Atelier d’écriture 356

par | 18 Jan 2020 | Atelier d’écriture, Livres pour adultes | 171 commentaires

© Austrian National Library

A lundi ! 🙂

171 Commentaires

  1. Allez, je me lance.

    Ca a l’air de rien, ce genre de moments.
    Toujours un décalage entre la manière dont les choses se passent -un studio poussiéreux, une fin de journée rance, l’odeur de transpiration, les regards hostiles, les machines qui ronflent en expirant une chaleur lourde- et la manière dont elles seront retranscrites. Légendées.
    Le fait est là. Ils n’avaient pas pu faire autrement, les événements s’étant précipités. Du coup on avait fait avec ce qu’on avait. Les moyens du bord, alors qu’ils étaient au bord du craquage. En fait on ne leur avait accordé que quelques heures d’audience avant que le silence ne tombe à jamais sur ce canal.
    Faute de quoi ? De l’ambition, trop d’ambition sans doute, pas assez de prévision. Des frais inconsidérés, ces imprévus qui s’enchaînent. Les stars et leurs caprices. Telle bouteille de vin, telle suite d’hôtel, un costume hors de prix dans un décor inutile. Il avait fallu céder avec un sourire jaune.
    La malchance aussi. “ Comptez sur nous, Barbara. C’est un beau projet, on y croit. On ne vous lâchera pas.” Tu parles. Combien de fois elle les avait entendues, ces fausses phrases rassurantes ? Au final, dès que le vent avait commencé à tourner, tous les soutiens, les amis, les connaissances s’étaient peu à peu évaporées à coups de prétextes fallacieux. Finalement l’amitié, c’est juste un élastique tendu. Tant que les deux le tiennent ça va. En revanche vaut mieux être courageux et le lâcher en premier.
    Finalement elle était seule. Seule sur ce mauvais canapé, dardée par cette caméra hostile qui était le témoin muet de son échec. Elle qui avait fondé, seule, cette chaîne de télévision, il s’agissait désormais de la clôturer, dignement. C’est justement à cause de ce désir de dignité qu’elle n’avait pas voulu de décorum. Pas de costume, pas de bureau, pas de maquillage. Etre simple jusqu’au bout, dans ce monde qui se travestit de plus en plus. Il fallait y aller maintenant, mettre à mort dix ans de sa vie. Cesser de tourner autour du pot.
    “ Mesdames et Messieurs, c’est avec un immense regret…”

  2. (Bons dimanche, lundi, et semaine à tous ! )

    J’ai toujours admiré le courage et la lâcheté. Sans eux, on fait nettement moins de pas. En avant ou en arrière. C’est pourquoi j’ai passé mon enfance à les chercher. Dans les recoins de ma chambre, sous les tapis, dans les placards et tiroirs de notre maison, sur les chemins de terre, sous mes jupes. Mais non, rien. Ou que ce soit, rien.
    Au bout de quelques années, la mort dans l’âme, j’ai renoncé et décidé de vivre sans eux. Bien sûr, comme je m’y attendais, ma vie fut des plus mornes. Une fade succession de décisions impossibles à prendre, de paroles non prononcées, de menton qui ne fait ni oui ni non.

    Heureusement, la providence fit irruption dans ma vie.
    Je préparais le café pour mes parents, deux charmantes personnes, vraiment, mais qui, je le sentais bien, commençaient à s’agacer de voir leur fille cadette encore sous leur toit, à trente-deux ans.
    Naturellement, cela me titillait de prendre mon envol, j’avais d’ailleurs les faveurs des deux plus beaux hommes du village, Jean et Louis, sauf qu’évidemment, il me devait d’avoir une préférence. Et là, une fois de plus, la chose me rendait folle.
    J’en étais là de mes ruminations quand je fis tomber le pot de cure-dents.
    Merci ! Mille mercis ! Je n’osais y croire. Enfin !
    Sous mes yeux ébahis, les bâtonnets de bois écrivirent distinctement un prénom. Jean.
    La providence ! La providence !
    Deux mois plus tard, nous nous marièrent.
    Des enfants ?
    Mon petit jeu de Mikado répondit non.
    Vivre à la campagne ou à la ville ?
    La ville.
    Une voiture ?
    Non.
    Une nouvelle coiffure ?
    Non.
    Une envie lubrique de Jean ?
    Encore non.

    C’est comme ça que je devins speakerine pour la télévision. Un jour, Jean s’en alla pour une autre femme, une femme qui, apparemment, disait plus souvent oui. Toujours est-il que je dus trouver du travail pour subvenir seule à mes besoins. J’étalai au sol les feuilles d’un journal spécialisé, lançai très haut les cure-dents et, attendis un centième de seconde le verdict. Pile, en piqué, sur l’annonce d’une présentatrice pour la chaîne Une. Très bien. Qu’il en soit ainsi.
    Je fus embauchée.

    Peut-être allez-vous me trouver impolie, mais je dois maintenant vous laisser.
    Un besoin pressant.
    La supérette ferme dans quelques minutes.
    Je n’ai plus de cure-dents.

  3. Si elle avait su,

    Depuis son premier cri, sa voix fut pour elle sa meilleure alliée. Elle la choyait, la protégeait du froid, la travaillait, la mettait souvent sur le devant de la scène de sa vie. Elle aimait lire à voix haute, elle chantait beaucoup aussi et parlait plus que de raison. Chaque personne rencontrée sur son chemin entendait le son de sa voix à travers un salut, une attention ou une question.

    Elle était sensuelle et entraînante avec lui quand elle lui murmurait des mots doux à l’oreille au début de leur histoire. Au fil des années de mariage, il voulut la mettre en sourdine ; la place de sa femme était aux fourneaux, de préférence dans le silence pour qu’il puisse lire son journal ou écouter la radio. Elle le comprit au bout de deux enfants et décida contre tous de quitter cette cage avec ses petiots sous le bras. Sa voix resta longtemps dans les graves pendant une longue période d’éducation de ces deux fils pas toujours très sages.

    Mais une fois un rythme de croisière trouvé, sa voix devint vite engagée. Le droit de vote étant acquis, il restait encore plein d’autres chantiers à attaquer pour libérer la gente féminine. Sa voix savait porter avec élan toutes les idées de liberté. En plus d’être audible, le contenu en était tout aussi intéressant. On se déplaçait du pays entier pour venir l’interviewer et la filmer.
    On la dénigrait aussi, on l’insultait souvent, on voulait salir sa réputation. Sa voix en tremblait pendant ses interventions.
    Toute cette opposition eut raison de son découragement. Parfois, derrière certaines carapaces, il y a un cœur, qui, à force de se mettre au diapason d’une voix dans différents états, se fatigue plus que de raison. Et quand la voix décide d’en finir, il ne peut que s’allier à elle pour stopper ses battements irréguliers.

    Et c’est ainsi, qu’un beau matin, au réveil de la maisonnée, un silence étrange se fit entendre de sa chambre. Sur sa table de chevet, un verre de Whisky vidé et à côté une boîte de barbituriques bien entamée. Elle semblait dormir d’un sommeil profond et apaisé. Mais maintenant que sa voix ne pouvait plus s’exprimer, elle avait laissé quelques mots sur un bout de papier pour s’expliquer : « Le chemin me semble sans fin. Je suis si fatiguée. Ne m’en voulez pas, je préfère me taire à jamais ».

  4. Ton contenu est introuvable dit ton site.

  5. Bien entendu, bien compris, très beau texte. merci

  6. parce que j’ai programmé pour demain mais je peux libérer. avec le sourire

  7. Bonne soirée, déjà entamée! Voici mon texte

    L’œil tourne
    tout tourne
    ça tourne pas rond
    dans ma petite tête.

    Je regarde l’œil,
    qui me regarde
    Caïn ?
    Abel ?
    Qui suis-je ?
    L’assassin ?
    La victime ?

    Qui ai-je été toute ma vie ?
    Cette dame qui réagissait
    à «  on air » écrit en rouge,
    celle qui regardait ou celle qu’on regardait ?

    A qui ai-je souri
    des heures durant
    aux cameramen,
    pantalons trop larges
    ceinturés de cuir ?
    Aux téléspectateurs
    comme ils l’ont tous cru ?

    NON, à moi !
    À mon image lisse
    tailleur sombre
    escarpins fins
    mise en plis de mamie

    MOI !
    Je souris à la petite fille
    timide effacée ,
    sage queue de cheval
    et bandeau blanc,
    pas un cheveu qui dépasse,
    obéissant à tous
    parents et enseignants,

    qui sourit à la petite flamme
    rougeoyante
    rebelle
    persistante
    faible et puissante
    dans mon cœur
    dans mon âme,
    au plus profond
    de MOI

    qui sourit….
    Ça ne tourne pas rond
    dans ma petite tête

  8. Bonne semaine à tous et à toutes ! (je viens de me rendre compte que j’entame ma cinquième année dans cet atelier, presque un ancien à présent 😉 )

    La douceur de la trompette d’Armstrong emplissait l’espace. Mike, lunettes vissées sur le crâne, commence à siffloter, songeur. Une douce atmosphère règne, dans le petit studio, en banlieue de la Nouvelle-Orléans. Quelques pas retentirent dans le studio, outrageusement éclairé par des dizaines d’ampoules, qui chauffaient la pièce, rendant le moment un peu plus hors du temps. C’était le caméraman, un jeune type toujours très propre, qui revenait de sa pause cigarette et préparait le matériel, avec application et concentration. Mike, après être resté un moment à écouter les cliquetis des boutons de l’appareil, retourna à ses occupations. Il relut le script et empoigna sa perche. Louis, malade ce jour-là, lui laissait la lourde tâche du son, en ce jour de tournage de l’épisode pilote de la prochaine saison de la série. Un truc un peu marrant, un peu niais, mais qui plaisait pas mal outre-Atlantique. Les producteurs avaient signé pour une troisième saison, dont le tournage officiel ne débuterait que dans quelques semaines. Mike, scénariste de métier, prenait très à coeur ce nouveau défi, lui, brillant auteur de cinéma dans le passé. Et igné son, à ses débuts. Il sourit en y repensant. Regard vers la fenêtre. La pluie ne cessait de tomber ces dernières heures, et cela ne tarderait pas à devenir de la neige. L’hiver arrivait à grands pas. Et avec lui, les fêtes de fin d’année. La famille. Sa famille. Mike détourna le regard à cette pensée, sentant l’émotion qui pouvait déborder à tout moment.

    Le plateau vide n’attendait plus que l’actrice, la pétillante Margareth, qui brillait en ces lieux depuis deux saisons à présent. Sa bonne humeur et son sens de l’humour en faisaient un symbole de la quinquagénaire américaine parfaite. Qui se faisait attendre…

    Klong, klong, klong. Le bruit des talons sur le sol. Le sourire sur les lèvres. Elle s’assoit et prend la pose, puis l’accessoire, un vieux livre romantique. Margareth. Quel bout de femme ! Alors Mike empoigne sa perche, et avec soin, la place au-dessus du décor. Amstrong se tait. La pluie se transforme en neige. Fin de la pause.

  9. Journal de 20 heures.

    Mesdames et messieurs, bonsoir.

    Y a la guerre, les conflits,
    Les violences, la chienlit.
    Gilets jaunes agités
    Cheminots irrités
    Des PDG en fuite
    Des princes anglais sans suite.
    Les paysans se meurent
    Pesticides et tumeurs
    Au Yémen, c’est le drame
    Aux antipodes, ça crame.
    L’Iran et l’Amérique
    Se pâment d’être colériques
    Sans parler du Mali,
    De l’Irak, la Lybie,…

    (C’est fou tout ce qui peut se passer pendant que je suis assise tranquille face à la caméra)

    Météo, c’est pas mieux
    Un peu partout il pleut.

    Le journal est maintenant terminé. Mesdames et messieurs, merci de l’avoir suivi. Maintenant place au cinéma. Ce soir : « Apocalypse Now ».

  10. – KUHT 1 News : première !
    – Ça me fait penser que j’ai perdu ma première femme le jour de la première diffusion de la première chaîne télévisuelle française.
    – Vous avez dû lui faire un enterrement de première classe.
    – Pas du tout. C’est elle qui était en première classe dans le train bleu quand elle est partie avec le contrôleur. Je situe leurs premiers émois vers Dijon. Il a dû lui faire une première impression assez favorable mais c’était un radin de première, il l’a emmenée finir ses premiers ébats dans un hôtel Première Classe !
    – Première nouvelle. Pour ma part, je suis premier violon. Je répète la première symphonie de Beethoven que je jouerai pour la première fois ce soir à la première de l’Opéra Garnier.
    – Ah, Simone ! Elle était première dans une maison de couture. Toujours des vêtements de première main, des chaussures en cuir première… distinguée comme une première Dame !
    – Pour fêter cette première rencontre, je vous invite à « La première fois », un restaurant de premier choix, les côtes premières sont comme ça !
    – Le Champagne premier cru sera pour moi !

  11. Bonne semaine à tous

    Il y a l’envers
    Et il y a l’endroit
    Il y a ce qui se voit
    Et ce qui s’oublie
    Le visible lumineux
    Et l’invisible nécessaire
    Il y a le masque joyeux
    Et le sombre souffrant

    Il y a au moins deux facettes dans une vie
    Celle que l’on veut respectable
    Et l’autre qui se roule au sol en invectivant le monde d’être ce qu’il est

    Il y a celui qui dit,
    Et l’autre qui crie
    Celui qui lit
    Et l’autre qui prie

    Qu’en est-il de la survie ?

  12. Il y a l’envers
    Et il y a l’endroit
    Il y a ce qui se voit
    Et ce qui s’oublie
    Le visible lumineux
    Et l’invisible nécessaire
    Il y a le masque joyeux
    Et le sombre souffrant

    Il y a au moins deux facettes dans une vie
    Celle que l’on veut respectable
    Et l’autre qui se roule au sol en invectivant le monde d’être ce qu’il est

    Il y a celui qui dit,
    Et l’autre qui crie
    Celui qui lit
    Et l’autre qui prie

    Qu’en est-il de la survie ?

  13. Bonjour, voici mon texte du jour (en mode rebelle). Bonne journée.

    L’assistant de prod’ lui avait dit que le big boss voulait qu’elle s’installe à côté du pupitre façon « instit de la vieille école ».
    Le fauteuil juste à côté lui tendait les bras alors, non, elle serait l’intellectuelle, n’en déplaise à ses messieurs.
    Manquerait plus qu’ils lui disent de s’installer dans la cuisine adjacente à ce fichu paperboard.
    Ils avaient réclamé une chroniqueuse littéraire, ils l’allaient l’avoir et pas qu’un peu !!!

  14. Excellent !!! Et oui pourquoi ne pas jouer son destin à coup de cure-dent

  15. Bonjour et bon lundi à toutes et tous,
    Voici mon texte

    3,2,1 moteur

    « Bonjour à vous mes chères téléspectatrices, mes chers téléspectateurs,

    Vous savez quoi, ce matin, je ne vais vous annoncer de mauvaises nouvelles ! Qui a envie d’entendre dès le matin, que le pays va mal, que le chômage augmente, que le coût de la vie augmente et qu’il y a encore une grève. 

    Non, ce matin, je vais vous parler des petits oiseaux qui chantent, de l’écureuil que j’ai vu sauter de branches en branches, en allant au studio. J’ai envie de vous dire que cette nuit, j’ai fait l’amour plutôt que la guerre et que je suis heureuse … 

    Je suis venue vous dire que je m’en vais cultiver mes tomates au soleil, je vous quitte, adieu »

    La présentatrice vedette du journal du matin, se leva fièrement et marcha d’une démarche chaloupée vers la sortie. Le cameraman et le preneur de son, à leur tour, posèrent leur matériel et quittèrent le studio …

    Sur ma télé, il n’y avait plus qu’une mire … je ne sais pas pourquoi mais je me suis dit que cette journée commençait bien … tiens, moi aussi, si je quittais tout ?

  16. Bonjour,
    C’est terrible cette fin, la solitude … Je voudrais qu’elle rebondisse !
    Bon lundi

  17. Bonjour,

    Géniale cette idée ! j’espère qu’elle a pu trouver ses cures-dents avant la fermeture du magasin !
    Bon lundi

  18. Silence radio sur une voix … une vie, une voix … Il me semble que c’est le son de la voix d’une personne que l’on oublie le plus vite
    Très beau texte … j’ai pensé à Rosa Parks

  19. Il faut toujours garder la petite fille au fond de soi, c’est elle qui permet de grandir 🙂
    Joli texte
    Bon lundi

  20. J’y étais dans la scène ! Bravo
    Le film dans le film

  21. Hello à tous ! Voici mon texte ci-dessous ou bien chez moi: https://marinadedhistoires.wordpress.com/2020/01/20/la-voix-liberee/

    La voix libérée

    Quand je me suis enfin décidée, lui, il a dit : tu n’y arriveras pas !
    Tu n’es pas assez jeune, pas assez belle, reste donc là…
    Moi, je n’ai pas répondu, mais j’ai pensé : ma voix, ma voix…
    Et puis, il a recommencé : ici tu as de quoi t’occuper, il y a MOI,
    Le linge, la vaisselle, les courses et tout le fatras.
    Moi, j’ai fermé les yeux et j’ai pensé : ma voix, ma voix…
    Quand j’ai bouclé ma valise, il m’a serré très fort le bras,
    Tu ne crois pas que je vais te laisser partir comme ça !
    Moi j’ai serré les dents et j’ai pensé : ma voix, ma voix…
    Tu n’es qu’une bonne à rien, juste ma bonne à MOI !
    Moi, j’ai claqué la porte, et j’ai crié : aboie ! Aboie !
    Arrivée au studio, ils m’ont fait lire à haute voix
    C’était ce joli conte… La princesse au petit pois.
    Ils sont restés bouche bée, puis ils ont dit : quelle voix, quelle voix !
    Moi, j’ai juste souri, j’avais enfin trouvé ma voie… ma voie !

  22. Saleté d’actualité 🙁
    Bien vu, je sais ce qui se passe dans la tête d’Anne-Sophie Lapix

  23. Vais-je écrire le premier commentaire ?? Yes !!
    Génial, mon premier sourire du matin

  24. Le yin et le yang ?
    Bon lundi

  25. Ma participation est sur https://photonanie.com/2020/01/20/brick-a-book-356-%e2%9c%8d%f0%9f%8f%bb/
    et ci-dessous aussi:
    Les cameramen de TV8 avaient insisté pour venir me filmer dans ma salle de cours. J’étais depuis plus de vingt ans professeure de solfège à l’Académie de la ville. J’avais aidé des centaines de jeunes à décoder des partitions de plus en plus compliquées. Beaucoup avaient abandonné, pensant que la musique n’était qu’amusement sans effort. Les plus motivés avaient persévéré pour leur bonheur et le mien.

    L’un d’entre eux avait acquis une belle renommée comme premier violon dans un orchestre symphonique et, comme il avait été mon élève, j’avais paraît-il ma place dans le reportage qui lui serait consacré par la toute jeune chaîne de télévision.

    J’étais mal à l’aise devant les caméras. A mon âge et vu mon célibat endurci, je n’avais pas l’habitude d’être ainsi observée sous tous les angles. Encore heureux que le film ne soit pas en couleurs parce que je ne m’habillais que de couleurs sombres qui n’auraient probablement pas convenu au projet. J’apparaissais comme une personne insignifiante et terne, un peu démodée, comme je le souhaitais, ne cherchant à attirer l’attention sur moi à aucun prix.

    Les hommes qui me filmaient m’avaient demandé de parler de manière naturelle de mon ancien élève, selon mon bon vouloir…c’était bien ça le problème. Autant j’avais l’habitude de mener ma classe de main de maître, autant parler seule, pour être « mise en boîte » comme ils disaient, me paralysait.

    J’avais empoigné un livre de partitions pour me donner une contenance et je me cachais derrière mes lunettes de myope tandis que mes jambes flageolantes me faisaient tomber dans les bras de ce fauteuil bienvenu.

    Après plusieurs prises non concluantes, les cameramen perdirent patience et me dirent qu’ils allaient voir avec le régisseur s’ils devaient persévérer ou me laisser dans l’ombre où je me plaisais tellement qu’il semblait vain d’espérer m’en faire sortir!

  26. Ouh que j’aimerais écouter cette chronique !!

  27. Quelle force et quelle voix !!
    Merci

  28. Comme je comprends cette femme, être dans l’ombre ! Quel beau texte !

  29. Quelle tristesse quand on perd ses illusions…
    « Après la pluie le beau temps », elle trouvera bien une autre idée géniale j’espère

  30. Un texte bien écrit, crédible, un peu amer. On dirait du vécu.

  31. Ton texte est tellement puissant qu’on se sent directement plongé dans l’ambiance de ce studio bientôt déserté.

  32. Très bonne idée très drôle. Et si ça marche, pourquoi pas? Faudra que j’essaye 😉

  33. J’aime beaucoup. Il y a quand même du courage à attendre la Providence pour décider les moments importants de sa vie. La chute du texte est géniale car elle met en exergue l’origine pragmatique de l’irrationnel… Bravo.

  34. Moi je l’ai trouvé…pas mal du tout 😉

  35. Très bon texte, quel cheminement original pour en arriver au métier de présentatrice TV !

  36. Quel beau combat de femme! Et quel bel hommage aux pionnières de la condition féminine.
    Bon lundi.

  37. Pour Kroum : un itinéraire qui se termine dramatiquement, texte superbe.

  38. Pour Cécile C: j’aime beaucoup ce nouveau départ qui donne des idées à toutes les téléspectatrices !

  39. L’actualité en poésie, fallait oser. Et ce ton, grave et cynique à la fois. Comme c’est réussi ! Bravo, Cloud !

  40. Pour Rizzie: Un dialogue de premier choix ! ça met de bonne humeur !

  41. Pour Cloud: c’est vrai que si on ne regardait jamais l’actualité on vivrait mieux !

  42. Beau texte dramatique. Ce pourrait être très triste si on oubliait qu’il restera quand même des traces sonores et visuelles de son engagement. Les grandes idées ont une vie plus longue que celle d’une femme ou d’un homme.

  43. Bien vu, le questionnement de la speakerine à qui on ne demande que le paraître ou le faire valoir…

  44. Prise de conscience et mise au point, ça aide à bien avancer.

  45. J’aime beaucoup. C’est un descriptif vraiment bien mené, comme dans un roman. Si je puis me permettre, j’aurais préféré tout au temps présent. On aurait envie de lire une suite. Bravo.

  46. J’ai ri dès la première seconde… Bravo, bel exercice.

  47. Une belle expression rythmée du paradoxe de l’existence. Merci pour cette réflexion.

  48. La suite ! La suite !

  49. Bravo. C’est une jolie suite de mon texte plutôt catastrophique. Je crois que je vais partir avec ta présentatrice…

  50. C’est superbe. Ton texte est fait pour être lu à haute voix (sans jouer sur le mot…). Bravo.

  51. C’est très bien vu et raconté. Je me suis mis dans la peau du personnage. Je n’ai pas eu de mal, je suis comme elle. Toucher les limites du possible permet de mieux savoir ce pourquoi on est fait.

  52. Merci Cloud, oui je l’ai écrit à haute voix

  53. Le « igné son » c’est pour voir si on suit 😉
    Moi aussi j’étais sur le plateau avec Margareth, très belle ambiance.

  54. Quel rythme pour ces actualités pourries mais hélas vraies…, bravo!

  55. Que des premières fois, la vie est un éternel recommencement…
    Très bien tourné!

  56. L’ombre et la lumière, les deux facettes d’une même personne… Bien observé.

  57. On la veut la chronique qui ne manquera certainement pas de caractère!

  58. C’est une belle idée que ce nouveau départ 😉 Ça fait rêver…

  59. Libérée, délivrée :-D, elle a trouvé sa voie…et c’est très bien comme ça ma foi!

  60. Merci Cécile.

  61. Merci de ton appréciation Cloud

  62. Bel hommage aux personnes qui décident, un jour, malgré le courage de toute une vie menée, de se taire. Merci, Kroum !

  63. Un clap de début (« Première !) qui fait des ricochets sur tout le reste du texte. Sympa ! Bravo !

  64. J’ai adoré ! Merveilleux chant de liberté ! Profond et malicieux à la fois.

  65. Elle était si jolie mon Arlette
    Une femme-.tronc comme on les appelait parfois
    Toujours tirée à quatre épingles,
    Les cheveux savamment placés, le tailleur impeccable
    Pas un pli, toujours parfaite, le sourire calculé en toutes circonstances
    Elle annonçait les programmes qui allaient accompagner les téléspectateurs dans leur inactivité
    Elle excusait la chaîne aussi parfois lorsqu’un problème technique venait à couper une émission dans sa diffusion
    « Veillez nous excuser pour l’interruption momentanée de notre programme « 
    Venait alors l’interlude et son célèbre petit train rébus
    Toujours prête à intervenir mon Arlette
    Qu’elle était belle et fière
    Fière jusqu’à ce jour de 1992. La télévision remplaçait ses célèbres speakerines par des « voix off » enregistrées, impersonnelles, sans image, sans sourire bienveillant, sans humanité
    Alors, elle s’est sentie mourir mon Arlette
    Plus jamais je n’ai entendu le doux timbre de sa voix
    Non, plus jamais

  66. Il est beau ce texte nostalgique. J’ai encore en mémoire ces « femmes tronc ». Ce n’est plus dans l’air du temps. Ni même le petit train interlude qui fait pâle figure en regard des effets spéciaux d’aujourd’hui.

  67. C’était le bon temps, nostalgie…lol ! merci Cloud

  68. On les trouvait belles ces femmes-troncs et on les enviait alors que leur sort n’était pas forcément enviable…
    Belle description.

  69. Désolée, je me sens pas très bien, je n’ai pas pu faire plus que:

    Speakerines et compagnie

    A la télévision des speakerines
    La femme au foyer à la boucherie chevaline
    Les hommes se mettent de la brillantine
    Ma grand-mère chantait « Nuits de Chine »
    Et nous dansions dans la cuisine.

    20 janvier 2020

    Merci à tous et bonne journée

  70. Excellent texte, qui colle parfaitement avec la photo, et petite ambiance glauque, parfait !

  71. C’est excellent ! Mais j’adore ! le ton, le récit, l’idée, ses idées de pile ou face, sa façon de s’en remettre au destin, comme le fabuleux destin d’Amélie. J’ai beaucoup aimé ton texte, une parfaite adaptation à la photo, bravo !

  72. Un sérieux burn-out, qui mène à un point de non-retour, dommage on aurait aimé l’aider …

  73. Un petit peu d’égoïsme, ou de recentrage, cela fait du bien à lire, en tous les cas ! merci à toi

  74. C’est bien, c’est vif, cela se lit agréablement, et donne beaucoup d’infos, un court-métrage dans la séance, bravo !

  75. Bien raconté.

  76. Quel tableau ! Même super sombre, il donne envie de rire, tellement les nouvelles sont insupportables, catastrophiques et enormes, mais vu par Notre Cloud, cela paraît un gros bobard, méfiez-vous ! Il n’en est rien ! Regardons le film pour nous distraire un peu !

  77. Oh, merci beaucoup, janickmm ! Amélie Poulain ? Mais oui ! Je prends le compliment et je le garde précieusement 😉

  78. il faudra bien que je prenne mon courage à 2 mains pour tenter ce genre de défis un de ces 4

  79. Merci pour le champagne, pas le premier de l’année ! Un écrit à la Devos, génial !

  80. Merci, Céline ! J’avais envie de fantaisie, j’ai fait tomber un pot de cure-dents, je me suis rappelée que j’avais vraiment envie de lire L’homme-dé (un homme qui joue son destin aux dés) et voilà l’idée de ma petite scribouille 😉

  81. Aimer le courage et son contraire : quel début intrigant !.. il n’y a plus que les cure-dents pour régler l’affaire !

  82. Tout juste, mais oui ! Et tout un stock, tant qu’à faire 😉 Merci beaucoup, Cécile !

  83. Oh ! c’est dommage c’est trop court, je m’embarquais dans la petite mélodie agréable à lire,
    Qu’en est-il de la survie ? eh bien c’est la vie à tout prix !

  84. Merci, Photonanie ! Un plaisir de faire rire ou sourire 😉

  85. comme quoi les voix les plus fortes peuvent aussi être fragiles.

  86. Merci beaucoup, Cloud ! Derrière l’humour, il y a aussi la vraie vie, j’avoue. Et cette question du courage et de la lâcheté qui, en ce moment, me taraude 😉

  87. Merci, marinadedhistoires ! Ça me plaît bien, les chemins détournés 😉

  88. Merci, rizzie2 ! Les cure-dents sont jetés ! 😉

  89. Je note le titre ça m’intrigue

  90. Peut-être sur une autre photo

  91. Peut-être un jour sous une autre photo ?!?

  92. Un jour peut-être ?!?

  93. Tellement d’actualité mais il nous appartient encore l’opportunité d’y remédier un peu

  94. Qui suis-je ? éternelle question !

  95. Une jolie pause bien racontée. La vie dépasserait-elle la fiction ?

  96. Et tout ça rime ! ça rime à quoi ?

  97. Profond et joli

  98. Bien dit ! et toc !

  99. sauf BricABook bien sûr !

  100. Magnifique texte avec une belle rythmique. Normalement ce faire-valoir macho, auto-centré, négatif et bête ne devrait pas se reproduire…

  101. Quelle délicatesse et quelle finesse adroitement mises en mots !

  102. Merci Rizzie ! Oui ce genre d’hommes est loin de faire rêver !!!

  103. Très beau texte, réaliste, amer à souhait.
    J’aime beaucoup l’image de l’élastique

  104. Chère Arlette « toujours tirée à quatre épingles » mais avec quelque chose de maternel ! C’était le doudou de la télé toujours prêt à réconforter !

  105. Trop gentil ! merci

  106. tant mieux ! je t’en souhaite beaucoup d’autres !

  107. beau et triste
    La voix est une vraie personne dans ton texte ! Bravo
    Est-ce que tu as vu la série « speakerine « , on dirait que tu as écrit le scénario (hormis la fin)
    Bel hommage à celles qui se sont battues

  108. Merci Marina, bonne soirée !

  109. Moi aussi je me suis bien amusée !

  110. Merci..en effet, je pense qu’elle est bien présente chez beaucoup d’entre nous

  111. métier disparu..mais question d’actualité!!

  112. Merci Photonanie !

  113. doucement mais surement!!

  114. Merci Séverine, bonne soirée !

  115. De rien..ce fut un plaisir!

  116. Pas de réponse!! je cherche encore, et toi??

  117. je me suis surprise à chanter sur ton texte si bien rythmé pour finir par un éclat de rire sur le titre du film .
    C’est tellement, mais tellement ça !!

  118. Merci Photonanie. Des femmes objets?

  119. Merci Rizzie

  120. Merci beaucoup rizzie2, ça me fait plaisir 🙂

  121. Merci Cécile mais parfois la lumière c’est bien aussi 😉

  122. Oh oui les Caphys, je suis sûre que ce serait intéressant et drôle! Je vous attends…

  123. oh oui je sais mais la photo est arrivée tard et je n’ai pas eu beaucoup de temps dans la journée pour m’y pencher. J’aurais pu faire plus mais parfois je laisse aussi venir ce qui déboule sans vouloir plus! Dans un délai court c’est ce qui me parait le mieux! 🙂 La vie a tout prix! Ça me parait pas mal comme programme!

  124. Un peu oui!:)

  125. Merci marina! J’aime beaucoup le tien! 🙂 Il est très inspiré et inspirant!

  126. merci Cloud! Je le trouvais un peu succinct (un peu trop?) mais parfois c’est pas mal aussi de laisser l’état brut de la réflexion!

  127. merci 🙂

  128. Merci Photomanie! on a tous un peu d’ombres et de lumières en nous je crois! 🙂

  129. J’aime beaucoup tous ces questionnements. Belle introspection de ton personnage.

  130. On ressent parfaitement l’ambiance dans laquelle tu nous plonges avec beaucoup de talent, super !

  131. C’est court, mais ça rime et raconte le passé révolu avec mélancolie et douceur. Merci, Laura !

  132. Merci
    tu ES INDULGENTE
    ça fait du bien… en ce moment

  133. Evidemment !!! 😉

  134. Une écriture de vécu on dirait. Terrible ! Et bravo

  135. Super idée de texte pour cette « Tanguy » au féminin qui vogue entre « Jules & Jim » autour d’une histoire de cure dents. Bravo Severine baaziz !

  136. Elle pose beacoup de questions cette petite fille, toutes pertinentes. Bravo Françoise Clamens, j’ai beaucoup aimé ton texte.

  137. Terrible Cloud ! Et réussi !

  138. J’allais te demander ta chaîne avant la chute 🙂 ! Texte très positif, bravo Cécile !

  139. Un joli texte hommage à ces « femmes troncs » que j’ai connues et appréciées pour annoncer les émissions de la soirée. Bravo titounette !

  140. Elle fut ma « muse » pour ce texte, c’est époustouflant comme tu l’aies reconnue entre mes lignes, merci 🙂

  141. Non titounette, je ne suis pas très télé mais demanderai à mes fils de me montrer cette série, ils sont scotchés à Netflix 🙂

  142. Le passé en quatre rimes, quatre images revenues de loin…

  143. Mélancolie d’un temps passé … la femme-tronc donnait une âme à la télé ! Aujourd’hui, la télé balance des images moches, crues sans prévenir …au moins (dans mon souvenir) la « femme-tronc » prévenait les gens et mes parents m’écartaient du poste … je n’ai pas le souvenir enfant d’avoir vu des images traumatisantes
    Merci pour ce texte

  144. Oui, c’est vrai …

  145. Merci !! Ta critique positive me touche beaucoup !!

  146. J’ai lu un livre sur elle, il n’y a pas très longtemps … Et puis, ça m’a sauté aux yeux, c’était pour moi une évidence

  147. L’ambiance est lourde et le fond est triste, mais tellement réaliste que ça semble avoir été vécu. Bravo

  148. S’en remettre au hasard, pourquoi pas après tout avoir essayé. Et avec une chute amusante. J’aime.

  149. Amusant ce petit dialogue du début.

  150. La voix pour résister, et pour laisser des traces quand on a tout dit. Bravo Kroum, magnifique texte !

  151. La névrose de la speakerine et la persistance de l’enfance, très beau texte.

  152. Très réaliste, au point de vivre la scène à la place de Mike. Et intéressant de prendre le point de vue du caméraman. Bravo

  153. Très bien vu : le monde en 2 minutes, avec une chute qui fait sourire. Comme d’habitude : bravo Cloud !

  154. Si je ne me trompe pas, c’est la première fois que je te lis. Ton texte est amusant, plein de rebondissements, et parfaitement maîtrisé. Une réussite de première classe !

  155. Devant et derrière le décor: le résumé de toute vie en quelques mots. Bravo Jen

  156. J’espère la suite bientôt, ça donne envie de connaître la chronique rebelle.

  157. Et vlan ! Un grand vent de liberté ! Merci Cécile

  158. Croire en ses rêves et aller au bout, malgré le dénigrement et les menaces. J’ai hâte d’entendre sa voix ! très beau texte (et en rimes en plus!).

  159. La description du passage de l’ombre à la lumière est délicate et sensible, même si un peu douloureuse. Bravo d’avoir si bien décrit tous ces sentiments en si peu de phrases.

  160. C’est vrai qu’elles manquent ces « femmes-tronc »… ou « hommes-tronc » d’ailleurs.

  161. Un petit brin de nostalgie qui réchauffe. Merci

  162. Merci beaucoup Terjit pour ce beau commentaire.

  163. Merci de ta lecture Terjit 🙂

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