Atelier d’écriture 354

par | 31 Déc 2019 | Atelier d’écriture | 202 commentaires

Voici la nouvelle photo pour l’atelier d’écriture du lundi 6 janvier ! La thématique interdite ? Aucune ! Profitez ! 🙂 J’en profite pour vous remercier de continuer d’être aussi assidus à cet atelier, c’est un réel plaisir de voir que cet espace ouvert à la création est aussi un lieu d’échanges courtois. Portez-vous bien, il n’est pas impossible que j’organise un nouveau dîner autour de l’atelier d’ici les prochains mois. (Il semblerait que le précédent ait laissé un joli souvenir. 🙂 )

© Simon Zhu

202 Commentaires

  1. janickmm

    Merci à toi, Alexandra, je suis toujours aussi ravie de participer chaque semaine à l’atelier d’écriture, merveilleux endroit que ton blog, ouvert à tous avec bienveillance, bravo !

    • Alexandra K

      Merci beaucoup.

    • Alexandra K

      Merci beaucoup !

  2. severine baaziz

    Un pur plaisir que de concocter quelques lignes, ici, chaque semaine, et de déguster celles d’autres auteurs. Merci, Alexandra ! (Et personnellement, pour le dîner, j’adorerais 😉 )

    • Alexandra K

      Vais mettre ça en place. Merci de ton retour !

  3. marinadedhistoires

    Bonne année à tout le monde ! Ah oui, bonne idée de refaire un diner !

    • Alexandra K

      Bonne année Marina ! Vais penser au dîner oui !

  4. Séverine Baaziz

    (BONNE ANNEE A TOUS !)

    Nous sommes tous des super-héros. Même moi. Même moi qui, toute mon enfance, fut appelée “la puante”. Il faut dire qu’effectivement je sentais mauvais, et pas qu’un peu, mais était-ce vraiment utile de me le rappeler expressément, tout le temps, en grimaçant, le doigt tendu vers ma bouille de gosse ? Je n’étais qu’une gamine qui empestait, certes, mais qui ne pouvait rien y faire.
    J’y pense : j’ai oublié de vous dire l’essentiel. Cette foutue odeur qui me collait aux semelles, c’était celle des carburants. J’ai grandi dans une station-service. Une petite station, pas plus grande qu’une salle de classe. Maman s’occupait de la boutique et papa de tout le reste : les installations, les livraisons, les cuves, la petite mécanique automobile.
    Rien de bien amusant, jusqu’au jour de la révélation. Celle de mes super-pouvoirs. Je devais avoir sept ou huit ans, ou peut-être six, je ne sais plus, en tout cas j’avais l’âge des écolières que les mères coiffent avec deux couettes bien serrées, en prononçant cette phrase tyrannique “il faut souffrir pour être belle”, eh bien, c’est à cet âge-là que ma vie a changé.
    C’était l’heure de la récréation. Une fine pluie clapotait partout dans la cour. Dans la cour et sur moi. La bande à Mila venait de me ligoter à un cerisier avec mon écharpe. Collée au tronc, je regardais les flaques se former un peu partout, même sur mes souliers vernis rouges, en minuscule. J’ai toujours aimé regarder mes chaussures. Je trouve qu’on ne les regarde pas assez. Pourtant, ça raconte des tas de choses. Par exemple, c’est un bon repère pour savoir si l’on grandit bien.
    Soudain, la pluie s’est changée en averse, elle m’a trempée, tellement que mes larmes n’avaient plus de place pour couler sur mes joues. Et puis, les trombes s’en sont prises aux mailles qui nouaient mes poignets.
    La laine s’est alourdie.
    L’écharpe est tombée.
    J’étais libre.

    La cour était pleine de mares d’eau, si bien que même si j’avais voulu les éviter, je n’aurais pas pu. Alors, j’ai avancé jusqu’au préau en prenant garde de ne pas être avalée par les trous. Des trous pareils à d’immenses pots de peinture dans lesquels mes jambes entières disparaissaient. Arrivée sous le préau, je n’ai pas compris le regard des autres. Un regard bizarre. Un regard qui m’admirait.
    Je me suis retournée, et j’ai compris.
    Je n’avais pas fait qu’imiter les pinceaux. J’avais peint. Et peint grandiosement. Toutes les immenses flaques étaient devenues de sublimes toiles, mêlées de mauves, de roses, de jaunes, de bleus et de verts, vibrantes et luminescentes. Et tout ça, les arcs-en-ciel, les flammes, et les rosaces, j’en étais la créatrice. Les uns après les autres, les yeux écarquillés m’ont applaudie. Il y en a même un, enfin deux, qui m’ont demandé quel était mon secret. J’ai fait une moue de frimeuse et j’ai tourné les talons.
    Ce jour-là, en rentrant chez moi, à la station-service, j’étais enrhumée et heureuse comme jamais. Je savais que je venais de vivre le premier jour de ma vie de super-héros. Le premier jour d’une vie incroyable. Le premier jour d’une vie à jouer.

    Depuis, j’ai grandi.
    On ne m’a plus jamais attachée à un arbre.
    J’ai coupé mes cheveux parce que souffrir pour être belle c’est n’importe quoi.
    Et surtout, mais ne le dites à personne, en plus de changer l’eau en couleurs, je sais dessiner la lumière dans les airs.

    • marinadedhistoires

      Ton texte est vraiment génial, quelle imagination et comme c’est bien raconté ! Super revanche pour ta petite héroïne, j’ai adoré !

      • Séverine Baaziz

        Merci beaucoup, marinadedhistoires ! Les gamins sont des personnages que j’aime bien mettre à l’honneur 😉

        • marinadedhistoires

          Connais-tu la chanson de Philippe Catherine Katerine, Bonhommes ? C’est sur l’enfance justement, une très chouette chanson.

          • Séverine Baaziz

            Je parlais justement de lui à mes collègues, hier ! Je disais combien je trouvais sympathique son côté doucement barré. Mais cette chanson-là, je suis plus sûre. Vais l’écouter 😉

      • laura vanel-coytte

        moi aussi, j’étais blacklistée, harcelée pour d’autres raisons

    • Laurence Délis

      Sous la légèreté de ton de la narratrice, l’enfance est croqué avec beaucoup de finesse. Et le tout joliment mis en scène. Bravo Séverine

      • Séverine Baaziz

        Merci, Laurence ! J’ai essayé de doser au mieux le cocktail drame-fantaisie-tendresse 😉

    • Photonanie

      Super chouette cette super-héroïne et attachante, même sans écharpe 😉

      • Séverine Baaziz

        Merci pour elle 😉 Belle journée, Photonanie !

    • Cloud

      Bravo Séverine. Ton texte très bien écrit se lit comme un conte. La métamorphose de cette enfant est craquante. J’ai vraiment bien aimé.

    • janickmm

      Un joli conte à lire à mes petits enfants, touchant !

    • Céline

      Très joli texte !!! Bravo

    • Marlabis

      Tout en poésie, avec cette suite qui la poursuit une fois adulte ! Elle donne envie de la connaitre !

      • Séverine Baaziz

        Merci, Marlabis ! J’y ai mis un petit peu de moi dans cette gamine, surtout pour le coup des couettes

    • Manue Rêva

      Très belle revanche et quelle imagination !!! Un chouette moment de lecture, merci !

      • Séverine Baaziz

        Merci à toi ! Et bonne nuit ! (Ça y est, c’est l’heure du dodo pour moi 😉 )

    • Kroum

      Une jolie histoire ou conte qui devrait plaire aux enfants, bravo Séverine

    • Alexandra K

      Ton texte m’a fait penser à « ma reine » : on est tous des super héros, il suffit de voir notre costume sous nos vêtements.
      Beaucoup aimé les révélations à retardement… Cela donne du peps au texte, jolie conduite narrative !

      • Séverine Baaziz

        Oh, merci, Alexandra ! Et je ne connaissais pas « Ma reine », Google vient de m’en dire plus et c’est exactement le genre de livre qui a tout pour me plaire. Merci du conseil !!! (Et de la comparaison 😉 )

    • titounette

      Quelle belle histoire ! j’aime beaucoup, bravo

    • Terjit

      Wahh ! J’adore ! Le contexte, l’histoire, la description de l’environnement et le super pouvoir de grandir. Bravo !

  5. janickmm

    L’atelier d’écriture de Leiloona, n°354, nous offre la possibilité d’écrire d’après une photo de © Simon Zhu

    Féérie d’amour

    Illuminer la vie.
    Te donner l’envie.
    De vivre encore une vie.
    Rester debout sur le parvis.
    S’accrocher aux lambeaux d’étoiles, survie.

    Vis !
    Vitesse augmentée
    Vise juste et bien mon enfant
    Virevolte, danse, amuse-toi, illumine cette nuit
    Visite ton cœur, avance, marche, bouge, la tête dans les étoiles, pieds sur le parvis

    Souffle de vie,
    Du bout de mes doigts, je t’envoie ce baiser pour te dire « JE T’AIME »

    • marinadedhistoires

      Que du positif dans ce poème et de la VI talité !

      • janickmm

        Merci à toi Marina, bonne et douce année !

    • Laurence Délis

      Il émane beaucoup de douceur de cette féerie d’amour particulièrement vivante.

      • janickmm

        Des petits jeux de mots pour commencer l’année, que je te souhaite douce et heureuse !

    • Photonanie

      Que de vie(s) dans ce beau texte!

      • janickmm

        Merci, bonne et belle année à toi !

    • Séverine Baaziz

      J’adore la sonorité ! Les fins et début de vers en « VIE », en jeu de mirroir. Une bien lumineuse carte de voeux pour ce début d’année. Merci !

      • janickmm

        c’est le message qu’il me plaisait d’offrir, merci à toi et bonne et douce année !

    • Cloud

      Joli. Le « vi… » qui termine la première strophe et débute la seconde donne un rythme à l’ensemble. On se laisse bercer par ce poème empreint de leçons d’espérance.

      • janickmm

        Merci Cloud, belle et heureuse année à toi !

    • Marlabis

      Ce jeu autour de la vie fait tant de bien ! Merci !

      • janickmm

        Merci à toi, bonne et douce année !

    • Manue Rêva

      Joli rythme pour ce poème plein d’optimisme je trouve.

      • janickmm

        Pour aller de l’avant, comme on dit, certainement, bonne et heureuse à toi

    • Alexandra K

      Un texte qu’on imaginerait bien chanté ! Jolie rythmique !

      • janickmm

        Merci Alexandra, je vais me faire cigale …. bonne et belle année à toi sous le signe de l’écriture !

    • Terjit

      Moment doux bien agreable

  6. Marlabis

    Si cela vous dit, vous pouvez retrouver mon texte sur mon blog et prendre le temps de le découvrir.
    https://lesempreintesdutemps.wordpress.com/?p=974

    Vous allez peut-être pouvoir venir à mon secours, parce que à ce jour, je ne sais plus qui je suis.
    Figurez-vous qu’il s’est passé un truc étrange le matin du 25 décembre alors que j’ouvrais mes cadeaux de Noël au pied du sapin. Dans l’un des paquets, j’ai trouvé une sorte de roche, qui au contact de mes doigts, est devenue instantanément chaude, scintillante et dorée. J’ai tout de suite pensé à de la kryptonite dorée. Si c’est le cas, je pense que je suis désigné pour être un « Super Anti Héro ». Il est bien connu que la kryptonite dorée a pour effet d’anéantir les supers pouvoirs de Superman ! Ne souriez pas, c’est sérieux comme histoire ! Jusque là, je croyais que Superman existait juste dans mes bouquins, et que je n’avais rien du méchant de service dans les comics. Mais tout à coup, c’est devenu une évidence. On venait de me confier une mission importante.
    J’ai donc profité du soir du 31 décembre pour essayer de maîtriser ce don. Ainsi, en me voyant agir, on pourrait toujours croire à des feux d’artifice et pétards de noctambules fêtant la nouvelle année. Je suis donc allé au bord de la rivière pour être plus crédible et en sécurité en cas d’explosion.
    Je sentais en moi, une sorte de force maléfique dès que je touchais la pierre. Dans un 1er temps, j’ai réussi à faire des sortes de cercles en faisant virevolter mon bras au dessus de ma tête, mais à plusieurs reprises, mes cheveux ont failli prendre feu. Au début, c’était marrant jusqu’à ce que je m’aperçoive à travers un relent de poissons, que j’avais transformé l’eau de la rivière et ses habitants, en une sorte de friture géante.
    Au bout de quelques heures, mes gestes devinrent plus précis et j’arrivais même à contrôler les gerbes qui s’échappaient des cercles devenus parfaits. J’écumais de plaisir. C’est alors que des sirènes de pompiers retentirent sur le pont au dessus de moi et je dû m’enfuir rapidement tout en essayant d’atténuer la lumière et les pouvoirs de la pierre.
    Mais aujourd’hui, je suis confiné dans une chambre dans un Centre Hospitalier en attendant de voir le médecin. Les pompiers ont réussi à m’attraper et le préfet a décidé mon internement sans consentement en unité psychiatrique pour « Atteinte à la sûreté des personnes ou, de façon grave, à l’ordre public ». Je n’aurais sans doute pas dû parler de la kryptonite et de Superman. On me pense dangereux parce que j’ai mis le feu près de la rivière et on pense même que j’ai tenté de m’immoler quand ils ont vu les brûlures sur mon visage, mon crâne et une partie de mon corps.On m’a confisqué ma pierre dorée, mais je sais que ses pouvoirs sont en moi. Pour l’instant, ils sont en veille. Mais, quand le moment sera venu, ça sera la fin de leur monde et je continuerai ma quête : Trouver et détruire Superman !

    • Photonanie

      Belle imagination pour ce nouveau Lex Luthor 😉

      • Marlabis

        Je ne connaissais pas ce Lex Luthor mais effectivement, y a de ça !

    • Séverine Baaziz

      Ah, les super-pouvoirs, trop tentants pour moi aussi, avec une version moins dark que la tienne. Et la thématique (la folie) est hyper périlleuse, mais bien menée !

      • Marlabis

        C’est en écrivant que la folie s’est imposée…

    • Cloud

      Très bien, j’aime. On ne sait pas s’il faut croire le héros ou se poser le problème de son dérèglement psychiatrique. C’est au lecteur de trancher. Personnellement, j’opte pour la première solution et vais de ce pas m’acheter un morceau de kryptonite dorée…

      • Marlabis

        Hum hum, ça s’achète où de la kryptonite dorée ? Tu veux qu’on en parle ?

    • janickmm

      Séverine aussi y a vu des supers pouvoirs, excellent ! Faudra que je pense à la kryptonite dorée pour l’an prochain, m’enfin ça craint un peu quand même ….

    • Manue Rêva

      Voilà, voilà ! Elle a l’air bonne la moquette que tu fumes !!!
      Vive la kryptonite et les super pouvoirs !!!
      Bref. J’ai aimé !

      • Marlabis

        J’dois être en manque d’O2… Où en excès… Chais pô…

    • Alexandra K

      Haha be careful, Superman!

    • Terjit

      Ah ben non, faut pas détruire Superman! Mais ce n’est pas très grave car ton texte est amusant et plein d’imagination

  7. marinadedhistoires

    Voici mon petit texte ci dessous ou sur mon site https://marinadedhistoires.wordpress.com/2020/01/05/lasso-2020/

    Lasso 2020

    Cette année, j’ai demandé pour mes étrennes un lasso pas comme les autres, j’en avais assez du cuir et de la corde, plus envie d’attraper des vaches, des buffles ou même des chevaux sauvages, mes ambitions ont monté d’un cran ; alors je l’ai voulu pétillant, étincelant, enflammé et surpuissant mon lasso, pour enlacer les villes, les ponts, les mers, l’amour, la vie, les étoiles et tout ce qui est beau dans l’univers. Quand vous me reverrez après Noël, je ne serai plus jamais seul, je possèderai tout ce qu’un homme peut désirer et comme j’aurai aussi capturé l’amitié, je vous en ferai tous profiter.

    • Laurence Délis

      Un lasso de lumière qui ouvre à la générosité, c’est parfait pour débuter l’année ! 🙂

    • Photonanie

      C’est génial, je veux le même au prochain Noël 😉

    • Séverine Baaziz

      Quel bel élan de vie et de générosité ! Dans le fond ET la forme du texte, grâce entre autre aux énumérations d’adjectifs et de substantifs 😉 Bravo !

    • Cloud

      Texte court et généreux. Enfin un lasso qui sélectionne le beau… Merci de nous en faire si gentiment profiter.

    • janickmm

      C’est une âme d’enfant, un rêve d’enfant, puis une réalité en forme de supers pouvoirs, profitons-en !

      • Marlabis

        Aurais-tu un arriéré avec Superman ? C’est un chic type non ?

        • janickmm

          Non, en fait je ne connais pas beaucoup ce héros, j’avoue ….

    • Manue Rêva

      Moi aussi, moi aussi, j’en veux un !!!
      Tu livres quand ?… après nous avoir donné envie.

      • marinadedhistoires

        Hi hi hi, si seulement je pouvais en avoir une hotte pleine !! Merci pour ton passage Manue.

    • Alexandra K

      Autant viser la lune, au pire, on atterrit dans les étoiles.

      • marinadedhistoires

        Merci Alexandra et à très bientôt, j’espère.

  8. Manue Rêva

    (Belle année 2020 à tous/Très heureuse de retrouver cette pépite d’atelier)

    Atelier 354

    Il jouait avec le feu. Ils jouaient tous avec le feu.
    Une fois par an. Une seule fois. Un vrai miracle.
    La lumière s’était éteinte. Le monde presque. Les ténèbres régnaient et tous vénéraient le soleil, la lune, priant pour leur survie.
    La mémoire traumatisée ne savait plus. Chacun se couchait le soir, épuisé d’avoir tant bien que mal cultivé de quoi subsister. Nul livre ne venait distraire ces pauvres âmes tant la lumière était précieuse. Elle était réservée à quelques sages vivant dans les bibliothèques qui avaient survécu aux incendies et à ces pauvres fous qui avaient voulu se réchauffer, utilisant les dernières ressources disponibles, ces trésors de papier…
    Les villes avaient été désertées, ce qui restait d’individus s’était regroupé à leur proximité, là où l’on pouvait encore tirer quelque chose du sol, et, à chaque aube que faisait leur dieu, les regards convergeaient vers les bâtiments abandonnés sans comprendre.

    Lui faisait partie des derniers à posséder quelques bougies, il avait pu étudier pendant que d’autres assuraient ses maigres repas et s’endormaient épuisés. Une lueur brillait dans ses yeux lorsqu’il racontait l’avant, il disait le bonheur de l’énergie qui éclairait alors la nuit, les milliers de vies qui contribuaient à la magie d’une ville le soir. Ils n’avaient eux que les étoiles pour imaginer,… les rares fois où la couverture nuageuse voulait bien s’entrouvrir un peu. Un ciel capricieux et si peu d’espoir. Alors il leur réinventa la lumière. L’entreprise était quasiment irréalisable tant la planète avait vu ses ressources épuisées jusqu’à la lie. Il ne lui restait que la force humaine, et tous étaient si maigres, si faibles. Il leur insuffla l’espoir pourtant, et le courage. Sa vision devint la leur. Ensemble peut-être y arriveraient-ils ?

    Et ce jour était arrivé, puis d’autres, mais une unique fois par année tant l’effort était considérable. Chacun rejoignait un point de la ville encore debout et animait son petit générateur à pédale et l’impossible, l’incroyable, se produisait. La cité reprenait vie aux yeux du reste de la communauté restée dans l’obscurité. Les consciences se souvenaient, au plus profond elles se rappelaient des nuits enchantées à rêver, à danser, à vivre sans la peur, les ongles sales et les ventres creux. De son lasso lumineux il essayait en vain de saisir quelques instants d’une chimère. Et la nuit retrouvait ses droits. Les âmes réchauffées reprenaient leur labeur, l’espoir pourtant, tel une flamme fragile, n’était pas loin d’éclairer à nouveau le monde.

    • Photonanie

      Waouw, le pouvoir de la lumière!

    • Séverine Baaziz

      Sublime ! Merveilleux conte sur le chaos et l’obscurité, un conte qui s’illumine progressivement. Et quelle écriture ! De la soie ! J’aime beaucoup aussi la structure en trois temps : circonstances-héros-événement. Bravo, Manue Rêva !!!

    • Cloud

      Un texte magique et douloureux par endroits. On pourrait y voir une métaphore de l’obscurantisme et des Lumières. Ces dernières semblent y reprendre droit. Bravo.

    • Laurence Délis

      On frôle le réalisme futur avec ton texte ancré dans cette réalité plausible. Moi qui suis férue de récits d’anticipation, me voilà ravie ! Bravo pour l’étincelle lumineuse qui résonne comme une promesse à la fin.

    • marinadedhistoires

      Quel beau texte ! Et tellement d’actualité,.. il faut absolument protéger ce que l’on a encore aujourd’hui pour éviter la catastrophe.

    • janickmm