(Désolée pour la thématique interdite pas franchement respectée… S’il le faut, de bonne grâce, je copierai cent fois “La consigne tu respecteras. Les grands sages tu contenteras.” 😉 )
(Bons dimanche, lundi, et semaine à tous !)
– Papa ?
– Oui, ma chérie.
– Raconte-moi une histoire. Une histoire qui fait peur.
– Tu es trop petite pour ça, mon ange.
– Non ! Raconte-moi, s’il te plait !
– Bon… D’accord… Il était une fois un homme et une femme qui s’aimaient très fort. Si fort que, la nuit venue, les étoiles brillaient de mille feux pour célébrer leur amour, et que tous les matins, le soleil inventait de nouvelles couleurs pour en zébrer le ciel. Pour remercier ce si beau spectacle, les deux amoureux, souvent, s’allongeaient au milieu des champs et, main dans la main, le dos picoté de brins d’herbe, admiraient le dessin des nuages. Tout n’était que joie et célébration. Les papillons dansaient la valse acrobatique et les fleurs oubliaient de faner… Malheureusement, un jour, il y eut un terrible accident. Un accident de voiture qui confisqua au jeune homme son grand amour, mais qui épargna sa propre vie et celle de leur enfant, à l’arrière du véhicule. Bien sûr, sa tristesse fut immense et il pleura toutes les larmes de son corps, et bien plus encore. Tout comme le ciel devenu sombre et pluvieux durant de longs mois. Un déluge qui confondit l’entendement, au point que le jeune homme pensa s’y noyer. Jusqu’à ce matin de printemps où les rayons du soleil percèrent à nouveau les nuages de leur infinie douceur. Il sut que ce printemps, c’était elle…
– Elle est belle ton histoire, papa ! Même si elle fait pas peur, je l’aime bien.
– Merci, ma puce. Maintenant, on accélère un peu le pas, la maison n’est plus très loin, et il fait froid.
– D’accord, mais avant, tu veux bien me faire une promesse ?
– Dis-moi, ma chérie.
– Tu promets que toute la vie, même si elle est très, très, très longue, tu me raconteras des histoires qui parlent de maman ?
Merci à tous, pour vos lectures et commentaires !
@Laura : Non, c’est moi qui suis désolée, mon inspiration n’en fait qu’à sa tête, et va où bon lui semble. Reçois toutes mes pensées positives.
Bonjour à tous
Comme aurait dit Johnny..j’ai un problème
j’ai fait 3 textes..
je vous les propose tous!!
bonne fin d’après midi!
Atelier 353 (1)
Il marche seul
entouré mais tout seul
il n’a pas d’amis
des foucades parfois
mais il ne s’attache pas
pas vraiment.
Loup solitaire pas dupe des courtisans,
ne fait confiance qu’à sa femme,
Elle marche seule,
plutôt populaire et sociable
pas d’ami intime
quoiqu’on dise,
elle dé jeune seule
ou avec des people
très sollicitée qu’elle est.
Elle compte sur lui
il compte sur elle
ils ont des rituels
ils marchent seuls.
Atelier 353 (2)
I am singing in the rain
la main dans la main de mon grand père
il me montre le chemin
nous n’avons pas de parapluie,
I am singing in the rain
je tiens la main de ma petite fille
j’ai besoin d’elle pour suivre la route
pour tenir le cap
Nous n’avons pas de parapluie
inutile !
les orages sur la vie
Just singing in the rain
je lui indique les obstacles
pour éviter qu’il dérape
sur les feuilles mortes
je ris , il sourit.
Just singing in the rain
je fais semblant de glisser
sur les feuilles mortes
elle est ravie, moi aussi
I am singing in the rain
ses grands bras me protègent
j’aime ses rides au coin des yeux
et son sourire tendre
il m’emmènera dans la vie
avec ou sans parapluie
il dit qu’ il pleut souvent
sur les années qui passent.
Just singing in the rain
elle m’éblouit de son soleil
qui m’aide à supporter la pluie
les gouttes embrument mon regard,
sèchent de sa joie
le printemps, l’automne
courtes saisons
I am singing in the rain.
Atelier 353 ( 3)
M..si tu savais,
ta réforme, ta réforme
M;;si tu savais
ta réforme où on s’la met
Aucu, aucu, aucune hésitation
el pueblo unido
nunca sera vencido
ce n’est qu’un début,
continuons le combat
dansons la carmagnole
vive le vent, vive le vent..
We shall overcome
we shall overcome
one day
Que de manifestations dans le monde
aujourd’hui 14 décembre
hier
1968,
1848,
1789
je remonte encore, et aussi loin qu’il m’en souvienne
les hommes se sont révoltés
se sont manifestés,
ont manifesté
ont marché
pacifiquement parfois
avec violence
main dans la main
poing levé
petits et grands
femmes et hommes
tous mélangés
contre, pour, avec, ensemble
el pueblo unido
nunca sera vencido !
Quelques feuilles mortes
tombées sur l’asphalte mouillée
à 200m de notre porte.
Un dessin, qui, jadis déjà existait
quand je t’accompagnais jusqu’à l’école.
Quand nous traversions cette route
il freinait les voitures un peu folles
pour éviter leur déroute
au cas où ta vivacité fasse échapper ta main de la mienne.
Aujourd’hui il a été repeint ;
ma main n’est plus dans la tienne
pour traverser ce chemin.
C’est plutôt mon bras qui s’appuie sur le tien
au cas où ma canne de l’autre côté arriverait à glisser.
Je dois bien le reconnaitre, depuis deux ou trois jours, je me sens de plus en plus fatiguée, et de la voir subitement virevolter ainsi autour de moi, m’a à peine surprise. J’ai du mal à distinguer ses traits, je devine juste qu’elle est menue et je ne sais même pas comment elle s’appelle. A moins que j’ai oublié.
Tôt ce matin, elle est venue près de moi et a posé sa main fraiche sur mon front brûlant. Elle m’a regardée sans un mot, elle m’a souri chaleureusement et tout de suite je me suis sentie apaisée. Elle me semblait comme « lumineuse ».
Quand elle m’a tenue la main pour me guider à l’extérieur, j’ai été toute interloquée, moi qui avait du mal à dépasser le seuil de ma porte de chambre ! J’ai tout à coup eu une sensation de légèreté inexplicable. Mes douleurs avaient disparu et j’ai presque eu envie d’accélérer le pas pour avancer plus vite. Confiante, voir soulagée, je l’ai suivie les yeux fermés dans son choix…
Ce matin là, Mathilde, aide-soignante à l’ADMR dû faire appel aux pompiers car personne ne répondait à ses sollicitations derrière la porte. Elle ne fût pas surprise de retrouver Jeanne, allongée dans son lit, sans vie. Mathilde remarqua que Jeanne affichait un sourire d’apaisement sur les lèvres. Intérieurement, elle se dit qu’elle la trouvait très digne et belle dans la mort.
On a presque l’impression qu’il s’agissait d’un esprit fanfaronnant et espiegle l’accompagnant pour son dernier souffle. C’est assez onirique et plaisant malgré le sujet!
Ils sont tombés là, sous les balles
Main dans la main, ils rentraient retrouvés la douce chaleur du foyer
Elle était vive, joyeuse, et gambadait insouciante sous sa protection
Il avançait le pas léger, serein, enveloppant sa paume fermement, la pensant à l’abri.
Mais on ne peut rien faire contre la détermination carnassière et tragique
Elle a choisi de laisser une trace,
visible, durable,
qui crierait à tous son chagrin
Tels deux fantômes perdus mais unis dans la nuit
A l’épreuve du temps et de la violence du vent,
foulés par des pas déterminés, oublieux et pressés.
leurs deux corps envahissent maintenant le bitume
Parfois,
un passant suspend sa course effrénée
Il se demande
Il s’imagine
A ce moment-là,
Un lien invisible l’unira à cette histoire inconnue
Alors,
ils survivront encore un peu
Ohh merci à tous pour cet engouement. Je suis touchée. Je ne sais jamais comparé mes textes et ne comprend pas toujours pourquoi l’un plait plus que l’autre. Celui ci manifestement plait! J’aime beaucoup ce moment de la semaine ou l’on prend le temps de mettre son texte et de lire celui des autres. 🙂
Celle qu’on cite avant l’hiver, dans laquelle on commence à regretter hier. Fini les soirées en terrasse pour le dernier verre, à moins qu’elle soit chauffée, pour éviter de se les peler et le lendemain être moins fier !
Les enfants sont maintenant grands ; les feuilles des arbres tombant ; le corps se fait vieillissant. La maladie commence à trouver des repères et s’accrocher comme à une pierre. On a besoin de plus de temps.
Travailler est un rythme qu’on oublie. On voit apparaitre de plus en plus de pluie. Les grasses matinées deviennent notre passe-temps favori. Même la lumière du jour peine à se lever et se dépêche d’aller se coucher. De cocooning on en jouit !
Encore quelques pas sur ce chemin plat. Et même las, on se dirige à tâtons vers la dernière saison, celle de l’hiver qui arrive là.
Très bien, Nady. C’est une belle déclamation sur la saison, je dis volontairement déclamation car il est construit un peu comme s’il il allait être lu. Pas loin du slam, même présenté différemment. Bravo, c’est très poétique et musical.
Yeaaap Claude, bien vu je l’ai déclamé en scène slam, car en effet c’en est un Dès que j’ai un moment je le publierai sur fb, tu verras, ça donne une autre teinte de l’entendre. Bisous et belles fêtes de fin d’année à toi
C’est très beau et mélancolique comme texte. Je vois ma grand mère qui dépérit un peu et qui ne fait même plus de derniers pas depuis quelques mois déjà. Les fins sont parfois longues et lasses…
Joli ! poétique retraite. L’automne est une très belle saison, celle qui arrive tous les ans comme celle qui arrive une fois car elle pousse à la fois à prendre le temps et à focaliser sur ses priorités…
Merci pour ton retour de lecture 😉 des tiens j’ai adoré les 3 ! Sur le dernier j’ai fait appel à google trad car je viens juste de commencer l’apprentissage de l’espagnol 😉
Une journée particulière en 1945
Cinq ans de captivité en Allemagne. Cinq ans de privations et d’ennui dans les baraquements sordides d’un stalag peuplé d’hommes inquiets. Durant cinq longues années, Maurice aura été privé des siens, de sa femme, de son enfant, de ses amis. Cinq ans de vie perdus.
La guerre se termine. Ce mardi, Maurice est de retour en France, libéré suite à la signature de l’armistice. Ils sont 1 800 000 comme lui. Les alliés sont victorieux, mais les prisonniers ont ramené un parfum de défaite ; on ne leur a pas pardonné 1940, à eux, victimes de mauvais choix politico-militaires. Ils sont là hagards descendant de trains bondés, engoncés dans leurs capotes élimées, à regagner tant bien que mal leurs domiciles, leitmotivs de leurs pensées et de leurs conversations. Ils ont rêvé longtemps de ces jours de retrouvailles, et pourtant la fête est amère.
Dans les rues de la ville, rien ne semble avoir été dérangé. Aux terrasses des cafés, règne une atmosphère joyeuse, tout le monde semble avoir été résistant. Que des héros. La collaboration, le marché noir, Maurice n’apprendra leur existence que bien plus tard. Aujourd’hui, on le regarde d’un œil méprisant. Il fait partie des perdants.
Durant toutes ces années, les femmes se sont organisées, ont géré le quotidien, se sont occupées avec courage de leurs enfants ou de ceux des autres. Certaines ont comblé le vide affectif dans un sentiment mêlé de satisfaction et de culpabilité. Ce n’est pas le cas de Raymonde. Elle aussi a travaillé tant bien que mal ici ou là, élevé son fils Gérard avec l’aide des voisines, composé méticuleusement avec la pénurie, mais elle a attendu patiemment Maurice.
Maurice apparaît dans l’embrasure de la porte de sa maison. Il a maigri considérablement. Raymonde n’ose se précipiter dans ses bras. Son fils lui dit : « Bonjour Monsieur ». Maurice pleure.
Sans attendre, Maurice prend doucement Gérard par la main, l’emmène seul d’un pas maladroit le long de l’impasse pavée. L’enfant est fier d’être accompagné d’un homme vêtu, même piteusement, en militaire. Faisant demi-tour, Maurice et son fils découvrent avec étonnement deux silhouettes immaculées peintes fraîchement sur le bitume : celles d’un homme un peu emprunté accompagnant un gamin sautillant.
La cuisine dégage de multiples odeurs appétissantes. Maurice, après s’être lavé et rasé de près dans le bac en zinc et qu’il se soit revêtu de ses habits civils devenus trop amples, rejoint sa famille à table. Raymonde, en servant la soupe, lui glisse un baiser dans son cou parfumé à la lavande. Elle lui murmure comme un secret : « C’est une journée à marquer d’une pierre blanche ».
C’est une recette de biscuits qui se transmet dans ma famille depuis plusieurs générations. Quand le goudron luit sous la pluie, que les pavés glissent sous les feuilles qui pourrissent, que la seule issue pour échapper à la tristesse infinie du ciel gris semble être de suivre le flot qui se déverse dans les égouts vers les flammes de l’enfer, arrête-toi ! Sors dans la rue. Prends la main de la première personne que tu croises. Regarde l’ombre de vos corps qui se dessine à la lumière du réverbère. Tranche d’un coup sec l’adhérence au bitume sous la semelle de tes chaussures. Envole-toi et laisse l’ombre au sol prendre la couleur du nuage qui se vide, de la neige qui s’en échappe, de la farine légère que tu mets dans le saladier, du lait blanc que tu mélanges avec une pincée de levure, elle aussi si blanche. Fouette, fouette, fouette jusqu’à obtenir une pâte douce comme le coton blanc, lisse comme la crème que Maman étale si joliment sur son corps chaque matin.
Quand la feuille jaunie vient doucement te caresser l’intérieur du genou, rajoute un œuf puis le deuxième à l’approche de la feuille jumelle et continue à fouetter, fouetter, fouetter comme le vent d’hiver sur ton visage.
Lève la tête ; un peu plus loin la pourriture a commencé à donner au reste du feuillage une chaude couleur rousse brun doré, comme le miel et le bâton de cannelle. Broie ce dernier et jette le dans le saladier avec une généreuse cuillère du trésor des abeilles. Et fouette, fouette, à en avoir des douleurs dans le bras.
Découpe alors l’ombre blanche et ôte-la du macadam. Étale ta pâte finement et pose la double silhouette sur la pâte. Prends un couteau bien pointu et découpe sans pitié tout autour des deux corps. Reforme une boule de la pâte restante, étale là à nouveau. Repose la double silhouette, découpe à nouveau le contour et continue, continue jusqu’à ce que la pâte ne soit plus que silhouettes.
Et sur la plaque du four couleur macadam, pose tes silhouettes couleur d’automne. Glisse la plaque avec précaution au cœur de la flamme de l’enfer, dans les entrailles du monde. Ces entrailles qui te rappellent la douce chaleur de la matrice maternelle. Prends une profonde inspiration et commence à saliver en imaginant croquer les biscuits savoureux qui sortiront de terre.
Cette recette, je l’adore. Chaque année je la recommence. Elle n’a jamais la même saveur. Souvent ma sœur se moque de moi avec mes pauvres petits personnages que je vends sur le marché en décembre. C’est sûr ma sœur se faisait plus de fric en vendant de l’huile frelatée. Elle le parfumait à la truffe. Les clients n’y voyaient que du feu. Mais d’année en année, j’avais moins de clients. Ils mourraient tous après les fêtes. Alors, je devais m’éloigner, m’éloigner pour trouver toujours de nouveau clients. Cette année avec la grève, j’ai raté le seul train qui roulait. « Quand on a les rêves que vous avez dans la tête, on ne se tourmente pas pour un train raté » m’a dit le maire du village qui m’attendait. C’est vrai. J’en ai profité cette année pour tuer ma sœur. Fini l’huile frelatée à la truffe. L’année prochaine, je pourrai rester dans mon village. Celui où je suis née. Celui où je t’ai pris par la main un matin de décembre. Celui qui m’a offert de voir mon ombre de lait. De décoller la belle ombre blanche de nos silhouettes accrochées. De dessiner tout autour de nos corps le modèle des croquants que depuis des années je reproduis sans me lasser. Espérant chaque jour que tu te reconnaîtras. Rêvant de te serrer enfin fort contre moi.
Demain, je sortirais de chez moi en même temps que toi. Je te prendrai par la main.
Sur le pavé luisant, nous marchons
Et sur l’asphalte aussi, sur le goudron.
Les feuilles mortes sont des autocollants
Ou les pansements d‘une vie d’avant …
Il y a l’ombre et la lumière
Sous nos pieds, comme une rivière
Comme un courant plein d’alluvions
Un bouillant et un dormant …
Tout est gris, noir ou marron
Il y a la pluie, il y a les vents
Tous les reflets de l’illusion
L’illusion d’une vie d’avant.
A vive allure, il est passé
Le vieux camion bringuebalant
A neuf heures dix, nous a fauchés
Au cœur des cris et des grincements.
Tout est gris, noir ou marron
Nous seuls sommes blancs
Blancheur des âmes éthérées
Pâleur des vies arrachées
Sur le pavé luisant, nous marchons
A jamais, avec tous les passants
Près des voitures et des camions
Main dans la main, infiniment.
La photo m’a aussi fait penser à ces personnes mortes sur la route, mais finalement je n’ai pas exploité le sujet. Sous la poésie, tu as su l’évoquer avec pudeur et sensibilité.
J’ai beaucoup aimé.
La nuit dernière les flics m’ont coursé jusqu’au pont. J’ai cru que je n’arriverais pas à les semer. Heureusement le squat n’est pas visible de la route. Ni du pont. Et la rivière est un barrage naturel qu’aucun flic ne veut franchir. C’est sûr qu’avec tout ce qui se déverse dedans ça en fait fuir plus d’un. Tant mieux pour moi. Par prudence j’ai quand même dormi sous le pont au cas où l’un d’eux deviendrait téméraire de ce côté de la ville.
Ça devient de plus en plus difficile de déjouer leur vigilance. Faut dire qu’avec les caméras à chaque coin de rue, dans tous les endroits publics, on est sans cesse sous surveillance. Discrète bien sûr, la surveillance. C’est avant tout pour notre sécurité, on nous le répète bien assez. Pourtant sous les lumières factices et la facilité avec laquelle nous pouvons communiquer, travailler, jouer, penser, on a oublié de vivre. Ça s’est fait sans heurt, on a trouvé plus simple qu’internet et les réseaux sociaux deviennent le lieu où il fait bon vivre. La famille ? les amis ? C’est plus économique et moins compliqué derrière son écran. On évite les conflits, on efface le moindre mal que l’on pourrait nous faire. Et si l’on persiste à nous critiquer, à nous pourrir l’existence virtuelle, il est facile de changer de réseau social, de compte, de nom. On recommence ailleurs. Sans bouger de chez soi, sans avoir conscience de ce qui se vit dans sa propre maison.
Le jour où j’ai pris la décision de partir, ma petite sœur Léa, pleurait. Je crois qu’elle avait faim ou bien était-elle fatiguée, les deux sans doute et j’avais gueulé contre mes parents qu’il fallait qu’ils se bougent, que ce n’était pas à moi de m’en occuper tout le temps. C’est à peine s’ils m’ont écouté, ils n’ont même pas sorti la tête de leur écran pour me dire que ma crise d’ado il était temps qu’elle cesse. Ma mère a cependant réagi. Elle a quitté l’écran de son téléphone et s’est saisie de sa tablette. Elle l’a allumée pour faire patienter ma sœur. Ma sœur de quatre ans qui n’avait rien connu d’autre que ces foutus écrans depuis qu’elle était en âge de tenir un objet. Dans le squat où je vis, on est des dizaines à avoir vécu le même genre d’indifférence de la part des nôtres.
Je me souviens pourtant d’un truc important que Léa tenait quelquefois dans sa main. C’était ma main lorsqu’on allait au parc de la ville. On aimait bien passer du temps devant l’étang où nageaient les canards et les cygnes et puis courir après les pigeons. C’était le plus grand parc de la ville et il n’y avait jamais personne. Juste Léa qui me tenait fort la main.
Je l’ai aperçue la semaine dernière devant l’arrêt de bus. Elle a drôlement changé. C’est presque une jeune fille à présent. Je l’ai longtemps observée avant de l’appeler, de lui faire un signe de la main et j’ai espéré. Espéré comme un con qu’elle lève les yeux de son fichu téléphone pour me regarder. Mais non, bien sûr que non. Elle n’a rien entendu, n’a rien vu d’autre que ce qui se passait sur son écran. Elle est montée dans le bus, et tout comme les autres passagers, elle s’est assise à la première place libre. Peu importe qui se trouve à côté d’elle, chacun muré dans son monde virtuel, n’existe plus en dehors de la toile.
Depuis, je fais un rêve. Celui de croire qu’elle ne m’a pas oublié. Je rêve que chaque dessin que que je peins sur un trottoir ou sur un mur lui rappelle ce grand frère qui prenait le temps de l’aimer différemment.
Yeaaap ! Ton titre déjà m’attira, suis fan de street art et quelle surprise de lire une aussi belle histoire d’actualité avec la virtualité ! Super Laurence, j’ai adoré !
J’aime beaucoup ce texte engagé, vilipendeur et malheureusement très juste! Une triste réalité. Parfois les réseaux crée aussi de belles choses comme cet atelier auquel je prend grand plaisir chaque semaine!
Soudain, sur le bitume, je rencontre deux personnages.
Un grand, dégingandé, et un petit, casqué de cheveux lisses.
Ils se tiennent par la main et par le regard. C’est le deal,
ils ne doivent se lâcher ni de la paume, ni de la pupille,
sinon ils disparaîtront.
Ils sont couleur de lune. La brume les attirent. Le halo de lumière aussi.
Ils avancent sur l’asphalte brillant de pluie. Ils cheminent.
Elle : Être blanc comme la lune sur le bitume, c’est nul !
Lui : Il devait neiger, on n’aurait pas dérangé.
Elle : Tu vois quoi dans mes yeux ?
Lui : Je vois des pupilles qui se déploient et des iris qui chatoient.
Elle : Ton regard m’éblouit. J’ai cligné de l’œil et mon pied droit est parti.
Ses yeux à lui se sont posés sur l’absence de son pied droit à elle.
Les deux silhouettes se sont évaporées.
J’avais un problème avec mon ombre… D’habitude elle apparaissait au sol, souvent plus grande que je ne l’étais dans la réalité mais elle était toujours grise.
Or, aujourd’hui, je la voyais blanche sur le tarmac! Bon, depuis que mon amoureuse avait enfin accepté de m’épouser on me trouvait rayonnant mais quand même, à ce point c’était étrange non?
J’avançais à pas feutrés, je glissais rapidement à droite puis à gauche, rien n’y faisait mon ombre restait blanche!
Quelqu’un me faisait une blague, ce n’est pas possible voyons une ombre blanche, et pourtant… J’avançais et me retournais brusquement pour piéger le farceur mais personne ne semblait se trouver à proximité. J’étais plutôt quelqu’un de cartésien, je ne croyais pas trop aux esprits ni à l’homme invisible mais là je commençais à transpirer. Mon malaise s’accroissait, je sentais la réalité fondre entre mes doigts et s’échapper de mon cerveau embrumé.
Ce qui était sûr c’est qu’on avait bien picolé pour fêter nos fiançailles la veille avec les copains, c’était peut-être là l’explication mais je n’y croyais qu’à moitié…
Et puis, cette silhouette plus petite à mes côtés ne correspondait à rien de réel puisque j’étais seul pour cette balade matinale.
J’avais de plus en plus chaud supportant difficilement que les choses m’échappent. Cette perte de contrôle sur la réalité commençait sérieusement à m’angoisser.
Quand j’arrivai enfin chez ma dulcinée, elle aussi avait un air bizarre, mi-excitée mi-assommée.
Elle saisit ma main, la posa sur son ventre en me regardant de ses yeux brillants, sa tête faisait « oui » en balançant de haut en bas. La joie m’envahit et c’est là que j’ai commencé à croire aux signes et à accepter la présence de l’irrationnel dans ma vie.
Oh, joli texte ! La narration est comme qui dirait joueuse, on se demande où elle va nous mener et la chute nous laisse tendrement coi. Bravo, Photonanie !
Nous marchions ensemble
Toi avec tes petites jambes
De grimpeur qui allaient si vite
On t appelait Bip Bip le coyote
En plus de ton nom Coytte
Qu’on prononce mal.
Avec mes grandes jambes,
Je marchais avec toi, indifférente
Aux autres puisque
Je t’avais toi, ma confiance.
Aujourd’hui je marche,
Seule, puisant un équilibre
Entre les autres et moi-même
Que je n’ai jamais eu, même
Avec ton courage.
Je marche seule .
Je vous souhaite un bon courage Laura. Les regrets inondent parfois. J’espère que vous vous en sortez tout de meme et que vous etes bien entourés. On ressent une grande détresse dans vos derniers textes. Si besoin nous pouvons échanger plus librement par mail?
Ils étaient là, parmi nous, mais on ne les voyait pas
Le mâle est grand, bedonnant et moustachu tel un pacha
La femelle petite, poilue et menue comme un lapin
Asservie, toujours guidée et tenue par la main
Depuis peu, c’est l’heure de la revanche
Elles circulent à bord d’engins de chantier
Vous savez, ceux qui servent à aplanir les différences
Et on retrouve ça et là, les empreintes de leur vengeance
Il faudra attendre l’année 2234 avant que tout soit bien aplani
En attendant, des engins de chantier sont subtilisés chaque nuit
Et on les croise chaque jour à travers le monde
Des stickers blancs collés au bitume
Au début, on ne comprenais pas pourquoi, elles aussi, étaient aplaties
Erreur de pilotage, seuls les mâles étaient visés
Mais peu à peu elles s’améliorent et les empruntes ne sont que mâles
En 2235, la terre devenue plate, ne compte plus qu’un seul mâle
C’est l’égalité que réclament les femmes pas l’éradication des mâles je pense, mais je ne sais pas trop quelles seront les idées en 2235 😉
J’ai trouvé ton texte amusant Nour.
Merci Photonanie, j’avais besoin d’un eu de légèreté…
Alors 2234 c’est selon une étude sérieuse, l’année qui verra les salaires H/F égaux si on continue au rythme actuel…
Il a bien fallu se décider
Trop de mauvais souvenirs
Le père a essayé de résister, de tenir
De faire comme si
Comme si la vie
La vie serait la plus forte
Comme les feuilles que le vent emporte
Et qui, d’un coup de pelle, sont balayées
Mais non, dans la tête ça ne se passe pas comme ça
Les pensées s’accumulent
Et forment d’énormes tas
Attentat, attentat, attentat
Ça fait du bruit, ça claque, ça crie
Ça résonne, ça fait mal
Alors le père s’enfuit avec son petit
Aux premières heures matinales
Question de survie.
Une bonne décision prise par ce père qui part à l’aube d’un nouveau jour, promesse d’une nouvelle vie pleine d’espoir d’un monde meilleur pour son fils et lui.
Les arbres pleurent leurs feuilles que le vent d’automne expédie dans la rue.
Jolande dépressive, le nez à la fenêtre les regarde choir.
Elle fulmine car depuis ce matin un préposé de la voirie s’active à tracer des marques de passage au sol, dans sa rue.
C’est un maniaque, elle le voit prendre dans un grand pot la peinture avec délicatesse, secouer le surplus du pinceau, puis s’aidant d’une règle tracer des carrés blanc espacés de 50 cm.
Et cela prend du temps. Il n’en finit pas.
Jolande s’exaspère, pas étonnant que l’on paie des impôts, avec cette bande de mollassons.
Soudain elle écarquille les yeux en voyant l’employé sortir de ses poches ,de la craie blanche et esquisser sur le sol un personnage tenant un môme par la main.
Elle n’en revient pas ! comment ? ici- à Trifouillas les oies ?
Elle lance à son mari qui regarde passionnément un match à la télé :
« Vois-tu Jules, finalement, je ne regrette pas d’être ponctionnée si c’est pour enjoliver les rues de notre village. »
C’est ainsi que modestement le Streets art a fait son entrée dans ce village du fin fond de la France.
Depuis des artistes du monde entier profitent du bon air sans pollution citadine.
Tout ce monde afflue pour venir orner les rues, regoudronnées.
Depuis peu, également les maisons s’habillent de gracieuses glycines plus vraies que vraies, ou de scènes d’antan, plus réalistes les unes que les autres retraçant le bon vieux temps.
Et Jolande a repris le moral, car ses d’impôts ont bien diminué.
En effet, la commune a maintenant d’avantageux bénéfices touristiques et en fait profiter tous les autochtones.
(Désolée pour la thématique interdite pas franchement respectée… S’il le faut, de bonne grâce, je copierai cent fois “La consigne tu respecteras. Les grands sages tu contenteras.” 😉 )
(Bons dimanche, lundi, et semaine à tous !)
– Papa ?
– Oui, ma chérie.
– Raconte-moi une histoire. Une histoire qui fait peur.
– Tu es trop petite pour ça, mon ange.
– Non ! Raconte-moi, s’il te plait !
– Bon… D’accord… Il était une fois un homme et une femme qui s’aimaient très fort. Si fort que, la nuit venue, les étoiles brillaient de mille feux pour célébrer leur amour, et que tous les matins, le soleil inventait de nouvelles couleurs pour en zébrer le ciel. Pour remercier ce si beau spectacle, les deux amoureux, souvent, s’allongeaient au milieu des champs et, main dans la main, le dos picoté de brins d’herbe, admiraient le dessin des nuages. Tout n’était que joie et célébration. Les papillons dansaient la valse acrobatique et les fleurs oubliaient de faner… Malheureusement, un jour, il y eut un terrible accident. Un accident de voiture qui confisqua au jeune homme son grand amour, mais qui épargna sa propre vie et celle de leur enfant, à l’arrière du véhicule. Bien sûr, sa tristesse fut immense et il pleura toutes les larmes de son corps, et bien plus encore. Tout comme le ciel devenu sombre et pluvieux durant de longs mois. Un déluge qui confondit l’entendement, au point que le jeune homme pensa s’y noyer. Jusqu’à ce matin de printemps où les rayons du soleil percèrent à nouveau les nuages de leur infinie douceur. Il sut que ce printemps, c’était elle…
– Elle est belle ton histoire, papa ! Même si elle fait pas peur, je l’aime bien.
– Merci, ma puce. Maintenant, on accélère un peu le pas, la maison n’est plus très loin, et il fait froid.
– D’accord, mais avant, tu veux bien me faire une promesse ?
– Dis-moi, ma chérie.
– Tu promets que toute la vie, même si elle est très, très, très longue, tu me raconteras des histoires qui parlent de maman ?
Émotion…
Chouette texte! Douceur et émotions!
La vie reprend ses droits et continue. Très beau texte plein d’espoir sans occulter le passé.
Continuer sans et avec; ça me ramène à ce que je vis; tout m’y ramène, en fait, désolée
Merci à tous, pour vos lectures et commentaires !
@Laura : Non, c’est moi qui suis désolée, mon inspiration n’en fait qu’à sa tête, et va où bon lui semble. Reçois toutes mes pensées positives.
Plein de tendresse et d’émotion dans ce texte. Il est écrit avec beaucoup de naturel dans les dialogues. Bravo.
Très joli texte sensible.
merci, c’est beau!
Bonjour à tous
Comme aurait dit Johnny..j’ai un problème
j’ai fait 3 textes..
je vous les propose tous!!
bonne fin d’après midi!
Atelier 353 (1)
Il marche seul
entouré mais tout seul
il n’a pas d’amis
des foucades parfois
mais il ne s’attache pas
pas vraiment.
Loup solitaire pas dupe des courtisans,
ne fait confiance qu’à sa femme,
Elle marche seule,
plutôt populaire et sociable
pas d’ami intime
quoiqu’on dise,
elle dé jeune seule
ou avec des people
très sollicitée qu’elle est.
Elle compte sur lui
il compte sur elle
ils ont des rituels
ils marchent seuls.
Atelier 353 (2)
I am singing in the rain
la main dans la main de mon grand père
il me montre le chemin
nous n’avons pas de parapluie,
I am singing in the rain
je tiens la main de ma petite fille
j’ai besoin d’elle pour suivre la route
pour tenir le cap
Nous n’avons pas de parapluie
inutile !
les orages sur la vie
Just singing in the rain
je lui indique les obstacles
pour éviter qu’il dérape
sur les feuilles mortes
je ris , il sourit.
Just singing in the rain
je fais semblant de glisser
sur les feuilles mortes
elle est ravie, moi aussi
I am singing in the rain
ses grands bras me protègent
j’aime ses rides au coin des yeux
et son sourire tendre
il m’emmènera dans la vie
avec ou sans parapluie
il dit qu’ il pleut souvent
sur les années qui passent.
Just singing in the rain
elle m’éblouit de son soleil
qui m’aide à supporter la pluie
les gouttes embrument mon regard,
sèchent de sa joie
le printemps, l’automne
courtes saisons
I am singing in the rain.
Atelier 353 ( 3)
M..si tu savais,
ta réforme, ta réforme
M;;si tu savais
ta réforme où on s’la met
Aucu, aucu, aucune hésitation
el pueblo unido
nunca sera vencido
ce n’est qu’un début,
continuons le combat
dansons la carmagnole
vive le vent, vive le vent..
We shall overcome
we shall overcome
one day
Que de manifestations dans le monde
aujourd’hui 14 décembre
hier
1968,
1848,
1789
je remonte encore, et aussi loin qu’il m’en souvienne
les hommes se sont révoltés
se sont manifestés,
ont manifesté
ont marché
pacifiquement parfois
avec violence
main dans la main
poing levé
petits et grands
femmes et hommes
tous mélangés
contre, pour, avec, ensemble
el pueblo unido
nunca sera vencido !
3 en 1 ! Tous différents… Difficulté de faire un choix ?
Mais les 3 sont chouettes !
Françoise je suis ravie de te lire ici! J’aime beaucoup l’énergie des trois et je trouve qu’ils forment un bon tout! 🙂
merci Jen, pour le moment je m’amuse mais je retravaille aussi..et je vous lis!!
Impossible de choisir, je prends les trois 😉
quel souffle!
C’est très chouette. Les trois sont bien, mais j’ai une préférence pour le second, sans doute plus intemporel.
Cette photo t’a beaucoup inspirée !!! J’aime bien les rois textes mais une préférence pour le premier pour son originalité.
drôle..car il est presque mot pour mot un article de fb tiré de gala..sur le couple Macron!!
Quelques feuilles mortes
tombées sur l’asphalte mouillée
à 200m de notre porte.
Un dessin, qui, jadis déjà existait
quand je t’accompagnais jusqu’à l’école.
Quand nous traversions cette route
il freinait les voitures un peu folles
pour éviter leur déroute
au cas où ta vivacité fasse échapper ta main de la mienne.
Aujourd’hui il a été repeint ;
ma main n’est plus dans la tienne
pour traverser ce chemin.
C’est plutôt mon bras qui s’appuie sur le tien
au cas où ma canne de l’autre côté arriverait à glisser.
En seulement quelques vers, tu nous emportes dans une douce histoire et dans la valse du temps. Superbe !
Le temps qui passe dépeint avec beaucoup de poésie ! Bravo !
Le temps passe mais n’emporte pas avec lui les doux souvenirs!
Une belle histoire de mémoire
Toute une vie déroulée sur l’asphalte… J’aime.
tendre
C’est beau avec ce croisement des rimes qui donne une musique particulière et accompagne avec bonheur ce thème du temps qui passe.
Très joli poème sur l’échange des rôles dû au temps qui passe.
Super Kroum, histoire courte mais qui met bout à bout deux vies aux extrêmes liées par un amour inconditionnel, chouette !
Voilà mon texte…
A retrouver également sur mon blog :
https://lesempreintesdutemps.wordpress.com/2019/12/15/atelier-decriture-352-bric-a-book-2/
Je dois bien le reconnaitre, depuis deux ou trois jours, je me sens de plus en plus fatiguée, et de la voir subitement virevolter ainsi autour de moi, m’a à peine surprise. J’ai du mal à distinguer ses traits, je devine juste qu’elle est menue et je ne sais même pas comment elle s’appelle. A moins que j’ai oublié.
Tôt ce matin, elle est venue près de moi et a posé sa main fraiche sur mon front brûlant. Elle m’a regardée sans un mot, elle m’a souri chaleureusement et tout de suite je me suis sentie apaisée. Elle me semblait comme « lumineuse ».
Quand elle m’a tenue la main pour me guider à l’extérieur, j’ai été toute interloquée, moi qui avait du mal à dépasser le seuil de ma porte de chambre ! J’ai tout à coup eu une sensation de légèreté inexplicable. Mes douleurs avaient disparu et j’ai presque eu envie d’accélérer le pas pour avancer plus vite. Confiante, voir soulagée, je l’ai suivie les yeux fermés dans son choix…
Ce matin là, Mathilde, aide-soignante à l’ADMR dû faire appel aux pompiers car personne ne répondait à ses sollicitations derrière la porte. Elle ne fût pas surprise de retrouver Jeanne, allongée dans son lit, sans vie. Mathilde remarqua que Jeanne affichait un sourire d’apaisement sur les lèvres. Intérieurement, elle se dit qu’elle la trouvait très digne et belle dans la mort.
Terrible ton texte et si bien écrit ! Congrats !
Belle approche d’une mort paisible en douceur…
digne et beau dans la mort: c’est ainsi que j’ai vu mon mari, ma consolation
Le thème, pas évident, est traité ici avec délicatesse et poésie. Un accompagnement en douceur aussi pour le lecteur. Bravo.
On a presque l’impression qu’il s’agissait d’un esprit fanfaronnant et espiegle l’accompagnant pour son dernier souffle. C’est assez onirique et plaisant malgré le sujet!
Bonsoir, Voici mon texte! Belle semaine!
Ils sont tombés là, sous les balles
Main dans la main, ils rentraient retrouvés la douce chaleur du foyer
Elle était vive, joyeuse, et gambadait insouciante sous sa protection
Il avançait le pas léger, serein, enveloppant sa paume fermement, la pensant à l’abri.
Mais on ne peut rien faire contre la détermination carnassière et tragique
Elle a choisi de laisser une trace,
visible, durable,
qui crierait à tous son chagrin
Tels deux fantômes perdus mais unis dans la nuit
A l’épreuve du temps et de la violence du vent,
foulés par des pas déterminés, oublieux et pressés.
leurs deux corps envahissent maintenant le bitume
Parfois,
un passant suspend sa course effrénée
Il se demande
Il s’imagine
A ce moment-là,
Un lien invisible l’unira à cette histoire inconnue
Alors,
ils survivront encore un peu
Superbe, vraiment..tu avances..toi aussi
Waouuu ! Juste un mot ! Superbe !
Terrible! Mais surtout très bien écrit !
Que l’écriture est belle et profonde ! Bravo, Jen !
L’espoir, la confiance et puis la fin terrible. N’oublions jamais le passé…
bravo!
J’ai eu un grand plaisir à lire ce texte. Il a un rythme et une richesse de style qui le rendent très beau. Bravo.
Et c’est toi qui les fais survivre avec ce beau texte ! J’adore » Deux fantômes perdus mais unis dans la nuit »
Ohh merci à tous pour cet engouement. Je suis touchée. Je ne sais jamais comparé mes textes et ne comprend pas toujours pourquoi l’un plait plus que l’autre. Celui ci manifestement plait! J’aime beaucoup ce moment de la semaine ou l’on prend le temps de mettre son texte et de lire celui des autres. 🙂
Une histoire triste dans un texte vif et qui se termine un peu comme une musique qui se termine ritenudo !
L’avant dernière saison
Celle qu’on cite avant l’hiver, dans laquelle on commence à regretter hier. Fini les soirées en terrasse pour le dernier verre, à moins qu’elle soit chauffée, pour éviter de se les peler et le lendemain être moins fier !
Les enfants sont maintenant grands ; les feuilles des arbres tombant ; le corps se fait vieillissant. La maladie commence à trouver des repères et s’accrocher comme à une pierre. On a besoin de plus de temps.
Travailler est un rythme qu’on oublie. On voit apparaitre de plus en plus de pluie. Les grasses matinées deviennent notre passe-temps favori. Même la lumière du jour peine à se lever et se dépêche d’aller se coucher. De cocooning on en jouit !
Encore quelques pas sur ce chemin plat. Et même las, on se dirige à tâtons vers la dernière saison, celle de l’hiver qui arrive là.
L’histoire du temps qui passe et du temps qu’il reste. Très beau
Merci pour ton retour. J’ai beaucoup aimé ta recette et ai eu envie de la tester sur la fin de l’année
Au rythme du temps qui passe, le parcours d’une vie.
Belle interprétation de la photo Nady !
Le temps qui passe revient dans plusieurs texte cette fois-ci !
La vie qui passe au rythme des saisons, c’est tellement vrai et bien écrit.
doucement beau
Un texte sur l’avancée en âge et la mort au bout du chemin, bonne idée d’avoir vu cela dans la photo.
Très bien, Nady. C’est une belle déclamation sur la saison, je dis volontairement déclamation car il est construit un peu comme s’il il allait être lu. Pas loin du slam, même présenté différemment. Bravo, c’est très poétique et musical.
Yeaaap Claude, bien vu je l’ai déclamé en scène slam, car en effet c’en est un Dès que j’ai un moment je le publierai sur fb, tu verras, ça donne une autre teinte de l’entendre. Bisous et belles fêtes de fin d’année à toi
C’est très beau et mélancolique comme texte. Je vois ma grand mère qui dépérit un peu et qui ne fait même plus de derniers pas depuis quelques mois déjà. Les fins sont parfois longues et lasses…
Merci Jen et take care de ton côté avec ta grand-mère. Douce fin d’année à toi
Joli ! poétique retraite. L’automne est une très belle saison, celle qui arrive tous les ans comme celle qui arrive une fois car elle pousse à la fois à prendre le temps et à focaliser sur ses priorités…
les textes se répondent en fait, c’est intéressant de voir les différents rayons de la vie!
Merci pour ton retour de lecture 😉 des tiens j’ai adoré les 3 ! Sur le dernier j’ai fait appel à google trad car je viens juste de commencer l’apprentissage de l’espagnol 😉
Une journée particulière en 1945
Cinq ans de captivité en Allemagne. Cinq ans de privations et d’ennui dans les baraquements sordides d’un stalag peuplé d’hommes inquiets. Durant cinq longues années, Maurice aura été privé des siens, de sa femme, de son enfant, de ses amis. Cinq ans de vie perdus.
La guerre se termine. Ce mardi, Maurice est de retour en France, libéré suite à la signature de l’armistice. Ils sont 1 800 000 comme lui. Les alliés sont victorieux, mais les prisonniers ont ramené un parfum de défaite ; on ne leur a pas pardonné 1940, à eux, victimes de mauvais choix politico-militaires. Ils sont là hagards descendant de trains bondés, engoncés dans leurs capotes élimées, à regagner tant bien que mal leurs domiciles, leitmotivs de leurs pensées et de leurs conversations. Ils ont rêvé longtemps de ces jours de retrouvailles, et pourtant la fête est amère.
Dans les rues de la ville, rien ne semble avoir été dérangé. Aux terrasses des cafés, règne une atmosphère joyeuse, tout le monde semble avoir été résistant. Que des héros. La collaboration, le marché noir, Maurice n’apprendra leur existence que bien plus tard. Aujourd’hui, on le regarde d’un œil méprisant. Il fait partie des perdants.
Durant toutes ces années, les femmes se sont organisées, ont géré le quotidien, se sont occupées avec courage de leurs enfants ou de ceux des autres. Certaines ont comblé le vide affectif dans un sentiment mêlé de satisfaction et de culpabilité. Ce n’est pas le cas de Raymonde. Elle aussi a travaillé tant bien que mal ici ou là, élevé son fils Gérard avec l’aide des voisines, composé méticuleusement avec la pénurie, mais elle a attendu patiemment Maurice.
Maurice apparaît dans l’embrasure de la porte de sa maison. Il a maigri considérablement. Raymonde n’ose se précipiter dans ses bras. Son fils lui dit : « Bonjour Monsieur ». Maurice pleure.
Sans attendre, Maurice prend doucement Gérard par la main, l’emmène seul d’un pas maladroit le long de l’impasse pavée. L’enfant est fier d’être accompagné d’un homme vêtu, même piteusement, en militaire. Faisant demi-tour, Maurice et son fils découvrent avec étonnement deux silhouettes immaculées peintes fraîchement sur le bitume : celles d’un homme un peu emprunté accompagnant un gamin sautillant.
La cuisine dégage de multiples odeurs appétissantes. Maurice, après s’être lavé et rasé de près dans le bac en zinc et qu’il se soit revêtu de ses habits civils devenus trop amples, rejoint sa famille à table. Raymonde, en servant la soupe, lui glisse un baiser dans son cou parfumé à la lavande. Elle lui murmure comme un secret : « C’est une journée à marquer d’une pierre blanche ».
Toujours fan de ta plume mon cher Claude et aussi de cette partie de l’Histoire. Comblée je suis par ton texte touchant !
Très émouvant et les descriptions rendent le récit très vivant. J’aurais aimé poursuivre encore ma lecture 🙂
Une tranche de vie douloureuse très bien (d)écrite
vu « Une vie cachée » hier: lui, n’est pas revenu
Le parfum du témoignage et la musique du romanesque. Superbe !
Bravo d’avoir tiré de la photo une histoire si construite et si intéressante sur le plan historique, très émouvant.
C’est doux et accueillant!
Une bien belle page d’histoire pleine d’émotions et tout en douceur…
La recette des biscuits de Noël
C’est une recette de biscuits qui se transmet dans ma famille depuis plusieurs générations. Quand le goudron luit sous la pluie, que les pavés glissent sous les feuilles qui pourrissent, que la seule issue pour échapper à la tristesse infinie du ciel gris semble être de suivre le flot qui se déverse dans les égouts vers les flammes de l’enfer, arrête-toi ! Sors dans la rue. Prends la main de la première personne que tu croises. Regarde l’ombre de vos corps qui se dessine à la lumière du réverbère. Tranche d’un coup sec l’adhérence au bitume sous la semelle de tes chaussures. Envole-toi et laisse l’ombre au sol prendre la couleur du nuage qui se vide, de la neige qui s’en échappe, de la farine légère que tu mets dans le saladier, du lait blanc que tu mélanges avec une pincée de levure, elle aussi si blanche. Fouette, fouette, fouette jusqu’à obtenir une pâte douce comme le coton blanc, lisse comme la crème que Maman étale si joliment sur son corps chaque matin.
Quand la feuille jaunie vient doucement te caresser l’intérieur du genou, rajoute un œuf puis le deuxième à l’approche de la feuille jumelle et continue à fouetter, fouetter, fouetter comme le vent d’hiver sur ton visage.
Lève la tête ; un peu plus loin la pourriture a commencé à donner au reste du feuillage une chaude couleur rousse brun doré, comme le miel et le bâton de cannelle. Broie ce dernier et jette le dans le saladier avec une généreuse cuillère du trésor des abeilles. Et fouette, fouette, à en avoir des douleurs dans le bras.
Découpe alors l’ombre blanche et ôte-la du macadam. Étale ta pâte finement et pose la double silhouette sur la pâte. Prends un couteau bien pointu et découpe sans pitié tout autour des deux corps. Reforme une boule de la pâte restante, étale là à nouveau. Repose la double silhouette, découpe à nouveau le contour et continue, continue jusqu’à ce que la pâte ne soit plus que silhouettes.
Et sur la plaque du four couleur macadam, pose tes silhouettes couleur d’automne. Glisse la plaque avec précaution au cœur de la flamme de l’enfer, dans les entrailles du monde. Ces entrailles qui te rappellent la douce chaleur de la matrice maternelle. Prends une profonde inspiration et commence à saliver en imaginant croquer les biscuits savoureux qui sortiront de terre.
Cette recette, je l’adore. Chaque année je la recommence. Elle n’a jamais la même saveur. Souvent ma sœur se moque de moi avec mes pauvres petits personnages que je vends sur le marché en décembre. C’est sûr ma sœur se faisait plus de fric en vendant de l’huile frelatée. Elle le parfumait à la truffe. Les clients n’y voyaient que du feu. Mais d’année en année, j’avais moins de clients. Ils mourraient tous après les fêtes. Alors, je devais m’éloigner, m’éloigner pour trouver toujours de nouveau clients. Cette année avec la grève, j’ai raté le seul train qui roulait. « Quand on a les rêves que vous avez dans la tête, on ne se tourmente pas pour un train raté » m’a dit le maire du village qui m’attendait. C’est vrai. J’en ai profité cette année pour tuer ma sœur. Fini l’huile frelatée à la truffe. L’année prochaine, je pourrai rester dans mon village. Celui où je suis née. Celui où je t’ai pris par la main un matin de décembre. Celui qui m’a offert de voir mon ombre de lait. De décoller la belle ombre blanche de nos silhouettes accrochées. De dessiner tout autour de nos corps le modèle des croquants que depuis des années je reproduis sans me lasser. Espérant chaque jour que tu te reconnaîtras. Rêvant de te serrer enfin fort contre moi.
Demain, je sortirais de chez moi en même temps que toi. Je te prendrai par la main.
Une recette au goût doux-amer 🙂
J’aime le va et vient entre la cuisine et la rue et la fin est inattendue. Bravo.
tu me fais pleurer…
Oh un texte très étonnant! Un entrechat entre diverse émotions! Diabolique et tendre à la fois. Rien n’est tout noir mais l’amertume l’emporte!
Très original ! j’adore « mon ombre de lait »
Ouah!! le silence après Mozart est encore du Mozart!
Voici mon texte ci-dessous ou bien chez moi: https://marinadedhistoires.wordpress.com/2019/12/15/marche-eternelle/
Marche éternelle
Sur le pavé luisant, nous marchons
Et sur l’asphalte aussi, sur le goudron.
Les feuilles mortes sont des autocollants
Ou les pansements d‘une vie d’avant …
Il y a l’ombre et la lumière
Sous nos pieds, comme une rivière
Comme un courant plein d’alluvions
Un bouillant et un dormant …
Tout est gris, noir ou marron
Il y a la pluie, il y a les vents
Tous les reflets de l’illusion
L’illusion d’une vie d’avant.
A vive allure, il est passé
Le vieux camion bringuebalant
A neuf heures dix, nous a fauchés
Au cœur des cris et des grincements.
Tout est gris, noir ou marron
Nous seuls sommes blancs
Blancheur des âmes éthérées
Pâleur des vies arrachées
Sur le pavé luisant, nous marchons
A jamais, avec tous les passants
Près des voitures et des camions
Main dans la main, infiniment.
MH
La photo m’a aussi fait penser à ces personnes mortes sur la route, mais finalement je n’ai pas exploité le sujet. Sous la poésie, tu as su l’évoquer avec pudeur et sensibilité.
J’ai beaucoup aimé.
Merci Laurence.
Merci beaucoup Laurence
Ouch ! Terrible ton histoire, je n’avais pas songé à ce thème !
Oui, moi c’est ce thème là qui m’est venu et aucun autre, le survenue des idées est une chose bien mystérieuse….
On se retrouve involontairement sur ce chemin pluvieux…et on espère que le camion ne reviendra pas vers nous… Terrible!
Merci pour ton passage, Photomanie
écho à mon texte, je trouve
En effet, Laura, nos textes se font écho !
Une histoire poignante et une douce sonorité. J’adore ces vers qui se répètent en ritournelles ! Bravo !
Merci !!!!
J’ai adoré. La poésie qui s’en dégage sort magnifiquement ce texte de l’anecdotique. Le rythme est superbe. Bravo.
Oh, merci pour ce beau commentaire Cloud.
Je vois que nos idées se sont croisées. J’aime beaucoup votre poème très rythmé. Une belle prose!
merci pour ce commentaire, Jen
Magnifique !
Merci Plume !
Bien écrit, rythmé, mais triste…
Oui, j’avoue très triste, merci pour ton passage.
Très beau. Merci pour les autocollants, les pansements et bringuebalant dans ce paysage diablement éthéré.
Merci Rizzie !
Street art
La nuit dernière les flics m’ont coursé jusqu’au pont. J’ai cru que je n’arriverais pas à les semer. Heureusement le squat n’est pas visible de la route. Ni du pont. Et la rivière est un barrage naturel qu’aucun flic ne veut franchir. C’est sûr qu’avec tout ce qui se déverse dedans ça en fait fuir plus d’un. Tant mieux pour moi. Par prudence j’ai quand même dormi sous le pont au cas où l’un d’eux deviendrait téméraire de ce côté de la ville.
Ça devient de plus en plus difficile de déjouer leur vigilance. Faut dire qu’avec les caméras à chaque coin de rue, dans tous les endroits publics, on est sans cesse sous surveillance. Discrète bien sûr, la surveillance. C’est avant tout pour notre sécurité, on nous le répète bien assez. Pourtant sous les lumières factices et la facilité avec laquelle nous pouvons communiquer, travailler, jouer, penser, on a oublié de vivre. Ça s’est fait sans heurt, on a trouvé plus simple qu’internet et les réseaux sociaux deviennent le lieu où il fait bon vivre. La famille ? les amis ? C’est plus économique et moins compliqué derrière son écran. On évite les conflits, on efface le moindre mal que l’on pourrait nous faire. Et si l’on persiste à nous critiquer, à nous pourrir l’existence virtuelle, il est facile de changer de réseau social, de compte, de nom. On recommence ailleurs. Sans bouger de chez soi, sans avoir conscience de ce qui se vit dans sa propre maison.
Le jour où j’ai pris la décision de partir, ma petite sœur Léa, pleurait. Je crois qu’elle avait faim ou bien était-elle fatiguée, les deux sans doute et j’avais gueulé contre mes parents qu’il fallait qu’ils se bougent, que ce n’était pas à moi de m’en occuper tout le temps. C’est à peine s’ils m’ont écouté, ils n’ont même pas sorti la tête de leur écran pour me dire que ma crise d’ado il était temps qu’elle cesse. Ma mère a cependant réagi. Elle a quitté l’écran de son téléphone et s’est saisie de sa tablette. Elle l’a allumée pour faire patienter ma sœur. Ma sœur de quatre ans qui n’avait rien connu d’autre que ces foutus écrans depuis qu’elle était en âge de tenir un objet. Dans le squat où je vis, on est des dizaines à avoir vécu le même genre d’indifférence de la part des nôtres.
Je me souviens pourtant d’un truc important que Léa tenait quelquefois dans sa main. C’était ma main lorsqu’on allait au parc de la ville. On aimait bien passer du temps devant l’étang où nageaient les canards et les cygnes et puis courir après les pigeons. C’était le plus grand parc de la ville et il n’y avait jamais personne. Juste Léa qui me tenait fort la main.
Je l’ai aperçue la semaine dernière devant l’arrêt de bus. Elle a drôlement changé. C’est presque une jeune fille à présent. Je l’ai longtemps observée avant de l’appeler, de lui faire un signe de la main et j’ai espéré. Espéré comme un con qu’elle lève les yeux de son fichu téléphone pour me regarder. Mais non, bien sûr que non. Elle n’a rien entendu, n’a rien vu d’autre que ce qui se passait sur son écran. Elle est montée dans le bus, et tout comme les autres passagers, elle s’est assise à la première place libre. Peu importe qui se trouve à côté d’elle, chacun muré dans son monde virtuel, n’existe plus en dehors de la toile.
Depuis, je fais un rêve. Celui de croire qu’elle ne m’a pas oublié. Je rêve que chaque dessin que que je peins sur un trottoir ou sur un mur lui rappelle ce grand frère qui prenait le temps de l’aimer différemment.
Yeaaap ! Ton titre déjà m’attira, suis fan de street art et quelle surprise de lire une aussi belle histoire d’actualité avec la virtualité ! Super Laurence, j’ai adoré !
Tu dépeins une réalité déshumanisée qui nous entoure hélas… Mais c’est très bien observé et raconté 😉
Ton quatrième paragraphe est une bouffée d’oxygène dans ce labyrinthe d’écrans ! Un beau texte sur le fléau de notre époque.
Super. J’ai bien aimé ton texte que j’ai lu attenttivement… sur écran…
Bien vu, Cloud. 😉
J’aime beaucoup ce texte engagé, vilipendeur et malheureusement très juste! Une triste réalité. Parfois les réseaux crée aussi de belles choses comme cet atelier auquel je prend grand plaisir chaque semaine!
J’aime bien cette histoire, bien amenée et finalement sans ressentiments de la part de ce garçon resté zen.
Bien vu ! C’était pas évident de faire le lien entre la photo, un thème fort, et notre époque. Bien vu !
Soudain, sur le bitume, je rencontre deux personnages.
Un grand, dégingandé, et un petit, casqué de cheveux lisses.
Ils se tiennent par la main et par le regard. C’est le deal,
ils ne doivent se lâcher ni de la paume, ni de la pupille,
sinon ils disparaîtront.
Ils sont couleur de lune. La brume les attirent. Le halo de lumière aussi.
Ils avancent sur l’asphalte brillant de pluie. Ils cheminent.
Elle : Être blanc comme la lune sur le bitume, c’est nul !
Lui : Il devait neiger, on n’aurait pas dérangé.
Elle : Tu vois quoi dans mes yeux ?
Lui : Je vois des pupilles qui se déploient et des iris qui chatoient.
Elle : Ton regard m’éblouit. J’ai cligné de l’œil et mon pied droit est parti.
Ses yeux à lui se sont posés sur l’absence de son pied droit à elle.
Les deux silhouettes se sont évaporées.
De rage, j’ai battu le pavé.
Encore une belle interprétation de cette photo. C’est original.
ouah!!!
Poétiquement décalé. J’adore !
Très original Rizzie, j’aime beaucoup.
Super ! J’adore. Il y a plein d’idées, un rythme génial. C’est décalé. Bravo.
Merci Photonanie, Laura, Séverine, Marinade, Cloud pour vos commentaires encourageants.
Mon histoire est sur https://photonanie.com/2019/12/15/brick-a-book-353/
et ci-dessous:
J’avais un problème avec mon ombre… D’habitude elle apparaissait au sol, souvent plus grande que je ne l’étais dans la réalité mais elle était toujours grise.
Or, aujourd’hui, je la voyais blanche sur le tarmac! Bon, depuis que mon amoureuse avait enfin accepté de m’épouser on me trouvait rayonnant mais quand même, à ce point c’était étrange non?
J’avançais à pas feutrés, je glissais rapidement à droite puis à gauche, rien n’y faisait mon ombre restait blanche!
Quelqu’un me faisait une blague, ce n’est pas possible voyons une ombre blanche, et pourtant… J’avançais et me retournais brusquement pour piéger le farceur mais personne ne semblait se trouver à proximité. J’étais plutôt quelqu’un de cartésien, je ne croyais pas trop aux esprits ni à l’homme invisible mais là je commençais à transpirer. Mon malaise s’accroissait, je sentais la réalité fondre entre mes doigts et s’échapper de mon cerveau embrumé.
Ce qui était sûr c’est qu’on avait bien picolé pour fêter nos fiançailles la veille avec les copains, c’était peut-être là l’explication mais je n’y croyais qu’à moitié…
Et puis, cette silhouette plus petite à mes côtés ne correspondait à rien de réel puisque j’étais seul pour cette balade matinale.
J’avais de plus en plus chaud supportant difficilement que les choses m’échappent. Cette perte de contrôle sur la réalité commençait sérieusement à m’angoisser.
Quand j’arrivai enfin chez ma dulcinée, elle aussi avait un air bizarre, mi-excitée mi-assommée.
Elle saisit ma main, la posa sur son ventre en me regardant de ses yeux brillants, sa tête faisait « oui » en balançant de haut en bas. La joie m’envahit et c’est là que j’ai commencé à croire aux signes et à accepter la présence de l’irrationnel dans ma vie.
Oh, joli texte ! La narration est comme qui dirait joueuse, on se demande où elle va nous mener et la chute nous laisse tendrement coi. Bravo, Photonanie !
Merci Severine, j’aime bien jouer et j’aime aussi quand ça finit bien: la vie nous joue assez de sales tours 😉
J’ai imaginé beaucoup de choses avant de lire la chute pleine de douceur 🙂
Merci Laurence douceur et espoir, comme toute vie qui commence… 🙂
Vraiment bien ! Eh oui, c’était un signe, trop drôle !
Un signe positif qui plus est 😉
Quelle belle histoire bien racontée. On évolue dans un conte fantastique. Très chouette.
Merci Claude, c’est sympa 🙂
Un bien joli signe! J’ai songé a Peter Pan et son ombre emprisonné dans le tiroir a un moment de ma lecture! Un texte plaisant et joyeux!
Pas de tiroir, juste un signe prometteur…
Que d’imagination ! moi qui suis resté longtemps sans idée sur cette photo. J’aime beaucoup cette histoire d’ombre blanche et belle fin tout de même…
Quand je regarde une photo, les mots viennent…ou pas mais s’ils viennent c’est rapidement en tout cas 🙂
j’attends un signe…
Le voilà 🙂
Bonjour,
Voilà ma participation :
Nous marchions, je marche
Nous marchions ensemble
Toi avec tes petites jambes
De grimpeur qui allaient si vite
On t appelait Bip Bip le coyote
En plus de ton nom Coytte
Qu’on prononce mal.
Avec mes grandes jambes,
Je marchais avec toi, indifférente
Aux autres puisque
Je t’avais toi, ma confiance.
Aujourd’hui je marche,
Seule, puisant un équilibre
Entre les autres et moi-même
Que je n’ai jamais eu, même
Avec ton courage.
Je marche seule .
16 décembre 2019
qui est aussi là:
http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2019/12/16/mon-poeme-inedit-sur-ce-blog-6198562.html
Merci et bonne journée
Émouvant comme toujours Laura. Le principal est de continuer à marcher et le plaisir de la marche reviendra. C’est ce que je te souhaite.
la marche m’est nécessaire de toute manière… physiquement
Toujours aussi fort et touchant. Un poème qui donne avec beaucoup de délicatesse un peu de place au « Je ». Bravo et merci, Laura !
n’y avait-il pas de place pour le je avant?
C’est peut-être moi… Je le vois un peu plus dans ce texte-là 😉
Moi qui penses que je ne lui ai pas laissé assez de place
Un texte à fleur de peau qui laisse une grande émotion.
Je vous souhaite un bon courage Laura. Les regrets inondent parfois. J’espère que vous vous en sortez tout de meme et que vous etes bien entourés. On ressent une grande détresse dans vos derniers textes. Si besoin nous pouvons échanger plus librement par mail?
Stickers
Ils étaient là, parmi nous, mais on ne les voyait pas
Le mâle est grand, bedonnant et moustachu tel un pacha
La femelle petite, poilue et menue comme un lapin
Asservie, toujours guidée et tenue par la main
Depuis peu, c’est l’heure de la revanche
Elles circulent à bord d’engins de chantier
Vous savez, ceux qui servent à aplanir les différences
Et on retrouve ça et là, les empreintes de leur vengeance
Il faudra attendre l’année 2234 avant que tout soit bien aplani
En attendant, des engins de chantier sont subtilisés chaque nuit
Et on les croise chaque jour à travers le monde
Des stickers blancs collés au bitume
Au début, on ne comprenais pas pourquoi, elles aussi, étaient aplaties
Erreur de pilotage, seuls les mâles étaient visés
Mais peu à peu elles s’améliorent et les empruntes ne sont que mâles
En 2235, la terre devenue plate, ne compte plus qu’un seul mâle
Chouchou
Inspiration : Atelier d’écriture 353
Photo : © @ryanstefan
Le thème interdit : l’enfance !
Aussi sur mon blog : https://poussieresdemots.blogspot.com/
Lol ! J’adore !
Merci Nady.
Haha ! Très drôle !
Merci Nour, j’ai bien ri 😀
Laurence tant mieux si tu as ri et merci.
C’est l’égalité que réclament les femmes pas l’éradication des mâles je pense, mais je ne sais pas trop quelles seront les idées en 2235 😉
J’ai trouvé ton texte amusant Nour.
Merci Photonanie, j’avais besoin d’un eu de légèreté…
Alors 2234 c’est selon une étude sérieuse, l’année qui verra les salaires H/F égaux si on continue au rythme actuel…
Excellente idée, bien menée, ce qui la rend crédible. Tant pis pour nous…
Merci Cloud, suffit d’être le dernier mâle, pour être chouchouté par ces dames 🙂
Ils est souvent question de genres dans vos textes! J’ai ris! 🙂
Tant mieux si c’est drôle, merci Jen. Je dirai plutôt de femmes que de genre…;-)
Ton quatrième paragraphe est une bouffée d’oxygène dans ce labyrinthe d’écrans ! Un beau texte sur le fléau de notre époque.
Oups mon commentaire ci dessus était pour Laurence !!!
Nour: vraiment pas banale cette histoire d’aplanissement des mâles !!!!!
Lol MH…C’est la suite de la lutte 🙂
Il a bien fallu se décider
Trop de mauvais souvenirs
Le père a essayé de résister, de tenir
De faire comme si
Comme si la vie
La vie serait la plus forte
Comme les feuilles que le vent emporte
Et qui, d’un coup de pelle, sont balayées
Mais non, dans la tête ça ne se passe pas comme ça
Les pensées s’accumulent
Et forment d’énormes tas
Attentat, attentat, attentat
Ça fait du bruit, ça claque, ça crie
Ça résonne, ça fait mal
Alors le père s’enfuit avec son petit
Aux premières heures matinales
Question de survie.
De jolies rimes sur de la gravité. Bravo plume47 !
En raisonnance avec le mien. J’aime beaucoup le votre!
C’est vrai Jen. Plaisir partagé.
Une bonne décision prise par ce père qui part à l’aube d’un nouveau jour, promesse d’une nouvelle vie pleine d’espoir d’un monde meilleur pour son fils et lui.
Le texte est grave, mais si bien écrit qu’il en est beau. Le rythme est délicieusement saccadé, ce qui ajoute à l’intensité dramatique.
Tes mots et ton rythme font bien ressentir l’urgence qu’il y a à partir pour ce père et son fils, bravo !
Merci pour vos retours.
Bonsoir
Ci dessous ma participation que l’on peut lire sur mon blog
http://melimelojarjille.canalblog.com/archives/2019/12/19/37878653.html
Les arbres pleurent leurs feuilles que le vent d’automne expédie dans la rue.
Jolande dépressive, le nez à la fenêtre les regarde choir.
Elle fulmine car depuis ce matin un préposé de la voirie s’active à tracer des marques de passage au sol, dans sa rue.
C’est un maniaque, elle le voit prendre dans un grand pot la peinture avec délicatesse, secouer le surplus du pinceau, puis s’aidant d’une règle tracer des carrés blanc espacés de 50 cm.
Et cela prend du temps. Il n’en finit pas.
Jolande s’exaspère, pas étonnant que l’on paie des impôts, avec cette bande de mollassons.
Soudain elle écarquille les yeux en voyant l’employé sortir de ses poches ,de la craie blanche et esquisser sur le sol un personnage tenant un môme par la main.
Elle n’en revient pas ! comment ? ici- à Trifouillas les oies ?
Elle lance à son mari qui regarde passionnément un match à la télé :
« Vois-tu Jules, finalement, je ne regrette pas d’être ponctionnée si c’est pour enjoliver les rues de notre village. »
C’est ainsi que modestement le Streets art a fait son entrée dans ce village du fin fond de la France.
Depuis des artistes du monde entier profitent du bon air sans pollution citadine.
Tout ce monde afflue pour venir orner les rues, regoudronnées.
Depuis peu, également les maisons s’habillent de gracieuses glycines plus vraies que vraies, ou de scènes d’antan, plus réalistes les unes que les autres retraçant le bon vieux temps.
Et Jolande a repris le moral, car ses d’impôts ont bien diminué.
En effet, la commune a maintenant d’avantageux bénéfices touristiques et en fait profiter tous les autochtones.