Atelier d’écriture 349

par | 15 Nov 2019 | Atelier d’écriture | 185 commentaires

© The Joy Of Film

A lundi !

Pas de thématiques interdite ! Enjoy !

185 Commentaires

  1. soene

    Ca me rappelle mon époque !
    Trop occupée ce weekend, je souhaite une bonne écriture aux courageuses et fidèles
    Bises à toi, Leiloona

  2. janickmm

    Bonjour ! voici ma participation au 349ème atelier d’écriture https://janickmm.wordpress.com/2019/11/17/laffiche-publicitaire/ et en voici le texte ici

    L’affiche publicitaire

    Line, Rose, Aline et Rosemary s’empiffraient déjà depuis presque trois heures, de Vache qui rit, en riant, bien sûr, en gloussant même.

    L’excitation était à son comble ; Léon , l’inventeur du produit, surveillait les opérations de loin, en toute discrétion.

    D’abord le choix du casting avait été fastidieux et plusieurs portions de crème de gruyère fondue s’étaient évanouis dans l’estomac des plus audacieux.

    Mais ces quatre là, connaissaient leur affaire, ce produit les rendaient dingues, tout simplement. Toute l’équipe du tournage était sur place, mais voilà, Line et Rose étaient excitées comme des puces, elles enchaînaient les fous rires, les rigolades, se tâchaient, devaient changer de robes, s’essuyer les mains, faire semblant de manger, disaient qu’elles étaient écoeurées, enfin ça commençait à cafouiller sérieusement, et puis il faisait chaud, très chaud et le fromage fondait naturellement ainsi que les blocs de glace dans la glaciaire, et aussi la patience du chef opérateur.

    Bref ! ça périclitait sérieux ! C’est à ce moment qu’André à dit : Coupé !
    Excédé, il n’a pas vu le porte-monnaie d’Aline au premier plan : Il n’y a plus de pellicule, le budget va dépasser, Léon s’en contentera.

    Alors la photo a été « retouchée » ou tronquée, je ne m’en souviens plus, mais l’affiche est belle, tu ne trouves pas ?
    Oui, papy ! Mais pourquoi tu connais cette histoire ?
    J’étais journaliste à cette époque, je débutais et j’aimais aussi cette petite portion de fromage, alors l’affaire était pour moi, je m’étais bien débrouillé, tu ne trouves pas ?

    • Séverine Baaziz

      Bien vue, l’idée du fromage ! J’adore ! C’est pétillant, vivant, on y est dans ce shooting photo 😉

      • janickmm

        oui, il me semblait que la portion de fromage fondu et cette photo devait être à peu près de la même époque, cette idée a été instantannée, merci à toi

    • Kroum

      Super Janickmm cette idėe de fromage à partir de cette photo. Même le sac au premier plan a trouvé une place dans ton récit. Bravo !

      • janickmm

        Ah ! Même le sac, oui, je l’ai aperçu en dernier comme le chef’op ! merci à toi

      • janickmm

        Merci Laura, cette histoire a surgit très vite en voyant ces quatres personnes qui mangent ..

    • Photonanie

      Très bien trouvé, on s’y croirait 🙂

      • janickmm

        ah ! ah ! finalement je vais peut-être m’y remettre, à la vache qui rit, ça me donne envie !

    • Laurence Délis

      Petite portion de fromage pour éclat de rire ! 🙂 J’aime beaucoup ton idée de la publicité qui en résulte.

      • janickmm

        Merci Laurence, tout cela m’a paru évident, en tous les cas elles ont l’air de s’amuser !

    • Anne-Marie

      Très agréable plaisir de lecture, Janick. « La vache qui rit » : toute une époque…

      • janickmm

        eh ! oui ! et toujours le même goût finalement, le fromage du pique-nique lors des premiers congés payés !

    • Marlabis

      Je reconnais la fraîcheur dans ta manière d’écrire… Hello Janick !

      • janickmm

        Merci Marlabis, ce texte est venu à l’instant où j’ai vu la photo et hop ! on s’amuse ici, c’est la première chose qui compte, merci à toi

    • Nour

      Belle réclame ! Et puis les glaçons et surtout le porte monnaie, énorme ! Bien vu !

      • janickmm

        Merci Nour, cette photo valait plus d’un commentaire, plein de choses à dire et à écrire !

    • marinadedhistoires

      Ton texte est original, bravo pour cette idée d’affiche publicitaire et puis ça déborde de vie avec ces quatre coquinettes.

      • janickmm

        Merci Marina ! comment faire autrement, elles ont l’air de bien s’amuser.

  3. Bassetti clamens

    Bonjour,
    à l’heure..

    Une vieille photo,
    quatre jeunes femmes
    jeunes sans aucun doute
    mais déjà l’air vieux
    comme souvent dans les vieilles photos.

    Trois sourient
    une hésite à croquer
    la pomme ?
    Le gâteau aux pommes ?

    Elles arborent de fraîches tenues d’été,
    des orbes qui ont été repassées,
    pas de synthétique encore
    et des bas un peu épais pour la saison,
    des bas qui tire-bouchonnent
    et font des plis disgracieux.

    Mais elles s’en moquent
    toutes les quatre,
    profitent du moment présent,
    et elles ont bien raison,
    que leur réserve le lendemain
    nul ne le sait !

    Ont-elles bien conscience
    qu’elles ne choisiront sans doute
    pas leur futur,
    qu’il est déjà tout tracé
    un mari, des enfants,
    des petits bonheurs qu’à peine
    elle remarqueront
    tant les jours passeront vite,
    qu’elles s’oublieront entre
    petits tracas et grosses catastrophes.

    Qu’elles se retrouveront à soixante ans
    trop tard pour vivre la vie
    qu’elles avaient rêvée,
    car elles avaient rêvé,
    ces quatre jeunes femmes,
    souriant au photographe !

    Une vie idéale,
    tranquille , paisible,
    à l’opposé de celles de leurs mères et grand mères
    rester à la maison
    s’occuper des enfants
    qui bien sûr seront heureux,
    plus qu’elles,
    ils n’auront pas à se lever tôt,
    ils iront à l’école
    au lycée, même les filles
    et maman sera là à leur retour,
    le goûter sera prêt,
    pain beurre et chocolat
    ils seront au chaud
    elle sourira tout en préparant
    le repas pour le père
    qui rentrera du travail
    épuisé et sale,
    mais tendre et attentionné !!
    les efforts payent !

    Un rêve, quoi !
    Que s’est il passé ?
    Où était la peau de banane,
    Tout a dérapé, le rêve effondré,
    des murs élevés, hauts si hauts
    elles avaient pourtant bien rêvé
    le jour de la photo !

    • Séverine Baaziz

      Des stophes qui racontent à merveille combien le temps, les rêves, peuvent filer, nous échapper. Enfin.. En partie 😉

    • laura vanel-coytte

      être deux est déjà beaucoup
      je m’en rends compte encore plus cruellement aujourd’hui

    • Photonanie

      Les rêves qui s’étiolent au fil du temps, les espoirs qui s’éteignent, la vie qui passe sans ressembler à ce qu’on avait imaginé. Tout cela est bien décrit et nous entraîne dans l’histoire.

    • Marlabis

      Que vive l’insouciance de notre jeunesse ! Elle est primordiale !

    • janickmm

      Mais non … même après soixante ans il se passe des choses incroyables et extrêmement chouettes, et les rêves qui se réalisent font partie de ceux que l’on choisit.

    • marinadedhistoires

      Très joli, avec une observation fine de la photo et une extrapolation très intéressante de l’avenir de ces jeunes filles.

    • Nour

      Histoire bien amenée, qui coule dans ces mots comme le temps avec un reveil douloureux comme final.

  4. Séverine Baaziz

    (Bon dimanche soir, lundi, et semaine à tous !)

    La première fois que Betty Verleraine tomba malheureuse, tout le monde crut à une peine de cœur. C’était un jour de novembre, un jour de jardins pailletés de givre. Elle avait alors dix-neuf ans. L’âge des émotions qui font chavirer les jeunes filles, se dirent ses parents et ses sœurs. Les jours se suivirent et, avec eux, l’inquiétude grandissante. On avait beau lui offrir toute l’affection et l’attention du monde, rien n’y fit. Betty semblait se noyer dans d’invisibles méandres.
    On soupçonna la grippe, la méningite, la tuberculose et la poliomyélite. Le mauvais sort et l’empoisonnement.
    Sans pouvoir rien y faire, la tristesse continuait à envahir la jeune Betty, la clouant au fond de son lit, les larmes lourdes, les mots fuyants, les yeux perdus vers l’inconnu, la douleur intérieure muette et hurlante à la fois.
    Six mois passèrent ainsi.
    Et puis, un matin de printemps, parfumé de fleurs d’orangers, Betty tomba heureuse. Soudainement, sans prévenir. Elle se leva le sourire radieux et l’envie d’être belle. Belle comme le jour. Belle comme les filles de son âge. Une rage de vivre qui la métamorphosa en oiseau ivre de liberté. Ses sœurs explosèrent de bonheur. L’une s’empressa de la maquiller, l’autre de la coiffer, et la dernière de la parer de bijoux.
    Pour fêter ce rétablissement éclair, le soir même, elles allèrent au bal.
    Betty but plus que de raison. Dansa à en perdre l’équilibre. Rit et chanta sans timidité, elle qui pourtant était la plus réservée des quatre sœurs.
    Sous les regards étonnés de ses cadettes, elle fut aussi un brin légère. Passant de bras en bras, déposant quelques baisers faciles, et retroussant ses jupons pour un regard, un sourire. Mais qu’arrivait-il à Betty ? Sans plus tarder, les cadettes lui pressèrent le pas, il était temps de rentrer, de se reposer, de se calmer eurent-elles envie d’hurler.
    Un état d’incandescence qui dura près de six mois. Six mois d’inquiétude pour les proches de Betty, capable de tout et de n’importe quoi. Emprunter l’automobile parentale sachant à peine conduire, goûter à la marijuana avec de parfaits inconnus, offrir ses charmes au premier venu. La vie n’était plus qu’un jeu. Un jeu effréné et virevoltant. Un jeu qui fendait le cœur de toute une famille, ne reconnaissant plus la jeune fille autrefois douce et disciplinée.
    Jusqu’au jour où Betty retomba malheureuse.
    Puis, heureuse.
    Et malheureuse à nouveau.
    Un état plus que déstabilisant. C’était comme si Betty était triple. Jamais vraiment elle-même. Tantôt, elle n’était que la part noire de sa personnalité, tantôt la plus colorée, et quelquefois, rarement, fragilement, elle revenait à l’équilibre. Peut-être, son véritable moi.
    Aujourd’hui, Betty a 60 ans.
    Elle vit toujours au gré de ses deux saisons.
    Cette submergence d’ombres et de lumières que la médecine appelle dorénavant troubles bipolaires.

    • Kroum

      Quelle belle écriture Séverine Baaziz pour ce texte résumant cette terrible maladie. Bravo et merci.

      • Séverine Baaziz

        Merci, Kroum ! A sujet difficile, écriture tentée par la délicatesse…

    • laura vanel-coytte

      moi auusi, j’ai été légère
      et l’atterrissage est rude

      • Séverine Baaziz

        Que celui qui n’a jamais été léger jette la première pierre 😉

    • Photonanie

      Belle histoire de Betty qui oscille entre ombre et lumière…

    • Laurence Délis

      La perception de l’incompréhension des proches, tout en nuance, donne sa force au récit. c’est un très beau texte.

      • marinadedhistoires

        Comme c’est beau et bien raconté ! J’adore ton incipit, on est tout de suite dans l’histoire.

        • Séverine Baaziz

          Rhooo, merci Marinadedhistoires ! C’est vrai que j’ai une vraie faiblesse pour les incipits (et les chutes). Je me demande même, quelquefois, si je n’écris pas juste pour ça 😉

      • Séverine Baaziz

        Merci beaucoup, Laurence ! J’avais vraiment envie que le désarroi des proches soit ressenti…

    • Anne-Marie

      Sujet difficile mais admirablement traité. Bravo.

    • Marlabis

      Une version « édulcorée » de la bipolarité… Mais le récit est beau !

      • Séverine Baaziz

        C’est vrai que j’avais à coeur de ne pas trop assombrir le récit. Merci, Marlabis, pour ta lecture et ton retour !

    • janickmm

      Le sujet est bien maîtrisé, je pensais au début de la lecture à un conte contemporain, une sorte de « belle au bois dormant », mais non, tu maîtrises bien le sujet, et l’écriture est belle, bienveillante.

      • Séverine Baaziz

        Merci, Janickmm ! Vu le sujet difficile, je trouvais qu’un petit vernis façon conte le rendrait peut-être plus audible.

    • Nour

      Le texte est comme une onde, une oscillation, une fois la courbe monte, une fois elle descend en se répétant à l’infini…un trouble difficile à comprendre et à soigner, bel hommage en tous cas.

  5. Jen

    Belle semaine à tous!

    L’allégresse printanière comble l’incertitude.
    La puissance du rire appel à l’oubli,
    autorise l’interstice éphémère à la quiétude et la fuite du doute.

    Un moment,
    elles ne sont que joie, tendresse et communauté.
    Le plaisir des instants partagés à jamais inscrit en elles.
    Permettant de construire l’avenir,
    de pallier les aigreurs du journalier,
    les douleurs de certains matins.

    Les éclats résonnent et trompe la mélancolie,
    fabrique l’armure nécessaire à la survie
    Enveloppée par la puissance de la sororité,
    l’injuste est réparé grâce au regard bienveillant de celle qui sait,
    celle qui est autre mais égale.

    • Photonanie

      La belle amitié qui réchauffe et reste dans les mémoires, joli.

    • Anne-Marie

      Suis sous le charme du texte qui se lit comme un poème, musique des mots.

    • janickmm

      Le premier paragraphe nous indique que le reste du texte sera aussi beau et nous ne sommes pas déçus. Je me suis régalée à la lecture de ce texte.

      • Jen

        Merci beaucoup pour vos commentaires très positifs. Avoir des retours sur les textes est encourageant et me pousse à écrire chaque semaine. Belle semaine!

        • janickmm

          Alors à la semaine prochaine !

    • Nour

      J’aime beaucoup ce texte car écrit avec beaucoup de finesse et la dernière partie est tout en images mais très résonnante.

    • marinadedhistoires

      J’adore « les aigreurs du journalier » , beau texte.

  6. Kroum

    Toute mon enfance et adolescence j’ai entendu ma mère vanter les bienfaits d’une société matriarcale. C’était son fer de lance avec comme crédo :

    « Vive les femmes
    et leur beauté d’âme !
    leur intelligence
    qui donne du sens !
    leur sensibilité
    alliée à leur extrême beauté !! »

    La preuve en est avec ce portrait !
    C’est ma famille,
    ma mère et ses filles…

    Mais ce que l’on ne voit pas,
    sur ce cliché limite sépia,
    c’est celui qui appuie sur le bouton,
    mon père, « le couillon »,
    comme ma mère aimait l’appeler
    « quand il la faisait chier ! ».

    Ce soir là, il s’est vengé.
    Après l’avoir amadouée,
    Il sema sa graine
    dans sa bedaine,
    pour me voir pointer le bout du nez,
    9 mois après.
    Moi, c’est Charles, et à son opposé,
    de mon sperme sont nés,
    4 garçons. Non mais !

    • Séverine Baaziz

      Ah ah ah ! Drôlissime que cette guerre des sexes. Merci Kroum !

    • Photonanie

      Ah la revanche des hommes est bien amenée 🙂
      Vive l’égalité!

    • Laurence Délis

      Très drôle Un texte combatif, jusqu’à la plus petite cellule ! 🙂

    • Anne-Marie

      Avec mon texte, la parité sera s’imposer, merci Kroum.

      • Anne-Marie

        Voilà que je bafouille, je voulais dire, la parité s’imposera.

    • Marlabis

      Excellent !

    • janickmm

      Oups ! Que se passe-t-il ? comme un sentiment de vengeance, de déterminisme et puis ce mot « couillon » que moi aussi petite j’entendais à chaque fin de phrase, méridional et plein de charme pour qui sait le prononcer :  » té ! couillon va ! »

    • marinadedhistoires

      Hi, hi hi, très drôle, le » couillon » aura quand-même triomphé !

    • Nour

      Bel hommage à la gente féminine ! Pareil 3 garçons 🙂 mais sans la photos, car mes parents ont alterné fille/garçon avec une parité presque exemplaire x 7 🙂 🙂

  7. Anne-Marie

    Croquer la vie

    Elles souriaient toutes à l’objectif, Suzan, Kate, Emily, Ashley, mes quatre sœurs. Seul mâle d’une fratrie de cinq, je devais assurer… Après la naissance de leurs trois premières filles, mon père n’espérait plus un garçon. Il nourrissait de grands espoirs pour moi. A contrario, il ne se préoccupait que peu de l’avenir de ses filles. Quand Ashley pointa le bout de son nez, au grand dam de ma mère, il s’esclaffa : « encore une fille ! ».

    Mum, elle, bien que femme au foyer espérait changer le cours des choses. En avance sur son temps, elle s’était promis de faire de ses filles des femmes libres. Libres de faire des études ou pas, libres de choisir un métier, un compagnon, de se marier, d’avoir des enfants ou pas. A cette époque, l’éducation des filles se résumait à les élever au rang de futurs bonnes épouses. Pour ma mère, l’avenir de ses cinq enfants n’était pas négociable. C’est ainsi qu’elle imposa à son mari de scolariser ses cinq enfants sans distinction de genre. Il finit par accepter.

    Par une belle journée de juin, nous nous retrouvâmes à fêter la remise des diplômes de mes deux aînées, Suzan et Kate. Les mortiers avaient volé en tous sens. Mais, moi, le frère, le fils, j’avais raté mon année. Pas de doute, j’étais un doux rêveur et devrais affronter un jour ou l’autre les foudres paternelles. Je m’interprétais artiste. Les planches m’attendaient. C’était devenu une certitude. Mais, mon premier défi serait de ne jamais décevoir ma famille. Mon désir le plus cher : que mes sœurs portent le même regard sur moi que celui que je porte sur elle : un regard plein d’admiration. Vous, mes parents serez fières de vos enfants.

    Alors que mes sœurs s’imposeraient dans un monde d’hommes sans jamais baisser leur garde. Elles savaient que rien n’était jamais gagné. Les femmes avaient encore bien des domaines à conquérir. Moi, je peinais à m’affirmer. Elles m’aidèrent à concrétiser mes rêves de scène. Plus tard, malgré des résultats scolaires médiocres, j’oserai, sur leur impulsion, pousser la porte de la Royal Academy of Dramatic Art.

    Aujourd’hui, cette photo de mes quatre sœurs ravive le souvenir d’un jour plein de rires insouciants. Nous étions jeunes, heureux, les projets se bousculaient dans nos têtes. L’avenir était devant nous, prometteur. Quelle chance nous avons eu d’avoir des parents comme les nôtres ! Merci mum d’avoir été féministe avant l’heure, merci à toi, dad, d’avoir envers et contre toute attente combattu ces idées reçues d’un autre temps.

    • Photonanie

      Heureusement qu’il y a eu des pionniers de l’égalité des genres et c’est très bien narré dans cette histoire familiale.

    • marinadedhistoires

      Une famille harmonieuse pleine de bienveillance et d’entraide. Joli texte !

    • Marlabis

      Une famille qui pourrait faire rêver !

    • Laurence Délis

      Un récit tout en contraste et plein d’optimisme, ça me plait 🙂
      être libre d’être qui on veut, et faire ce que l’on aime : un combat de chaque instant et c’est toujours d’actualité !

    • Séverine Baaziz

      Ca sonne très authentique, même autobiographique, un des ingrédients, je trouve, d’un récit réussi 😉

      • Anne-Marie

        Un grand merci pour vos précieux commentaires bienveillants et très encourageants. Belle semaine à toutes et tous.

    • janickmm

      Un beau courrier qui j’espère rencontrera ses destinataires, afin qu’ils sachent.

    • Kroum

      En effet Anne-Marie, nos textes ont pris le même thème. J’ai beaucoup aimé ton angle d’écriture qui nous fait aimer tes personnages forts, sensibles et surtout unis. Merci à toi.

    • Nour

      Joli plébiscite pour le féminisme qui ne date évidement pas d’aujourd’hui.

  8. Terjit

    Un jeudi après-midi comme les autres, le quatuor magique assis sur l’herbe à regarder les garçons rivalisant de dribbles pour les impressionner. Au début elles rougissaient et riaient aux éclats quand l’une faisait des commentaires amusés sur la coupe de cheveux de l’un ou la moustache naissante d’un autre. Puis le temps passant les remarques se firent moins anodines, elles portaient plutôt sur les jambes musclées, les épaules larges, ou les fesses rebondies de l’un ou de l’autre. Le petit groupe de copines glissait calmement vers l’âge adulte.

    Monique était la seule à être fille unique, et ses parents rentrant tard, en fin d’après-midi elles se précipitaient chez elle pour écouter Salut les copains. Elles dansaient comme des damnées pendant deux heures, puis elles repartaient vers 19h15 en se jurant de recommencer la semaine suivante.

    Une semaine sur deux Elisabeth restait dormir, ses parents étaient amis depuis longtemps avec ceux de Monique. Le diner se passait toujours agréablement, la tisane traditionnelle mettait fin à la journée et il était l’heure de se coucher. Elles embrassaient les parents, passaient rapidement par la salle de bain se brosser les dents et disparaissaient dans la caverne de Monique. Enfin seules elles se déshabillaient sans précipitation, enfilaient leurs chemises de nuit, se glissaient sous les couvertures et papotaient encore un peu avant de s’endormir. C’était un moment calme et doux, la chaleur de l’autre avait un petit goût sensuel qui les faisaient agréablement frissonner.

    Un soir de printemps qui ressemblait à l’hiver la mère de Monique leur prépara une bouillotte bien chaude. Les deux amies se déshabillèrent bien plus vite que d’habitude et se précipitèrent sous les draps encore froids. Elles se blottirent l’une contre l’autre, face à face, en serrant la bouillotte entre leurs ventres. Elles avaient chacune glissé un bras sous la nuque de l’autre, l’autre bras frottait énergiquement le dos, et les pieds glacés s’entremêlaient pour faire monter plus vite la chaleur. Front contre front elles pouvaient l’une et l’autre sentir les respirations se faire de plus en plus profondes. Elles restèrent ainsi de longues minutes à se laisser envahir par une volupté nouvelle. Quand le lit fut réchauffé Monique repoussa la bouillotte vers le fond du lit. A l’aller sa main frôla la cuisse dénudée d’Elisabeth, au retour elle s’arrêta à mi-chemin au creux des reins. Ses lèvres franchirent les quelques centimètres qui les séparaient de celles d’Elisabeth, et y déposa le premier baiser de leur histoire d’amour restée longtemps secrète.

    Aujourd’hui le regard de la société a changé, elles peuvent vivre au grand jour, et même choisir les deux amies comme témoins ! Alors trêve de nostalgie devant cette photo, le Maire a d’autres mariages que le leur à célébrer : Yallah !!!

    • Photonanie

      La découverte de la sensualité et les premiers troubles, tout en douceur et en naturel, beaucoup de tendresse dans cet écrit.

    • Anne-Marie

      Tout en nuance et délicatesse, très belle histoire.

    • Marlabis

      J’aime beaucoup cette manière de passer de l’enfance à l’adolescence avec tous les émois qui l’accompagne… La regard qui change, les 1ères expériences… Vraiment agréable à lire !

    • Laurence Délis

      C’est un beau texte sensible, le fondement de l’amour au delà des dogmes. J’ai beaucoup aimé.

    • janickmm

      Très bien, cet écrit, c’est tout en bienveillance, en découverte de l’autre et de ses sentiments, de ses premières émotions, expériences, bravo ! agréable lecture

    • Kroum

      Tu as une jolie écriture très sensuelle. J’aime beauccoup, bravo terjit !

    • Nour

      Une très belle histoire de la vie quotidienne pleine de malice et surtout de vie !

  9. Marlabis

    Voici ma participation que vous pouvez retrouver ici.
    https://lesempreintesdutemps.wordpress.com/2019/11/18/atelier-decriture-349-bric-a-book

    Affaire classée

    C’est alors que je faisais du tri dans les archives de la sous-préfecture, que cette photo s’échappa d’un épais dossier. Derrière, il y avait inscrit 4 matricules et une date : 14 juillet 1935.

    Quatre matricules, quatre destins , quatre amies, les mains bientôt nouées par le crime.

    Ces quatre jeunes femmes avaient toutes été placées à la même période, à l’Orphelinat Mutualiste vers l’âge de 9/10 ans, pour la raison suivante : Situation dangereuse et malheureuse.

    Toutes les quatre avaient eu une enfance violentée et bafouée.

    A gauche sur la photo, on y voyait le Matricule 62530, Jeanne la Fatale, accusée du meurtre de sept jeunes hommes âgés de moins de 25 ans, qui avaient tous péri de mort lente par hémorragie suite à une castration. Jeanne avait une soif de vengeance contre tout ce qui portait pénis et qui avait tenté de la séduire. Il était stipulé que les sept victimes portaient un prénom identique, celui d’un oncle de Jeanne.

    Punis de la peine capitale, Jeanne fût guillotinée à l’aube du 17 novembre 1936.

    A sa gauche, Matricule 62629, se trouve Arlette la Muette. Elle aussi fût accusée de meurtre pour avoir empoisonné son maître d’apprentissage avec de l’arsenic. Elle avait ensuite découpé le corps de la victime pour le cuisiner et le servir en repas à son épouse.

    Il est écrit que la criminelle a été abattue le jour de son interpellation par les forces de l’ordre.

    Ensuite, vient le Matricule 62280, Hélène la Gangrène, accusée de meurtre et de « maricide ». Alors que son époux la forçait à se prostituer et que sa belle-mère l’incitait à s’alcooliser entre deux passes, Hélène, pour mettre fin à son calvaire, s’était immolée par le feu après avoir poignardé son compagnon. Trois personnes de la belle-famille périrent dans l’incendie en plus de la criminelle.

    Enfin, à gauche, Matricule 62836, Betty l’Ange Noir, infirmière de métier, accusée d’avoir empoisonné une trentaine de patients, toutes par injection létale de morphine. Ses motivations ? Elle scandait à tue-tête qu’elle était la fille de Satan !

    Elle aussi fût condamnée à mort et exécutée peu de temps avant sa sœur de cœur Jeanne.

    Pourtant, sur cette photo, le quidam moyen aurait reconnu quatre jeunes femmes épanouies et joyeuses, de futures bonnes épouses et futures bonnes mères…

    Pour les jurés, elles avaient tué à mains nues, utilisé la ruse et la séduction et ils avaient refusé de leur reconnaitre de quelconques troubles psychiatriques. D’ailleurs, cette photo était bien la preuve qu’elles se portaient bien !

    Médusée, je rangeais soigneusement la photo dans l’épais dossier que je classais définitivement.

    • Photonanie

      Brrr ça fait froid dans le dos cette histoire, comme quoi l’habit ne fait pas le moine 😉

      • Marlabis

        J’ai justement eu envie de contrecarrer cette photo où le plaisir et la sérénité nous éclaboussent trop facilement !

    • marinadedhistoires

      Horrifiant ! Bien plus de cadavres que dans mon texte 😉 C’est vrai que ces jeunes filles ont l’air à la fois candides et inquiétantes !

      • Marlabis

        j’avoue que j’ai chargé la barque !

    • janickmm

      Ben dis donc, Marlaguette (c’est toi ?), tout cela va un peu vite n’est-ce pas ? parce que Jeanne a été abusée par son oncle alors la peine capitale c’est un peu fort, cela ne se passerait plus de la même facon maintenant, et puis Hélène aussi, bon, pour les autres effectivement il y a un petit souci, j’avoue !

      • Marlabis

        Marlaguette / Marlabis repetita ! C’est encore moi ! Le retour !
        Pour mon texte, ce genre de procès de nos jours est déjà bien compliqué, même si on reconnait l’irresponsabilité plus facilement, et j’ai imaginé que dans les années 30, ce devait être encore pire… Femme et criminelle, je ne sais pas si on cherchait les circonstances atténuantes.

        • janickmm

          Suis contente de ton retour ! Bienvenue à l’atelier, et oui les procès à l’époque étaient bien vite expédiés c’est aussi ce que je voulais exprimer, à bientôt

    • Kroum

      Glaçant… inattendu comme thème à partir de ce cliché de visages enjoués. Bravo Marlabis !

    • Nour

      Ah ah ! très originale cette histoire de meurtrières en série, et leurs prénoms agrémentés d’un sens très évocateur qui contraste fort avec la photo. Ça fait froid dans le dos lorsqu’on est un homme…surtout Jeanne.

      • Marlabis

        Sourire…

  10. Manue Rêva

    Atelier 349

    Meg, Jo, Beth et Amy se détestaient. Mais elles n’avaient pas le choix, elles n’avaient jamais eu le choix d’ailleurs. Pour commencer, elles avaient été affublées de prénoms qui garantissaient au mieux un regard chaleureux et au pire moqueries en tout genre. Des années que cela durait. Insupportable. Ensuite, la vie s’était acharnée sur elles. Elles n’avaient pu quitter le giron familial pour étudier, faute de moyens financiers suffisants, elles avaient dû ensuite, toutes les quatre, rester dans la même petite ville nichée au fin fond des Etats Unis, célibataires et obligées d’habiter dans la même rue, celle où les loyers étaient les plus modiques. Et, comble de tout, les voilà posant ensemble pour le même photographe, un garçon qui ne payait pas de mine mais qui avait réussit l’exploit de les rencontrer à des moments différents et à les inviter à le rejoindre dans ce petit bois, espérant qu’au moins l’une d’elle viendrait à son rendez-vous. C’était bien le seul à ne pas savoir qui étaient les sœurs April.
    Meg l’avait rencontré en faisant ses courses, il avait eu la gentillesse de lui laisser le dernier paquet de céréales du rayon, et une chose en amenant une autre, il avait fini par lui demander si elle voulait bien le rejoindre pour le pique nique dominical qui se profilait. Présentement assise dans l’herbe, elle se demandait bien pourquoi elle avait accepté… il était laid et maintenant qu’elle portait ses lunettes, elle les avait oubliées en partant au drugstore l’autre jour, elle ne pouvait que constater l’ampleur du désastre.
    Jo elle l’avait croisé alors qu’elle rentrait dans son deux pièces miteux, elle hésitait, au pied des marches de son immeuble, entre rester encore à profiter du soleil quelques minutes ou entrer et devoir rester des heures à contempler l’affreux papier peint de sa chambre qu’elle n’avait pas les moyens de changer. La croyant perdue il l’avait abordée et de fil en aiguille l’avait invitée aussi, n’étant pas sûr que la fille rencontrée plus tôt viendrait réellement. Le pauvre n’avait jamais séduit qui que ce soit alors deux précautions valaient mieux qu’une.
    Amy ne voulait même plus le regarder, elle préférait manger et encore manger les délicieuses madeleines qu’il avait ramenées. Elle n’avait pas imaginé un instant que ce type qui l’avait invitée en deux minutes alors qu’elle lui vendait sa place de cinéma derrière la vitre de sa caisse aurait le culot d’inviter d’autres femmes, qui plus est, ses sœurs. Alors elle noyait son chagrin dans la nourriture.
    Ce que préférait ne plus faire Beth, elle avait trop grossi ces derniers temps et elle se contentait de sourire maintenant, de toutes ses dents, en émiettant discrètement le reste de son déjeuner. Elle se disait qu’il était peut-être sa seule chance de se marier alors elle comptait bien de pas rater sa chance. Il travaillait dans les mêmes bureaux qu’elle et lui était rentré dedans avec sa tasse de café l’avant veille au détour d’un couloir. Devant le désastre de sa robe tachée il n’avait pu faire autrement que de l’inviter elle aussi pour se faire pardonner.
    Sa surprise à lui avait été totale quand une à une ses quatre invitées étaient arrivées au point du rendez-vous, il n’avait su quoi dire et les avaient entrainées dans un recoin tapi de mousse fraiche pour déjeuner. Et ne sachant quoi faire une fois les maigres victuailles avalées, elles étaient quatre …. il avait sorti son appareil photo et immortalisait ce drôle de moment. Il ne savait laquelle choisir alors il usa toute sa pellicule. Puis, courageusement, prétextant une visite à une vieille tante dont il se souvenait maintenant, il les planta là, provisoirement, réfléchissant à quelle suite donner à tout cela.

    Personne en ville ne sut ce qui se passa ensuite réellement. Pourtant cette photo fut gardée précieusement par chaque sœur, et leurs enfants, elles en eurent chacune un, la regardent avec émotion en se disant que c’était là que tout avait commencé. Ils ignoraient qu’ils avaient le même père, leurs mères ayant vite déménagé aux quatre coins du pays, subitement, quelques mois après ce dimanche étonnant, sans jamais plus se parler.

    • Photonanie

      Je ne m’attendais pas du tout à la chute! Bien amené en tout cas.

    • Marlabis

      Houuuu ! Le vilain garçon !

    • janickmm

      Eh bien ! Un père, quatre soeurs et des cousins, drôle de famille, c’est trop fou !

    • Laurence Délis

      la ref aux quatre filles du Docteur March m’a bien fait sourire 😉

  11. Laurence Délis

    A gauche de l’objectif, se trouvent Irène et Marie et à droite Anne et Geneviève. Mes frangines.
    A la naissance d’Irène, si toute la famille espérait un garçon, moi j’ai été contente de savoir que j’allais avoir une sœur avec qui jouer. C’était un bébé calme qui souriait tout le temps et il était aisé de s’en occuper. J’aimais particulièrement les moments où je me retrouvais seule avez elle pendant qu’Anne et Geneviève étaient à l’école. Mais ça n’a pas duré longtemps parce que Marie a pointé son nez dix mois plus tard.

    Je n’ai pas réalisé de suite combien la fratrie allait être chamboulée avec sa venue. Ça s’est fait sans heurt, comme une évidence où chacune de mes sœurs a trouvé sa place. L’entente des aînées, la connivence des benjamines. Ça faisait rire mon père et si ma mère s’en abstenait, je voyais sa moue attendrie et sa fierté d’avoir des filles si complices. Moi, j’étais entre deux. Trop jeune pour mes sœurs aînées qui n’avaient guère envie de partager leurs jeux de « grandes » mais finalement pas si jeune que ça puisqu’il m’incombait de surveiller les benjamines afin de soulager maman qui peinait à recouvrer sa santé après sa dernière grossesse. J’étais spectatrice plus qu’actrice de cette fratrie, cherchant le fragile équilibre dans l’alignement de deux duos.

    Il m’aura fallu des années pour arriver à saisir cet équilibre ; des années d’instabilité avant de comprendre où me situer. Mais le jour où j’ai réalisé l’évidence de ma place, tout m’a paru plus grand, ouvert à une multitude de projets à venir. J’en ai même fait ma profession. Depuis des années maintenant je fige le temps et les gens. Mes photos font même le tour du monde.

    Pourtant à chaque été qui me ramène quelques jours près de mes sœurs, je sais que derrière mon objectif elles restent mon sujet préféré à immortaliser.

    • Photonanie

      Ah la famille et la complicité avec ses sœurs…que je me plaît à imaginer puisque je suis hélas fille unique.

      • Photonanie

        « plais » bien sûr!

    • Marlabis

      La place dans la fratrie… Tout un programme ! Et parfois, avec le temps, elle n’a plus lieu d’être, gommée par le temps et une solide complicité.

    • Kroum

      Pas évident cette position de milieu dans une fratrie mais ton personnage s’en sort bien. Merci Laurence delis

    • janickmm

      Ah ! La place du milieu, petite pour aller se coucher à 8h et grande pour faire la vaisselle, je connais, mais même avec le temps je suis toujours entre mes deux soeurs, et sert un peu de « coupe-feu », bien développé en tous les cas cette idée de fratrie

    • marinadedhistoires

      On ressent bien l’ambiance des familles nombreuses dans ton texte, ambiance que l’on capte parfois dans des reportages, ambiance assez fascinante quant on est comme moi enfant unique !

    • Nour

      Jolie peinture d’une famille, et de la place que chacun a ou cherche parmi la fratrie. Tout ceci avec une délicatesse propre à l’enfance, bravo !

  12. laura vanel-coytte

    Bonjour,

    Voilà ma participation en hommage à mon mari

    Sans toi, oui, mais entre filles?

    J’ai eu des meilleures amies mais ça a toujours foiré. Ce n’est pas le lieu ici de dire pourquoi.

    J’ai passé sept ans chez les bonnes sœurs, alors l’ambiance « filles », je connais.

    Alors, pour simplifier, je me suis tournée vers la gent masculine.

    Et puis, il y a eu toi, pendant  vingt-cinq ans; ça s’est terminé le 2 novembre 2019.

    Tu étais mon mari, mon amant, ma/mon meilleur(e) ami(e) etc.

    Alors forcément, le monde me paraît d’autant plus vide.

    Si j’avais des amies….?

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2019/11/18/mon-texte-inedit-sur-ce-blog-sans-toi-oui-mais-entre-filles-6191076.html

    Merci et bonne journée

    • Photonanie

      Très touchant Laura! Un moment que je redoute, bon courage à toi.

    • Séverine Baaziz

      Des confidences tout en murmures, et un bien bel hommage. Merci et courage, Laura.

      • laura vanel-coytte

        Merci
        Mon mari a prévu certaines choses parce qu’il était plus âgé que moi
        sans penser partir à 68 ans
        En tout cas, la douleur, elle, tombe dessus, sans qu’o puisse la préparer, elle
        Encore merci et bonne journée

    • Anne-Marie

      Un hommage bouleversant, Laura. J’aimerai pouvoir trouver les mots qui réconfortent.
      Courage, j’espère pouvoir te lire dans les prochains ateliers, bien sincèrement.

    • Laurence Délis

      Il n’y a pas plus douloureux que la perte de ceux qu’on aime… et le vide ressenti est immense, oui…
      Toutes mes pensées vous accompagnent, Laura.

    • janickmm

      C’est lorsque la douleur et la peine nous anéantient que les mots affluent, vivants, puissants, douce thérapie intime et solitaire. Douce pensée, Laura

    • marinadedhistoires

      Très émouvant, Laura. Courage à toi. L’écriture peut aider.

  13. marinadedhistoires

    Texte à retrouver ci-dessous ou chez moi:
    https://marinadedhistoires.wordpress.com/2019/11/18/rejouissance-forestiere/

    Réjouissance forestière

    Elles sont quatre amies et elles dévorent.
    Insouciantes du pourrissement des fougères
    Sur lesquelles elles sont installées,
    Elles pique-niquent avec avidité.

    Jambes étalées, jupes retroussées
    Délestées de leurs sacs, de leurs cahiers
    Fières de leur complicité
    Elles s’amusent, elles s’esclaffent.

    Leurs yeux se plissent, leurs pupilles flamboient
    Leurs rires grincent, détonnent, deviennent sorciers
    Elles se congratulent, se félicitent de l’avoir fait.
    « C’est vrai, il l’avait bien cherché ! »

    Sous les fougères, elles l’ont enterré
    Le prof de maths et son sale martinet
    Adieu les heures de colle et les zéros pointés
    Pour elles c’est jour de fête, elles l’ont bien mérité !

    MH

    • Photonanie

      Ma participation se trouve également chez moi sur https://photonanie.com/2019/11/17/brick-a-book-349/

      J’avais retiré cette photo du tas de vieux portraits retrouvés dans une boîte métallique après le décès de mes parents.

      Je me souvenais que, gamine, je ne comprenais pas que ma mère, qui me paraissait si vieille du haut de ses trente trois ans, ait pu être amie avec ces souriantes jeunes filles. Elle m’avait raconté que la photo avait été prise au lendemain de la guerre qui avait frappé si durement les Ardennes où elles vivaient. Les demoiselles avaient pris beaucoup de plaisir à poser pour cette photo où on les voyait déguster les chewing gum offerts par les Américains venus les libérer. C’était nouveau pour elles cette matière qu’on mâchait sans l’avaler pour ne pas « qu’elle reste collée partout dans le ventre ».

      La guerre, encore une abstraction pour une petite fille… qui écoutait, avec incompréhension, raconter les privations, la peur, le froid mordant les jambes colorées à la chicorée et les galoches à semelles de bois.

      Elle me parlait aussi de chacune d’entre elles: de Johanna partie au Mexique avec un soldat séduisant, de Jeanne et Joséphine, les deux sœurs célibataires qui vivaient toujours dans la maison de leurs parents et puis elle, à l’arrière. Elle regardait d’un air déjà méfiant ce qu’elle allait mettre en bouche. Cette habitude ne la quitterait jamais comme si le manque de tout durant presque cinq ans avait ancré cette nécessité de bien regarder, goûter, analyser ce qu’on mangeait pour en tirer un maximum de plaisir.

      Aujourd’hui c’est à mon tour et ce sont mes petits-enfants qui ne me reconnaissent pas sur les photos du passé. Quant à la guerre… Les nombreuses vues présentées sur le petit écran la font entrer quotidiennement dans notre vie mais ça se passe toujours ailleurs, loin de nous, sans la force émotionnelle du récit d’un proche qui l’a traversée dans sa jeunesse.

      • Anne-Marie

        Une belle plongée dans l’histoire, Photonanie, le mélange des temps, des époques, bien traduit. Belle journée.

        • Photonanie

          Merci Anne-Marie, Bonne soirée à toi

      • Séverine Baaziz

        Que c’est bien raconté ! Ça file comme une histoire familiale narrée au coin du feu. Merci, Photonanie !

        • Photonanie

          Merci pour ce commentaire agréable 🙂

      • Marlabis

        Ces photos nous servent de support pour la transmission de nos histoires du passé… Perso, j’adore me plonger dans les piles de vieilles photos qui nous plongent dans nos souvenirs, dans leurs souvenirs.

        • Photonanie

          Oui mais au fil du temps il n’y a plus que nous pour commenter ces vieilles photos qui n’intéressent que fort peu la jeunesse actuelle…

          • Marlabis

            Je crois juste qu’il faut trouver le bon moment, se poser et échanger… Nous avons tous besoin à un moment donné de notre vie de retrouver nos racines.

      • Kroum

        Une jolie histoire du passé très bien racontée. Ce parallèle avec le présent est un vrai plus qui vient conclure le récit. Comme j’aime te lire Photonanie, c’est fluide et captivant à la fois. Bravo Photonanie !

        • Photonanie

          Tu vas me faire rougir Kroum En général je me lance et l’histoire coule de mes doigts, naturellement, sans le stress de l’écran blanc 😉

      • Nour

        Joli texte où le passé se télescope au présent de bien douce manière malgré la guerre.

        • Photonanie

          Merci beaucoup Nour 🙂

    • Photonanie

      Je ne sais pas s’il est permis de rire mais c’est pourtant ce que j’ai fait en lisant la chute 😉

      • Photonanie

        Euh c’est mon commentaire sur le texte précédent en fait!!!

      • marinadedhistoires

        Si, si, tu peux rire à grande goulées comme les filles !!

    • Photonanie

      Je ne sais pas s’il est permis de rire mais c’est pourtant ce que j’ai fait en lisant la chute

      • Photonanie

        Bon, ben il ne veut pas se mettre plus haut 🙁

    • Séverine Baaziz

      Arrrrf, ce martinet, étendard de toute une époque 😉 Bien mené ! Bravo !

      • Photonanie

        Il me semble que les commentaires n’en font qu’à leur tête et vont où ils veulent 😀

    • Anne-Marie

      Sacré règlement de comptes, je n’aimais pas les maths et encore moins mon prof de 5ème, ton histoire me ravit.

    • Marlabis

      Naaaan !!!! Elles ont osé ??? L’avait-il vraiment mérité ?

      • marinadedhistoires

        Bah oui, un prof de maths avec un martinet, y a pas pire !! (Je plaisante évidemment) Merci pour ton commentaire Marlabis !

    • Kroum

      Un thème qui revient cette semaine mais chez toi j’ai beaucoup ri tellement tu as su exprimer l’air espiègle de ces filles du cliché. Bravo Marinadedhistoires !

    • janickmm

      C’est un joyeux pique-nique et on ignore le pire, du moins on y pense pas, la chute nous fait tomber de haut, merci à toi

    • Laurence Délis

      😀 ! j’adore ta chute ! Je ne l’ai pas vue venir et le choix du prof de math me rappelle combien je rêvais que le mien disparaisse ! 🙂

      • marinadedhistoires

        Moi aussi, celui du collège était horrible !!!!

    • rizzie2

      Mais où vas-tu chercher tout ça Marinadedhistoires ?

      • marinadedhistoires

        j’ai pris l’idée première qui me venait 😉

    • Nour

      Tranquillité, coquineries, amusements bien décrits qui nous mènent tout droit vers un sordide sort donnée à ce prof sans que pour autant on ressente une quelconque gêne comme si c’était normal et sans importance.

  14. rizzie2

    L’œil du père est collé au viseur de l’appareil-photo, il a fait les réglages et les blagues d’usage. On n’attend plus que la sortie du petit oiseau. Bon public, la brochette des mère, filles et sœurs, unanimement contentes, complices et coquettes, rit de bon cœur.
    On est loin du Déjeuner sur l’herbe de Manet et du salon des Refusés. Ce sont les années 60, c’est la sortie du dimanche et on va goûter sur le haut du talus d’une France embourgeoisée et stéréotypée. On découvre la société de consommation dont la clé est ce sac à main bien garni délibérément oublié au premier plan.
    Pourtant, la fille aînée, un peu en arrière, regarde son biscuit d’un drôle d’air. Elle le trouve fichtrement insipide le Choco BN, tout comme la rengaine des plaisanteries familiales. Et si c’était elle qui allait s’envoler ?

    • janickmm

      Ah ! ah ! C’est toute la magie de l’histoire, nous ne le saurons pas, mais c’est bien possible, bel écrit !

    • Laurence Délis

      Une description au plus près de l’ambiance que dégage la photo réussie !

    • Photonanie

      Les dimanches en famille si bien chantés par Lama…et racontés par toi!

      • rizzie2

        Merci Laurence Délis et Photonanie !

    • Rizzie2

      Merci Janickmm

    • marinadedhistoires

      J’aime beaucoup ce texte qui colle au plus près à la photo et dans lequel le symbole du sac à main est important.

      • rizzie2

        Merci de ton soutien Marinadedhistoires pour cette première tentative !

    • Nour

      Histoire courte mais originale avec une fin évocatrice de liberté futur…

  15. Plume47

    C’était la fête
    Quand je pique – niquais avec elles
    _ Huguette ! Huguette ! Huguette !
    Pas besoin d’assiettes ni de serviettes
    Rendez-vous habituel près de la balancelle.
    Elles étaient seules à m’appeler par mon prénom
    À l’école les quolibets étaient légion
    La binoclarde, ohé
    Tu n’y vois pas plus loin que le bout de ton nez ?
    Tu regardes par le p’tit bout de tes lorgnettes ?
    Il fait quel temps sur ta planète ?
    Eh, la miro
    Tu mets tes besicles pour la photo ?
    Quelquefois la maîtresse mettait le hola
    – On n’a rien fait M’dame
    Judas. ..

    La petite Huguette a bien grandi. C’est mon amie. L’an dernier elle est montée tout en haut du podium d’un concours de beauté qu’elle a remporté avec de jolies lunettes cerclées. ..

    • Séverine Baaziz

      Ca sonne bien ! Comme dans la cour de récré de mon enfance. Bravo, Plume47, un chouette texte !

      • Marlabis

        Le harcèlement… Thème d’actualité… Joliment raconté avec une belle revanche en dessert !

        • Plume47

          Merci Séverin e et Marlabis !

    • janickmm

      Ben voilà ! Une belle revanche ! Les enfants de cours primaires sont durs entre eux, sans pitié et avec un acharnement doté de méchanceté, une bonne lecture

    • Laurence Délis

      La revanche d’une fille à lunettes 🙂
      Joli texte, j’aime l’idée que la roue tourne et que celle qui se faisait huer soit aujourd’hui saluer.

    • Photonanie

      Une belle morale à cette histoire, j’aime bien.

    • Nour

      J’aime bien les rimes et surtout la revanche d’Hugette !

    • marinadedhistoires

      Belle revanche sur la vie et joli texte bien enlevé.

  16. Nour

    Les filles macarons

    Elisabeth entretien son sourire et son diabète
    Elle n’arrive pas à gérer sa diète
    Et devant un macaron
    Elle jouit, Elle fond

    Fanny la cadette, tout le temps elle ri
    Bouche ouverte, dents noircies
    Engluées de chocolat fondant
    Qu’elle utilise comme remontant

    Brigitte, elle, sagement elle profite
    Regard pudique baissé vers ses cuisse
    Convoitées par l’amie venue de Suisse
    A la recherche des racines de son clite

    Thérèse, coquine et libertine
    Arbore un sourire qui en dit long
    Long comme sa main balladeuse
    Furtive, vive et fouineuse

    C’est la vie des macarons !

    Inspiration : Atelier d’écriture 3489
    Photo : The joy of film

    Musique : « Falai miña amor », Dolce Rima https://www.youtube.com/watch?v=JwfDEpftlzs

    • Marlabis

      Voilà 4 personnalités bien différentes et joliment dépeintes ! Plaisant à lire tout ça ! Bravo !

      • Nour

        Merci Marlabis. J’ai failli pas oser et puis les instructions disaient « Pas de thématiques interdites », alors j’ai osé 🙂

    • Kroum

      Un texte coquin et gourmand à souhait et très bien rythmé. Il lui manque la musique. J’ai beaucoup aimé Nour, bravo à toi !

      • Nour

        Merci Kroum. Oui j’ai été vite en besogne, nous avons trop peu de temps pour peaufiner alors la musique proposée, pas terrible en effet, alors je corrige :
        Pour la musique : https://www.youtube.com/watch?v=UMZq1KSrcrE

        Et j’en profite pour corriger deux fautes d’orthographe grossières :

        Fanny la cadette, tout le temps elle rit

        Regard pudique posé sur ses cuisses

    • janickmm

      C’est malin ! Lorsque je dégusterais des macarons je penserais à ce joli texte coquin à souhait ! Plaisant, même ! Osons !

      • Nour

        Moi aussi, les macarons n’aurons plus jamais le même goût. Merci Janickmm

    • Laurence Délis

      Chez les filles macarons tout est bon à déguster 😉
      J’aime bien, ton texte est rythmé et colle super bien avec la photo !

      • Nour

        Merci Laurence Délis, en tous cas lorsque j’ai vu la photo j’ai tout de suite pensé à ça, de là à l’écrire…voilà.

    • Photonanie

      Coquin et gourmand, un peu comme moi en fait donc je valide 😉

      • Nour

        Content que ça te plaise aussi Photonanie, merci. B’hein oui elles ont toutes une mine réjouie et la troisième une mine discrètement coquine.

    • marinadedhistoires

      Super c’est quatre petits portraits !

      • Nour

        Merci MH. En fait l’inspiration à la base est venue d’une poésie apprise en cours d’espagnol au collège et intitulé Elena y Maria…et ça les décrit l’une et l’autre de manière pas aussi coquine mais bien rythmée et drôle.
        Pour le plaisir :

        A Elena y María les gusta …

        Elena y María son dos chicas trabajadoras, risueñas, muy guapas.
        A Elena le gusta la cocina y a María le gustan los niños.
        A Elena le gustan los hombres morenos y a María, los rubios.
        A Elena le gustan los bailes en la plaza y a María los paseos por la vega.

        A Elena le gustan los perros y a María, los gatos.
        A Elena le gusta el cordero asado y a María, la tortilla francesa.
        A Elena le gusta el café y a María, no.
        A Elena le gusta leer el periódico y a María, no

        a María le gusta leer novelas.
        Camilo José Cela (escritor español) Viaje a la Alcarría, 1948.

  17. janickmm

    Pour la musique c’est mieux, plus adapté, Ah ah ! merci à toi

    • Nour

      Pas évident de trouver une musique pour illustrer ça sans tomber dans le vulgaire.
      J’ai mis une version du texte un peu corrigée (fautes et une rime de plus) sur mon blog ici :
      https://poussieresdemots.blogspot.com/

  18. Céline

    Bonsoir, avec un grand retard (pour souci personnel), voici mon texte :

    À cette photo que l’on ne fera plus,
    À ces souvenirs que l’on ne fabriquera plus,
    À cette photo que l’on ne fera pas,
    À ces souvenirs que l’on ne fabriquera pas…

    Maman,
    Voilà déjà 6 ans que tu n’es plus là,
    À peine le double de l’âge de ta petite-fille
    Et pourtant déjà tant d’années…
    2 parents, 4 enfants et bientôt 5 petits-enfants…
    Mais tu nous manqueras à chaque fois…

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