Je reviens un peu dans ton atelier mais je ne me souviens plus quand nous devons publier ; il me semble que c’était le lundi. Peux-tu me le confirmer. Avec le sourire
Bonjour à tous, Lasemaine est passée comme un éclair, je n’ai pas pu lire tout le monde, pour être plus exacte, personne, et m’en excuse, je vous embrasse
Voici ma participation à l’atelier n° 360 https://janickmm.wordpress.com/2020/02/16/acrophobie-mon-amour/ ici, et aussi là
Acrophobie, mon amour
Je vous en prie … Merci ! L’appréhension est à son comble lorsque je franchi le seuil de l’ascenseur : ma meilleure amie a eut la délicate intention de m’inviter et d’habiter au soixante quatrième étage gauche … Allons-y … Je ferme les yeux, j’inspire, j’expire … avec la chance que j’ai …
Je ferais de ma vie un jardin de fleurs qui embaume mon cœur
Panse mes bleus à l’âme
Où le ciel se couvre de rose
Dans mon jardin de fleurs, ma vie s’épanouira de fragrance en senteur
J’en serais le jardinier
Le laboureur peut-être, mais bien sûr le semeur de graines de chance
Le soleil débusquera sa chaleur de derrière les bosquets
baignera mon corps de sa douce présence, il sera mon ami,
Dardera ses rayons bienfaisants sur le miel de mon cœur
Et lors de ses pauses salutaires, la pluie ou la lune le remplaceront avec parcimonie
Je serais la reine de mon jardin de fleurs,
Les animaux en seront les princes
La fourmi courbera l’échine sous le poids d’une plume
Les papillons aux ailes déployées de magnificence couvriront ma peau de soie
Pour toute nourriture je décrocherais une pomme dans les vergers
A flanc de coteaux, mes pas froisseront l’herbe tendre
Et lorsque le souffle ne sera plus, j’ouvrirais grand la porte du jardin aux fleurs
Pour y reposer paisiblement, et laisser libre cours à ceux qui passent sur le chemin de ma vie …
Vous êtes au 64 ème étage …. Ouf !
Je téléphone aussitôt à mon thérapeute, David, et lui explique la technique de relaxation que je viens de tester, il m’encourage, me remercie de la confiance que je lui ai accordée, et souhaite que je retranscrive la petite métaphore qui m’a fait rêver, le temps de grimper au 64ème étage
Pour toi, David !
Nady
sur 16 février 2020 à 22h12
Ta plume est de plus en plus belle Janickmm !
Me suis laissée bercer par tes mots et ai bien ri à ta chute. Merci tout pleon, des bises
Bonjour,
Belle thérapie que la poésie pour dépasser une peur
« Dans mon jardin de fleurs, ma vie s’épanouira de fragrance en senteur », j’ai un jardin depuis deux mois et je vis au jour le jour cet épanouissement … mais je suis hors sujet !
Bon mardi
Tout film de Kung-fu qui se respecte est esthétique. Esthétique et percutant. Les regards se doivent d’être cruels, l’allure guerrière, les coups millimétrés. Très bien. Sauf qu’une stupide contrainte m’est imposée ! Une folie ! Que dis-je : une hérésie ! Voyez-vous, j’ai beau être le scénariste le plus talentueux de ma génération, le fait de tourner toutes les scènes de nuit, dans les bas-fonds de Hong Kong, complique sérieusement mon job. Détailler des chorégraphies martiales qui se joueront dans le noir est désespérant. Totalement désespérant. Au début, je pensais trouver un stratagème. Ma première idée fut d’imaginer des éclairages artificiels un peu partout, mais le rouge traditionnel des enseignes donnait le teint terreux aux personnages. J’ai ensuite essayé les vêtements fluorescents, mais les producteurs ont refusé. Trop coûteux. Après, j’ai songé aux très gros plans, systématiques, sur les mains et pieds en mouvement. J’avoue que j’étais particulièrement fier de cette dernière idée, sauf que le réalisateur, en personne, a rejeté ma proposition, prétextant que les acteurs ne seraient plus reconnaissables par le public. Foutaise !
J’en étais donc là de mon découragement, le téléphone en main, prêt à annoncer que je jetais l’éponge, quand soudain, une solution a sonné à ma porte.
Dring, dring, dring ! Dring, dring, dring !
(Je sais, cette ligne est redondante, mais un scénariste ne peut s’empêcher de l’écrire)
Dring, dring, dring ! Dring, dring, dring !
(Quand on aime, on ne compte pas.)
Le temps de reprendre mes esprits et j’ai ouvert la porte de mon appartement, sans penser à jeter un oeil au judas. Chose que je ne fais jamais, habituellement.
– Bon-your, Bip.
(Bip, c’est moi. Vous comprendrez rapidement que je préfère garder l’anonymat.)
– Li-Na ! Mais… Qu’est-ce que tu fais ici, à Paris ? Avec une valise à la main…
– Monne amour ! Ye souis venou teu dire ououi.
Là, je vois bien que vous peinez à saisir le rapport entre le scénario que je dois finir, Li-Na, et l’histoire que je suis en train de vous écrire. C’est pourquoi nous allons repartir ensemble quelques semaines plus tôt.
Hong Kong,
Quartier Kowloon City
3 décembre 2019.
Je suis en immersion. Sur le terrain, comme on dit dans le jargon. Après avoir visité plusieurs lieux clés – un temple Shaolin, une réserve de tigres et de dragons, et une fabrique de sabres – je m’aventure au coeur de la population. Le summum de l’immersion. Rencontrer chaque habitant, à savoir plus de sept millions d’habitants, aurait été trop long. Je me résigne donc à me rapprocher d’une jeune prostituée. Simplement pour les besoins du film, bien entendu. Au bout de six semaines, je n’ai plus de billets en poche et, n’ayant pas encore trouvé réponses à toutes mes questions, il me faut être créatif. Tout cela pour vous dire que, oui, j’ai demandé à Li-Na de m’épouser. Sauf que je ne pensais pas qu’elle prendrait mes paroles pour argent comptant. Je ne pensais pas non plus, à vrai dire, qu’elle me retrouverait.
Dans le cadre de cet atelier d’écriture, plusieurs fins me sont venues, je vous laisse découvrir celle qui répond, je trouve, à tous les besoins de la narration :
Bip n’osa pas avouer toute la vérité à Li-Na
Ils se marièrent
Et de leur amour enflammé
Un miracle vit le jour
Les nuits, pour l’éternité, s’illuminèrent d’un étrange bleuissement
(Particulièrement utile aux tournages dans l’obscurité.)
Merci Latmospherique ! L’inspiration m’est venue, entre autre, d’une de mes dernières lectures : « L’amour à la page » de Franck Thomas. Une mise en abyme drôle à souhait 😉
Déstabilisante et bien menée la mise en abîme, surprenante aussi.
Nady
sur 16 février 2020 à 17h22
Sur un essai de Leet Speak :
Quelque5 5igne5 s[_]r [_]ne devant[_]re en Chine où le ro[_]ge, couleur feu, prédomine. La marque d’une bière mexicaine, 7en7an7 de percer dans le monde, y es7 van7ée. Avec plus d’un milliard d’habi7an75 5ur 5on 7erri7oire, la Chine est du co[_]p, le meilleur lie[_] pour 7en7er de rivaliser avec la renommée d'[_]ne marque de Cola.
Mai5 en février 2020, Corona es7 plu5 5ynonyme de mor7 a[_]x ye[_]x et oreille5 du monde entier. Pour les re7ombée5 mar[<e7ing, on repa55era…
je suis allée me renseigner sur le « Leet Speak » qui m’était totalement inconnu avant de te lire. Ce qui me plait dans ton texte c’est la forme plus que le fond, sans doute parce que j’y vois comme des dessins à l’intérieur de l’écriture. ça me plait 🙂
Intéressants ces codes! C’est vrai que ça fait comme une partition de musique, quelque chose d’indiscipliné qui capte l’attention.
Manue Rêva
sur 17 février 2020 à 22h02
Je découvre ce langage, c’est marrant d’écrire comme cela, ça fait agent secret ! Et puis je me sens doublement intelligente, j’ai compris et le code et le sens du texte, drôle en plus !
Nady
sur 18 février 2020 à 0h20
Merci à toutes 😉 C’est une technique d’écriture utilisée par la streetartiste connue sous le pseudo « Madame ». Suis fan de street art, ceci expliquant cela 😉
Manue Rêva
sur 16 février 2020 à 22h22
Atelier 360
La lumière était superbe, le lieu vendait du rêve, il n’y avait qu’à se laisser embarquer, accepter de monter encore plus haut, là où peut-être il y avait du bleu, un ciel, autre chose qu’un plafond. L’inconnu.
Un seul engin semblait fonctionner, à l’intérieur, une lueur, incroyable, chaude presque, qui pouvait réussir à obtenir cette chose ?
Ses yeux s’habituaient doucement, la porte s’ouvrait et se refermait sans bruit, presque un appel.
Des années que tous vivaient dans les sous sols, ils y travaillaient sans relâche, abandonnant toute notion de jour et de nuit. A quoi bon de toute façon, le temps ne se mesurait plus, il leur avait échappé. Ne restait que la tâche, celle qu’ils avaient tous à accomplir sans la comprendre, sans discuter. Un cycle après l’autre. Travailler, manger un peu, dormir quand c’était nécessaire.
Les tunnels sans fin pour quotidien, le noir, les orbites creuses de tant de poussière de terre, les doigts, les mains, l’ouïe, comme seuls outils pour survivre. Et la peur, abrutissante. Ne pas s’éloigner, rester près de son trou, enfouis. Oubliés.
Son cœur pourtant aspirait à autre chose, il l’avait guidée, de noirceurs en pénombres, à ces néons rougeoyants, incompréhensibles.
L’air semblait plus frais ici, la pesanteur moins écrasante. Ses paupières ne pouvaient pas encore y croire et déversaient des litres d’eau salée dont elle ne comprenait pas la provenance.
Son cœur battait plus fort. Petit à petit elle se redressait. Et l’envie la gagnait, quasi irrésistible, de s’engouffrer dans ce sas.
Une éternité plus tard elle découvrirait la surface, la voie lactée à ses pieds. L’oxygène venant à manquer elle comprendrait la folie qui les avait poussés à se terrer. Elle n’avait jamais rien vu d’aussi beau, d’aussi grand. L’immensité s’offrait à elle, juste un instant. Un souffle et puis elle s’écroulerait. En bas ils ne sauraient rien. Et devenue poussière elle viendrait un jour habiter d’autres chairs, d’autres cœurs, insuffler l’espoir d’un ailleurs plus beau, d’une infime lueur d’espérance en autre chose.
Nady
sur 16 février 2020 à 22h39
Je t’ai lue dans un souffle et ai adoré. Top miss !
Un vrai cauchemar! Je m’étais réveillé sur ce palier à l’ambiance apocalyptique sans savoir où je me trouvais. J’avais fait la fête la veille au soir avec deux asiatiques rencontrés dans un bar et on avait pas mal picolé il faut le reconnaître. Le Nihonshu (日本酒) ne me réussissait pas vraiment si j’en jugeais par les coups de marteau-piqueur qui résonnaient dans mon crâne.
J’étais en déplacement professionnel au Japon et, après une journée bien remplie de réunions assez tendues, j’avais eu envie de me plonger dans l’ambiance de cette ville afin de découvrir autre chose que les salles de conférence climatisées qui se ressemblaient toutes, quel que soit le continent. J’avais erré dans les rues animées et bruyantes, essayant d’éviter les nombreuses motos qui bourdonnaient tout autour de moi puis, lassé de zigzaguer, j’étais entré dans le premier bar qui me paraissait moins louche que les autres.
C’est là que mes deux compagnons de beuverie m’avaient approché, entamant la conversation dans un anglais approximatif. Nous avions sympathisé rapidement, l’alcool ayant fait tomber toutes mes inhibitions, et passé plusieurs heures à échanger des idées qui devraient nous permettre de refaire le monde afin qu’il devienne parfait à nos yeux.
Après, c’est le trou noir, l’amnésie complète jusqu’à mon douloureux réveil, couché à même le sol peu ragoûtant et sous ces néons rouge sang. La porte de l’ascenseur était ouverte et semblait bloquée ainsi que je pus le confirmer en me traînant jusque là.
Mes poches étaient anormalement plates, tous mes papiers et mon argent ayant été subtilisés de même que mon téléphone portable.
Impossible d’appeler qui que ce soit à l’aide, d’autant plus que ma voix de rogomme aurait immédiatement indiqué à mon interlocuteur à quoi j’avais passé la soirée.
En me retournant, j’aperçus une porte qui conduisait à des escaliers. Je me faufilai afin de sortir de ce cauchemar et de regagner mon hôtel où j’essayerais d’entrer discrètement. Je n’avais plus vraiment l’allure du jeune cadre dynamique un brin condescendant avec le personnel qui était arrivé avant-hier.
Honteux et confus, je me jurai, mais un peu tard comme le corbeau, qu’on ne m’y prendrait plus!
Nady
sur 17 février 2020 à 0h33
Trop mimi ton texte et une chute à la Fontaine bien trouvée 😉
Je balaie la colère
Et toutes peurs
C’est la vie
La vie qui s’enfuit
Et celle qui nait au sorti du ventre de nos mères
Et si la porte mène au sang de nos pères
Transfuse du passé au présent
De la peine à la douleur
Je vais grandir de l’intérieur
Faire face
Et ne pas oublier que les jours qui passent
Est sang d’équilibre et de silences paisibles
Quand celui de tes lèvres
Trouble le rouge des miennes
Nady
sur 17 février 2020 à 0h34
On dirait une chanson, super texte Laurence !
Manue Rêva
sur 17 février 2020 à 22h12
Etonnant comme une même photo nous amène vers des idées totalement différentes… en te lisant j’essayais de trouver ce qui t’avait amenée à ces mots.
Comme le titre l’indique, je me suis focalisée sur la couleur rouge de la photo plutôt que sur ce qu’elle représente… rouge colère/rouge sang de la vie/de la mort/ et tout ce qui renvoie à cela : passé/présent/peine/douleur… c’est une couleur chargée de nombreux sens… et son évocation sans doute un peu trop personnelle 😉
Merci Manue Rêva
En arrivant à l’aéroport le chauffeur de taxi m’attendait avec mon nom sur une tablette : il ressemblait à tous les chauffeurs de taxi du monde, un petit mec passe-partout d’une cinquantaine. Ne parlant pas plus chinois que lui français ou anglais je me suis borné à le suivre jusque sur le parking. Il a pris ma valise pour la mettre dans le coffre, j’ai ouvert la porte et j’ai découvert mon agent de sécurité envoyé par l’usine : une jeune femme d’environ 35 ans, au visage délicatement fendu par deux yeux d’un noir d’encre. Elle s’est présentée dans un français parfait, avec une petite pointe d’accent du sud-ouest qui m’a amusé : « Je suis Fen, enchantée de vous rencontrer. Vous avez fait bon voyage ? ». Sa robe multicolore dissimulant mal une paire de jambes ciselées et une poitrine modeste mais parfaitement proportionnée, j’en bredouillait piteusement.
Comme c’est une femme qui a l’habitude de sidérer les hommes qu’elle rencontre elle a su me mettre à l’aise en me racontant des banalités sur Shanghai et sur l’hôtel qui m’était réservé. Puis j’ai osé lui demander d’où venait ce français parfait, en lui faisant remarquer son accent. Elle m’a expliqué que son père est chinois et sa mère toulousaine, qu’à la maison elle parlait dans les deux langues, qu’elle a fait toutes ses études en France et qu’elle n’est arrivée ici qu’à 25 ans. J’ai rebondi sur mes origines de Castelnaudary, les balades au bord du canal du Midi ou la douceur de vivre, je ne sais plus vraiment. Puis nous avons parlé de Nougaro, qu’elle adore autant que moi, et la voiture s’est arrêtée devant l’hôtel.
Le chauffeur m’a remis ma valise, puis elle m’a donné rendez-vous le lendemain à 8h00 dans le hall en me remerciant de notre discussion, et en me souhaitant une bonne nuit. Je l’ai saluée et j’ai regardé la voiture s’éloigner, persuadé d’avoir rêvé. Mais elle était bien de retour à l’heure prévue, aussi souriante et splendide que la veille.
Elle m’a promené, nous avons déjeuner sur une terrasse, nous avons ri ensemble, puis vers 14h00 elle m’a déposé à l’usine. Le patron, l’architecte et l’interprète m’attendaient, nous avons travaillé sur les plans jusqu’à 20h. J’ai tenté de rester concentré mais quand je tournais une page je voyais le pli de sa robe s’entrouvrir, les courbures des dessins devenaient ses cuisses ou ses hanches, torture infinie dissimulée tant bien que mal. Je l’ai rejointe sur le parking, elle m’a déposé à l’hôtel, rendez-vous le lendemain à 8h00, et elle a démarré en me faisant un petit signe de la main. J’étais aux anges. Ce petit manège a duré 5 jours, de mâtinées touristiques en réunions interminables, de rires francs en sourires gênés, de distance respectueuse en frôlements incontrôlables.
Le soir du sixième jour j’ai décidé de me lancer. Pendant qu’elle était accoudée au parapet d’un pont j’ai osé glisser mes bras autour de sa taille et déposer un baiser de colibri sur sa nuque. Elle a frissonné, s’est retournée, m’a souri et nous nous sommes embrassés pour la première fois.
J’ai proposé de la ramener dans ma chambre mais elle a refusé en me disant qu’elle ne se sentait pas à l’aise dans ce luxe si différent de son univers habituel. Elle préférait aller chez elle mais pas avant demain, pour prendre le temps de ranger me dit-elle. Nous nous sommes donc quittés sur le parvis de l’hôtel. Elle m’a juste dit : « garde ton téléphone près de toi ».
Nous avons discuté toute la nuit par sms, comme des collégiens. Elle m’a décrit son petit appartement dans une sorte de hlm de banlieue, m’a prévenu que je ne devais pas m’inquiéter en voyant le côté délabré de son immeuble, pour ne pas dire glauque. Comme je m’en suis amusé elle m’a envoyé une photo avec en commentaire « non, ce n’est pas un bordel »… c’est vrai que c’est loin de mon hôtel pour hommes d’affaire. Puis je lui ai raconté ma sidération à l’aéroport, la chaleur qu’elle me donnait, mon envie de rester ici. Elle m’a répondu par des métaphores florales faites de boutons ne demandant qu’à s’ouvrir, de pétales soyeux, d’odeurs enivrantes.
A 5H14 elle m’a envoyé un dernier message :
Je n’arriverai plus à dormir maintenant, alors comme dirait Claude :
« Le seul problème qu’on se pose
C’est de séparer en deux portions
Cinquante-cinq kilos de chair rose
De cinquante-cinq grammes de nylon ».
Je suis sûr que tu feras cela très bien. Un taxi t’attend, il connait mon adresse, tu seras là dans 15 minutes au plus. Je suis au 17ème étage, porte 86, l’ascenseur de gauche est le seul qui fonctionne. Et si tu hésites encore un peu, Fen ça veut dire « saveur sucrée »… J’espère à tout de suite.
Nady
sur 17 février 2020 à 7h01
Un bonheur de lire autant de douceur dans notre monde si dur. Splendide écriture, comme d’hab, des bises
Plus je lisais plus j’hésitais sur la fin. Arnaque ou passion amoureuse ? La passion l’emporte, avec la saveur sucrée des jours à venir. Beau comme un coup de foudre. 🙂
Moi aussi, j’ai pensé au traquenard (vu l’actualité en ce moment, on est forcement influencé) mais finalement, quel plaisir et quel soulagement de découvrir la chute. C’est un très beau texte.
Entendu cette semaine dans une conversation à propos du coronavirus.
D u’ air de dire que c’ était logique voire mérité.
J’ ai souvent remarqué que ce type de jugement péremptoire vient souvent de gens qui ne sont jamais allés dans l’ endroit dont ils parlent.
Et même de gens qui ont peu voyagé, voire pas du tout.
Je ne me targue pas de connaître la Chine où je ne suis jamais allée.
Ou même de connaitre assez certains endroits pour émettre des jugements aussi définitifs.
Mais je connais des endroits que certaines personnes jugeaient sales
Et je n y ai pas pour autant attrapée de maladie encore moins le coronavirus
Voici mon texte :
Le lieu était sordide, un vrai bouge … La lumière de l’enseigne au nom imprononçable pour mon accent du Sud-Ouest clignotait. Ce rouge m’entêtait, l’envie montait, montait, montait … le bruit assourdissant de la clim’ faisait écho aux battements de mon cœur. Je pris cet ascenseur vers l’enfer, celui du jeu dans lequel, je m’étais perdu … Je le sais bien. Pour une mise sur un tapis vert, j’ai perdu mon âme, ma femme, mes enfants, mon boulot aussi … il ne me restait que la dame de Pique, noire et fidèle ainsi que la dame de Cœur rouge et attirante comme amies. Je regardais un instant les photos de ces gens interdits de « casino » … je n’en faisais pas encore partie. Ce soir, j’allais me refaire, je serai un homme nouveau, un winner …
Je vais lire les vôtres et encore admirer comment avec une même photo, l’imagination la met en scène !
Triste addiction… Pour un texte bien tissé ! Merci, Cécile C ! (Un truc qui me passe, comme ça, par la tête : sans les « … », le texte resserré aurait peut-être encore gagné en tension. 😉 )
J’ai toujours su que je devrais mourir là, baignée dans ce rose détestable, sous cette enseigne asiatique aux lettres agressives, traînée par les cheveux dans ce sous-sol lugubre. J’ai souffert sur le ciment irrégulier des écorchures dans mon dos, j’ai senti leur souffle alcoolisé dans ma nuque, leurs cent mains partout sur moi, leur poignard de chair plongeant dans ma chair à moi, et puis les coups, les coups, les coups… jusqu’à la délivrance finale.
Alors, quand Marie m’a proposé une sortie dans une nouvelle boite, Le Rose Nippon, au fin fond de la ville, j’ai dit : Non, je n’y vais pas, et toi non plus tu n’y vas pas. Viens plutôt passer la soirée chez moi.
Parfois les cauchemars ont du bon.
Un texte qui finit heureusement bien, après, rrrrrrrh, m’avoir bien glacé les sangs. Bravo, marinadedhistoires ! La mise sous tension, puis la délivrance, du lecteur sont très réussies !
Nady
sur 17 février 2020 à 13h25
je me demandais de qui tu allais parler dans ta chute et le cauchemar est réussi si je puis dire !
Les textes sont maintenant très différents dans cet atelier à partir de l’image ; ça faisait un moment que je n’avais pas eu le temps de m’y replonger. C’est intéressant et riche en plumes et techniques d’écriture !
Je reviens un peu dans ton atelier mais je ne me souviens plus quand nous devons publier ; il me semble que c’était le lundi. Peux-tu me le confirmer. Avec le sourire
Oui, le lundi !
Bonjour à tous, Lasemaine est passée comme un éclair, je n’ai pas pu lire tout le monde, pour être plus exacte, personne, et m’en excuse, je vous embrasse
Voici ma participation à l’atelier n° 360 https://janickmm.wordpress.com/2020/02/16/acrophobie-mon-amour/ ici, et aussi là
Acrophobie, mon amour
Je vous en prie … Merci ! L’appréhension est à son comble lorsque je franchi le seuil de l’ascenseur : ma meilleure amie a eut la délicate intention de m’inviter et d’habiter au soixante quatrième étage gauche … Allons-y … Je ferme les yeux, j’inspire, j’expire … avec la chance que j’ai …
Je ferais de ma vie un jardin de fleurs qui embaume mon cœur
Panse mes bleus à l’âme
Où le ciel se couvre de rose
Dans mon jardin de fleurs, ma vie s’épanouira de fragrance en senteur
J’en serais le jardinier
Le laboureur peut-être, mais bien sûr le semeur de graines de chance
Le soleil débusquera sa chaleur de derrière les bosquets
baignera mon corps de sa douce présence, il sera mon ami,
Dardera ses rayons bienfaisants sur le miel de mon cœur
Et lors de ses pauses salutaires, la pluie ou la lune le remplaceront avec parcimonie
Je serais la reine de mon jardin de fleurs,
Les animaux en seront les princes
La fourmi courbera l’échine sous le poids d’une plume
Les papillons aux ailes déployées de magnificence couvriront ma peau de soie
Pour toute nourriture je décrocherais une pomme dans les vergers
A flanc de coteaux, mes pas froisseront l’herbe tendre
Et lorsque le souffle ne sera plus, j’ouvrirais grand la porte du jardin aux fleurs
Pour y reposer paisiblement, et laisser libre cours à ceux qui passent sur le chemin de ma vie …
Vous êtes au 64 ème étage …. Ouf !
Je téléphone aussitôt à mon thérapeute, David, et lui explique la technique de relaxation que je viens de tester, il m’encourage, me remercie de la confiance que je lui ai accordée, et souhaite que je retranscrive la petite métaphore qui m’a fait rêver, le temps de grimper au 64ème étage
Pour toi, David !
Ta plume est de plus en plus belle Janickmm !
Me suis laissée bercer par tes mots et ai bien ri à ta chute. Merci tout pleon, des bises
Nady ! Quel bonheur et quel plaisir de te voir parmi nous ! Merci à toi, pour ce doux commentaire,
Toute ruse est bonne pour vaincre ses phobies ! Et quand elles sont poétiques, ça fait du bien à l’âme aussi 🙂
Très joli Janickmm
C’est plutôt le vide qui me donne mal au ventre, mais phobie, quand même, alors on se débrouille en s’inventant des histoires, merci à toi
J’ai voyagé jusqu’au 64e étage…
Il faut au moins une relaxation aussi poétique pour dépasser une telle phobie.
Une idée qui m’est venue des cours de yoga, « penser à de belles images pour se relaxer », il y a un peu de cela, ici, merci à toi
C’est une bien jolie manière de se soigner ! Il faut breveter le concept !!!
Ah ! oui ! Belle idée ! merci à toi
Bonjour,
Belle thérapie que la poésie pour dépasser une peur
« Dans mon jardin de fleurs, ma vie s’épanouira de fragrance en senteur », j’ai un jardin depuis deux mois et je vis au jour le jour cet épanouissement … mais je suis hors sujet !
Bon mardi
Le jardin à lui tout seul sert de thérapie, je vais commencer à planter de nouveaux plants dans mon carré aromatique, belle journée à toi !
Merci à toi, le jardin est une thérapie, c’est sûr, et je vais aller te lire, même avec du retard,
J »ai aimé me promener dans ton jardin et atterrir, surprise, au 64ème étage
Merci à toi, s’élever en douceur et en toute quiétude, bon exercice
(Bon dimanche, et bon lundi, tout le monde ! 😀 )
Tout film de Kung-fu qui se respecte est esthétique. Esthétique et percutant. Les regards se doivent d’être cruels, l’allure guerrière, les coups millimétrés. Très bien. Sauf qu’une stupide contrainte m’est imposée ! Une folie ! Que dis-je : une hérésie ! Voyez-vous, j’ai beau être le scénariste le plus talentueux de ma génération, le fait de tourner toutes les scènes de nuit, dans les bas-fonds de Hong Kong, complique sérieusement mon job. Détailler des chorégraphies martiales qui se joueront dans le noir est désespérant. Totalement désespérant. Au début, je pensais trouver un stratagème. Ma première idée fut d’imaginer des éclairages artificiels un peu partout, mais le rouge traditionnel des enseignes donnait le teint terreux aux personnages. J’ai ensuite essayé les vêtements fluorescents, mais les producteurs ont refusé. Trop coûteux. Après, j’ai songé aux très gros plans, systématiques, sur les mains et pieds en mouvement. J’avoue que j’étais particulièrement fier de cette dernière idée, sauf que le réalisateur, en personne, a rejeté ma proposition, prétextant que les acteurs ne seraient plus reconnaissables par le public. Foutaise !
J’en étais donc là de mon découragement, le téléphone en main, prêt à annoncer que je jetais l’éponge, quand soudain, une solution a sonné à ma porte.
Dring, dring, dring ! Dring, dring, dring !
(Je sais, cette ligne est redondante, mais un scénariste ne peut s’empêcher de l’écrire)
Dring, dring, dring ! Dring, dring, dring !
(Quand on aime, on ne compte pas.)
Le temps de reprendre mes esprits et j’ai ouvert la porte de mon appartement, sans penser à jeter un oeil au judas. Chose que je ne fais jamais, habituellement.
– Bon-your, Bip.
(Bip, c’est moi. Vous comprendrez rapidement que je préfère garder l’anonymat.)
– Li-Na ! Mais… Qu’est-ce que tu fais ici, à Paris ? Avec une valise à la main…
– Monne amour ! Ye souis venou teu dire ououi.
Là, je vois bien que vous peinez à saisir le rapport entre le scénario que je dois finir, Li-Na, et l’histoire que je suis en train de vous écrire. C’est pourquoi nous allons repartir ensemble quelques semaines plus tôt.
Hong Kong,
Quartier Kowloon City
3 décembre 2019.
Je suis en immersion. Sur le terrain, comme on dit dans le jargon. Après avoir visité plusieurs lieux clés – un temple Shaolin, une réserve de tigres et de dragons, et une fabrique de sabres – je m’aventure au coeur de la population. Le summum de l’immersion. Rencontrer chaque habitant, à savoir plus de sept millions d’habitants, aurait été trop long. Je me résigne donc à me rapprocher d’une jeune prostituée. Simplement pour les besoins du film, bien entendu. Au bout de six semaines, je n’ai plus de billets en poche et, n’ayant pas encore trouvé réponses à toutes mes questions, il me faut être créatif. Tout cela pour vous dire que, oui, j’ai demandé à Li-Na de m’épouser. Sauf que je ne pensais pas qu’elle prendrait mes paroles pour argent comptant. Je ne pensais pas non plus, à vrai dire, qu’elle me retrouverait.
Dans le cadre de cet atelier d’écriture, plusieurs fins me sont venues, je vous laisse découvrir celle qui répond, je trouve, à tous les besoins de la narration :
Bip n’osa pas avouer toute la vérité à Li-Na
Ils se marièrent
Et de leur amour enflammé
Un miracle vit le jour
Les nuits, pour l’éternité, s’illuminèrent d’un étrange bleuissement
(Particulièrement utile aux tournages dans l’obscurité.)
F I N
Un style intéressant via 2 narrations.
Merci, Nady ! J’avais envie de tenter le truc de l’histoire dans l’histoire, et de mamiser avec un antihéros
Oups… M’amuser.
Bonjour,
Excellent !!!
Oh, merci beaucoup, Cécile !!!
Bien joué pour la mise en abime, Séverine ! La plongée est réussie 🙂
Merci Laurence !!!
Tres original le mélange de ces deux histoires! Il fallait y penser.
Merci Latmospherique ! L’inspiration m’est venue, entre autre, d’une de mes dernières lectures : « L’amour à la page » de Franck Thomas. Une mise en abyme drôle à souhait 😉
judicieux
Merci, Laura !
C’est toujours dangereux de se plonger à corps perdu dans un pays inconnu !!!
Et quelques fois, non sans conséquences 😉
Très inventif ce procédé de l’histoire dans l’histoire et tu jongles avec ça de façon magistrale !
Ohhh, merci beaucoup, marinadedhistoires ! D’autant que mon petit challenge perso était de ne pas perdre le lecteur en route 😉 Belle journée à toi !
Déstabilisante et bien menée la mise en abîme, surprenante aussi.
Sur un essai de Leet Speak :
Quelque5 5igne5 s[_]r [_]ne devant[_]re en Chine où le ro[_]ge, couleur feu, prédomine. La marque d’une bière mexicaine, 7en7an7 de percer dans le monde, y es7 van7ée. Avec plus d’un milliard d’habi7an75 5ur 5on 7erri7oire, la Chine est du co[_]p, le meilleur lie[_] pour 7en7er de rivaliser avec la renommée d'[_]ne marque de Cola.
Mai5 en février 2020, Corona es7 plu5 5ynonyme de mor7 a[_]x ye[_]x et oreille5 du monde entier. Pour les re7ombée5 mar[<e7ing, on repa55era…
Ah ! Ah ! Même codé ou chiffré, je te reconnais et je te comprends, Chère Nady ! Excellent !
Heureuse de recevoir un tel accueil, je reviendrai à l’occas, promis 😉 des bises
je suis allée me renseigner sur le « Leet Speak » qui m’était totalement inconnu avant de te lire. Ce qui me plait dans ton texte c’est la forme plus que le fond, sans doute parce que j’y vois comme des dessins à l’intérieur de l’écriture. ça me plait 🙂
tu m’ouvres l’esprit, merci
Intéressants ces codes! C’est vrai que ça fait comme une partition de musique, quelque chose d’indiscipliné qui capte l’attention.
Je découvre ce langage, c’est marrant d’écrire comme cela, ça fait agent secret ! Et puis je me sens doublement intelligente, j’ai compris et le code et le sens du texte, drôle en plus !
Merci à toutes 😉 C’est une technique d’écriture utilisée par la streetartiste connue sous le pseudo « Madame ». Suis fan de street art, ceci expliquant cela 😉
Atelier 360
La lumière était superbe, le lieu vendait du rêve, il n’y avait qu’à se laisser embarquer, accepter de monter encore plus haut, là où peut-être il y avait du bleu, un ciel, autre chose qu’un plafond. L’inconnu.
Un seul engin semblait fonctionner, à l’intérieur, une lueur, incroyable, chaude presque, qui pouvait réussir à obtenir cette chose ?
Ses yeux s’habituaient doucement, la porte s’ouvrait et se refermait sans bruit, presque un appel.
Des années que tous vivaient dans les sous sols, ils y travaillaient sans relâche, abandonnant toute notion de jour et de nuit. A quoi bon de toute façon, le temps ne se mesurait plus, il leur avait échappé. Ne restait que la tâche, celle qu’ils avaient tous à accomplir sans la comprendre, sans discuter. Un cycle après l’autre. Travailler, manger un peu, dormir quand c’était nécessaire.
Les tunnels sans fin pour quotidien, le noir, les orbites creuses de tant de poussière de terre, les doigts, les mains, l’ouïe, comme seuls outils pour survivre. Et la peur, abrutissante. Ne pas s’éloigner, rester près de son trou, enfouis. Oubliés.
Son cœur pourtant aspirait à autre chose, il l’avait guidée, de noirceurs en pénombres, à ces néons rougeoyants, incompréhensibles.
L’air semblait plus frais ici, la pesanteur moins écrasante. Ses paupières ne pouvaient pas encore y croire et déversaient des litres d’eau salée dont elle ne comprenait pas la provenance.
Son cœur battait plus fort. Petit à petit elle se redressait. Et l’envie la gagnait, quasi irrésistible, de s’engouffrer dans ce sas.
Une éternité plus tard elle découvrirait la surface, la voie lactée à ses pieds. L’oxygène venant à manquer elle comprendrait la folie qui les avait poussés à se terrer. Elle n’avait jamais rien vu d’aussi beau, d’aussi grand. L’immensité s’offrait à elle, juste un instant. Un souffle et puis elle s’écroulerait. En bas ils ne sauraient rien. Et devenue poussière elle viendrait un jour habiter d’autres chairs, d’autres cœurs, insuffler l’espoir d’un ailleurs plus beau, d’une infime lueur d’espérance en autre chose.
Je t’ai lue dans un souffle et ai adoré. Top miss !
Bien trouvé !
Un phénix (rouge sang) qui renaît des cendres, magnifique ! On a envie de l’aider, de la propulser, de lui faire faire le tour du monde !
un récit qui oscille entre onirisme et anticipation. Un ailleurs qui ouvre sur une renaissance.
J’aime comment tu as su t’approprier la photo.
Ton texte est beau et original, incroyable d’imaginer tout cela à partir de la photo.
Originalissime!
Mon texte apparaîtra demain sur mon blog https://photonanie.com/2020/02/10/brick-a-book-359-%e2%9c%8d%f0%9f%8f%bb/ mais je vous le livre en avant-première ci-dessous
Un vrai cauchemar! Je m’étais réveillé sur ce palier à l’ambiance apocalyptique sans savoir où je me trouvais. J’avais fait la fête la veille au soir avec deux asiatiques rencontrés dans un bar et on avait pas mal picolé il faut le reconnaître. Le Nihonshu (日本酒) ne me réussissait pas vraiment si j’en jugeais par les coups de marteau-piqueur qui résonnaient dans mon crâne.
J’étais en déplacement professionnel au Japon et, après une journée bien remplie de réunions assez tendues, j’avais eu envie de me plonger dans l’ambiance de cette ville afin de découvrir autre chose que les salles de conférence climatisées qui se ressemblaient toutes, quel que soit le continent. J’avais erré dans les rues animées et bruyantes, essayant d’éviter les nombreuses motos qui bourdonnaient tout autour de moi puis, lassé de zigzaguer, j’étais entré dans le premier bar qui me paraissait moins louche que les autres.
C’est là que mes deux compagnons de beuverie m’avaient approché, entamant la conversation dans un anglais approximatif. Nous avions sympathisé rapidement, l’alcool ayant fait tomber toutes mes inhibitions, et passé plusieurs heures à échanger des idées qui devraient nous permettre de refaire le monde afin qu’il devienne parfait à nos yeux.
Après, c’est le trou noir, l’amnésie complète jusqu’à mon douloureux réveil, couché à même le sol peu ragoûtant et sous ces néons rouge sang. La porte de l’ascenseur était ouverte et semblait bloquée ainsi que je pus le confirmer en me traînant jusque là.
Mes poches étaient anormalement plates, tous mes papiers et mon argent ayant été subtilisés de même que mon téléphone portable.
Impossible d’appeler qui que ce soit à l’aide, d’autant plus que ma voix de rogomme aurait immédiatement indiqué à mon interlocuteur à quoi j’avais passé la soirée.
En me retournant, j’aperçus une porte qui conduisait à des escaliers. Je me faufilai afin de sortir de ce cauchemar et de regagner mon hôtel où j’essayerais d’entrer discrètement. Je n’avais plus vraiment l’allure du jeune cadre dynamique un brin condescendant avec le personnel qui était arrivé avant-hier.
Honteux et confus, je me jurai, mais un peu tard comme le corbeau, qu’on ne m’y prendrait plus!
Trop mimi ton texte et une chute à la Fontaine bien trouvée 😉
Merci Nady.
Le bon lien est bien sûr https://photonanie.com/2020/02/17/brick-a-book-360-%e2%9c%8d%f0%9f%8f%bb/ 🙂
Et voila ! Encore une victime de l’alcool
Et c’est super bien raconté ! Merci, Photonanie !
L’alcool non, l’eau ferrugineuse oui 😀
haha, le pauvre ! Gueule de bois, dépossédé de ses biens… les effets du Nihonshu ne l’ont pas épargné ! 🙂
On ne signale pas assez les effets secondaires de cette drogue 😉
Et bien il ne gardera pas un souvenir impérissable ce voyage d’affaires. Mais il en tirera une saine leçon!!
Je pense au contraire que le souvenir sera cuisant pour lui 😉
La prochaine fois il faudra essayer la cérémonie du thé, moins dangereuse !!!!
Je vais lui en parler discrètement 😉
Une histoire de « cuite » asiatique très bien contée, je ne connaissais pas le mot « rogomme », merci, j’ai appris qquechose ce matin !
Ravie d’en être la source 🙂
J’aime la chute joviale version La Fontaine. Après l’inhibition de la fête et des prises de risques la chute est souvent peu ragoutante!
Elle permet de réfléchir…à jeun 😉
Rouge
Je balaie la colère
Et toutes peurs
C’est la vie
La vie qui s’enfuit
Et celle qui nait au sorti du ventre de nos mères
Et si la porte mène au sang de nos pères
Transfuse du passé au présent
De la peine à la douleur
Je vais grandir de l’intérieur
Faire face
Et ne pas oublier que les jours qui passent
Est sang d’équilibre et de silences paisibles
Quand celui de tes lèvres
Trouble le rouge des miennes
On dirait une chanson, super texte Laurence !
Etonnant comme une même photo nous amène vers des idées totalement différentes… en te lisant j’essayais de trouver ce qui t’avait amenée à ces mots.
Comme le titre l’indique, je me suis focalisée sur la couleur rouge de la photo plutôt que sur ce qu’elle représente… rouge colère/rouge sang de la vie/de la mort/ et tout ce qui renvoie à cela : passé/présent/peine/douleur… c’est une couleur chargée de nombreux sens… et son évocation sans doute un peu trop personnelle 😉
Merci Manue Rêva
Étonnant ce texte axé sur la couleur…
Bonjour à tous, et bon début de semaine,
« Chance »
En arrivant à l’aéroport le chauffeur de taxi m’attendait avec mon nom sur une tablette : il ressemblait à tous les chauffeurs de taxi du monde, un petit mec passe-partout d’une cinquantaine. Ne parlant pas plus chinois que lui français ou anglais je me suis borné à le suivre jusque sur le parking. Il a pris ma valise pour la mettre dans le coffre, j’ai ouvert la porte et j’ai découvert mon agent de sécurité envoyé par l’usine : une jeune femme d’environ 35 ans, au visage délicatement fendu par deux yeux d’un noir d’encre. Elle s’est présentée dans un français parfait, avec une petite pointe d’accent du sud-ouest qui m’a amusé : « Je suis Fen, enchantée de vous rencontrer. Vous avez fait bon voyage ? ». Sa robe multicolore dissimulant mal une paire de jambes ciselées et une poitrine modeste mais parfaitement proportionnée, j’en bredouillait piteusement.
Comme c’est une femme qui a l’habitude de sidérer les hommes qu’elle rencontre elle a su me mettre à l’aise en me racontant des banalités sur Shanghai et sur l’hôtel qui m’était réservé. Puis j’ai osé lui demander d’où venait ce français parfait, en lui faisant remarquer son accent. Elle m’a expliqué que son père est chinois et sa mère toulousaine, qu’à la maison elle parlait dans les deux langues, qu’elle a fait toutes ses études en France et qu’elle n’est arrivée ici qu’à 25 ans. J’ai rebondi sur mes origines de Castelnaudary, les balades au bord du canal du Midi ou la douceur de vivre, je ne sais plus vraiment. Puis nous avons parlé de Nougaro, qu’elle adore autant que moi, et la voiture s’est arrêtée devant l’hôtel.
Le chauffeur m’a remis ma valise, puis elle m’a donné rendez-vous le lendemain à 8h00 dans le hall en me remerciant de notre discussion, et en me souhaitant une bonne nuit. Je l’ai saluée et j’ai regardé la voiture s’éloigner, persuadé d’avoir rêvé. Mais elle était bien de retour à l’heure prévue, aussi souriante et splendide que la veille.
Elle m’a promené, nous avons déjeuner sur une terrasse, nous avons ri ensemble, puis vers 14h00 elle m’a déposé à l’usine. Le patron, l’architecte et l’interprète m’attendaient, nous avons travaillé sur les plans jusqu’à 20h. J’ai tenté de rester concentré mais quand je tournais une page je voyais le pli de sa robe s’entrouvrir, les courbures des dessins devenaient ses cuisses ou ses hanches, torture infinie dissimulée tant bien que mal. Je l’ai rejointe sur le parking, elle m’a déposé à l’hôtel, rendez-vous le lendemain à 8h00, et elle a démarré en me faisant un petit signe de la main. J’étais aux anges. Ce petit manège a duré 5 jours, de mâtinées touristiques en réunions interminables, de rires francs en sourires gênés, de distance respectueuse en frôlements incontrôlables.
Le soir du sixième jour j’ai décidé de me lancer. Pendant qu’elle était accoudée au parapet d’un pont j’ai osé glisser mes bras autour de sa taille et déposer un baiser de colibri sur sa nuque. Elle a frissonné, s’est retournée, m’a souri et nous nous sommes embrassés pour la première fois.
J’ai proposé de la ramener dans ma chambre mais elle a refusé en me disant qu’elle ne se sentait pas à l’aise dans ce luxe si différent de son univers habituel. Elle préférait aller chez elle mais pas avant demain, pour prendre le temps de ranger me dit-elle. Nous nous sommes donc quittés sur le parvis de l’hôtel. Elle m’a juste dit : « garde ton téléphone près de toi ».
Nous avons discuté toute la nuit par sms, comme des collégiens. Elle m’a décrit son petit appartement dans une sorte de hlm de banlieue, m’a prévenu que je ne devais pas m’inquiéter en voyant le côté délabré de son immeuble, pour ne pas dire glauque. Comme je m’en suis amusé elle m’a envoyé une photo avec en commentaire « non, ce n’est pas un bordel »… c’est vrai que c’est loin de mon hôtel pour hommes d’affaire. Puis je lui ai raconté ma sidération à l’aéroport, la chaleur qu’elle me donnait, mon envie de rester ici. Elle m’a répondu par des métaphores florales faites de boutons ne demandant qu’à s’ouvrir, de pétales soyeux, d’odeurs enivrantes.
A 5H14 elle m’a envoyé un dernier message :
Je n’arriverai plus à dormir maintenant, alors comme dirait Claude :
« Le seul problème qu’on se pose
C’est de séparer en deux portions
Cinquante-cinq kilos de chair rose
De cinquante-cinq grammes de nylon ».
Je suis sûr que tu feras cela très bien. Un taxi t’attend, il connait mon adresse, tu seras là dans 15 minutes au plus. Je suis au 17ème étage, porte 86, l’ascenseur de gauche est le seul qui fonctionne. Et si tu hésites encore un peu, Fen ça veut dire « saveur sucrée »… J’espère à tout de suite.
Un bonheur de lire autant de douceur dans notre monde si dur. Splendide écriture, comme d’hab, des bises
Plus je lisais plus j’hésitais sur la fin. Arnaque ou passion amoureuse ? La passion l’emporte, avec la saveur sucrée des jours à venir. Beau comme un coup de foudre. 🙂
Comme Laurence j’hésitais aussi et j’aime énormément cette fin très poétique!
J’attendais avec impatience la chute, elle est divine !!!
Moi aussi, j’ai pensé au traquenard (vu l’actualité en ce moment, on est forcement influencé) mais finalement, quel plaisir et quel soulagement de découvrir la chute. C’est un très beau texte.
Idem pour moi j’attendais le traquenard ou le prix de la nuit…et finalement c’est une belle histoire de la couleur des 55 kg 😉
Bonjour,
Voilà ma participation:
« C’ est sale là- bas. »
Entendu cette semaine dans une conversation à propos du coronavirus.
D u’ air de dire que c’ était logique voire mérité.
J’ ai souvent remarqué que ce type de jugement péremptoire vient souvent de gens qui ne sont jamais allés dans l’ endroit dont ils parlent.
Et même de gens qui ont peu voyagé, voire pas du tout.
Je ne me targue pas de connaître la Chine où je ne suis jamais allée.
Ou même de connaitre assez certains endroits pour émettre des jugements aussi définitifs.
Mais je connais des endroits que certaines personnes jugeaient sales
Et je n y ai pas pour autant attrapée de maladie encore moins le coronavirus
Merci et bonne journée
Bravo pour cette mise au point tout à fait bienvenue.
Une prise de parole pleine de bon sens, et ça fait du bien. Merci, Laura, et bonne journée, aussi ! 😀
arghh les jugements…
Les idées toutes faites des uns et des autres difficile d’en venir à bout…
Marina et Séverine: merci
Nady et latmospherique: l’éducation est la solution
Bonjour et bon lundi à toutes et tous,
Voici mon texte :
Le lieu était sordide, un vrai bouge … La lumière de l’enseigne au nom imprononçable pour mon accent du Sud-Ouest clignotait. Ce rouge m’entêtait, l’envie montait, montait, montait … le bruit assourdissant de la clim’ faisait écho aux battements de mon cœur. Je pris cet ascenseur vers l’enfer, celui du jeu dans lequel, je m’étais perdu … Je le sais bien. Pour une mise sur un tapis vert, j’ai perdu mon âme, ma femme, mes enfants, mon boulot aussi … il ne me restait que la dame de Pique, noire et fidèle ainsi que la dame de Cœur rouge et attirante comme amies. Je regardais un instant les photos de ces gens interdits de « casino » … je n’en faisais pas encore partie. Ce soir, j’allais me refaire, je serai un homme nouveau, un winner …
Je vais lire les vôtres et encore admirer comment avec une même photo, l’imagination la met en scène !
Pour Cécile C: belle description de l’enfer du jeu, moi aussi cette photo m’a inspiré du noir …
C’est fou l’inspiration, certains textes sont très positifs d’autres sombres … pourquoi ? Voilà pourquoi j’apprécie tant cet atelier
Oui, cette diversité dans les textes est tellement enrichissante ! Merci Cécile.
Triste addiction… Pour un texte bien tissé ! Merci, Cécile C ! (Un truc qui me passe, comme ça, par la tête : sans les « … », le texte resserré aurait peut-être encore gagné en tension. 😉 )
Merci 🙂
Et surtout merci pour le conseil d’écriture. Je prends avec joie.
Bon mardi
arghh les addictions… texte réussi. super !
Merci beaucoup
Le jeu c’est atroce. On perd tout et on espère toujours.
Très bien décrite cette sensation d’ivresse, qu’on imagine très bien Cécile
Merci, merci
Je suis touchée par ton comm’
Bon mardi
Merci pour ton commentaire
Je suis heureuse de ne pas être addict au jeu, sauf parfois à Candy Crush
Bizzz
Une autre sorte d’ivresse… toute aussi dangereuse.
Oh que oui … toute addiction est dangereuse et que c’est dur de s’en débarrasser
Bonne journée
Ah les addictions qui bousillent les vies qu’on pensait bien stables… Moche, contrairement à ton écriture 😉
Malheureusement oui
Merci !
Bonjour, mon texte est à retrouver ci-dessous, ou bien chez moi https://marinadedhistoires.wordpress.com/2020/02/17/le-rose-nippon/
Le Rose Nippon
J’ai toujours su que je devrais mourir là, baignée dans ce rose détestable, sous cette enseigne asiatique aux lettres agressives, traînée par les cheveux dans ce sous-sol lugubre. J’ai souffert sur le ciment irrégulier des écorchures dans mon dos, j’ai senti leur souffle alcoolisé dans ma nuque, leurs cent mains partout sur moi, leur poignard de chair plongeant dans ma chair à moi, et puis les coups, les coups, les coups… jusqu’à la délivrance finale.
Alors, quand Marie m’a proposé une sortie dans une nouvelle boite, Le Rose Nippon, au fin fond de la ville, j’ai dit : Non, je n’y vais pas, et toi non plus tu n’y vas pas. Viens plutôt passer la soirée chez moi.
Parfois les cauchemars ont du bon.
Un texte qui finit heureusement bien, après, rrrrrrrh, m’avoir bien glacé les sangs. Bravo, marinadedhistoires ! La mise sous tension, puis la délivrance, du lecteur sont très réussies !
je me demandais de qui tu allais parler dans ta chute et le cauchemar est réussi si je puis dire !
Les textes sont maintenant très différents dans cet atelier à partir de l’image ; ça faisait un moment que je n’avais pas eu le temps de m’y replonger. C’est intéressant et riche en plumes et techniques d’écriture !
Merci Nady, c’est vrai que cet atelier est super !
Ecouter sa voix intérieure, j’en ai parlé hier sur mon blog
Quelle horreur ce genre de « rêves ».
Heureusement ce n’est pas la réalité, on est rassuré!
Oui, heureusement ! Merci pour ton passage.
Tu m’étonnes… Bien contente que ça ne soit qu’un cauchemar pour ton héroïne…
Cela ne devrait d’ailleurs qu’être un mauvais rêve, pour toutes…