Coiffe, coiffe, coiffera, la dernière, la dernière … (Atelier d’écriture)

par | 20 Oct 2014 | # Parfois j'écris ..., Atelier d’écriture, Une photo, quelques mots | 55 commentaires

@Marion Pluss

@Marion Pluss

Je t’ai donné rendez-vous dans cette ruelle sombre, digne d’un décor carton pâte d’un film de série B. Les néons années 80 zèbrent par intermittence mes joues de fluo rose bonbon. Je souris en regardant ces photos kitsch, ces choucroutes hollywoodiennes  aux poses lascives. Du rêve, on vend du rêve …

Il n’y a personne, le salon fermera ses portes dans deux heures, et la coiffeuse, déjà, s’embête et fait les cent pas.

17 h 00.
Tu n’es toujours pas là. Je m’inquiète. As-tu eu du flair ? As-tu senti le coup venir ?
Il faut que je te parle, te regarde et t’entende : cela ne peut plus durer ainsi. Nous avons trop attendu et nous avançons presque comme deux aveugles. Notre voie s’obscurcit.
Il est grand temps de tailler dans le vif, d’élaguer le superflu et de reprendre le bon chemin.

17h02
Une boule s’empare de ma gorge. Et si tu ne venais pas ? S’il t’était arrivé quelque chose sur le chemin ?
Si, si, si ?
Rien sur mon téléphone, tu devrais déjà être là pourtant.
Ma main triture un bout de papier, déjà froissé. En deux, en quatre, puis en huit. Le déplie, puis le froisse de nouveau. Termine par des confettis. Morceaux de minutes arrachées au temps.
Je ne tiens plus.

17h04
J’aperçois une ombre, la tienne. Je mets quelques temps avant de ne plus douter. Ta démarche, ta silhouette tout en baskets. Je sors de l’ombre, te souris.
Je passe la main dans tes cheveux, les ébouriffe avant de les fixer dans ma paume. Je t’indique alors la vitrine.
Tu tombes des nues et me fixes d’un air hagard.

Oui, il est grand temps de couper nos tignasses, de père et de fils chevelus.

 

Leiloona, le 19 octobre 2014

 

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Le texte de Ludovic :

Jour de coiffeur.

J’étais chez le coiffeur, installé dans le fauteuil, une serviette autour du cou, par dessus le peignoir en plastique qui s’attache dans le dos… J’avais attendu vingt minutes que  la stagiaire à la coupe de cheveux improbable, tout droit sortie d’un concours de coiffure (il n’y a pas d’autre explication!)  s’occupe de mon shampoing.  Comme d’habitude, elle avait demandé, chewing-gum entre les lèvres :

« – Ça va la chaleur de l’eau? »

Et comme à chaque fois, j’avais eu envie de lui dire « on dit température, pas chaleur… »; mais comme d’habitude, je n’avais rien dit…  Je l’ai laissé m’affubler de ce ridicule peignoir, et ai obéi sans mot dire, à ses ordres : Baissez la tête, Regardez à droite…

J’en étais là de mes pensées sur mon obéissance soumise à la coiffeuse, quand le téléphone a sonné… Elle s’est excusée (quand même!) et est partie répondre.  A ce moment, j’ai vu passer, dehors, devant la vitrine, Fanny…

Mon cœur s’est retourné! Fanny!…

On s’était quitté il y a 20 ans, à la fin du lycée, sans vraiment l’avoir prévu. On avait tout partagé ensemble, fait les 400 coups, comme disaient nos mères (et on trouvait cette expression complètement datée…), on s’était même aimé un peu… Et puis la vie nous avait séparés, sans qu’on s’en rende vraiment compte. La fac, chacun de son coté, au début on s’écrit (il n’y avait pas de portable…), on se fait mille promesses de ne jamais oublier, puis on écrit moins souvent, on a moins de choses à se dire… et puis on ne s’écrit plus…

J’avais souvent pensé à elle, à nous, à ce que nous serions devenus ensemble, à ce qu’aurait été ma vie avec Fanny pour me tenir la main. Aurais-je été plus heureux, moins perdu?

J’avais essayé de la revoir, mais ses parents ne savaient pas où elle était.

Elle était alors la somme de mes regrets, à ce moment de ma vie où rien ne se passait selon le plan établi…

Alors, il n’était pas question de laisser passer une chance de rattraper cette erreur. Je me suis levé d’un bond, la coiffeuse n’a pas compris, m’a demandé de m’asseoir… Je suis sorti, ai couru avec des airs de super héros (à cause du peignoir qui volait derrière moi, comme une cape!) et l’ai rattrapée. Je lui ai pris la main, et elle s’est retournée…

Ce soir je dine avec Charlotte. Nous fêtons nos 2 ans de mariage… Être rattrapée dans la rue par un inconnu habillé en peignoir mauve, et des cheveux plus longs d’un coté que de l’autre l’a beaucoup fait rire ce jour là… J’ai bredouillé des excuses, ai évoqué sa ressemblance avec Fanny… Elle n’a rien compris, m’a invité à diner pour que je lui explique plus calmement ce que je faisais la dans la rue en peignoir de coiffeur.

Et depuis, on ne s’est plus quitté!

 

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Voici vos liens : 

Violette

Cléo : 4 bis, rue des boutiques obs…

Titine

Passion Culture : Un peu tiré par les cheveux

Païkanne

Sabine : La tête à l’Env’Hair

Piotr : Comme un manque

Adrienne : 20 comme 20 h 

Vue de mes lunettes : Lucie

Stephie

Sarah : Tourner une page

Les Tribulations d’une lectrice : Souvenirs

Myrtille

une-photo-quelques-mots1

 

55 Commentaires

    • Hi hi, je crois qu’on le voit tous … ces chevelus, surtout chez les ados ! 😀

      Et non tu n’es pas en retard, zeeeeeen. Je t’ajoute ! 😀

      Réponse
  1. J aime bien la chute (!) de ton texte 🙂
    Le texte de Ludovic fait rêver 🙂

    Réponse
    • Oui, chute à double sens ! 😀 Merci ! 😉

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  2. J’aime beaucoup vos textes Leil et Ludovic et je me suis laissée piéger par vos chutes super efficaces!

    Réponse
    • Merci miss ! 😀

      J’avais choisi une autre chute au départ … mais j’ai effacé un bout du texte pour faire quelque chose de plus léger ! 🙂

      Réponse
    • Ah oui ? Mais pourtant j’ai pu y aller à l’instant … A mon avis, il ne devait pas être publié encore. 😉

      Réponse
        • 😉

          Cela dit, il valait mieux l’écrire, je suis souvent gauche quand il s’agit d’ajouter des liens. 😀

          Réponse
  3. @ Ludovic : j’adore ta chute, oui, effectivement très bien trouvée ! 😀 Un petit air de fraîcheur comme j’aime.

    Réponse
  4. J’adore la chute de ton texte et de celui de Ludovic : l’une est très amusante et l’autre charmante !

    Réponse
    • Oui, c’est l’esprit printanier qui joue sur notre inspiration ! 😀

      Réponse
      • Je crois que l’ajout n’a pas fonctionné je ne le vois pas 🙂 Rhoo première participation et je fais déjà mon ennuyeuse 😀

        Réponse
        • Pas de souci, oui, en effet, et ensuite comme je suis partie, je ne pouvais plus voir mon blog … erreur réparée.

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    • Oui, je l’ai modifié en voulant aller sur ton blog. Normalement ça roule ! 🙂

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  5. J’aime beaucoup ton texte !
    Je suis contente d’avoir participé, et attends avec hâte la photo de demain :D.

    En tout cas, c’est toujours « marrant » de voir comment une même photo inspire de façon si différente les personnes 🙂

    Merci pour cet atelier !

    Réponse
    • Oui, j’ai toujours aimé voir et lire les différentes interprétations. A mercredi pour la photo et à lundi prochain pour ton texte alors ! 😀

      Belle semaine.

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  6. Encore de bien jolis textes cette semaine 🙂

    Réponse
    • Merci Marion, et j’adore les différentes interprétations ! 😀

      Réponse
  7. Leiloona : continue les écrits longs, ça fonctionne à merveille! Le rendez vous surprise pour emmener le fils chez le coiffeur, je vais le noter!!! Ca devrait servir! Chute très sympathique!

    Réponse
    • Ah ah, tu as un pré ado ou un ado cheveu à la maison ? 😉

      Et merci. 🙂

      Réponse
      • Et oui… Un pré-ado qui n’aime déjà pas le coiffeur…:)

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  8. Très beaux billets tous les deux.
    Leil : ton histoire me fait penser à celle que j’avais écrite sur la photo sur la photo de la silhouette au portable.

    Bon, je suis une quiche avec la tablette et je ne sais pas comment copier coller un lien ici… mais mon billet est prêt, hein!

    Réponse
    • Ah oui ? J’avoue que je ne m’en souviens plus. 😉

      Sinon ton lien a été ajouté ! 😀

      Réponse
    • J’ajoute illico ton lien ! Merci d’avoir participé ! 😀

      Réponse
    • J’ajoute aussi !

      Et merci ! 😀

      Réponse
  9. @Leiloona : haha, excellent ! On s’attend à un truc plus dramatique…  » Nous avançons presque comme deux aveugles « , looool.
    Ça m’a fait penser à mon petit frère qui, ado, a eu une période où il portait un tignasse invraisemblable qu’il n’y avait pas moyen de lui faire couper (ma mère menaçait régulièrement de le tondre pendant son sommeil ^^) !

    @Ludovic : joli ! On s’attend à Fanny… et c’est Charlotte 🙂

    Réponse
    • Oui, je croise pas mal d’adolescents tous les jours, et je les vois bien en 3è, avec leur tignasse qu’ils ne veulent plus couper.

      Sinon merci ! Oui, je l’ai fait exprès. 😉

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  10. @ Leiloona : bon texte, avec une chute inattendue très bien amenée.

    @ Ludovic : là part contre, j’ai vu venir la chute, j’ai parfois des intuitions,, ce qui n’enlève rien à la qualité du texte et donne même envie d’en lire plus ^^

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  11. bonjour !
    j’aime beaucoup votre participation !! je ne m’attendais pas à cette fin !!
    mon lien a été déposé ici ! mais il ne figure pas dans la liste-
    je vais visiter d’autres liens- merci-

    Réponse
    • Hum, je crois savoir pourquoi les commentaires ne se valident pas : vous utilisez plusieurs pseudos et plusieurs adresses mail. 😉

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    • Euh, si le lien est validé là … je crois que ton adresse mail est considérée comme du spam par wp …

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  12. j’abandonne mes visites-
    je viens de déposer un com chez Cléo– mais rien ne se valide chez votre hébergeur-
    on doit s’abonner ??
    bonne continuation à tous ! je file-

    Réponse
  13. une participation pleine de tendresse ! une histoire bien menée !!
    bonne continuation-
    com pour le site de Lucie- mes coordonnés ne sont pas acceptées sur WordPress

    Réponse
  14. je suis revenue lire Ludovic, maintenant que j’ai un peu plus de temps 🙂
    ça nous change des nombreuses histoires sombres, un petit air d’amour qui passe (et c’est bien écrit aussi)

    Réponse
  15. @Ludovic : Belle histoire douce-amère. J’aime beaucoup l’expression « Elle était alors la somme de mes regrets ». Cela m’a fait penser aux Passantes, si joliment chantées par Brassens.

    @Leiloona : Je suis un inconditionnel des textes à chute, et là, tu nous as gâtés !

    Réponse
  16. je n’ai qu’une adresse mail pour orange-
    FB je n’utilise pas-
    je ferai attention à ce que ce ne soit pas FB qui s’affiche-
    bonne journée-

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  17. Cela commence dans un climat sombre (j’aime bien le rose fluo sur les joues. C’est très visuel) et fini par un traquenard tendu à un ado. Excellente chute !

    Ludovic : j’aime bien ce texte qui alterne souvenirs mélancoliques et monde d’aujourd’hui avec la culture djeun de la jeune coiffeuse.

    Réponse

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