Atelier d’écriture 377

par | 17 Sep 2020 | Atelier d’écriture | 165 commentaires

@ Steven Wright

Merci d’avoir été présents à ce premier rendez-vous de l’année ! C’était un plaisir de vous retrouver.

A lundi pour le suivant. A vos claviers !

165 Commentaires

  1. soene

    Hello Leiloona
    Heureuse de te retrouver. 😆
    e-bises d’O.

    • Alexandra K

      Bises ! 😉

      • soene

        Ayé, mon article est prêt, 100 % lyonnais !
        Bonne fin de semaine
        Bises

  2. Le Mexicain Jaune

    J’entrais dans ce temple nu ; le ventilateur diffusait cette lumière rouge, chaude, la même que là-bas, dans cet enfer humide tropical.
    Mais ici, j’étais bien et l’austérité répondait à la sérénité.
    Je me suis assis. J’ai sorti un Davidoff et j’ai pensé autant que j’ai fumé à cette montagne magique, si près et pourtant si lointaine.
    La vie est une chienne mais de temps en temps elle nous accorde un répit fugace, un instant de grâce que je punaise au mur de ma solitude.

    • terjit

      L’ambiance est parfaite, et la dernière phrase fait mouche ! Bravo

    • marinadedhistoires

      Une atmosphère très particulière qui va bien avec la photo .

    • Cloud

      Ravi de te lire ! Ravi de retourner dans tes ambiances particulières. On y est. Avec toujours une réflexion mélancolique, voire existentielle, à la clé. C’est de la poésie. Bravo.

    • Laurence Délis

      Riche interprétation de l’image. En quelques mots l’atmosphère décrite est forte. Bravo

    • Photonanie

      On est bien dans ce cocon que tu as imaginé.

    • janickmm

      Manque plus que l’irish coffee et nous aurions pu nous croiser.

    • Manue

      Trop jolie dernière phrase. L’atmosphère est plantée en peu de mots, sobres et efficaces.

      • rizzie2

        Super idée :
        je vais punaiser des moments de grâce aux murs de mes couloirs

    • janickmm

      Des petits instants de rien qui nous réconfortent lorsque l’on sait les attraper, et peut-être nous aider à passer au-delà de la montagne, magique !

  3. Le Mexicain Jaune

    Je ne peux pas quitter ce temple.
    Je ne peux pas stopper la neige.
    Je grimace aux étoiles et n’ai plus rien à enseigner.
    J’approche du but.
    Leonard me sourit. Dans ma cellule, je pense encore à lui.

    • Céline

      Bel instant de réflexion ! Bravo

    • janickmm

      Ah ben zut, nous voilà au point de départ ?

  4. janickmm

    J’attendais avec impatience la rentrée d’écriture sur le site d’Alexandra, la voici !

    ma participation ici et là sur mon blog (en fait je ne parviens pas à en copier l’adresse …)

    Le retour en douceur au coeur de l’atelier d’écriture, un bonheur attendu, espéré, le voilà, il nous ouvre ses portes
    Voici ma participation et le lien https://janickmm.wordpress.com/2020/09/19/cest-promis
    Même à travers le combiné du téléphone je sais qu’elle pose un doigt sur sa bouche.
    Silence bref, mais ressenti. Un petit geste bien à elle, qu’elle fait pour se donner le temps de la réflexion, même si la réponse, elle l’a déjà.
    Même si ma question évidente est inutile, ou attendue : « Tu crois que nous aurons le temps d’aller faire un tour sur le sillon ? »
    Bien sûr ! ça a jaillit, explosé de sa bouche pulpée de rose. Enfin, oui, nous le prendrons … le temps. » Puis cela prend des tournures présidentielles, une affaire d’état. « Tu sais nous en ferons une priorité, je te le promets ! »
    En réalité c’est devenu, au fil du temps, un pèlerinage, notre lieu de retrouvaille.
    Fouler le sol dallé du Sillon, épaule contre épaule, inspirer profondément l’air iodé, et nos souvenirs d’adolescentes ressurgissent, intacts. Les anecdotes ressortent du placard.
    Mme De Dupierre revit à sa fenêtre, au 2ème étage de sa villa, vue sur mer, le rideau se soulève au passage de notre bande d’amis à la parité parfaite, chantant, riant et parlant fort sous sa fenêtre comme sous le gui porte-bonheur.
    22h30 ! … Mme De Molestier, vous vous rendez-compte ? Surveillez votre petite-fille ! Quelle indécence ! Et puis ses vêtements ne doivent pas coûter une fortune si l’on mesure le peu de tissus qu’elle a sur les fesses !!!! …..
    Les litanies de cette pauvre femme nous valaient une mise en garde, de la part de ma grand-mère le lendemain matin au petit déjeuner, contre la jalousie maladive de cette voisine peu avenante.
    Ainsi nous respections notre grand-mère permissive mais pas naïve : « Amusez-vous mes Princesses, profitez de la vie ! »
    « Tu me promets ? Alors. »
    Mais oui, puisque je te le dis ! Nos rires résonnent, se croisent.
    Ce que j’aimerais aussi c’est d’aller boire un irish coffee au pub de la thalasso, tu te souviens du serveur ? Et des petits sablés aux algues ? et du long couloir tout doré où l’on avait croisé une actrice, tu te souviens ?
    Bien sûr on ira, Bien sûr, elle se souvient, bien sûr on le fera, C’est promis !

    • Terjit

      J’aime beaucoup ta façon de remplir de souvenirs l’univers immaculé de la photo, très agréable

      • janickmm

        Merci Terjit, de m’avoir lu, c’est un peu long pour une reprise, cool !

    • Céline

      Joli clin d’œil ! Bravo

      • janickmm

        Merci Céline !

    • Cloud

      J’aime ces souvenirs plein de tendresse, un peu moqueur pour les intolérantes. Avec Saint Malo pour décor : ça fait du bien face à la claustration qui émane de la photo.

      • janickmm

        T’es trop fort Cloud, c’est bien Saint Malo, j’y retourne la semaine prochaine, merci à toi

    • Photonanie

      Ils sont beaux et tendres tes souvenirs. J’aime beaucoup.

      • janickmm

        Ils ont vraiment ressurgi, en voyant cette photo !

    • Laurence Délis

      Le Sillon, comme le possible d’un retour dans le temps de l’insouciance.
      Bien vu Jannickmm !

      • janickmm

        Superbe commentaire !

    • Manue

      Etonnant lien avec la photo ou comment un espace fermé et un peu énigmatique peut appeler à d’autres ailleurs, iodés !

      • janickmm

        Besoin d’air, hors les masques, merci !

        • rizzie2

          Ah, les premières sorties… le premier Irish coffee… quand tout est nouveau !

          • janickmm

            Donne un goût d’aventures… flibustiere !

          • laura

            dur de trouver un bon irish coffee…

  5. Cloud

    Ma femme est parfaite. C’est une sainte. Malheureusement, elle a été canonisée un peu prématurément et cela génère une sérieuse difficulté : l’auréole. Il lui a été attribué un disque lumineux de très forte intensité qui, un, m’empêche de dormir, et deux nous met dans l’embarras auprès du voisinage, gêné par une luminosité aussi éblouissante qu’une enseigne de pharmacie. Je suis allé à l’archevêché demander un report de béatification. Mais là, ce fut une fin de non recevoir : Laura fait le bien, c’est un modèle pour les paroissiens et doit le rester.
    Croyant naïvement à une vision manichéenne du monde, je me dis alors qu’en faisant peu à peu le mal autour d’elle, l’auréole de Laura pourrait s’éteindre d’elle même et nous serions tranquilles. Mais là, un problème existentiel se fit jour : Laura venait de lire Nietzsche : impossible pour elle de définir la frontière entre le bien et le mal.
    De guerre lasse, nous sommes finalement allés rendre visite à un sage oriental de nos connaissances. Ce fut pour nous une révélation. Il nous suggéra la Voie du Milieu. Ce fut notre salut. L’auréole disparut d’un seul coup. Plus de lumières intempestives. Nous vivons depuis avec sérénité dans une atmosphère de compassion et de tolérance. Mais reste quand même une chose difficile à assumer au quotidien : la lévitation.

    • Le Mexicain Jaune

      Ce n’est pas internet qui m’a le plus manqué là bas; c est l’humour de Cloud. Bravo ! Original et drôle, comme toujours.

    • Terjit

      Je suis d’accord avec Le Mexicain Jaune : quel bonheur de retrouver ton inventivité et ton humour ! Merci Cloud

    • Cécile C

      Cloud, c’est génial, j’ai ri ! Excellente idée

    • Manue

      Quel plaisir de te retrouver ! Merci pour ton humour et l’idée, excellente !!!

    • Céline

      Excellent texte !!! Merci pour ce sourire du matin !

    • marinadedhistoires

      Trop drôle Claude ! Je vois que nous avons eu la même idée de la sainte. J’adore l’auréole qui empêche le voisinage de dormir et bien sûr la chute de l’histoire !

    • Photonanie

      C’est drôle, un peu surréaliste, j’aime beaucoup ton texte.

    • Laurence Délis

      Bon, ben quoi dire de plus que les com précédents 🙂
      En fait, le ton est donné dès la première phrase on devine la pointe d’humour sans savoir où elle va nous mener. Et la chute… La chute est particulièrement réjouissante. Merci 🙂

    • janickmm

      Irrésistiblement Cloud ! Nous sommes sur la bonne voie…

      • rizzie2

        je savais bien que ça ne devait pas être facile de vivre avec une sainte (ou un saint, mais c’est plus rare), alors si, en plus elle lit Nietzsche à la lumière de son auréole….

    • Kroum

      Toujours autant adepte de ton humour. Bravo cloud!

  6. marinadedhistoires

    Bonsoir ! Mon texte est à retrouver ici :https://marinadedhistoires.wordpress.com/2020/09/20/la-sainte/ ou bien ci-dessous

    La sainte

    Ah, bé oui, je suis une sainte moi ! Vous avez vu mon auréole ? Et pour cause, je fais tout comme il faut : je mange bio, je nettoie mon intérieur au vinaigre blanc, je suis membre d’un groupe « zéro déchets » et je crache sur la 5G ! Même que pour Noël, je ne tuerai aucun arbre et n’achèterai pas non plus de sapin en plastique ! Non, je ramasserai une petite branche par terre dans mon allée et je la décorerai d’œufs bios peints avec des colorants minéraux.
    Quoi ? Qu’est-ce que vous dites ? J’ai des sacs à la main ? J’ai fait des achats futiles ? Je suis une victime de la société de consommation ? Pas du tout ! Ce ne sont que quelques pulls tricotés par une association avec des poils d’animaux que leurs maîtres récupèrent après avoir brossé chats, chiens et lapins.
    Comment ? J’ai des baskets hyper tendance ? Que nenni, ce sont les vieilles Stan Smith de ma mère ! Elles datent des années 80 !
    Donc, OUI, je suis bien une sainte et vous en convenez enfin, MERCI !

    • Terjit

      Très drôle et tellement collé à l’actualité, j’ai beaucoup aimé

    • Cloud

      Bravo, c’est drôle. Un texte qui montre que chaque être humain a une idée différente de la sainteté ou de la perfection.

    • Photonanie

      Est-ce que tous les gens respectueux de la vie et de la nature sont des saints…grâce à toi je me pose la question 😉

    • Laurence Délis

      Un regard acéré sur le pouvoir de la société de consommation ! j’aime l’ironie qui s’en dégage. 🙂
      C’est génial de voir combien une photo peut nous amener sur des sentiers aussi divers et variés que les textes proposés ce jour !
      Merci Marinade,

    • janickmm

      He oui ! On se donne un mal fou ! Bientôt l’auréole…

    • Manue

      Comme quoi chacun voit la sainteté à sa porte !!!

        • rizzie2

          Ne serait-elle pas un peu païenne cette sainte ? ou sainte-nitouche ?
          Pas très catholique en tous cas mais bien dans l’air du temps !

  7. manuellaesticiaussi

    Très contente de reprendre le chemin de l’atelier !

    C’était son ultime visite.
    Des années qu’elle venait jusqu’au bout de ce couloir sombre, il lui semblait d’ailleurs qu’elle était la seule à le connaître tant tout paraissait suspendu lorsqu’elle y entrait. A chaque fois c’était le même processus. Épuisée, le musée était son dernier recours afin de retrouver un peu de paix au milieu de sa vie tumultueuse. Des années qu’elle courrait pour tous. Alors quand elle sentait qu’elle s’oubliait complètement elle revenait systématiquement ici.
    La première fois, alors qu’elle s’était presque assoupie sur la grande banquette d’une petite salle où se trouvait son tableau préféré, elle s’était soudain retrouvée là, devant cette drôle de structure circulaire au bout d’un couloir qu’elle ne connaissait absolument pas. Le noir était complet. Le silence total, assourdissant. Seul le fond de son sac semblait émettre un peu de chaleur et de lumière. Sans comprendre ce qu’elle faisait, comme mue par une force inconnue, elle s’était vue saisir l’ampoule qui brillait mystérieusement et la visser au support devant elle. Et puis elle s’était comme réveillée soudainement, sur sa banquette. Sur le tableau devant elle, un personnage semblait lui sourire. Un peu abasourdie, mais comme plus légère, elle était repartie vers sa vie.
    Il s’était passé plusieurs mois avant qu’elle ne revienne précisément dans cette salle, elle avait d’ailleurs complètement oublié ce qui s’était passé et c’est parce qu’elle avait particulièrement mal aux jambes qu’elle s’était assise pour se reposer. Redécouvrant une fois de plus l’œuvre devant elle, elle avait petit à petit oublié qu’elle était si tendue et fatiguée, et comme la première fois, elle s’était retrouvée dans ce couloir au fond duquel brillait une unique ampoule. Se souvenant aussitôt de son expérience précédente sa main était allée chercher une seconde bulle de verre au fond de son sac pour la fixer près de la première. Un soupir puis elle était revenue sur la banquette, un autre personnage avait retrouvé le sourire et la regardait.
    Ainsi s’écoulèrent les années. A chaque visite il semblait qu’elle était un peu plus consciente de ce qu’il allait se passer si elle venait à s’asseoir sur ce qu’elle considérait comme sa banquette maintenant. Elle savait le vide qui l’habitait quand elle arrivait, l’épuisement, et la force qui émanait d’elle quand elle vissait une ampoule.
    Au fil du temps la structure se complétait et bientôt il ne resta plus qu’une seule place à combler. Elle le savait. Elle était prête. Elle n’avait pas attendu que l’épuisement la gagne pour venir, elle avait même acheté son ampoule et c’est devant les sourires de tous les protagonistes de son tableau qu’elle avait doucement fermé les yeux.
    Elle ne sut pas ce qui se passa lorsqu’elle eut fini de compléter la structure.

    Elle ne sut jamais ce qui lui donna la force de changer, de rompre avec la fatigue et le vide qui l’habitaient si souvent, sinon peut-être la puissance de ses rêves les plus fous et les matins où elle se réveillait après avoir passé la nuit dans un musée où elle vissait une ampoule au fond d’un mystérieux couloir.

    Retrouvez le texte sur mon blog :
    http://deslivresetunechambreasoi.fr/2020/09/20/bulle-2-atelier-377/

    • Cloud

      L’atmosphère mystérieuse est bien rendue. Il y a de la magie dans ce texte que je trouve métaphorique.

    • Photonanie

      Une atmosphère envoûtante, mystérieuse mais où on se sent bien. L’histoire d’un cheminement vers la lumière.

    • Laurence Délis

      Très beau texte captivant ! J’aime particulièrement l’ambiance chargée de symboles.

    • janickmm

      Le mystère est à son comble et j’y retrouve un peu l’ambiance de certains musées.

    • rizzie2

      Très sympa cette ambiance musée, lumière, personnage de tableau prenant vie, progression des ampoules allumées… et en plus ça finit bien !

  8. rizzie2

    Ravie de retrouver les Bric à books !
    Auxquels je livre quelques..

    Réflexions sur les couloirs.

    Un couloir c’est toujours une impasse, un cul-de-sac.
    Au mieux, ça ouvre sur un balcon ou sur une terrasse
    Au pire ça ouvre sur rien
    Voire sur la mort, si c’est vraiment pas le bon couloir,
    ou la survie, si c’est un couloir humanitaire.

    Entre nous, le couloir a mauvaise presse,
    on a tous entendu parler de bruits de couloir.
    Au Japon, il n’y en a plus, des bruits de couloir
    parce qu’on a supprimé les couloirs,
    on les a remplacés par des cloisons mobiles,
    on a le bruit sans les couloirs.

    Les couloirs c’est la version architecturale
    des zones étroites et glauques de nos névroses,
    les dépotoirs de nos psychoses morbides.
    Ou comment le psy fait un vrai boulot de technicien de surface.

    Au tennis, quand c’est dans le couloir, c’est pas bon.
    A la montagne, un couloir d’escalade qui devient
    un couloir d’avalanche, c’est encore pire.
    De vous à moi, on peut dire que tout ce qui se fait dans le couloir
    est très déprécié, c’est l’acte manqué par excellence.

    Donc, gardons à l’esprit que le couloir est à l’homme
    ce que la galerie est à la taupe : un lieu de passage.
    En l’occurrence, circulez, jeune fille, il n’y a rien à voir !

    • Terjit

      Quelle maîtrise !

    • Cécile C

      Rizzie2, fallait y penser ! Original

    • Céline

      Excellent choix !!! Bravo pour l’originalité !!!

    • Cloud

      Ce texte est fort, assez sombre. C’est vraiment bien écrit. Bravo.

    • marinadedhistoires

      Whaou ! Superbe, Rizzie, cette étude poétique des couloirs est fort bien vue !!

    • Photonanie

      Magnifique analyse des types de couloirs qui ne sont effectivement que des lieux de passage au final, même le couloir de la mort aux USA 🙁

    • Laurence Délis

      J’ai particulièrement aimé les dernières lignes. C’est à la fois évident et flippant ! Car dans tout lieu de passage, il y a bien plus à voir que ce que l’on pourrait croire 🙂

    • janickmm

      Une belle analyse de ces longs corridors qui ont pratiquement disparu des habitations, bel écrit

    • Manue

      Très joliment tourné !

      • rizzie2

        merci de m’avoir lue !

    • lemexicainjaune

      Joli ! Original et bien tourné

  9. Kroum

    Mon moussaillon,

    Ça y est ! Ta « formation » est terminée !
    Bâtie sur une solide éducation que nous t’avons donnée ta mère et moi sur notre navire familial, et après ces nombreuses années d’apprentissage sur d’autres mers, dans d’autres bateaux, te voilà enfin prête à construire ta propre embarcation.
    Quand je te vois avec ton balluchon sur l’épaule droite, je suis ravi de voir que tu n’es pas trop chargée ma chérie ! Tu sais, en mer, mieux vaut voyager léger surtout de nos jours où elles sont souvent agitées ! Tu possèdes toi les Essentiels : l’amour inconditionnel qu’on t’a donné, formidable rempart dans la vie, une authenticité dans ton relationnel avec les autres, indispensable avec cette nature qui aime le vrai et une bonne dose de lucidité, primordial dans un espace où tu surfes avec beaucoup d’inconnus !
    Tu auras des tempêtes à affronter, des icebergs à éviter, des vagues à gérer mais il y aura aussi des soirs de grand calme avec de formidables couchers de soleil que tu pourras admirer confortablement installée sur ton pont !
    Va mon enfant, vogue tranquille vers ton horizon ! Ton espace est encore vide mais les fondations sont bien là et solides ! En face une lumière chaude t’appelle, ton soleil, celui qui ne brille que pour toi ! Va à sa rencontre et de temps en temps n’oublie pas d’inviter ton vieux père pour un verre sur ton pont !

    A ma fille chérie, mon sang, mon double, le trésor de son papa

    • Terjit

      Très touché Kroum par ton texte bien sûr mais surtout par le papa que tu dois être ! Ta fille en a de la chance.

    • Cécile C

      Quelle belle déclaration d’un père à sa fille

    • Cloud

      C’est très touchant. Ce qu’un père n’ose pas dire explicitement à sa fille qui part, mais le pense très fort et l’écrit très bien.

    • Photonanie

      Une belle déclaration sur une éducation que nous avons appliquée également: donner à nos enfants des ailes pour qu’ils puissent voler seuls.

    • Laurence Délis

      C’est beau de tout l’amour d’un père pour sa fille. J’ai été particulièrement touchée de cet élan tendre qui pousse l’enfant à partir vivre sa vie sous le regard bienveillant de son père. Bravo Kroum

    • janickmm

      Belle lettre de recommandation emplie d’amour inconditionnel, « formidable rempart dans la vie… » entièrement d’accord avec toi !
      Essentiel.

    • Manue

      Tout est dit avec beaucoup d’amour. C’est difficile de laisser partir ses enfants et là ce papa dit les choses avec pudeur et sincérité.

    • rizzie2

      Si j’étais la fille, je ne partirais pas

    • marinadedhistoires

      Très attendrissant et charmant, Kroum

  10. Laurence Délis

    Ce matin, Lise s’est levée tôt et a rejoint « Le Centre » de son quartier. Il y a déjà foule devant. L’atmosphère tangue, entre fébrilité et avidité. Elle s’insère dans la file d’attente. Cette semaine, elle a obtenu le numéro 1301.
    L’attribution est toujours aléatoire et ne dépasse jamais 5000 par tranche de vingt-quatre heures.

    Difficile d’ignorer les silhouettes vêtues de noir, la pâleur des visages qui l’entourent. Tous logés à la même enseigne. Affamés du manque. Le corps vacillant de carence.
    Le monde sombre.

    L’absence. L’absence érode les âmes.

    Personne ne parle. Personne ne se regarde réellement non plus. L’attente est longue.

    Quand vient le tour de Lise, elle retient le temps en fermant les yeux. Juste une minute. Un espace dans lequel elle s’abandonne et épouse la lumière. Elle réinvente un monde sans ténèbres incessantes.
    Et puis ses pas la portent le long du couloir. Eblouie, elle avance. Happée par les couleurs chaudes, son corps se redresse, elle inspire de tout son être l’essence de lumière.
    Sa dose de jour.

    • Terjit

      Oppressant mais si bien écrit

    • Cécile C

      Laurence,
      Oh comme je ne voudrais pas ce monde-là 🙁

    • Cloud

      J’adore ce texte très bien écrit. Il nous fait pénétrer avec la jeune femme dans un monde angoissant. J’ai eu l’impression d’avoir le numéro 1302.

    • Photonanie

      Brr! J’espère que ce n’est pas prémonitoire, même si c’est bien écrit, au point qu’on y croit tout en le redoutant.

    • marinadedhistoires

      Pourvu qu’on n’en arrive jamais à un tel monde … Bravo pour ce texte angoissant.

    • janickmm

      Purée ! On est où ?
      Ça donne des frissons, ce manque, cette carence, qui rejoint ce sentiment étrange et inconnu de notre monde masqué, sans sourire, sans bouche glossée, tout en gestes barrière !

    • Manue

      J’adore, c’est sombre comme j’aime !!! Ton texte ressemble à la réalité presque jusqu’à la fin… J’espère que nous n’en arriverons jamais là…

    • rizzie2

      Très beau texte qui ménage le suspens jusqu’au bout !

  11. victor

    Et soudain la lumière fût. Le ciel se couvrit. Le sourire scarifia le visage. Les yeux s’emplirent de larmes chaudes. Le sac de tissu effleura le parquet avec fracas. Les lattes craquèrent en silence. Elle recula pour mieux s’avancer. Un tintement court, puis un bip long, suivi d’un silence bruyant.

    La langue s’agite dans la bouche sèche. La rondeur lumineuse brille plus faiblement, l’éblouit froidement. Un frisson la réchauffe. Elle secoue la tête. Au ralenti, une aiguille change de position, et revient à sa place initiale. Recule, puis avance. Aucun bruit, le silence se fait plus violent et la lumière plus forte. Un bras se lève, puis l’autre. Les pieds s’écartent. La peau se dévoile, se prête à la froideur de la chaleur qui emplifie l’obscurité de la pièce. Un cube de lumière. Des blessures s’ouvrent par la peau nue. L’esprit se déconstruit. La lumière de l’horloge se fait encore plus forte, aspire son corps. Elle cesse de respirer, pour revivre à nouveau.

    *****

    Il est parfois bon de rentrer à l’intérieur de soi-même. Meurtri, on fait tout à l’envers. On se déconstruit face à la lumière de lucidité, l’esprit vif et serein face à la lueur du temps qui passe. Cette introspection est importante. C’est une schyzophrénie digne d’un long-métrage de David Lynch. Pourtant, elle se produit tous les jours. On pense à soi à travers quelqu’un qui n’est pas nous : il est meilleur, elle est plus belle, il réussit, elle fait ce qu’elle veut. Il a raté sa vie, elle est blessée de vivre. Déshumanisation. Le réveil en nous est un choc, face à une horloge lumineuse de temps, dans une salle cubique, notre espace de vie.

    • Photonanie

      Une déshumanisation un peu effrayante je trouve quand le texte nous happe à son tour.

    • Laurence Délis