Ca a l’air de rien, ce genre de moments.
Toujours un décalage entre la manière dont les choses se passent -un studio poussiéreux, une fin de journée rance, l’odeur de transpiration, les regards hostiles, les machines qui ronflent en expirant une chaleur lourde- et la manière dont elles seront retranscrites. Légendées.
Le fait est là. Ils n’avaient pas pu faire autrement, les événements s’étant précipités. Du coup on avait fait avec ce qu’on avait. Les moyens du bord, alors qu’ils étaient au bord du craquage. En fait on ne leur avait accordé que quelques heures d’audience avant que le silence ne tombe à jamais sur ce canal.
Faute de quoi ? De l’ambition, trop d’ambition sans doute, pas assez de prévision. Des frais inconsidérés, ces imprévus qui s’enchaînent. Les stars et leurs caprices. Telle bouteille de vin, telle suite d’hôtel, un costume hors de prix dans un décor inutile. Il avait fallu céder avec un sourire jaune.
La malchance aussi. “ Comptez sur nous, Barbara. C’est un beau projet, on y croit. On ne vous lâchera pas.” Tu parles. Combien de fois elle les avait entendues, ces fausses phrases rassurantes ? Au final, dès que le vent avait commencé à tourner, tous les soutiens, les amis, les connaissances s’étaient peu à peu évaporées à coups de prétextes fallacieux. Finalement l’amitié, c’est juste un élastique tendu. Tant que les deux le tiennent ça va. En revanche vaut mieux être courageux et le lâcher en premier.
Finalement elle était seule. Seule sur ce mauvais canapé, dardée par cette caméra hostile qui était le témoin muet de son échec. Elle qui avait fondé, seule, cette chaîne de télévision, il s’agissait désormais de la clôturer, dignement. C’est justement à cause de ce désir de dignité qu’elle n’avait pas voulu de décorum. Pas de costume, pas de bureau, pas de maquillage. Etre simple jusqu’au bout, dans ce monde qui se travestit de plus en plus. Il fallait y aller maintenant, mettre à mort dix ans de sa vie. Cesser de tourner autour du pot.
“ Mesdames et Messieurs, c’est avec un immense regret…”
J’ai toujours admiré le courage et la lâcheté. Sans eux, on fait nettement moins de pas. En avant ou en arrière. C’est pourquoi j’ai passé mon enfance à les chercher. Dans les recoins de ma chambre, sous les tapis, dans les placards et tiroirs de notre maison, sur les chemins de terre, sous mes jupes. Mais non, rien. Ou que ce soit, rien.
Au bout de quelques années, la mort dans l’âme, j’ai renoncé et décidé de vivre sans eux. Bien sûr, comme je m’y attendais, ma vie fut des plus mornes. Une fade succession de décisions impossibles à prendre, de paroles non prononcées, de menton qui ne fait ni oui ni non.
Heureusement, la providence fit irruption dans ma vie.
Je préparais le café pour mes parents, deux charmantes personnes, vraiment, mais qui, je le sentais bien, commençaient à s’agacer de voir leur fille cadette encore sous leur toit, à trente-deux ans.
Naturellement, cela me titillait de prendre mon envol, j’avais d’ailleurs les faveurs des deux plus beaux hommes du village, Jean et Louis, sauf qu’évidemment, il me devait d’avoir une préférence. Et là, une fois de plus, la chose me rendait folle.
J’en étais là de mes ruminations quand je fis tomber le pot de cure-dents.
Merci ! Mille mercis ! Je n’osais y croire. Enfin !
Sous mes yeux ébahis, les bâtonnets de bois écrivirent distinctement un prénom. Jean.
La providence ! La providence !
Deux mois plus tard, nous nous marièrent.
Des enfants ?
Mon petit jeu de Mikado répondit non.
Vivre à la campagne ou à la ville ?
La ville.
Une voiture ?
Non.
Une nouvelle coiffure ?
Non.
Une envie lubrique de Jean ?
Encore non.
C’est comme ça que je devins speakerine pour la télévision. Un jour, Jean s’en alla pour une autre femme, une femme qui, apparemment, disait plus souvent oui. Toujours est-il que je dus trouver du travail pour subvenir seule à mes besoins. J’étalai au sol les feuilles d’un journal spécialisé, lançai très haut les cure-dents et, attendis un centième de seconde le verdict. Pile, en piqué, sur l’annonce d’une présentatrice pour la chaîne Une. Très bien. Qu’il en soit ainsi.
Je fus embauchée.
Peut-être allez-vous me trouver impolie, mais je dois maintenant vous laisser.
Un besoin pressant.
La supérette ferme dans quelques minutes.
Je n’ai plus de cure-dents.
Céline
sur 20 janvier 2020 à 8h20
Excellent !!! Et oui pourquoi ne pas jouer son destin à coup de cure-dent
Merci, Céline ! J’avais envie de fantaisie, j’ai fait tomber un pot de cure-dents, je me suis rappelée que j’avais vraiment envie de lire L’homme-dé (un homme qui joue son destin aux dés) et voilà l’idée de ma petite scribouille 😉
Merci, Photonanie ! Un plaisir de faire rire ou sourire 😉
Cloud
sur 20 janvier 2020 à 9h40
J’aime beaucoup. Il y a quand même du courage à attendre la Providence pour décider les moments importants de sa vie. La chute du texte est géniale car elle met en exergue l’origine pragmatique de l’irrationnel… Bravo.
Merci beaucoup, Cloud ! Derrière l’humour, il y a aussi la vraie vie, j’avoue. Et cette question du courage et de la lâcheté qui, en ce moment, me taraude 😉
C’est excellent ! Mais j’adore ! le ton, le récit, l’idée, ses idées de pile ou face, sa façon de s’en remettre au destin, comme le fabuleux destin d’Amélie. J’ai beaucoup aimé ton texte, une parfaite adaptation à la photo, bravo !
Depuis son premier cri, sa voix fut pour elle sa meilleure alliée. Elle la choyait, la protégeait du froid, la travaillait, la mettait souvent sur le devant de la scène de sa vie. Elle aimait lire à voix haute, elle chantait beaucoup aussi et parlait plus que de raison. Chaque personne rencontrée sur son chemin entendait le son de sa voix à travers un salut, une attention ou une question.
Elle était sensuelle et entraînante avec lui quand elle lui murmurait des mots doux à l’oreille au début de leur histoire. Au fil des années de mariage, il voulut la mettre en sourdine ; la place de sa femme était aux fourneaux, de préférence dans le silence pour qu’il puisse lire son journal ou écouter la radio. Elle le comprit au bout de deux enfants et décida contre tous de quitter cette cage avec ses petiots sous le bras. Sa voix resta longtemps dans les graves pendant une longue période d’éducation de ces deux fils pas toujours très sages.
Mais une fois un rythme de croisière trouvé, sa voix devint vite engagée. Le droit de vote étant acquis, il restait encore plein d’autres chantiers à attaquer pour libérer la gente féminine. Sa voix savait porter avec élan toutes les idées de liberté. En plus d’être audible, le contenu en était tout aussi intéressant. On se déplaçait du pays entier pour venir l’interviewer et la filmer.
On la dénigrait aussi, on l’insultait souvent, on voulait salir sa réputation. Sa voix en tremblait pendant ses interventions.
Toute cette opposition eut raison de son découragement. Parfois, derrière certaines carapaces, il y a un cœur, qui, à force de se mettre au diapason d’une voix dans différents états, se fatigue plus que de raison. Et quand la voix décide d’en finir, il ne peut que s’allier à elle pour stopper ses battements irréguliers.
Et c’est ainsi, qu’un beau matin, au réveil de la maisonnée, un silence étrange se fit entendre de sa chambre. Sur sa table de chevet, un verre de Whisky vidé et à côté une boîte de barbituriques bien entamée. Elle semblait dormir d’un sommeil profond et apaisé. Mais maintenant que sa voix ne pouvait plus s’exprimer, elle avait laissé quelques mots sur un bout de papier pour s’expliquer : « Le chemin me semble sans fin. Je suis si fatiguée. Ne m’en voulez pas, je préfère me taire à jamais ».
Silence radio sur une voix … une vie, une voix … Il me semble que c’est le son de la voix d’une personne que l’on oublie le plus vite
Très beau texte … j’ai pensé à Rosa Parks
Kroum
sur 22 janvier 2020 à 20h09
Elle fut ma « muse » pour ce texte, c’est époustouflant comme tu l’aies reconnue entre mes lignes, merci 🙂
Pour Kroum : un itinéraire qui se termine dramatiquement, texte superbe.
Cloud
sur 20 janvier 2020 à 10h04
Beau texte dramatique. Ce pourrait être très triste si on oubliait qu’il restera quand même des traces sonores et visuelles de son engagement. Les grandes idées ont une vie plus longue que celle d’une femme ou d’un homme.
Un sérieux burn-out, qui mène à un point de non-retour, dommage on aurait aimé l’aider …
rizzie2
sur 20 janvier 2020 à 17h03
comme quoi les voix les plus fortes peuvent aussi être fragiles.
titounette
sur 20 janvier 2020 à 19h16
beau et triste
La voix est une vraie personne dans ton texte ! Bravo
Est-ce que tu as vu la série « speakerine « , on dirait que tu as écrit le scénario (hormis la fin)
Bel hommage à celles qui se sont battues
Kroum
sur 22 janvier 2020 à 20h12
Non titounette, je ne suis pas très télé mais demanderai à mes fils de me montrer cette série, ils sont scotchés à Netflix 🙂
Terjit
sur 25 janvier 2020 à 9h15
La voix pour résister, et pour laisser des traces quand on a tout dit. Bravo Kroum, magnifique texte !
Francoise Clamens
sur 19 janvier 2020 à 20h54
Bien entendu, bien compris, très beau texte. merci
Francoise Clamens
sur 19 janvier 2020 à 21h51
Bonne soirée, déjà entamée! Voici mon texte
L’œil tourne
tout tourne
ça tourne pas rond
dans ma petite tête.
Je regarde l’œil,
qui me regarde
Caïn ?
Abel ?
Qui suis-je ?
L’assassin ?
La victime ?
Qui ai-je été toute ma vie ?
Cette dame qui réagissait
à « on air » écrit en rouge,
celle qui regardait ou celle qu’on regardait ?
A qui ai-je souri
des heures durant
aux cameramen,
pantalons trop larges
ceinturés de cuir ?
Aux téléspectateurs
comme ils l’ont tous cru ?
NON, à moi !
À mon image lisse
tailleur sombre
escarpins fins
mise en plis de mamie
MOI !
Je souris à la petite fille
timide effacée ,
sage queue de cheval
et bandeau blanc,
pas un cheveu qui dépasse,
obéissant à tous
parents et enseignants,
qui sourit à la petite flamme
rougeoyante
rebelle
persistante
faible et puissante
dans mon cœur
dans mon âme,
au plus profond
de MOI
qui sourit….
Ça ne tourne pas rond
dans ma petite tête
Bonne semaine à tous et à toutes ! (je viens de me rendre compte que j’entame ma cinquième année dans cet atelier, presque un ancien à présent 😉 )
La douceur de la trompette d’Armstrong emplissait l’espace. Mike, lunettes vissées sur le crâne, commence à siffloter, songeur. Une douce atmosphère règne, dans le petit studio, en banlieue de la Nouvelle-Orléans. Quelques pas retentirent dans le studio, outrageusement éclairé par des dizaines d’ampoules, qui chauffaient la pièce, rendant le moment un peu plus hors du temps. C’était le caméraman, un jeune type toujours très propre, qui revenait de sa pause cigarette et préparait le matériel, avec application et concentration. Mike, après être resté un moment à écouter les cliquetis des boutons de l’appareil, retourna à ses occupations. Il relut le script et empoigna sa perche. Louis, malade ce jour-là, lui laissait la lourde tâche du son, en ce jour de tournage de l’épisode pilote de la prochaine saison de la série. Un truc un peu marrant, un peu niais, mais qui plaisait pas mal outre-Atlantique. Les producteurs avaient signé pour une troisième saison, dont le tournage officiel ne débuterait que dans quelques semaines. Mike, scénariste de métier, prenait très à coeur ce nouveau défi, lui, brillant auteur de cinéma dans le passé. Et igné son, à ses débuts. Il sourit en y repensant. Regard vers la fenêtre. La pluie ne cessait de tomber ces dernières heures, et cela ne tarderait pas à devenir de la neige. L’hiver arrivait à grands pas. Et avec lui, les fêtes de fin d’année. La famille. Sa famille. Mike détourna le regard à cette pensée, sentant l’émotion qui pouvait déborder à tout moment.
Le plateau vide n’attendait plus que l’actrice, la pétillante Margareth, qui brillait en ces lieux depuis deux saisons à présent. Sa bonne humeur et son sens de l’humour en faisaient un symbole de la quinquagénaire américaine parfaite. Qui se faisait attendre…
Klong, klong, klong. Le bruit des talons sur le sol. Le sourire sur les lèvres. Elle s’assoit et prend la pose, puis l’accessoire, un vieux livre romantique. Margareth. Quel bout de femme ! Alors Mike empoigne sa perche, et avec soin, la place au-dessus du décor. Amstrong se tait. La pluie se transforme en neige. Fin de la pause.
J’y étais dans la scène ! Bravo
Le film dans le film
Cloud
sur 20 janvier 2020 à 10h13
J’aime beaucoup. C’est un descriptif vraiment bien mené, comme dans un roman. Si je puis me permettre, j’aurais préféré tout au temps présent. On aurait envie de lire une suite. Bravo.
On ressent parfaitement l’ambiance dans laquelle tu nous plonges avec beaucoup de talent, super !
Terjit
sur 25 janvier 2020 à 9h20
Très réaliste, au point de vivre la scène à la place de Mike. Et intéressant de prendre le point de vue du caméraman. Bravo
Cloud
sur 19 janvier 2020 à 22h21
Journal de 20 heures.
Mesdames et messieurs, bonsoir.
Y a la guerre, les conflits,
Les violences, la chienlit.
Gilets jaunes agités
Cheminots irrités
Des PDG en fuite
Des princes anglais sans suite.
Les paysans se meurent
Pesticides et tumeurs
Au Yémen, c’est le drame
Aux antipodes, ça crame.
L’Iran et l’Amérique
Se pâment d’être colériques
Sans parler du Mali,
De l’Irak, la Lybie,…
(C’est fou tout ce qui peut se passer pendant que je suis assise tranquille face à la caméra)
Météo, c’est pas mieux
Un peu partout il pleut.
Le journal est maintenant terminé. Mesdames et messieurs, merci de l’avoir suivi. Maintenant place au cinéma. Ce soir : « Apocalypse Now ».
Quel tableau ! Même super sombre, il donne envie de rire, tellement les nouvelles sont insupportables, catastrophiques et enormes, mais vu par Notre Cloud, cela paraît un gros bobard, méfiez-vous ! Il n’en est rien ! Regardons le film pour nous distraire un peu !
Céline
sur 20 janvier 2020 à 17h35
Tellement d’actualité mais il nous appartient encore l’opportunité d’y remédier un peu
rizzie2
sur 20 janvier 2020 à 18h29
Et tout ça rime ! ça rime à quoi ?
titounette
sur 20 janvier 2020 à 19h25
je me suis surprise à chanter sur ton texte si bien rythmé pour finir par un éclat de rire sur le titre du film .
C’est tellement, mais tellement ça !!
Kroum
sur 22 janvier 2020 à 19h51
Terrible Cloud ! Et réussi !
Terjit
sur 25 janvier 2020 à 9h22
Très bien vu : le monde en 2 minutes, avec une chute qui fait sourire. Comme d’habitude : bravo Cloud !
rizzie2
sur 19 janvier 2020 à 22h39
– KUHT 1 News : première !
– Ça me fait penser que j’ai perdu ma première femme le jour de la première diffusion de la première chaîne télévisuelle française.
– Vous avez dû lui faire un enterrement de première classe.
– Pas du tout. C’est elle qui était en première classe dans le train bleu quand elle est partie avec le contrôleur. Je situe leurs premiers émois vers Dijon. Il a dû lui faire une première impression assez favorable mais c’était un radin de première, il l’a emmenée finir ses premiers ébats dans un hôtel Première Classe !
– Première nouvelle. Pour ma part, je suis premier violon. Je répète la première symphonie de Beethoven que je jouerai pour la première fois ce soir à la première de l’Opéra Garnier.
– Ah, Simone ! Elle était première dans une maison de couture. Toujours des vêtements de première main, des chaussures en cuir première… distinguée comme une première Dame !
– Pour fêter cette première rencontre, je vous invite à « La première fois », un restaurant de premier choix, les côtes premières sont comme ça !
– Le Champagne premier cru sera pour moi !
Merci pour le champagne, pas le premier de l’année ! Un écrit à la Devos, génial !
rizzie2
sur 20 janvier 2020 à 19h11
Trop gentil ! merci
Terjit
sur 25 janvier 2020 à 9h33
Si je ne me trompe pas, c’est la première fois que je te lis. Ton texte est amusant, plein de rebondissements, et parfaitement maîtrisé. Une réussite de première classe !
Il y a l’envers
Et il y a l’endroit
Il y a ce qui se voit
Et ce qui s’oublie
Le visible lumineux
Et l’invisible nécessaire
Il y a le masque joyeux
Et le sombre souffrant
Il y a au moins deux facettes dans une vie
Celle que l’on veut respectable
Et l’autre qui se roule au sol en invectivant le monde d’être ce qu’il est
Il y a celui qui dit,
Et l’autre qui crie
Celui qui lit
Et l’autre qui prie
Il y a l’envers
Et il y a l’endroit
Il y a ce qui se voit
Et ce qui s’oublie
Le visible lumineux
Et l’invisible nécessaire
Il y a le masque joyeux
Et le sombre souffrant
Il y a au moins deux facettes dans une vie
Celle que l’on veut respectable
Et l’autre qui se roule au sol en invectivant le monde d’être ce qu’il est
Il y a celui qui dit,
Et l’autre qui crie
Celui qui lit
Et l’autre qui prie
Oh ! c’est dommage c’est trop court, je m’embarquais dans la petite mélodie agréable à lire,
Qu’en est-il de la survie ? eh bien c’est la vie à tout prix !
oh oui je sais mais la photo est arrivée tard et je n’ai pas eu beaucoup de temps dans la journée pour m’y pencher. J’aurais pu faire plus mais parfois je laisse aussi venir ce qui déboule sans vouloir plus! Dans un délai court c’est ce qui me parait le mieux! 🙂 La vie a tout prix! Ça me parait pas mal comme programme!
Devant et derrière le décor: le résumé de toute vie en quelques mots. Bravo Jen
Céline
sur 20 janvier 2020 à 8h18
Bonjour, voici mon texte du jour (en mode rebelle). Bonne journée.
L’assistant de prod’ lui avait dit que le big boss voulait qu’elle s’installe à côté du pupitre façon « instit de la vieille école ».
Le fauteuil juste à côté lui tendait les bras alors, non, elle serait l’intellectuelle, n’en déplaise à ses messieurs.
Manquerait plus qu’ils lui disent de s’installer dans la cuisine adjacente à ce fichu paperboard.
Ils avaient réclamé une chroniqueuse littéraire, ils l’allaient l’avoir et pas qu’un peu !!!
Bonjour et bon lundi à toutes et tous,
Voici mon texte
3,2,1 moteur
« Bonjour à vous mes chères téléspectatrices, mes chers téléspectateurs,
Vous savez quoi, ce matin, je ne vais vous annoncer de mauvaises nouvelles ! Qui a envie d’entendre dès le matin, que le pays va mal, que le chômage augmente, que le coût de la vie augmente et qu’il y a encore une grève.
Non, ce matin, je vais vous parler des petits oiseaux qui chantent, de l’écureuil que j’ai vu sauter de branches en branches, en allant au studio. J’ai envie de vous dire que cette nuit, j’ai fait l’amour plutôt que la guerre et que je suis heureuse …
Je suis venue vous dire que je m’en vais cultiver mes tomates au soleil, je vous quitte, adieu »
La présentatrice vedette du journal du matin, se leva fièrement et marcha d’une démarche chaloupée vers la sortie. Le cameraman et le preneur de son, à leur tour, posèrent leur matériel et quittèrent le studio …
Sur ma télé, il n’y avait plus qu’une mire … je ne sais pas pourquoi mais je me suis dit que cette journée commençait bien … tiens, moi aussi, si je quittais tout ?
Quand je me suis enfin décidée, lui, il a dit : tu n’y arriveras pas !
Tu n’es pas assez jeune, pas assez belle, reste donc là…
Moi, je n’ai pas répondu, mais j’ai pensé : ma voix, ma voix…
Et puis, il a recommencé : ici tu as de quoi t’occuper, il y a MOI,
Le linge, la vaisselle, les courses et tout le fatras.
Moi, j’ai fermé les yeux et j’ai pensé : ma voix, ma voix…
Quand j’ai bouclé ma valise, il m’a serré très fort le bras,
Tu ne crois pas que je vais te laisser partir comme ça !
Moi j’ai serré les dents et j’ai pensé : ma voix, ma voix…
Tu n’es qu’une bonne à rien, juste ma bonne à MOI !
Moi, j’ai claqué la porte, et j’ai crié : aboie ! Aboie !
Arrivée au studio, ils m’ont fait lire à haute voix
C’était ce joli conte… La princesse au petit pois.
Ils sont restés bouche bée, puis ils ont dit : quelle voix, quelle voix !
Moi, j’ai juste souri, j’avais enfin trouvé ma voie… ma voie !
Ma participation est sur https://photonanie.com/2020/01/20/brick-a-book-356-%e2%9c%8d%f0%9f%8f%bb/
et ci-dessous aussi:
Les cameramen de TV8 avaient insisté pour venir me filmer dans ma salle de cours. J’étais depuis plus de vingt ans professeure de solfège à l’Académie de la ville. J’avais aidé des centaines de jeunes à décoder des partitions de plus en plus compliquées. Beaucoup avaient abandonné, pensant que la musique n’était qu’amusement sans effort. Les plus motivés avaient persévéré pour leur bonheur et le mien.
L’un d’entre eux avait acquis une belle renommée comme premier violon dans un orchestre symphonique et, comme il avait été mon élève, j’avais paraît-il ma place dans le reportage qui lui serait consacré par la toute jeune chaîne de télévision.
J’étais mal à l’aise devant les caméras. A mon âge et vu mon célibat endurci, je n’avais pas l’habitude d’être ainsi observée sous tous les angles. Encore heureux que le film ne soit pas en couleurs parce que je ne m’habillais que de couleurs sombres qui n’auraient probablement pas convenu au projet. J’apparaissais comme une personne insignifiante et terne, un peu démodée, comme je le souhaitais, ne cherchant à attirer l’attention sur moi à aucun prix.
Les hommes qui me filmaient m’avaient demandé de parler de manière naturelle de mon ancien élève, selon mon bon vouloir…c’était bien ça le problème. Autant j’avais l’habitude de mener ma classe de main de maître, autant parler seule, pour être « mise en boîte » comme ils disaient, me paralysait.
J’avais empoigné un livre de partitions pour me donner une contenance et je me cachais derrière mes lunettes de myope tandis que mes jambes flageolantes me faisaient tomber dans les bras de ce fauteuil bienvenu.
Après plusieurs prises non concluantes, les cameramen perdirent patience et me dirent qu’ils allaient voir avec le régisseur s’ils devaient persévérer ou me laisser dans l’ombre où je me plaisais tellement qu’il semblait vain d’espérer m’en faire sortir!
rizzie2
sur 20 janvier 2020 à 19h02
Quelle délicatesse et quelle finesse adroitement mises en mots !
La description du passage de l’ombre à la lumière est délicate et sensible, même si un peu douloureuse. Bravo d’avoir si bien décrit tous ces sentiments en si peu de phrases.
Comme je comprends cette femme, être dans l’ombre ! Quel beau texte !
Cloud
sur 20 janvier 2020 à 10h35
C’est très bien vu et raconté. Je me suis mis dans la peau du personnage. Je n’ai pas eu de mal, je suis comme elle. Toucher les limites du possible permet de mieux savoir ce pourquoi on est fait.
Elle était si jolie mon Arlette
Une femme-.tronc comme on les appelait parfois
Toujours tirée à quatre épingles,
Les cheveux savamment placés, le tailleur impeccable
Pas un pli, toujours parfaite, le sourire calculé en toutes circonstances
Elle annonçait les programmes qui allaient accompagner les téléspectateurs dans leur inactivité
Elle excusait la chaîne aussi parfois lorsqu’un problème technique venait à couper une émission dans sa diffusion
« Veillez nous excuser pour l’interruption momentanée de notre programme «
Venait alors l’interlude et son célèbre petit train rébus
Toujours prête à intervenir mon Arlette
Qu’elle était belle et fière
Fière jusqu’à ce jour de 1992. La télévision remplaçait ses célèbres speakerines par des « voix off » enregistrées, impersonnelles, sans image, sans sourire bienveillant, sans humanité
Alors, elle s’est sentie mourir mon Arlette
Plus jamais je n’ai entendu le doux timbre de sa voix
Non, plus jamais
Mélancolie d’un temps passé … la femme-tronc donnait une âme à la télé ! Aujourd’hui, la télé balance des images moches, crues sans prévenir …au moins (dans mon souvenir) la « femme-tronc » prévenait les gens et mes parents m’écartaient du poste … je n’ai pas le souvenir enfant d’avoir vu des images traumatisantes
Merci pour ce texte
Terjit
sur 25 janvier 2020 à 9h48
C’est vrai qu’elles manquent ces « femmes-tronc »… ou « hommes-tronc » d’ailleurs.
Cloud
sur 20 janvier 2020 à 13h07
Il est beau ce texte nostalgique. J’ai encore en mémoire ces « femmes tronc ». Ce n’est plus dans l’air du temps. Ni même le petit train interlude qui fait pâle figure en regard des effets spéciaux d’aujourd’hui.
Désolée, je me sens pas très bien, je n’ai pas pu faire plus que:
Speakerines et compagnie
A la télévision des speakerines
La femme au foyer à la boucherie chevaline
Les hommes se mettent de la brillantine
Ma grand-mère chantait « Nuits de Chine »
Et nous dansions dans la cuisine.
Allez, je me lance.
Ca a l’air de rien, ce genre de moments.
Toujours un décalage entre la manière dont les choses se passent -un studio poussiéreux, une fin de journée rance, l’odeur de transpiration, les regards hostiles, les machines qui ronflent en expirant une chaleur lourde- et la manière dont elles seront retranscrites. Légendées.
Le fait est là. Ils n’avaient pas pu faire autrement, les événements s’étant précipités. Du coup on avait fait avec ce qu’on avait. Les moyens du bord, alors qu’ils étaient au bord du craquage. En fait on ne leur avait accordé que quelques heures d’audience avant que le silence ne tombe à jamais sur ce canal.
Faute de quoi ? De l’ambition, trop d’ambition sans doute, pas assez de prévision. Des frais inconsidérés, ces imprévus qui s’enchaînent. Les stars et leurs caprices. Telle bouteille de vin, telle suite d’hôtel, un costume hors de prix dans un décor inutile. Il avait fallu céder avec un sourire jaune.
La malchance aussi. “ Comptez sur nous, Barbara. C’est un beau projet, on y croit. On ne vous lâchera pas.” Tu parles. Combien de fois elle les avait entendues, ces fausses phrases rassurantes ? Au final, dès que le vent avait commencé à tourner, tous les soutiens, les amis, les connaissances s’étaient peu à peu évaporées à coups de prétextes fallacieux. Finalement l’amitié, c’est juste un élastique tendu. Tant que les deux le tiennent ça va. En revanche vaut mieux être courageux et le lâcher en premier.
Finalement elle était seule. Seule sur ce mauvais canapé, dardée par cette caméra hostile qui était le témoin muet de son échec. Elle qui avait fondé, seule, cette chaîne de télévision, il s’agissait désormais de la clôturer, dignement. C’est justement à cause de ce désir de dignité qu’elle n’avait pas voulu de décorum. Pas de costume, pas de bureau, pas de maquillage. Etre simple jusqu’au bout, dans ce monde qui se travestit de plus en plus. Il fallait y aller maintenant, mettre à mort dix ans de sa vie. Cesser de tourner autour du pot.
“ Mesdames et Messieurs, c’est avec un immense regret…”
Bonjour,
C’est terrible cette fin, la solitude … Je voudrais qu’elle rebondisse !
Bon lundi
Quelle tristesse quand on perd ses illusions…
« Après la pluie le beau temps », elle trouvera bien une autre idée géniale j’espère
Un texte bien écrit, crédible, un peu amer. On dirait du vécu.
Ton texte est tellement puissant qu’on se sent directement plongé dans l’ambiance de ce studio bientôt déserté.
Excellent texte, qui colle parfaitement avec la photo, et petite ambiance glauque, parfait !
Bien raconté.
Très beau texte, réaliste, amer à souhait.
J’aime beaucoup l’image de l’élastique
Une écriture de vécu on dirait. Terrible ! Et bravo
L’ambiance est lourde et le fond est triste, mais tellement réaliste que ça semble avoir été vécu. Bravo
(Bons dimanche, lundi, et semaine à tous ! )
J’ai toujours admiré le courage et la lâcheté. Sans eux, on fait nettement moins de pas. En avant ou en arrière. C’est pourquoi j’ai passé mon enfance à les chercher. Dans les recoins de ma chambre, sous les tapis, dans les placards et tiroirs de notre maison, sur les chemins de terre, sous mes jupes. Mais non, rien. Ou que ce soit, rien.
Au bout de quelques années, la mort dans l’âme, j’ai renoncé et décidé de vivre sans eux. Bien sûr, comme je m’y attendais, ma vie fut des plus mornes. Une fade succession de décisions impossibles à prendre, de paroles non prononcées, de menton qui ne fait ni oui ni non.
Heureusement, la providence fit irruption dans ma vie.
Je préparais le café pour mes parents, deux charmantes personnes, vraiment, mais qui, je le sentais bien, commençaient à s’agacer de voir leur fille cadette encore sous leur toit, à trente-deux ans.
Naturellement, cela me titillait de prendre mon envol, j’avais d’ailleurs les faveurs des deux plus beaux hommes du village, Jean et Louis, sauf qu’évidemment, il me devait d’avoir une préférence. Et là, une fois de plus, la chose me rendait folle.
J’en étais là de mes ruminations quand je fis tomber le pot de cure-dents.
Merci ! Mille mercis ! Je n’osais y croire. Enfin !
Sous mes yeux ébahis, les bâtonnets de bois écrivirent distinctement un prénom. Jean.
La providence ! La providence !
Deux mois plus tard, nous nous marièrent.
Des enfants ?
Mon petit jeu de Mikado répondit non.
Vivre à la campagne ou à la ville ?
La ville.
Une voiture ?
Non.
Une nouvelle coiffure ?
Non.
Une envie lubrique de Jean ?
Encore non.
C’est comme ça que je devins speakerine pour la télévision. Un jour, Jean s’en alla pour une autre femme, une femme qui, apparemment, disait plus souvent oui. Toujours est-il que je dus trouver du travail pour subvenir seule à mes besoins. J’étalai au sol les feuilles d’un journal spécialisé, lançai très haut les cure-dents et, attendis un centième de seconde le verdict. Pile, en piqué, sur l’annonce d’une présentatrice pour la chaîne Une. Très bien. Qu’il en soit ainsi.
Je fus embauchée.
Peut-être allez-vous me trouver impolie, mais je dois maintenant vous laisser.
Un besoin pressant.
La supérette ferme dans quelques minutes.
Je n’ai plus de cure-dents.
Excellent !!! Et oui pourquoi ne pas jouer son destin à coup de cure-dent
Merci, Céline ! J’avais envie de fantaisie, j’ai fait tomber un pot de cure-dents, je me suis rappelée que j’avais vraiment envie de lire L’homme-dé (un homme qui joue son destin aux dés) et voilà l’idée de ma petite scribouille 😉
Je note le titre ça m’intrigue
Bonjour,
Géniale cette idée ! j’espère qu’elle a pu trouver ses cures-dents avant la fermeture du magasin !
Bon lundi
Tout juste, mais oui ! Et tout un stock, tant qu’à faire 😉 Merci beaucoup, Cécile !
Très bonne idée très drôle. Et si ça marche, pourquoi pas? Faudra que j’essaye 😉
Merci, Photonanie ! Un plaisir de faire rire ou sourire 😉
J’aime beaucoup. Il y a quand même du courage à attendre la Providence pour décider les moments importants de sa vie. La chute du texte est géniale car elle met en exergue l’origine pragmatique de l’irrationnel… Bravo.
Merci beaucoup, Cloud ! Derrière l’humour, il y a aussi la vraie vie, j’avoue. Et cette question du courage et de la lâcheté qui, en ce moment, me taraude 😉
Très bon texte, quel cheminement original pour en arriver au métier de présentatrice TV !
Merci, marinadedhistoires ! Ça me plaît bien, les chemins détournés 😉
C’est excellent ! Mais j’adore ! le ton, le récit, l’idée, ses idées de pile ou face, sa façon de s’en remettre au destin, comme le fabuleux destin d’Amélie. J’ai beaucoup aimé ton texte, une parfaite adaptation à la photo, bravo !
Oh, merci beaucoup, janickmm ! Amélie Poulain ? Mais oui ! Je prends le compliment et je le garde précieusement 😉
Aimer le courage et son contraire : quel début intrigant !.. il n’y a plus que les cure-dents pour régler l’affaire !
Merci, rizzie2 ! Les cure-dents sont jetés ! 😉
Super idée de texte pour cette « Tanguy » au féminin qui vogue entre « Jules & Jim » autour d’une histoire de cure dents. Bravo Severine baaziz !
Merci beaucoup, Kroum !!!
S’en remettre au hasard, pourquoi pas après tout avoir essayé. Et avec une chute amusante. J’aime.
J’avoue que j’ai un peu perdu mes repaires. Alors quand j’ai découvert la nouvelle photo j’ai vite écrit un petit quelque chose que tu trouveras là !
https://lilousol.wordpress.com/2020/01/20/bric-a-book-356
avec le sourire
Ton contenu est introuvable dit ton site.
parce que j’ai programmé pour demain mais je peux libérer. avec le sourire
Moi je l’ai trouvé…pas mal du tout 😉
Amusant ce petit dialogue du début.
Si elle avait su,
Depuis son premier cri, sa voix fut pour elle sa meilleure alliée. Elle la choyait, la protégeait du froid, la travaillait, la mettait souvent sur le devant de la scène de sa vie. Elle aimait lire à voix haute, elle chantait beaucoup aussi et parlait plus que de raison. Chaque personne rencontrée sur son chemin entendait le son de sa voix à travers un salut, une attention ou une question.
Elle était sensuelle et entraînante avec lui quand elle lui murmurait des mots doux à l’oreille au début de leur histoire. Au fil des années de mariage, il voulut la mettre en sourdine ; la place de sa femme était aux fourneaux, de préférence dans le silence pour qu’il puisse lire son journal ou écouter la radio. Elle le comprit au bout de deux enfants et décida contre tous de quitter cette cage avec ses petiots sous le bras. Sa voix resta longtemps dans les graves pendant une longue période d’éducation de ces deux fils pas toujours très sages.
Mais une fois un rythme de croisière trouvé, sa voix devint vite engagée. Le droit de vote étant acquis, il restait encore plein d’autres chantiers à attaquer pour libérer la gente féminine. Sa voix savait porter avec élan toutes les idées de liberté. En plus d’être audible, le contenu en était tout aussi intéressant. On se déplaçait du pays entier pour venir l’interviewer et la filmer.
On la dénigrait aussi, on l’insultait souvent, on voulait salir sa réputation. Sa voix en tremblait pendant ses interventions.
Toute cette opposition eut raison de son découragement. Parfois, derrière certaines carapaces, il y a un cœur, qui, à force de se mettre au diapason d’une voix dans différents états, se fatigue plus que de raison. Et quand la voix décide d’en finir, il ne peut que s’allier à elle pour stopper ses battements irréguliers.
Et c’est ainsi, qu’un beau matin, au réveil de la maisonnée, un silence étrange se fit entendre de sa chambre. Sur sa table de chevet, un verre de Whisky vidé et à côté une boîte de barbituriques bien entamée. Elle semblait dormir d’un sommeil profond et apaisé. Mais maintenant que sa voix ne pouvait plus s’exprimer, elle avait laissé quelques mots sur un bout de papier pour s’expliquer : « Le chemin me semble sans fin. Je suis si fatiguée. Ne m’en voulez pas, je préfère me taire à jamais ».
Silence radio sur une voix … une vie, une voix … Il me semble que c’est le son de la voix d’une personne que l’on oublie le plus vite
Très beau texte … j’ai pensé à Rosa Parks
Elle fut ma « muse » pour ce texte, c’est époustouflant comme tu l’aies reconnue entre mes lignes, merci 🙂
J’ai lu un livre sur elle, il n’y a pas très longtemps … Et puis, ça m’a sauté aux yeux, c’était pour moi une évidence
Quel beau combat de femme! Et quel bel hommage aux pionnières de la condition féminine.
Bon lundi.
Pour Kroum : un itinéraire qui se termine dramatiquement, texte superbe.
Beau texte dramatique. Ce pourrait être très triste si on oubliait qu’il restera quand même des traces sonores et visuelles de son engagement. Les grandes idées ont une vie plus longue que celle d’une femme ou d’un homme.
Bel hommage aux personnes qui décident, un jour, malgré le courage de toute une vie menée, de se taire. Merci, Kroum !
Un sérieux burn-out, qui mène à un point de non-retour, dommage on aurait aimé l’aider …
comme quoi les voix les plus fortes peuvent aussi être fragiles.
beau et triste
La voix est une vraie personne dans ton texte ! Bravo
Est-ce que tu as vu la série « speakerine « , on dirait que tu as écrit le scénario (hormis la fin)
Bel hommage à celles qui se sont battues
Non titounette, je ne suis pas très télé mais demanderai à mes fils de me montrer cette série, ils sont scotchés à Netflix 🙂
La voix pour résister, et pour laisser des traces quand on a tout dit. Bravo Kroum, magnifique texte !
Bien entendu, bien compris, très beau texte. merci
Bonne soirée, déjà entamée! Voici mon texte
L’œil tourne
tout tourne
ça tourne pas rond
dans ma petite tête.
Je regarde l’œil,
qui me regarde
Caïn ?
Abel ?
Qui suis-je ?
L’assassin ?
La victime ?
Qui ai-je été toute ma vie ?
Cette dame qui réagissait
à « on air » écrit en rouge,
celle qui regardait ou celle qu’on regardait ?
A qui ai-je souri
des heures durant
aux cameramen,
pantalons trop larges
ceinturés de cuir ?
Aux téléspectateurs
comme ils l’ont tous cru ?
NON, à moi !
À mon image lisse
tailleur sombre
escarpins fins
mise en plis de mamie
MOI !
Je souris à la petite fille
timide effacée ,
sage queue de cheval
et bandeau blanc,
pas un cheveu qui dépasse,
obéissant à tous
parents et enseignants,
qui sourit à la petite flamme
rougeoyante
rebelle
persistante
faible et puissante
dans mon cœur
dans mon âme,
au plus profond
de MOI
qui sourit….
Ça ne tourne pas rond
dans ma petite tête
Il faut toujours garder la petite fille au fond de soi, c’est elle qui permet de grandir 🙂
Joli texte
Bon lundi
Merci..en effet, je pense qu’elle est bien présente chez beaucoup d’entre nous
Bien vu, le questionnement de la speakerine à qui on ne demande que le paraître ou le faire valoir…
métier disparu..mais question d’actualité!!
Prise de conscience et mise au point, ça aide à bien avancer.
doucement mais surement!!
Un petit peu d’égoïsme, ou de recentrage, cela fait du bien à lire, en tous les cas ! merci à toi
De rien..ce fut un plaisir!
Qui suis-je ? éternelle question !
Pas de réponse!! je cherche encore, et toi??
J’aime beaucoup tous ces questionnements. Belle introspection de ton personnage.
Elle pose beacoup de questions cette petite fille, toutes pertinentes. Bravo Françoise Clamens, j’ai beaucoup aimé ton texte.
La névrose de la speakerine et la persistance de l’enfance, très beau texte.
Bonne semaine à tous et à toutes ! (je viens de me rendre compte que j’entame ma cinquième année dans cet atelier, presque un ancien à présent 😉 )
La douceur de la trompette d’Armstrong emplissait l’espace. Mike, lunettes vissées sur le crâne, commence à siffloter, songeur. Une douce atmosphère règne, dans le petit studio, en banlieue de la Nouvelle-Orléans. Quelques pas retentirent dans le studio, outrageusement éclairé par des dizaines d’ampoules, qui chauffaient la pièce, rendant le moment un peu plus hors du temps. C’était le caméraman, un jeune type toujours très propre, qui revenait de sa pause cigarette et préparait le matériel, avec application et concentration. Mike, après être resté un moment à écouter les cliquetis des boutons de l’appareil, retourna à ses occupations. Il relut le script et empoigna sa perche. Louis, malade ce jour-là, lui laissait la lourde tâche du son, en ce jour de tournage de l’épisode pilote de la prochaine saison de la série. Un truc un peu marrant, un peu niais, mais qui plaisait pas mal outre-Atlantique. Les producteurs avaient signé pour une troisième saison, dont le tournage officiel ne débuterait que dans quelques semaines. Mike, scénariste de métier, prenait très à coeur ce nouveau défi, lui, brillant auteur de cinéma dans le passé. Et igné son, à ses débuts. Il sourit en y repensant. Regard vers la fenêtre. La pluie ne cessait de tomber ces dernières heures, et cela ne tarderait pas à devenir de la neige. L’hiver arrivait à grands pas. Et avec lui, les fêtes de fin d’année. La famille. Sa famille. Mike détourna le regard à cette pensée, sentant l’émotion qui pouvait déborder à tout moment.
Le plateau vide n’attendait plus que l’actrice, la pétillante Margareth, qui brillait en ces lieux depuis deux saisons à présent. Sa bonne humeur et son sens de l’humour en faisaient un symbole de la quinquagénaire américaine parfaite. Qui se faisait attendre…
Klong, klong, klong. Le bruit des talons sur le sol. Le sourire sur les lèvres. Elle s’assoit et prend la pose, puis l’accessoire, un vieux livre romantique. Margareth. Quel bout de femme ! Alors Mike empoigne sa perche, et avec soin, la place au-dessus du décor. Amstrong se tait. La pluie se transforme en neige. Fin de la pause.
J’y étais dans la scène ! Bravo
Le film dans le film
J’aime beaucoup. C’est un descriptif vraiment bien mené, comme dans un roman. Si je puis me permettre, j’aurais préféré tout au temps présent. On aurait envie de lire une suite. Bravo.
Le « igné son » c’est pour voir si on suit 😉
Moi aussi j’étais sur le plateau avec Margareth, très belle ambiance.
C’est bien, c’est vif, cela se lit agréablement, et donne beaucoup d’infos, un court-métrage dans la séance, bravo !
Une jolie pause bien racontée. La vie dépasserait-elle la fiction ?
On ressent parfaitement l’ambiance dans laquelle tu nous plonges avec beaucoup de talent, super !
Très réaliste, au point de vivre la scène à la place de Mike. Et intéressant de prendre le point de vue du caméraman. Bravo
Journal de 20 heures.
Mesdames et messieurs, bonsoir.
Y a la guerre, les conflits,
Les violences, la chienlit.
Gilets jaunes agités
Cheminots irrités
Des PDG en fuite
Des princes anglais sans suite.
Les paysans se meurent
Pesticides et tumeurs
Au Yémen, c’est le drame
Aux antipodes, ça crame.
L’Iran et l’Amérique
Se pâment d’être colériques
Sans parler du Mali,
De l’Irak, la Lybie,…
(C’est fou tout ce qui peut se passer pendant que je suis assise tranquille face à la caméra)
Météo, c’est pas mieux
Un peu partout il pleut.
Le journal est maintenant terminé. Mesdames et messieurs, merci de l’avoir suivi. Maintenant place au cinéma. Ce soir : « Apocalypse Now ».
Saleté d’actualité 🙁
Bien vu, je sais ce qui se passe dans la tête d’Anne-Sophie Lapix
L’actualité en poésie, fallait oser. Et ce ton, grave et cynique à la fois. Comme c’est réussi ! Bravo, Cloud !
Pour Cloud: c’est vrai que si on ne regardait jamais l’actualité on vivrait mieux !
Quel rythme pour ces actualités pourries mais hélas vraies…, bravo!
Quel tableau ! Même super sombre, il donne envie de rire, tellement les nouvelles sont insupportables, catastrophiques et enormes, mais vu par Notre Cloud, cela paraît un gros bobard, méfiez-vous ! Il n’en est rien ! Regardons le film pour nous distraire un peu !
Tellement d’actualité mais il nous appartient encore l’opportunité d’y remédier un peu
Et tout ça rime ! ça rime à quoi ?
je me suis surprise à chanter sur ton texte si bien rythmé pour finir par un éclat de rire sur le titre du film .
C’est tellement, mais tellement ça !!
Terrible Cloud ! Et réussi !
Très bien vu : le monde en 2 minutes, avec une chute qui fait sourire. Comme d’habitude : bravo Cloud !
– KUHT 1 News : première !
– Ça me fait penser que j’ai perdu ma première femme le jour de la première diffusion de la première chaîne télévisuelle française.
– Vous avez dû lui faire un enterrement de première classe.
– Pas du tout. C’est elle qui était en première classe dans le train bleu quand elle est partie avec le contrôleur. Je situe leurs premiers émois vers Dijon. Il a dû lui faire une première impression assez favorable mais c’était un radin de première, il l’a emmenée finir ses premiers ébats dans un hôtel Première Classe !
– Première nouvelle. Pour ma part, je suis premier violon. Je répète la première symphonie de Beethoven que je jouerai pour la première fois ce soir à la première de l’Opéra Garnier.
– Ah, Simone ! Elle était première dans une maison de couture. Toujours des vêtements de première main, des chaussures en cuir première… distinguée comme une première Dame !
– Pour fêter cette première rencontre, je vous invite à « La première fois », un restaurant de premier choix, les côtes premières sont comme ça !
– Le Champagne premier cru sera pour moi !
Vais-je écrire le premier commentaire ?? Yes !!
Génial, mon premier sourire du matin
tant mieux ! je t’en souhaite beaucoup d’autres !
Pour Rizzie: Un dialogue de premier choix ! ça met de bonne humeur !
Merci Marina, bonne soirée !
J’ai ri dès la première seconde… Bravo, bel exercice.
Moi aussi je me suis bien amusée !
Que des premières fois, la vie est un éternel recommencement…
Très bien tourné!
Merci Photonanie !
Un clap de début (« Première !) qui fait des ricochets sur tout le reste du texte. Sympa ! Bravo !
Merci Séverine, bonne soirée !
Merci pour le champagne, pas le premier de l’année ! Un écrit à la Devos, génial !
Trop gentil ! merci
Si je ne me trompe pas, c’est la première fois que je te lis. Ton texte est amusant, plein de rebondissements, et parfaitement maîtrisé. Une réussite de première classe !
Bonne semaine à tous
Il y a l’envers
Et il y a l’endroit
Il y a ce qui se voit
Et ce qui s’oublie
Le visible lumineux
Et l’invisible nécessaire
Il y a le masque joyeux
Et le sombre souffrant
Il y a au moins deux facettes dans une vie
Celle que l’on veut respectable
Et l’autre qui se roule au sol en invectivant le monde d’être ce qu’il est
Il y a celui qui dit,
Et l’autre qui crie
Celui qui lit
Et l’autre qui prie
Qu’en est-il de la survie ?
Il y a l’envers
Et il y a l’endroit
Il y a ce qui se voit
Et ce qui s’oublie
Le visible lumineux
Et l’invisible nécessaire
Il y a le masque joyeux
Et le sombre souffrant
Il y a au moins deux facettes dans une vie
Celle que l’on veut respectable
Et l’autre qui se roule au sol en invectivant le monde d’être ce qu’il est
Il y a celui qui dit,
Et l’autre qui crie
Celui qui lit
Et l’autre qui prie
Qu’en est-il de la survie ?
Le yin et le yang ?
Bon lundi
Un peu oui!:)
Pour Jen: belle réflexion sur la vie.
Merci marina! J’aime beaucoup le tien! 🙂 Il est très inspiré et inspirant!
Merci pour ce beau compliment, Jen !
Une belle expression rythmée du paradoxe de l’existence. Merci pour cette réflexion.
merci Cloud! Je le trouvais un peu succinct (un peu trop?) mais parfois c’est pas mal aussi de laisser l’état brut de la réflexion!
L’ombre et la lumière, les deux facettes d’une même personne… Bien observé.
Merci Photomanie! on a tous un peu d’ombres et de lumières en nous je crois! 🙂
Oh ! c’est dommage c’est trop court, je m’embarquais dans la petite mélodie agréable à lire,
Qu’en est-il de la survie ? eh bien c’est la vie à tout prix !
oh oui je sais mais la photo est arrivée tard et je n’ai pas eu beaucoup de temps dans la journée pour m’y pencher. J’aurais pu faire plus mais parfois je laisse aussi venir ce qui déboule sans vouloir plus! Dans un délai court c’est ce qui me parait le mieux! 🙂 La vie a tout prix! Ça me parait pas mal comme programme!
Profond et joli
merci 🙂
Devant et derrière le décor: le résumé de toute vie en quelques mots. Bravo Jen
Bonjour, voici mon texte du jour (en mode rebelle). Bonne journée.
L’assistant de prod’ lui avait dit que le big boss voulait qu’elle s’installe à côté du pupitre façon « instit de la vieille école ».
Le fauteuil juste à côté lui tendait les bras alors, non, elle serait l’intellectuelle, n’en déplaise à ses messieurs.
Manquerait plus qu’ils lui disent de s’installer dans la cuisine adjacente à ce fichu paperboard.
Ils avaient réclamé une chroniqueuse littéraire, ils l’allaient l’avoir et pas qu’un peu !!!
Ouh que j’aimerais écouter cette chronique !!
Peut-être sur une autre photo
La suite ! La suite !
Un jour peut-être ?!?
On la veut la chronique qui ne manquera certainement pas de caractère!
Peut-être un jour sous une autre photo ?!?
Bien dit ! et toc !
Belle rébellion !
J’espère la suite bientôt, ça donne envie de connaître la chronique rebelle.
Bonjour et bon lundi à toutes et tous,
Voici mon texte
3,2,1 moteur
« Bonjour à vous mes chères téléspectatrices, mes chers téléspectateurs,
Vous savez quoi, ce matin, je ne vais vous annoncer de mauvaises nouvelles ! Qui a envie d’entendre dès le matin, que le pays va mal, que le chômage augmente, que le coût de la vie augmente et qu’il y a encore une grève.
Non, ce matin, je vais vous parler des petits oiseaux qui chantent, de l’écureuil que j’ai vu sauter de branches en branches, en allant au studio. J’ai envie de vous dire que cette nuit, j’ai fait l’amour plutôt que la guerre et que je suis heureuse …
Je suis venue vous dire que je m’en vais cultiver mes tomates au soleil, je vous quitte, adieu »
La présentatrice vedette du journal du matin, se leva fièrement et marcha d’une démarche chaloupée vers la sortie. Le cameraman et le preneur de son, à leur tour, posèrent leur matériel et quittèrent le studio …
Sur ma télé, il n’y avait plus qu’une mire … je ne sais pas pourquoi mais je me suis dit que cette journée commençait bien … tiens, moi aussi, si je quittais tout ?
Pour Cécile C: j’aime beaucoup ce nouveau départ qui donne des idées à toutes les téléspectatrices !
Bravo. C’est une jolie suite de mon texte plutôt catastrophique. Je crois que je vais partir avec ta présentatrice…
C’est une belle idée que ce nouveau départ 😉 Ça fait rêver…
sauf BricABook bien sûr !
Evidemment !!! 😉
J’allais te demander ta chaîne avant la chute 🙂 ! Texte très positif, bravo Cécile !
Merci !! Ta critique positive me touche beaucoup !!
Et vlan ! Un grand vent de liberté ! Merci Cécile
Hello à tous ! Voici mon texte ci-dessous ou bien chez moi: https://marinadedhistoires.wordpress.com/2020/01/20/la-voix-liberee/
La voix libérée
Quand je me suis enfin décidée, lui, il a dit : tu n’y arriveras pas !
Tu n’es pas assez jeune, pas assez belle, reste donc là…
Moi, je n’ai pas répondu, mais j’ai pensé : ma voix, ma voix…
Et puis, il a recommencé : ici tu as de quoi t’occuper, il y a MOI,
Le linge, la vaisselle, les courses et tout le fatras.
Moi, j’ai fermé les yeux et j’ai pensé : ma voix, ma voix…
Quand j’ai bouclé ma valise, il m’a serré très fort le bras,
Tu ne crois pas que je vais te laisser partir comme ça !
Moi j’ai serré les dents et j’ai pensé : ma voix, ma voix…
Tu n’es qu’une bonne à rien, juste ma bonne à MOI !
Moi, j’ai claqué la porte, et j’ai crié : aboie ! Aboie !
Arrivée au studio, ils m’ont fait lire à haute voix
C’était ce joli conte… La princesse au petit pois.
Ils sont restés bouche bée, puis ils ont dit : quelle voix, quelle voix !
Moi, j’ai juste souri, j’avais enfin trouvé ma voie… ma voie !
Quelle force et quelle voix !!
Merci
Merci Cécile et bon lundi.
C’est superbe. Ton texte est fait pour être lu à haute voix (sans jouer sur le mot…). Bravo.
Merci Cloud, oui je l’ai écrit à haute voix
Libérée, délivrée :-D, elle a trouvé sa voie…et c’est très bien comme ça ma foi!
J’ai adoré ! Merveilleux chant de liberté ! Profond et malicieux à la fois.
Merci Séverine !
Magnifique texte avec une belle rythmique. Normalement ce faire-valoir macho, auto-centré, négatif et bête ne devrait pas se reproduire…
Merci Rizzie ! Oui ce genre d’hommes est loin de faire rêver !!!
Croire en ses rêves et aller au bout, malgré le dénigrement et les menaces. J’ai hâte d’entendre sa voix ! très beau texte (et en rimes en plus!).
Merci beaucoup Terjit pour ce beau commentaire.
Ma participation est sur https://photonanie.com/2020/01/20/brick-a-book-356-%e2%9c%8d%f0%9f%8f%bb/
et ci-dessous aussi:
Les cameramen de TV8 avaient insisté pour venir me filmer dans ma salle de cours. J’étais depuis plus de vingt ans professeure de solfège à l’Académie de la ville. J’avais aidé des centaines de jeunes à décoder des partitions de plus en plus compliquées. Beaucoup avaient abandonné, pensant que la musique n’était qu’amusement sans effort. Les plus motivés avaient persévéré pour leur bonheur et le mien.
L’un d’entre eux avait acquis une belle renommée comme premier violon dans un orchestre symphonique et, comme il avait été mon élève, j’avais paraît-il ma place dans le reportage qui lui serait consacré par la toute jeune chaîne de télévision.
J’étais mal à l’aise devant les caméras. A mon âge et vu mon célibat endurci, je n’avais pas l’habitude d’être ainsi observée sous tous les angles. Encore heureux que le film ne soit pas en couleurs parce que je ne m’habillais que de couleurs sombres qui n’auraient probablement pas convenu au projet. J’apparaissais comme une personne insignifiante et terne, un peu démodée, comme je le souhaitais, ne cherchant à attirer l’attention sur moi à aucun prix.
Les hommes qui me filmaient m’avaient demandé de parler de manière naturelle de mon ancien élève, selon mon bon vouloir…c’était bien ça le problème. Autant j’avais l’habitude de mener ma classe de main de maître, autant parler seule, pour être « mise en boîte » comme ils disaient, me paralysait.
J’avais empoigné un livre de partitions pour me donner une contenance et je me cachais derrière mes lunettes de myope tandis que mes jambes flageolantes me faisaient tomber dans les bras de ce fauteuil bienvenu.
Après plusieurs prises non concluantes, les cameramen perdirent patience et me dirent qu’ils allaient voir avec le régisseur s’ils devaient persévérer ou me laisser dans l’ombre où je me plaisais tellement qu’il semblait vain d’espérer m’en faire sortir!
Quelle délicatesse et quelle finesse adroitement mises en mots !
Merci beaucoup rizzie2, ça me fait plaisir 🙂
La description du passage de l’ombre à la lumière est délicate et sensible, même si un peu douloureuse. Bravo d’avoir si bien décrit tous ces sentiments en si peu de phrases.
Merci de ta lecture Terjit 🙂
Comme je comprends cette femme, être dans l’ombre ! Quel beau texte !
C’est très bien vu et raconté. Je me suis mis dans la peau du personnage. Je n’ai pas eu de mal, je suis comme elle. Toucher les limites du possible permet de mieux savoir ce pourquoi on est fait.
Merci de ton appréciation Cloud
Merci Cécile.
Merci Cécile mais parfois la lumière c’est bien aussi 😉
Oui, c’est vrai …
Elle était si jolie mon Arlette
Une femme-.tronc comme on les appelait parfois
Toujours tirée à quatre épingles,
Les cheveux savamment placés, le tailleur impeccable
Pas un pli, toujours parfaite, le sourire calculé en toutes circonstances
Elle annonçait les programmes qui allaient accompagner les téléspectateurs dans leur inactivité
Elle excusait la chaîne aussi parfois lorsqu’un problème technique venait à couper une émission dans sa diffusion
« Veillez nous excuser pour l’interruption momentanée de notre programme «
Venait alors l’interlude et son célèbre petit train rébus
Toujours prête à intervenir mon Arlette
Qu’elle était belle et fière
Fière jusqu’à ce jour de 1992. La télévision remplaçait ses célèbres speakerines par des « voix off » enregistrées, impersonnelles, sans image, sans sourire bienveillant, sans humanité
Alors, elle s’est sentie mourir mon Arlette
Plus jamais je n’ai entendu le doux timbre de sa voix
Non, plus jamais
On les trouvait belles ces femmes-troncs et on les enviait alors que leur sort n’était pas forcément enviable…
Belle description.
Merci Photonanie. Des femmes objets?
Chère Arlette « toujours tirée à quatre épingles » mais avec quelque chose de maternel ! C’était le doudou de la télé toujours prêt à réconforter !
Merci Rizzie
Un beau texte plein de nostalgie.
Un joli texte hommage à ces « femmes troncs » que j’ai connues et appréciées pour annoncer les émissions de la soirée. Bravo titounette !
Mélancolie d’un temps passé … la femme-tronc donnait une âme à la télé ! Aujourd’hui, la télé balance des images moches, crues sans prévenir …au moins (dans mon souvenir) la « femme-tronc » prévenait les gens et mes parents m’écartaient du poste … je n’ai pas le souvenir enfant d’avoir vu des images traumatisantes
Merci pour ce texte
C’est vrai qu’elles manquent ces « femmes-tronc »… ou « hommes-tronc » d’ailleurs.
Il est beau ce texte nostalgique. J’ai encore en mémoire ces « femmes tronc ». Ce n’est plus dans l’air du temps. Ni même le petit train interlude qui fait pâle figure en regard des effets spéciaux d’aujourd’hui.
C’était le bon temps, nostalgie…lol ! merci Cloud
Désolée, je me sens pas très bien, je n’ai pas pu faire plus que:
Speakerines et compagnie
A la télévision des speakerines
La femme au foyer à la boucherie chevaline
Les hommes se mettent de la brillantine
Ma grand-mère chantait « Nuits de Chine »
Et nous dansions dans la cuisine.
20 janvier 2020
Merci à tous et bonne journée
C’est court, mais ça rime et raconte le passé révolu avec mélancolie et douceur. Merci, Laura !
Merci
tu ES INDULGENTE
ça fait du bien… en ce moment
Le passé en quatre rimes, quatre images revenues de loin…
Un petit brin de nostalgie qui réchauffe. Merci
il faudra bien que je prenne mon courage à 2 mains pour tenter ce genre de défis un de ces 4
Oh oui les Caphys, je suis sûre que ce serait intéressant et drôle! Je vous attends…