits retrouvés dans une boîte métallique après le décès de mes parents.
Je me souvenais que, gamine, je ne comprenais pas que ma mère, qui me paraissait si vieille du haut de ses trente trois ans, ait pu être amie avec ces souriantes jeunes filles. Elle m’avait raconté que la photo avait été prise au lendemain de la guerre qui avait frappé si durement les Ardennes où elles vivaient. Les demoiselles avaient pris beaucoup de plaisir à poser pour cette photo où on les voyait déguster les chewing gum offerts par les Américains venus les libérer. C’était nouveau pour elles cette matière qu’on mâchait sans l’avaler pour ne pas « qu’elle reste collée partout dans le ventre ».
La guerre, encore une abstraction pour une petite fille… qui écoutait, avec incompréhension, raconter les privations, la peur, le froid mordant les jambes colorées à la chicorée et les galoches à semelles de bois.
Elle me parlait aussi de chacune d’entre elles: de Johanna partie au Mexique avec un soldat séduisant, de Jeanne et Joséphine, les deux sœurs célibataires qui vivaient toujours dans la maison de leurs parents et puis elle, à l’arrière. Elle regardait d’un air déjà méfiant ce qu’elle allait mettre en bouche. Cette habitude ne la quitterait jamais comme si le manque de tout durant presque cinq ans avait ancré cette nécessité de bien regarder, goûter, analyser ce qu’on mangeait pour en tirer un maximum de plaisir.
Aujourd’hui c’est à mon tour et ce sont mes petits-enfants qui ne me reconnaissent pas sur les photos du passé. Quant à la guerre… Les nombreuses vues présentées sur le petit écran la font entrer quotidiennement dans notre vie mais ça se passe toujours ailleurs, loin de nous, sans la force émotionnelle du récit d’un proche qui l’a traversée dans sa jeunesse.
Une belle plongée dans l’histoire, Photonanie, le mélange des temps, des époques, bien traduit. Belle journée.
Merci Anne-Marie, Bonne soirée à toi
Que c’est bien raconté ! Ça file comme une histoire familiale narrée au coin du feu. Merci, Photonanie !
Merci pour ce commentaire agréable 🙂
Ces photos nous servent de support pour la transmission de nos histoires du passé… Perso, j’adore me plonger dans les piles de vieilles photos qui nous plongent dans nos souvenirs, dans leurs souvenirs.
Oui mais au fil du temps il n’y a plus que nous pour commenter ces vieilles photos qui n’intéressent que fort peu la jeunesse actuelle…
Je crois juste qu’il faut trouver le bon moment, se poser et échanger… Nous avons tous besoin à un moment donné de notre vie de retrouver nos racines.
Une jolie histoire du passé très bien racontée. Ce parallèle avec le présent est un vrai plus qui vient conclure le récit. Comme j’aime te lire Photonanie, c’est fluide et captivant à la fois. Bravo Photonanie !
Tu vas me faire rougir Kroum En général je me lance et l’histoire coule de mes doigts, naturellement, sans le stress de l’écran blanc 😉
Joli texte où le passé se télescope au présent de bien douce manière malgré la guerre.
Merci beaucoup Nour 🙂
Je ne sais pas s’il est permis de rire mais c’est pourtant ce que j’ai fait en lisant la chute 😉
Euh c’est mon commentaire sur le texte précédent en fait!!!
Si, si, tu peux rire à grande goulées comme les filles !!
Je ne sais pas s’il est permis de rire mais c’est pourtant ce que j’ai fait en lisant la chute
Bon, ben il ne veut pas se mettre plus haut 🙁
🙂
Arrrrf, ce martinet, étendard de toute une époque 😉 Bien mené ! Bravo !
Il me semble que les commentaires n’en font qu’à leur tête et vont où ils veulent 😀
Merci Séverine !
Sacré règlement de comptes, je n’aimais pas les maths et encore moins mon prof de 5ème, ton histoire me ravit.
Merci Anne-Marie !
Naaaan !!!! Elles ont osé ??? L’avait-il vraiment mérité ?
Bah oui, un prof de maths avec un martinet, y a pas pire !! (Je plaisante évidemment) Merci pour ton commentaire Marlabis !
Un thème qui revient cette semaine mais chez toi j’ai beaucoup ri tellement tu as su exprimer l’air espiègle de ces filles du cliché. Bravo Marinadedhistoires !
Merci beaucoup Kroum !
C’est un joyeux pique-nique et on ignore le pire, du moins on y pense pas, la chute nous fait tomber de haut, merci à toi
Merci Janick !
😀 ! j’adore ta chute ! Je ne l’ai pas vue venir et le choix du prof de math me rappelle combien je rêvais que le mien disparaisse ! 🙂
Moi aussi, celui du collège était horrible !!!!
Mais où vas-tu chercher tout ça Marinadedhistoires ?
j’ai pris l’idée première qui me venait 😉
Tranquillité, coquineries, amusements bien décrits qui nous mènent tout droit vers un sordide sort donnée à ce prof sans que pour autant on ressente une quelconque gêne comme si c’était normal et sans importance.
Merci Nour !
L’œil du père est collé au viseur de l’appareil-photo, il a fait les réglages et les blagues d’usage. On n’attend plus que la sortie du petit oiseau. Bon public, la brochette des mère, filles et sœurs, unanimement contentes, complices et coquettes, rit de bon cœur.
On est loin du Déjeuner sur l’herbe de Manet et du salon des Refusés. Ce sont les années 60, c’est la sortie du dimanche et on va goûter sur le haut du talus d’une France embourgeoisée et stéréotypée. On découvre la société de consommation dont la clé est ce sac à main bien garni délibérément oublié au premier plan.
Pourtant, la fille aînée, un peu en arrière, regarde son biscuit d’un drôle d’air. Elle le trouve fichtrement insipide le Choco BN, tout comme la rengaine des plaisanteries familiales. Et si c’était elle qui allait s’envoler ?
Ah ! ah ! C’est toute la magie de l’histoire, nous ne le saurons pas, mais c’est bien possible, bel écrit !
Une description au plus près de l’ambiance que dégage la photo réussie !
Les dimanches en famille si bien chantés par Lama…et racontés par toi!
Merci Laurence Délis et Photonanie !
Merci Janickmm
J’aime beaucoup ce texte qui colle au plus près à la photo et dans lequel le symbole du sac à main est important.
Merci de ton soutien Marinadedhistoires pour cette première tentative !
C’est bien de te lancer ici !!
Histoire courte mais originale avec une fin évocatrice de liberté futur…
C’était la fête
Quand je pique – niquais avec elles
_ Huguette ! Huguette ! Huguette !
Pas besoin d’assiettes ni de serviettes
Rendez-vous habituel près de la balancelle.
Elles étaient seules à m’appeler par mon prénom
À l’école les quolibets étaient légion
La binoclarde, ohé
Tu n’y vois pas plus loin que le bout de ton nez ?
Tu regardes par le p’tit bout de tes lorgnettes ?
Il fait quel temps sur ta planète ?
Eh, la miro
Tu mets tes besicles pour la photo ?
Quelquefois la maîtresse mettait le hola
– On n’a rien fait M’dame
Judas. ..
La petite Huguette a bien grandi. C’est mon amie. L’an dernier elle est montée tout en haut du podium d’un concours de beauté qu’elle a remporté avec de jolies lunettes cerclées. ..
Ca sonne bien ! Comme dans la cour de récré de mon enfance. Bravo, Plume47, un chouette texte !
Le harcèlement… Thème d’actualité… Joliment raconté avec une belle revanche en dessert !
Merci Séverin e et Marlabis !
Ben voilà ! Une belle revanche ! Les enfants de cours primaires sont durs entre eux, sans pitié et avec un acharnement doté de méchanceté, une bonne lecture
La revanche d’une fille à lunettes 🙂
Joli texte, j’aime l’idée que la roue tourne et que celle qui se faisait huer soit aujourd’hui saluer.
Une belle morale à cette histoire, j’aime bien.
J’aime bien les rimes et surtout la revanche d’Hugette !
Belle revanche sur la vie et joli texte bien enlevé.
Les filles macarons
Elisabeth entretien son sourire et son diabète
Elle n’arrive pas à gérer sa diète
Et devant un macaron
Elle jouit, Elle fond
Fanny la cadette, tout le temps elle ri
Bouche ouverte, dents noircies
Engluées de chocolat fondant
Qu’elle utilise comme remontant
Brigitte, elle, sagement elle profite
Regard pudique baissé vers ses cuisse
Convoitées par l’amie venue de Suisse
A la recherche des racines de son clite
Thérèse, coquine et libertine
Arbore un sourire qui en dit long
Long comme sa main balladeuse
Furtive, vive et fouineuse
C’est la vie des macarons !
Inspiration : Atelier d’écriture 3489
Photo : The joy of film
Musique : « Falai miña amor », Dolce Rima https://www.youtube.com/watch?v=JwfDEpftlzs
Voilà 4 personnalités bien différentes et joliment dépeintes ! Plaisant à lire tout ça ! Bravo !
Merci Marlabis. J’ai failli pas oser et puis les instructions disaient « Pas de thématiques interdites », alors j’ai osé 🙂
Un texte coquin et gourmand à souhait et très bien rythmé. Il lui manque la musique. J’ai beaucoup aimé Nour, bravo à toi !
Merci Kroum. Oui j’ai été vite en besogne, nous avons trop peu de temps pour peaufiner alors la musique proposée, pas terrible en effet, alors je corrige :
Pour la musique : https://www.youtube.com/watch?v=UMZq1KSrcrE
Et j’en profite pour corriger deux fautes d’orthographe grossières :
Fanny la cadette, tout le temps elle rit
…
Regard pudique posé sur ses cuisses
C’est malin ! Lorsque je dégusterais des macarons je penserais à ce joli texte coquin à souhait ! Plaisant, même ! Osons !
Moi aussi, les macarons n’aurons plus jamais le même goût. Merci Janickmm
Chez les filles macarons tout est bon à déguster 😉
J’aime bien, ton texte est rythmé et colle super bien avec la photo !
Merci Laurence Délis, en tous cas lorsque j’ai vu la photo j’ai tout de suite pensé à ça, de là à l’écrire…voilà.
Coquin et gourmand, un peu comme moi en fait donc je valide 😉
Content que ça te plaise aussi Photonanie, merci. B’hein oui elles ont toutes une mine réjouie et la troisième une mine discrètement coquine.
Super c’est quatre petits portraits !
Merci MH. En fait l’inspiration à la base est venue d’une poésie apprise en cours d’espagnol au collège et intitulé Elena y Maria…et ça les décrit l’une et l’autre de manière pas aussi coquine mais bien rythmée et drôle.
Pour le plaisir :
A Elena y María les gusta …
Elena y María son dos chicas trabajadoras, risueñas, muy guapas.
A Elena le gusta la cocina y a María le gustan los niños.
A Elena le gustan los hombres morenos y a María, los rubios.
A Elena le gustan los bailes en la plaza y a María los paseos por la vega.
A Elena le gustan los perros y a María, los gatos.
A Elena le gusta el cordero asado y a María, la tortilla francesa.
A Elena le gusta el café y a María, no.
A Elena le gusta leer el periódico y a María, no
a María le gusta leer novelas.
Camilo José Cela (escritor español) Viaje a la Alcarría, 1948.
Pour la musique c’est mieux, plus adapté, Ah ah ! merci à toi
Pas évident de trouver une musique pour illustrer ça sans tomber dans le vulgaire.
J’ai mis une version du texte un peu corrigée (fautes et une rime de plus) sur mon blog ici :
https://poussieresdemots.blogspot.com/
Bonsoir, avec un grand retard (pour souci personnel), voici mon texte :
À cette photo que l’on ne fera plus,
À ces souvenirs que l’on ne fabriquera plus,
À cette photo que l’on ne fera pas,
À ces souvenirs que l’on ne fabriquera pas…
Maman,
Voilà déjà 6 ans que tu n’es plus là,
À peine le double de l’âge de ta petite-fille
Et pourtant déjà tant d’années…
2 parents, 4 enfants et bientôt 5 petits-enfants…
Mais tu nous manqueras à chaque fois…