Je suis
la longue dame brune
élancée je me courbe
à droite
à gauche
je tends le cou
je me plie
me replie
me déplie
étire ma tête
jusqu’à terre
aussi bas que possible.
Je m’allonge
fais la révérence
la courbette
devant qui m’admire
et alors enfin
je relève le nez
pour humer
le parfum
de ma voisine.
Moi je ne sens rien
c’est là mon moindre défaut
mais j’ai la souplesse
et le record de longévité
en … vase.
Ces fichus tulipes qui ne savent pas se tenir dans un vase… Bien vu !
Cloud
sur 19 octobre 2020 à 21h11
Excellent. Beau travail ! Un joli jeu de texte et de surprise.
Terjit
sur 23 octobre 2020 à 13h06
Très bonne idée de nous emmener sur une fausse piste jusqu’au bout. Un texte très doux, simplement beau. Merci
Cloud
sur 18 octobre 2020 à 17h15
– Cassandra ! A table !
– Oui, Maman, j’arrive !
Cassandra a vingt ans aujourd’hui. Dotée de facultés extraordinaires, elle voit l’avenir avec une exactitude redoutable. Elle perçoit la grande catastrophe qui s’approche de ses contemporains et en souffre cruellement. Ce n’est pas faute de les avertir, mais personne ne la croit. Seules des railleries répondent à ses propos.
Enfermée dans sa chambre, Cassandra réfléchit. Ce soir, elle doute de ses pouvoirs et de leurs effets.
«Si mes présages sont exacts, à quoi bon étendre ma détresse à autrui puisque le malheur que je leur prévois est inéluctable ? Quoiqu’ils fassent, ils n’échapperont pas au funeste déterminisme.
De plus, je réalise aujourd’hui que nul, jusqu’à ce jour, n’a prévu le futur avec exactitude. Pourquoi en aurai-je le privilège ? Mes visions ne sont peut-être que le fruit de mon imagination et de mon esprit sensible, une extrapolation tragique d’un climat anxiogène ambiant ? Un tel égarement de mon inconscient risque alors de répandre chez les humains une angoisse collective stérile. Dans l’incertitude, il est préférable que je laisse libre cours à l’espérance, au rêve, voire à l’illusion. Désormais, je n’afficherai autour de moi qu’une mise en garde raisonnable : celle d’un scénario dramatique possible. Libre à chacun d’agir comme il le pense.».
Cassandra descend l’escalier cossu de la maison familiale. Elle ouvre la porte de la salle à manger. Autour de la table décorée, une douzaine de personnes l’accueille dans un éclat de rire. Un calicot peinturluré affiche : «Bon anniversaire Cassandra !».
Sa mère l’embrasse la première et lui glisse dans l’oreille : «Vingt ans, tu te rends compte ? Tu as encore toute la vie devant toi !».
Bien vu ! on se retrouverait bien dans cette tête de 20 ans !
Terjit
sur 23 octobre 2020 à 23h29
J’aime beaucoup la chute qui redonne espoir après s’être laissé embarqué dans la tête de Cassandra. bravo Cloud
Terjit
sur 18 octobre 2020 à 18h31
Ils étaient tous là, la larme à l’œil plus ou moins sincère. Les miennes l’étaient-elles ? Je ne sais pas, ça dépend des moments, ça change souvent, j’ai toujours eu le larmoiement facile. Alors oui j’ai pleuré, parfois à contre temps, mais j’ai pleuré. Il le faut bien non ? Ca se fait dans les enterrements paraît-il. J’ai donné le change, qu’auraient-ils pensés si j’étais restée de marbre ? Je n’ai choqué personne, j’ai utilisé 4 mouchoirs en papier : un au funérarium, deux à l’église et un au cimetière. Si la réussite d’un enterrement se mesure en centilitres de larmes je pense avoir été dans une bonne moyenne. Ils sont contents tous ces gens que je connais à peine, ils me l’ont d’ailleurs dit au moment des condoléances. « Nous savons que c’est dur », « Ma pauvre comme je suis triste pour vous », « Il va falloir être forte » et plein d’autres phrases creuses auxquelles personne ne croit. Mais ça se mesure aussi à ça le succès d’un enterrement : au nombre de gens qui viennent et font une gueule de circonstance alors qu’ils s’en foutent royalement. Ou alors ils pleurent de trouille d’être le prochain sur la liste.
Je suis certaine que demain à la boulangerie ou au café l’enterrement de Gérard, pardon… « de ce bon Gérard » va faire causer. Il y en a même deux ou trois qui vont s’extasier sur sa fille « qui a fait le déplacement de la Nouvelle-Zhollande, en avion ! » (comme si j’avais pu venir à la rame…), et qui ajouteront « la pauvre, elle n’a pas pu le voir pour lui dire au revoir, il est parti si vite ». Eh oui, c’est vrai, je ne l’ai pas vu de son vivant. Bien sûr j’aurais pu si j’avais pris un avion plus tôt, les derniers mails de l’EHPAD ne laissaient que peu d’espoir qu’il passe l’hiver. Je sais que c’est étrange d’avoir payé pour lui pendant deux ans, 4 mois et 17 jours. A raison de 150€ par jour je vous laisse faire le compte… tout ça parce que j’avais fait le serment à ma mère que je ne le laisserai pas dans un mouroir… En même temps je ne le regrette pas, c’était surement la meilleure façon de faire exactement l’inverse de ce qu’il a fait avec moi. Moi je tiens toujours mes promesses.
Alors oui je sais que c’est laid, mais il fallait que je vois les tonnes de terres qui allaient me débarrasser définitivement de cette enflure. J’aurais pu me contenter de sa face de rat verdâtre au funérarium mais ce n’était pas assez, il était encore trop présent pour ne plus être une menace. Le cercueil fermé était un pas de plus mais pas encore suffisant. Je n’ai pas quitté le trou des yeux jusqu’au dernier coup de pelle, que j’étais d’ailleurs prête à saisir pour lui en filer un bon coup s’il pointait le bout de son nez couperosé, mais il n’a pas osé. Maintenant je n’ai plus qu’à quitter la maison vide de mon enfance avec les trois papiers dont j’ai besoin pour la mairie et direction Wellington. J’allais oublier de cacheter l’enveloppe pour les pompes funèbres : « Tellement heureuse pour toi Papa : les vers adorent les pourritures, tu as enfin trouvé ta place. », je crois que ça va faire son petit effet comme épitaphe !
Ouch … cynisme et haine. On ne peut que se demander ce qui a pu la conduire sur ce chemin-là. Hyper noir, mais malheureusement réel, dans certains cas. En tout cas, ton écriture rend affreusement compte de sa colère.
Superbe texte parfaitement maîtrisé, Terjit. Plein d’intensité et de force. Bravo.
Terjit
sur 25 octobre 2020 à 10h36
J’avais écrit deux textes : un premier plein d’amour et l’autre de haine. J’ai hésité à mettre la haine en avant mais vos commentaires me confortent dans mon choix. Merci
Kroum
sur 18 octobre 2020 à 20h02
Il était arrivé hier soir avec un bouquet de tulipes noires.
En me les offrant devant Romain,
qui jouait dans le salon depuis le matin,
il a prononcé ces quelques mots :
« Faut qu’on parle avant le dodo ! ».
Il a claqué une bise à l’enfant sans un mot.
Il est allé se changer là-haut.
J’ai donné à manger à Romain,
puis lui ai fait prendre son bain
avant de le mettre au lit après un gros câlin.
On s’est retrouvé dans le salon encombré.
On s’est installé au milieu des jouets
et il a parlé…
Un flot de paroles en continu…
De tout ce que j’ai retenu :
« sa liberté… il étouffait… il nous aimait mais ça ne pouvait plus durer…
Avec Romain, il ne savait pas gérer… Il n’était pas préparé…
Il avait besoin de plus d’insouciance et de légèreté…
Avec nous il se sentait enchaîné… »
Le mot « liberté », à chaque fois, revenait.
Il s’est excusé.
Il était fatigué.
Mon silence le gênait.
Il préférait aller se coucher.
Le lendemain matin,
très tôt, avant le réveil de Romain,
il me retrouva dans la cuisine, réveillée.
Il se plaignait d’avoir l’autre nuit beaucoup bougé
et m’a demandé si ça m’avait gêné.
Sans attendre ma réponse, il se servit un café
puis se dirigea vers la terrasse pour fumer.
Il avait posé sa valise près de la porte d’entrée.
Il revint 5 minutes après,
posa sa tasse dans l’évier
et dans mon dos me demanda si j’avais quelque chose à ajouter.
Dix longues minutes s’écoulèrent.
On pouvait entendre les anges passer… Avant, ça pouvait nous plaire
car on en profitait pour se dévorer des yeux.
Mais là, il n’a rien trouvé de mieux
que me demander si l’autisme de Romain ne m’était pas contagieux !
Il a ensuite pris ses affaires,
en prenant soin de déposer un chèque devant moi sur la table du déjeuner,
« sa part du mois pour l’éducation de Romain » a-t-il murmuré,
puis il s’en alla sans se retourner.
Au moment où il referma la porte d’entrée,
des pleurs me parvinrent aux oreilles. Notre enfant était en train de se réveiller.
CaroLine
sur 19 octobre 2020 à 13h20
Waouh, c’est un texte très prenant je me voyait presque assise à table étant spectatrice de cette fuite. Bravo.
Un texte sombre, les vers libres sont là pour minimiser le contenu, comme un air de ritournelle ou de comptine qui voudrait amoindrir la dureté du texte.
Dans le fauteuil à grand dossier,
Le corps glacé emmailloté dans un châle noir,
Elle a les yeux d’une poupée déconnectée,
Le cœur trop plein de vide,
La raideur mutique d’un marbre,
L’indifférence supposée d’une reine.
Tellement racrapotée à l’intérieur d’elle-même
qu’elle est indiscernable.
Mais l’abat-jour se penche vers elle,
A la façon d’une silhouette maternelle.
Sous la chaleur lumineuse
Ses pupilles se ressaisissent,
Sa pensée se recontacte au monde.
Elle redécouvre l’univers de son enfance,
Le papier peint en treillage de maille losange,
Les tableaux flamands,
La table de pierre blanche,
Et les tulipes vivantes.
Alors la femme assise se lève.
Attendre que le soleil réchauffe, même trop fort.
Attendre que l’herbe verte soit sèche pour y mettre les pieds nus.
Attendre que les jours rallongent.
Gabrielle dénoue ses mains, lève doucement son bras et dénoue ses cheveux, se penche en avant les secouent un peu pour les ébouriffer tout en dénouant les lacets de ses bottines.
Il est 19 heures.
L’horloge vient de sonner, le carillon l’a fait tressauter, ses pensées sombres s’échappent, un déclic vient de la faire réagir.
Se bouger !
Brûler les étapes.
Aller de l’avant
Aller à contre-courant
Marcher en sens inverse
Voler à tire d’ailes
Ne plus attendre. Qui ? Quoi ?
Rien, ni personne.
Sortir, pieds nus sur l’asphalte mouillé, les cheveux au vent, les bras grand ouverts et hurler à la vie, chanter à tue-tête « que c’est beau, c’est beau la vie …
Tout ce qui tremble et palpite
Tout ce qui lutte et se bat
Tout ce que j’ai cru trop vite
A jamais perdu pour moi …
Que c’est beau ! C’est beau la vie ! (Jean Ferrat) »
Peut-on mourir d’enseigner…
Un « ding « retentit dans le bureau silencieux, pareil à un gong sur le ring de boxe marquant la fin du combat.
C’est un mail, encore, le cent trente-huitième depuis ce matin.
Je suis excédée. J’ai du travail de correction sur les copies de cette semaine.
Je perds mon temps avec ces balivernes mais je reste attentive à ne pas passer à côté du mail d’un élève en détresse.
Plus que leur professeur, je suis souvent la confidente pour ces petites âmes en devenir. Je les sais perdus, influençables, prêts à faire les mauvais choix .
Le sujet de cette semaine : la laïcité. Je sais que c’est un sujet d’actualité mais qui reste sensible pour certains. Les mélanges de cultures, de religions, d’éducation, loin de créer une richesse bâti parfois des murailles.
Aussi, en accord avec le principal, je décide de ne rien imposer. Le cours et le devoir associé sont facultatifs et ne rentreront pas dans le calcul de la moyenne.
Mon travail est terminé, la clarté a diminué dans le bureau, seules les lampes maintiennent un semblant d’activité, dans la pièce voisine les enfants sont prêts et m’attendent pour le dîner. Je décide d’ouvrir quand même ce message..
Je reste pétrifiée d’effroi, figée, sidérée par sa lecture. Après les avertissements , une menace de mort. Les mots « blasphèmes » « fatwa » « mécréante » me terrifient. Je sens que c’est sérieux et j’ai soudain très peur.
Pourtant demain j’irai au collège…
Le courage et la responsabilité de ce professeur se lisent sur chaque ligne, c’est une prise de conscience
Titounette
sur 19 octobre 2020 à 18h53
Ce n’est que le fruit de mon imagination mais j’ai aimé me mettre dans la peau d’un prof menacé . Est-ce que Samuel Patyna ressenti ça, on ne le saura jamais
Cloud
sur 19 octobre 2020 à 21h27
On ne peut qu’être touché par ton texte. Ecrit dans l’émotion de cette actualité dramatique, il n’en est que plus fort. Bel hommage aux enseignants tellement éprouvés.
Joli rebond sur l’actualité et une description très réaliste d’un métier jadis prestigieux et qui devient de plus en plus difficile à exercer librement.
Terjit
sur 25 octobre 2020 à 9h57
Au-delà de l’actualité sinistre, ton texte ne peut que toucher tous ceux qui se sentent concernés par le « vivre ensemble ». Je crois qu’on ne dit pas assez combien les enseignants ont un rôle essentiel dans notre société en tempête et combien ils sont parfois seuls face à l’obscurantisme. Ton texte est essentiel, merci de l’avoir partagé.
Aujourd’hui, il m’a offert un bouquet. Des tulipes.
Je n’avais que ce vase ordinaire, alors je les ai mises dedans. Je n’ai pas su bien les disposer, j’ai tellement peu l’habitude de recevoir des fleurs…
Il y en a trois rouges et trois jaunes, avec un peu de gypsophile pour habiller le bouquet, pour qu’il paraisse plus gros…
Les tulipes se font belles sous l’abat-jour comme des starlettes sous un projecteur, elles s’épanouissent à vue d’œil depuis six heures que je les observe, et que moi, je dépéris.
C’était à midi ce dimanche, il est rentré du marché avec un rôti, des carottes, quelques clémentines et ces fleurs. Il a dit : « Pour toi, ma chérie » et puis il est allé ranger les courses dans la cuisine. Quand il est revenu au salon, je cherchais le vase tubulaire dans l’armoire. Il était planqué tout au fond, derrière le service en porcelaine de notre mariage et les verres en cristal de sa mère qu’on ne sort qu’à Noël. C’est tellement rare qu’on m’offre des fleurs…
J’ai sorti le vase et il m’a dit : « J’ai oublié d’acheter le pain, je reviens tout de suite » Il avait un drôle d’air… l’air de se demander s’il jouait suffisamment bien la comédie ; mais ça, je m’en rends compte seulement maintenant, après mes six heures d’observation de ces satanées tulipes. Sur le coup, j’ai simplement dit : « D’accord, chéri, je mets le rôti et les carottes dans la cocotte en t’attendant » Lui, il a répondu : « Parfait, à tout de suite »
Maintenant, cela fait plus de douze heures que je fixe ces stupides tulipes dans leur vase tubulaire, et je pense à un autre bouquet, un bouquet de trente-six roses rouges qui n’a pas besoin de gypsophile pour paraître plus gros…ce bouquet de trente-six roses rouges que mon mari est en train d’offrir à une autre.
… donc il faut bien compter le nombre de fleurs qu’on vous offre pour ne pas rater de message… Reste à espérer que ce pauvre type se fera plaquer par sa nouvelle copine et que la fille de la photo partagera le rôti avec des voisins sympas !
J’étais tombée par hasard sur cette ancienne photo en noir et blanc en triant de vieux papiers jetés dans une boîte à chaussures. Une bouffée de nostalgie m’envahit à ce moment, c’était si vieux tout ça.
J’avais dix-sept, dix-huit ans à peine et c’était mon premier rendez-vous.
Tu m’avais invitée au restaurant pour fêter la Saint-Valentin et j’étais intimidée en t’attendant. J’aurais préféré que tu viennes me chercher chez moi et que nous entrions ensemble dans la grande salle mais je ne sais plus pourquoi tu avais souhaité que nous nous retrouvions sur place.
Un serveur condescendant m’avait emmenée vers la table où se trouvait un petit carton noir marqué « Réservé ».
Je ne savais comment me donner une contenance et tout ce qui me venait à l’esprit en regardant les pauvres tulipes dans leur vase c’était que dès demain, ou après au plus tard, elles se courberaient vers le bas.
Mais là elles étaient droites et raides, comme moi, assise sur le bord de la chaise, mal à l’aise et guettant nerveusement tous les mouvements de la porte d’entrée.
Le serveur m’avait proposé un apéritif que j’avais évidemment refusé. Mes parents m’avaient fait tellement de recommandations pour cette première sortie sans eux…
Tu étais enfin arrivé, l’appareil photo en main comme presque toujours et c’est toi qui avait immortalisé sur le papier mon attitude de petite fille un peu perdue, ne se sentant pas tout à fait à sa place.
Je ne me souviens plus de la suite ni de ce que nous avions mangé et bu mais tu m’avais raccompagnée en me tenant par les épaules. Je suis certaine que si tu m’avais à nouveau photographiée après ton baiser devant la porte, la photo aurait été riche en couleurs.
Bonsoir.. je me lance
Je suis
la longue dame brune
élancée je me courbe
à droite
à gauche
je tends le cou
je me plie
me replie
me déplie
étire ma tête
jusqu’à terre
aussi bas que possible.
Je m’allonge
fais la révérence
la courbette
devant qui m’admire
et alors enfin
je relève le nez
pour humer
le parfum
de ma voisine.
Moi je ne sens rien
c’est là mon moindre défaut
mais j’ai la souplesse
et le record de longévité
en … vase.
Comme c’est joli, Miss Marple
Très jolie chute !
Très bien vu ! J’aime quand l’auteur joue avec son lecteur, lui fait ressentir de la surprise. Bravo. Parce qu’en plus le texte est beau en lui-même.
Très joli texte, je ne m’attendais pas du tout à cette chute.
C’est frais, étincelant, rythmé, j’aime beaucoup !
Très jolie cette personnification, j’aime beaucoup.
Jolie vie de fleur, exprimée tout en nuances et de suspens, jusqu’au dernier mot
Très beau…et la chute inattendue ! Bravo
Ces fichus tulipes qui ne savent pas se tenir dans un vase… Bien vu !
Excellent. Beau travail ! Un joli jeu de texte et de surprise.
Très bonne idée de nous emmener sur une fausse piste jusqu’au bout. Un texte très doux, simplement beau. Merci
– Cassandra ! A table !
– Oui, Maman, j’arrive !
Cassandra a vingt ans aujourd’hui. Dotée de facultés extraordinaires, elle voit l’avenir avec une exactitude redoutable. Elle perçoit la grande catastrophe qui s’approche de ses contemporains et en souffre cruellement. Ce n’est pas faute de les avertir, mais personne ne la croit. Seules des railleries répondent à ses propos.
Enfermée dans sa chambre, Cassandra réfléchit. Ce soir, elle doute de ses pouvoirs et de leurs effets.
«Si mes présages sont exacts, à quoi bon étendre ma détresse à autrui puisque le malheur que je leur prévois est inéluctable ? Quoiqu’ils fassent, ils n’échapperont pas au funeste déterminisme.
De plus, je réalise aujourd’hui que nul, jusqu’à ce jour, n’a prévu le futur avec exactitude. Pourquoi en aurai-je le privilège ? Mes visions ne sont peut-être que le fruit de mon imagination et de mon esprit sensible, une extrapolation tragique d’un climat anxiogène ambiant ? Un tel égarement de mon inconscient risque alors de répandre chez les humains une angoisse collective stérile. Dans l’incertitude, il est préférable que je laisse libre cours à l’espérance, au rêve, voire à l’illusion. Désormais, je n’afficherai autour de moi qu’une mise en garde raisonnable : celle d’un scénario dramatique possible. Libre à chacun d’agir comme il le pense.».
Cassandra descend l’escalier cossu de la maison familiale. Elle ouvre la porte de la salle à manger. Autour de la table décorée, une douzaine de personnes l’accueille dans un éclat de rire. Un calicot peinturluré affiche : «Bon anniversaire Cassandra !».
Sa mère l’embrasse la première et lui glisse dans l’oreille : «Vingt ans, tu te rends compte ? Tu as encore toute la vie devant toi !».
Ah, Cassandre ou Cassandra, un mythe très bien revisité avec ton texte !
L’insouciance de la jeunesse … un mythe, oui ! 😉
C’est vrai qu’elle a un petit air de Greta Thunberg….bien vu, belle histoire et une chute originale.
Ah Cassandre et ses pouvoirs…bien actualisés.
Un beau texte, une belle réflexion qui donnent à réfléchir
Le texte est plaisant. On se laisse embarquer par Cassandra.
Climat anxiogène , angoisse collective…non ! Laissons une place à l’espérance
Bien vu ! on se retrouverait bien dans cette tête de 20 ans !
J’aime beaucoup la chute qui redonne espoir après s’être laissé embarqué dans la tête de Cassandra. bravo Cloud
Ils étaient tous là, la larme à l’œil plus ou moins sincère. Les miennes l’étaient-elles ? Je ne sais pas, ça dépend des moments, ça change souvent, j’ai toujours eu le larmoiement facile. Alors oui j’ai pleuré, parfois à contre temps, mais j’ai pleuré. Il le faut bien non ? Ca se fait dans les enterrements paraît-il. J’ai donné le change, qu’auraient-ils pensés si j’étais restée de marbre ? Je n’ai choqué personne, j’ai utilisé 4 mouchoirs en papier : un au funérarium, deux à l’église et un au cimetière. Si la réussite d’un enterrement se mesure en centilitres de larmes je pense avoir été dans une bonne moyenne. Ils sont contents tous ces gens que je connais à peine, ils me l’ont d’ailleurs dit au moment des condoléances. « Nous savons que c’est dur », « Ma pauvre comme je suis triste pour vous », « Il va falloir être forte » et plein d’autres phrases creuses auxquelles personne ne croit. Mais ça se mesure aussi à ça le succès d’un enterrement : au nombre de gens qui viennent et font une gueule de circonstance alors qu’ils s’en foutent royalement. Ou alors ils pleurent de trouille d’être le prochain sur la liste.
Je suis certaine que demain à la boulangerie ou au café l’enterrement de Gérard, pardon… « de ce bon Gérard » va faire causer. Il y en a même deux ou trois qui vont s’extasier sur sa fille « qui a fait le déplacement de la Nouvelle-Zhollande, en avion ! » (comme si j’avais pu venir à la rame…), et qui ajouteront « la pauvre, elle n’a pas pu le voir pour lui dire au revoir, il est parti si vite ». Eh oui, c’est vrai, je ne l’ai pas vu de son vivant. Bien sûr j’aurais pu si j’avais pris un avion plus tôt, les derniers mails de l’EHPAD ne laissaient que peu d’espoir qu’il passe l’hiver. Je sais que c’est étrange d’avoir payé pour lui pendant deux ans, 4 mois et 17 jours. A raison de 150€ par jour je vous laisse faire le compte… tout ça parce que j’avais fait le serment à ma mère que je ne le laisserai pas dans un mouroir… En même temps je ne le regrette pas, c’était surement la meilleure façon de faire exactement l’inverse de ce qu’il a fait avec moi. Moi je tiens toujours mes promesses.
Alors oui je sais que c’est laid, mais il fallait que je vois les tonnes de terres qui allaient me débarrasser définitivement de cette enflure. J’aurais pu me contenter de sa face de rat verdâtre au funérarium mais ce n’était pas assez, il était encore trop présent pour ne plus être une menace. Le cercueil fermé était un pas de plus mais pas encore suffisant. Je n’ai pas quitté le trou des yeux jusqu’au dernier coup de pelle, que j’étais d’ailleurs prête à saisir pour lui en filer un bon coup s’il pointait le bout de son nez couperosé, mais il n’a pas osé. Maintenant je n’ai plus qu’à quitter la maison vide de mon enfance avec les trois papiers dont j’ai besoin pour la mairie et direction Wellington. J’allais oublier de cacheter l’enveloppe pour les pompes funèbres : « Tellement heureuse pour toi Papa : les vers adorent les pourritures, tu as enfin trouvé ta place. », je crois que ça va faire son petit effet comme épitaphe !
Whaou ! Quelle haine bien décrite, on imagine l’enfance désastreuse de cette jeune fille auprès de ce père monstrueux.
Un texte glaçant qui nous laisse bien imaginer ce qui a pu arriver à cette jeune femme durant son enfance.
Ouch … cynisme et haine. On ne peut que se demander ce qui a pu la conduire sur ce chemin-là. Hyper noir, mais malheureusement réel, dans certains cas. En tout cas, ton écriture rend affreusement compte de sa colère.
Le texte remue, nous incite à nous poser des questions, car il reste dans le flou. C’est un très bon texte, Laurent.
Quelle haine intériorisée si bien décrite. Bravo!
Un énorme gâchis !
Très fine description, bravo !
Superbe texte parfaitement maîtrisé, Terjit. Plein d’intensité et de force. Bravo.
J’avais écrit deux textes : un premier plein d’amour et l’autre de haine. J’ai hésité à mettre la haine en avant mais vos commentaires me confortent dans mon choix. Merci
Il était arrivé hier soir avec un bouquet de tulipes noires.
En me les offrant devant Romain,
qui jouait dans le salon depuis le matin,
il a prononcé ces quelques mots :
« Faut qu’on parle avant le dodo ! ».
Il a claqué une bise à l’enfant sans un mot.
Il est allé se changer là-haut.
J’ai donné à manger à Romain,
puis lui ai fait prendre son bain
avant de le mettre au lit après un gros câlin.
On s’est retrouvé dans le salon encombré.
On s’est installé au milieu des jouets
et il a parlé…
Un flot de paroles en continu…
De tout ce que j’ai retenu :
« sa liberté… il étouffait… il nous aimait mais ça ne pouvait plus durer…
Avec Romain, il ne savait pas gérer… Il n’était pas préparé…
Il avait besoin de plus d’insouciance et de légèreté…
Avec nous il se sentait enchaîné… »
Le mot « liberté », à chaque fois, revenait.
Il s’est excusé.
Il était fatigué.
Mon silence le gênait.
Il préférait aller se coucher.
Le lendemain matin,
très tôt, avant le réveil de Romain,
il me retrouva dans la cuisine, réveillée.
Il se plaignait d’avoir l’autre nuit beaucoup bougé
et m’a demandé si ça m’avait gêné.
Sans attendre ma réponse, il se servit un café
puis se dirigea vers la terrasse pour fumer.
Il avait posé sa valise près de la porte d’entrée.
Il revint 5 minutes après,
posa sa tasse dans l’évier
et dans mon dos me demanda si j’avais quelque chose à ajouter.
Dix longues minutes s’écoulèrent.
On pouvait entendre les anges passer… Avant, ça pouvait nous plaire
car on en profitait pour se dévorer des yeux.
Mais là, il n’a rien trouvé de mieux
que me demander si l’autisme de Romain ne m’était pas contagieux !
Il a ensuite pris ses affaires,
en prenant soin de déposer un chèque devant moi sur la table du déjeuner,
« sa part du mois pour l’éducation de Romain » a-t-il murmuré,
puis il s’en alla sans se retourner.
Au moment où il referma la porte d’entrée,
des pleurs me parvinrent aux oreilles. Notre enfant était en train de se réveiller.
Waouh, c’est un texte très prenant je me voyait presque assise à table étant spectatrice de cette fuite. Bravo.
Un texte sombre, les vers libres sont là pour minimiser le contenu, comme un air de ritournelle ou de comptine qui voudrait amoindrir la dureté du texte.
Ce texte me touche particulièrement parce qu’une collègue a vécu ce drame, elle était alors enceinte de leur deuxième enfant…
Quelle lâcheté!
Un texte fort, un instant de vie difficile, percutant !
Le rythme des phrases courtes est comme l’écho du malheur.
J’aime beaucoup. Le rythme est haletant, l’histoire aussi. On est à l’intérieur du drame.
Quelle histoire ! le courage silencieux d’un côté, la lâcheté de l’autre…situation délicatement amenée avec des silences des pauses…superbe
Quelle puissance cachée derrière une forme agréable. Scotché par ce texte. Merci kroum
Dans le fauteuil à grand dossier,
Le corps glacé emmailloté dans un châle noir,
Elle a les yeux d’une poupée déconnectée,
Le cœur trop plein de vide,
La raideur mutique d’un marbre,
L’indifférence supposée d’une reine.
Tellement racrapotée à l’intérieur d’elle-même
qu’elle est indiscernable.
Mais l’abat-jour se penche vers elle,
A la façon d’une silhouette maternelle.
Sous la chaleur lumineuse
Ses pupilles se ressaisissent,
Sa pensée se recontacte au monde.
Elle redécouvre l’univers de son enfance,
Le papier peint en treillage de maille losange,
Les tableaux flamands,
La table de pierre blanche,
Et les tulipes vivantes.
Alors la femme assise se lève.
C’est magnifique, Rizzie ! J’ adore « l’indifférence supposée……… elle-même » et « l’abat-jour………..maternelle »
Très beau texte sur une renaissance, malgré tout.
Nuances de gris…du châle noir … à la pierre blanche…espoir, renouveau…Beau texte
Un moment d’égarement, de flou, et puis la réalité se redessine, la vie revient doucement.
Sous un angle différent j’ai eu envie de la faire bouger, aussi
oui, on a eu la même idée de la remuer un peu pour qu’elle aille mieux !
C’est très beau. C’est d’une touchante simplicité, avec la poésie d’un film de Bergman.
Très beau texte, Bravo
bonjour ! voici ma participation https://janickmm.wordpress.com/2020/10/18/cest-beau-la-vie/
Le mieux ? C’est d’attendre.
Attendre que le soleil réchauffe, même trop fort.
Attendre que l’herbe verte soit sèche pour y mettre les pieds nus.
Attendre que les jours rallongent.
Gabrielle dénoue ses mains, lève doucement son bras et dénoue ses cheveux, se penche en avant les secouent un peu pour les ébouriffer tout en dénouant les lacets de ses bottines.
Il est 19 heures.
L’horloge vient de sonner, le carillon l’a fait tressauter, ses pensées sombres s’échappent, un déclic vient de la faire réagir.
Se bouger !
Brûler les étapes.
Aller de l’avant
Aller à contre-courant
Marcher en sens inverse
Voler à tire d’ailes
Ne plus attendre. Qui ? Quoi ?
Rien, ni personne.
Sortir, pieds nus sur l’asphalte mouillé, les cheveux au vent, les bras grand ouverts et hurler à la vie, chanter à tue-tête « que c’est beau, c’est beau la vie …
Tout ce qui tremble et palpite
Tout ce qui lutte et se bat
Tout ce que j’ai cru trop vite
A jamais perdu pour moi …
Que c’est beau ! C’est beau la vie ! (Jean Ferrat) »
Attendre, non ! Vivre.
Hymne à la vivre ! Joli !
Elle dénoue ses cheveux, puis ses lacets pour finir par dénouer toute sa vie, enfin!
Que c’est beau…
Très beau… et plein de vie !
Une belle ode au moment présent. J’adhère…
vive la vie
Oh oui il faut vivre et ne pas attendre
Entre colère et tristesse, un modeste hommage
Peut-on mourir d’enseigner…
Un « ding « retentit dans le bureau silencieux, pareil à un gong sur le ring de boxe marquant la fin du combat.
C’est un mail, encore, le cent trente-huitième depuis ce matin.
Je suis excédée. J’ai du travail de correction sur les copies de cette semaine.
Je perds mon temps avec ces balivernes mais je reste attentive à ne pas passer à côté du mail d’un élève en détresse.
Plus que leur professeur, je suis souvent la confidente pour ces petites âmes en devenir. Je les sais perdus, influençables, prêts à faire les mauvais choix .
Le sujet de cette semaine : la laïcité. Je sais que c’est un sujet d’actualité mais qui reste sensible pour certains. Les mélanges de cultures, de religions, d’éducation, loin de créer une richesse bâti parfois des murailles.
Aussi, en accord avec le principal, je décide de ne rien imposer. Le cours et le devoir associé sont facultatifs et ne rentreront pas dans le calcul de la moyenne.
Mon travail est terminé, la clarté a diminué dans le bureau, seules les lampes maintiennent un semblant d’activité, dans la pièce voisine les enfants sont prêts et m’attendent pour le dîner. Je décide d’ouvrir quand même ce message..
Je reste pétrifiée d’effroi, figée, sidérée par sa lecture. Après les avertissements , une menace de mort. Les mots « blasphèmes » « fatwa » « mécréante » me terrifient. Je sens que c’est sérieux et j’ai soudain très peur.
Pourtant demain j’irai au collège…
Un beau texte sur le dilemme et le courage des professeurs
Merci !
Merci, Marie.
Mon message ne s’est pas enregistré…je suis tellement admirative de votre travail d’éducation auprès de nos jeunes !
Je trouve que c’est un bel hommage.
Merci, .et pourtant il n’y avait plus de mot devant une telle barbarie
En plein dans l’actualité brûlante. Encore et toujours résister au nom de la liberté!
Je n’arrive pas à réaliser que c’est arrivé chez nous, en France !
La cruauté à l’état pur
Le courage et la responsabilité de ce professeur se lisent sur chaque ligne, c’est une prise de conscience
Ce n’est que le fruit de mon imagination mais j’ai aimé me mettre dans la peau d’un prof menacé . Est-ce que Samuel Patyna ressenti ça, on ne le saura jamais
On ne peut qu’être touché par ton texte. Ecrit dans l’émotion de cette actualité dramatique, il n’en est que plus fort. Bel hommage aux enseignants tellement éprouvés.
Joli rebond sur l’actualité et une description très réaliste d’un métier jadis prestigieux et qui devient de plus en plus difficile à exercer librement.
Au-delà de l’actualité sinistre, ton texte ne peut que toucher tous ceux qui se sentent concernés par le « vivre ensemble ». Je crois qu’on ne dit pas assez combien les enseignants ont un rôle essentiel dans notre société en tempête et combien ils sont parfois seuls face à l’obscurantisme. Ton texte est essentiel, merci de l’avoir partagé.
Bonjour à tous ! Mon texte est à retrouver ici https://marinadedhistoires.wordpress.com/2020/10/19/le-bouquet/ ou ci dessous
LE BOUQUET
Aujourd’hui, il m’a offert un bouquet. Des tulipes.
Je n’avais que ce vase ordinaire, alors je les ai mises dedans. Je n’ai pas su bien les disposer, j’ai tellement peu l’habitude de recevoir des fleurs…
Il y en a trois rouges et trois jaunes, avec un peu de gypsophile pour habiller le bouquet, pour qu’il paraisse plus gros…
Les tulipes se font belles sous l’abat-jour comme des starlettes sous un projecteur, elles s’épanouissent à vue d’œil depuis six heures que je les observe, et que moi, je dépéris.
C’était à midi ce dimanche, il est rentré du marché avec un rôti, des carottes, quelques clémentines et ces fleurs. Il a dit : « Pour toi, ma chérie » et puis il est allé ranger les courses dans la cuisine. Quand il est revenu au salon, je cherchais le vase tubulaire dans l’armoire. Il était planqué tout au fond, derrière le service en porcelaine de notre mariage et les verres en cristal de sa mère qu’on ne sort qu’à Noël. C’est tellement rare qu’on m’offre des fleurs…
J’ai sorti le vase et il m’a dit : « J’ai oublié d’acheter le pain, je reviens tout de suite » Il avait un drôle d’air… l’air de se demander s’il jouait suffisamment bien la comédie ; mais ça, je m’en rends compte seulement maintenant, après mes six heures d’observation de ces satanées tulipes. Sur le coup, j’ai simplement dit : « D’accord, chéri, je mets le rôti et les carottes dans la cocotte en t’attendant » Lui, il a répondu : « Parfait, à tout de suite »
Maintenant, cela fait plus de douze heures que je fixe ces stupides tulipes dans leur vase tubulaire, et je pense à un autre bouquet, un bouquet de trente-six roses rouges qui n’a pas besoin de gypsophile pour paraître plus gros…ce bouquet de trente-six roses rouges que mon mari est en train d’offrir à une autre.
Chouette texte ! Je me demande juste… pourquoi 36 ?
Merci Jacotte ! Parce que 36 roses rouges c’est pour avouer son amour.
Ah boooon ? J’en ai peut-être reçu 36, mais pas en même temps 🙂
😉
Très joli texte.
Oh le mufle! Il aurait au moins pu acheter les deux mêmes bouquets!
Il n’avait pas le même message pour les deux femmes !
Ah ah ! quelle histoire…les fleurs c’est périssable…
Et oui ! Merci pour ta lecture !
Un lâche, un drôle de type mais qui nous donne un beau texte !
Merci Janick
Quelle tristesse sous jacente dans ce beau texte.
Alors que l’hiver arrive, je me disais « vivement la saison des tulipes «
En fait …non
Merci Titounette, espérons que la saison des tulipes soit plus gaie pour la plupart d’entre nous que pour cette pauvre femme …
… donc il faut bien compter le nombre de fleurs qu’on vous offre pour ne pas rater de message… Reste à espérer que ce pauvre type se fera plaquer par sa nouvelle copine et que la fille de la photo partagera le rôti avec des voisins sympas !
Oui, il faut bien compter, ha ha ha !
Joli texte à l’humour grinçant. J’aime beaucoup. Je lui conseille de tomer amoureux de la fleuriste.
Merci Cloud
Très doux malgré la dureté de la situation. Très beau texte
Merci Terjit, ton commentaire me touche.
Bonjour tout le monde 🙂
Mon texte se trouve également sur https://photonanie.com/2020/10/18/brick-a-book-381/
J’étais tombée par hasard sur cette ancienne photo en noir et blanc en triant de vieux papiers jetés dans une boîte à chaussures. Une bouffée de nostalgie m’envahit à ce moment, c’était si vieux tout ça.
J’avais dix-sept, dix-huit ans à peine et c’était mon premier rendez-vous.
Tu m’avais invitée au restaurant pour fêter la Saint-Valentin et j’étais intimidée en t’attendant. J’aurais préféré que tu viennes me chercher chez moi et que nous entrions ensemble dans la grande salle mais je ne sais plus pourquoi tu avais souhaité que nous nous retrouvions sur place.
Un serveur condescendant m’avait emmenée vers la table où se trouvait un petit carton noir marqué « Réservé ».
Je ne savais comment me donner une contenance et tout ce qui me venait à l’esprit en regardant les pauvres tulipes dans leur vase c’était que dès demain, ou après au plus tard, elles se courberaient vers le bas.
Mais là elles étaient droites et raides, comme moi, assise sur le bord de la chaise, mal à l’aise et guettant nerveusement tous les mouvements de la porte d’entrée.
Le serveur m’avait proposé un apéritif que j’avais évidemment refusé. Mes parents m’avaient fait tellement de recommandations pour cette première sortie sans eux…
Tu étais enfin arrivé, l’appareil photo en main comme presque toujours et c’est toi qui avait immortalisé sur le papier mon attitude de petite fille un peu perdue, ne se sentant pas tout à fait à sa place.
Je ne me souviens plus de la suite ni de ce que nous avions mangé et bu mais tu m’avais raccompagnée en me tenant par les épaules. Je suis certaine que si tu m’avais à nouveau photographiée après ton baiser devant la porte, la photo aurait été riche en couleurs.
Une histoire d’amour très joliment racontée.
Merci CaroLine.
Sans doute un joli souvenir très bien mis en lignes. J’aime bien la comparaison entre la raideur de la jeune fille et celle des tulipes.
Merci rizzie. J’ai dû être un peu comme ça il y a…longtemps 😉
Que c’est frais. C’est adorable. Bravo pour ce texte romantique et fort bien rédigé.
Merci Cloud. Je trouvais à la jeune fille un air romantique un peu suranné…