Oui, c’est là qu’il faut aller respirer, rêver et allonger les heures par l’infini des sensations. Un musicien a écrit l’Invitation à la valse ; quel est celui qui composera l’Invitation au voyage, qu’on puisse offrir à la femme aimée, à la sœur d’élection ?
Oui, c’est dans cette atmosphère qu’il ferait bon vivre, — là-bas, où les heures plus lentes contiennent plus de pensées, où les horloges sonnent le bonheur avec une plus profonde et plus significative solennité.
Baudelaire, « L’invitation au voyage », in Petits poèmes en prose
Tu dors encore, là, à mes côtés, maestoso, du repos du guerrier. Je pourrais te réveiller en m’approchant de ton dos et t’envelopper du ruban de mes jambes. Mais je ne bouge pas ritenuto. Le rideau joue a piacere avec la lumière de l’aube et lui laisse se frayer une venelle. Je te regarde alors, teneramente, ton visage détendu et apaisé, j’imagine tes rêves, un doux sourire sur mon visage spinato. Mes yeux se posent alors sur ton muscle pectoral gauche qui monte et descend tranquillo.
Pianissimo je ramasse sur le parquet chaud ta chemise et m’en drape, nos odeurs se mélangent alors comme cette nuit legatissimo. J’aime la musique de notre histoire, son tempo et son intensité ad libitum …
Dans la cuisine, le carrelage froid surprend mes pas, pour un peu je retournerais sous les draps avec toi, mais mon regard est attiré comme un aimant vers l’extérieur. La beauté de la scène, un tableau dont les brumes me rappellent mon Huang Shan. Là dialoguent les synesthésies. Mer de nuages bleutée, rosée à la fumée pourpre, le spectacle est total et change au gré du vent et du soleil levant.
Voilà la beauté des choses du monde. Ma partition pour un lord, ton souffle chaud et apaisé d’un bel endormi, et la nature qui s’éveille et offre un tableau vivant. Que demander d’autre, là est le doux pays de Cocagne …
Ce sont encore mes pensées enrichies qui reviennent de l’infini vers toi.
Leil ©, le dimanche 22 janvier 2017
Le texte d’Anselme :
Tu me regardes et je feins de dormir.
Le texte d’Adèle :
Le passage
De cette aventure qui a duré près de deux mois, des centaines de photos que j’ai prises, c’est celle-ci qui pour moi est la plus belle, la plus vraie. C’est le petit matin, et je suis là, debout, attentive à ce qui m’entoure, présente au monde comme jamais. Il fait frais, presque froid, et l’humidité, qui remonte le long de mes jambes nues, serait presque désagréable, s’il n’y avait la promesse d’une belle journée. La certitude de la douceur à venir, suivie de la chaleur de l’après-midi, me fait apprécier la morsure aux doigts de la fraicheur de l’aube.
Les muscles sont raidis par l’effort des jours précédents, j’en sens chaque fibre, des mollets à la nuque, tel l’écorché d’une planche de biologie. Tant de muscles pour se lever et marcher, tant de vertèbres pour se tenir droit, et au-dessus, le cerveau pour se garder en équilibre.
Cette nuit, le sommeil, dans l’auberge, a été bref, troublé par les bruits des voisins de dortoir. Une heure déjà que je me tourne et retourne dans le lit. Mes affaires fourrées au fond de mon sac, je me glisse sans bruit au dehors, les pieds nus sur les dalles du jardin. La nuit rechigne à relâcher son emprise sur le monde. J’enfile mes vêtements secs, mes sandales, j’accroche en travers du sac mon T-shirt lavé la veille, pour qu’il sèche en route. Je passe mon paquetage sur mes épaules, avec aisance, calant le sac de couchage au creux de mes reins. En une semaine, j’ai apprivoisé le geste. Je jette un coup d’œil au jardin.
En deçà de la clôture, une chaise en plastique attend une âme rêveuse. Au-delà s’étend une vaste vallée pyrénéenne. Pudique, secrète, elle se nappe d’une brume épaisse, iridescente, qui en masque le fond et fait imaginer des ravins et des gouffres. Plus tard dans la journée, le soleil écrasera les reliefs, mais pour l’heure, la lumière à peine naissante magnifie les creux et les bosses de la Terre et me renvoie à mes propres écorchures.
Si je veux, je peux plonger dans la vallée, en suivant ce chemin, ou peut-être l’autre là-bas, au risque de me perdre. Je peux aussi attendre le réveil des autres marcheurs et les suivre, comme les autres matins. Je peux choisir de me faire confiance, ou pas.
J’ai passé la nuit à revoir le chemin parcouru, dans l’espace et dans le temps. Trois ans, deux mois, une semaine.
Trois ans depuis ta mort, deux mois que cette amie m’a convaincue de ce projet fou, une semaine pour me sentir déjà mieux. Presque vivante.
L’amie m’avait dit : « Si ton cœur est brisé, si ta tête est vide, alors fais marcher ton corps.»
Je l’ai laissée me convaincre, elle insistait et la volonté de dire non me faisait défaut. Envie d’un peu de fraternité, à défaut de ton amour. J’ai tout suivi, les entrainements, les préparatifs, les réunions avec les futurs compagnons de marche. Sagement, je m’épargnais de penser.
Cela fait une semaine que nous parcourons ensemble ces campagnes, côte à côte, et mon pas se fait plus léger. J’ai calé le chagrin dans la poche de côté, et une livre d’amitié en contrepoids dans l’autre. Les pas s’enchainent, je calque mon rythme sur le leur. Un pas, un battement de cœur, un autre pas, une respiration et un battement de cœur, encore un pas, et encore recommencer. Le soir, la fatigue m’écrase et je tombe dans une nuit sans histoire.
Les premiers jours ont l’allure d’une ballade, je bavarde pour meubler le silence et travestir ma peur. Aux premiers raidillons, mon souffle est coupé, je n’échappe plus au silence. Les perceptions s’aiguisent, le corps est avide de sensations. Senteurs d’herbe mouillée, de sous-bois. Bitume chaud et joyeuses sonnailles, bouses écœurantes et chant d’oiseau. Devant mes yeux décillés, ce qui était paysage devient réalité.
Mon amie m’avait dit : « A un moment de cette quête, nous nous séparerons, c’est inévitable, la solitude te réclamera. N’ais pas peur, suis-la, écoute ce qu’elle a à te dire, nous nous retrouverons à l’étape du soir, voilà tout ».
Déjà les brumes de la vallée se déchirent, laissant apparaitre un paysage de prés et de vergers. Je ressens une joie enfantine, comme une bonne blague que je nous ferais. A elle, à toi, à moi. « Un deux trois, soleil ! ». Je capture l’instant dans cette photo.
Ce matin, je vais partir seule, je sais la montée rude qui m’attend, vers le col de Roncevaux, le fameux passage balayé par les vents.
Roland, j’entends ton souffle, tes cris, ils ressemblent étrangement à ceux que je poussais hier dans mes silences de femme blessée. Je viens vers toi, animée par la volonté de renaitre au monde.
Ultreïa !
(Aller plus loin, plus haut !)
Le texte de Jos :
Gestation
D’un pas appesanti, Hélène se dirigea lentement vers le foyer de la cheminée où ne restaient que quelques braises rougeoyantes.
Elle se baissa précautionneusement pour saisir une buche et du petit bois qu’elle déposa dans l’âtre. Reprenant aussitôt de l’ardeur, le feu crépita fougueusement et diffusa sa douce chaleur. Alourdie par son ventre rond qui grossissait depuis 8 mois, Hélène pesta contre les 4 semaines – une éternité ! – qui la séparaient de la délivrance tant attendue. Elle se redressa péniblement et se dirigea vers la fenêtre.
Les rayons du soleil qui peinaient à transpercer la brume matinale, diffusaient une pâle lumière qui faisait doucement scintiller la campagne silencieuse. Impassibles, les squelettes noirs des arbres trônaient en maître au milieu des herbes jaunes et desséchées. Le paysage figé par la gelée blanche semblait dormir encore et le temps paraissait suspendu.
Hypnotisée par l’engourdissement de la campagne hibernante, Hélène glissa lentement dans une douce torpeur, s’identifia à la nature en gestation et découvrit le secret de sa patience. Elle réalisa que l’hivers était nécessaire et indispensable à l’apparition du printemps et que la nature clairvoyante mettait à profit ce moment de pause imposé pour mieux préparer sa renaissance.
Eclairée par cette révélation, l’attente sans fin du petit qu’elle hébergeait en son sein apparut à Hélène essentielle et précieuse.
Elle venait de comprendre que la patience était la clé de sa délivrance.
Le texte de Nady :
Dernière lettre à ma mère (suite du texte de l’atelier 242)
Me voilà revenu chez nous 10 ans après,
Dans notre campagne adorée…
Les couleurs ont changé,
L’horizon semble maintenant dégagé.
De ton HLM tu as déménagé
Pour une maisonnette avec jardinet.
En première j’ai voyagé
Et suis venu te chercher…
Ils se sont bien occupés de nous,
Malgré des horaires de fou,
Dans cette masterclass des recalés
De notre belle société.
Très vite, on m’orienta vers la filière informatique,
Car ils ont vu disaient ils, un potentiel fantastique.
Plein de boîtes me courtisèrent,
Mais c’est google qui payait le plus cher,
Me laissant ainsi la possibilité de bien économiser
Pour pouvoir au plus tôt venir te chercher.
Mais le temps me manquait
Pour me déplacer.
Alors, dès mes premiers salaires, je t’offris,
Ce petit coin de paradis
Que tu aimais à me montrer chaque dimanche à travers la caméra en l’air,
Lors de nos appels skype hebdomadaires.
Pour rien au monde je ne voulais rater
Ce moment précieux à nous parler…
Mais cette année, c’est décidé,
Je viendrai te chercher
Et ensemble on ira voyager.
Encore quelques semaines et ce nouveau projet sera fini.
Après ces longs mois de travail, promis,
je t’inviterai à découvrir la Californie !
Tu verras, tu vas aimer !
Mais tu ne m’as pas laissé le temps de venir te chercher…
Avant-hier par skype je t’annonçais ce formidable projet d’été
Et après quelques secondes d’un temps suspendu,
Je t’ai dit : « maman, ça va maintenant pour nous, je t’offrirai désormais tout ce que tu as toujours voulu »
Et tu m’as répondu « je suis fière de toi » !
Tu ne peux pas savoir le bien que ça m’a fait à moi !
Mais aujourd’hui tu n’imagines même pas comme je regrette de t’avoir dit ça !
Car le lendemain c’est après que ton cœur se soit arrêté, qu’on m’appela
J’aurais du te retenir ici bas,
Maman, pourquoi m’avoir fait ça ?
On ne part pas comme ça !
Mais tu sais quoi ?
Ce voyage je le ferai avec toi.
Je suis venu te chercher.
Malgré ces heures interminables de vol aller,
J’aperçois au loin ta chaise devant le pré
Et je te sens là, tout près de moi
Devant un merveilleux paysage d’automne bien froid.
Ta main vient frôler mes doigts,
Ce voyage promis, on le fera toi et moi !
Le texte de PdP :
Le temps change…. je suis assis là, je regarde le temps, je regarde le vent, quelle idée saugrenue de regarder le vent ? Sûrement dans l’air du temps. Tout me semble figé, tout me semble glacé, cliché de ce moment, cliché de cet instant. Souvenir de son passé, souvenir de son futur qu’on espère merveilleux. Tout me semble figé, tout me semble glacé, mais mon coeur a vécu, c’est donc qu’il a battu. j’ai vécu mille tourments mais mille bonheurs sûrement. Tout me semble figé, tout me semble glacé, syndrome de mon passé. Mais contre toute attente un rayon de soleil perce mes rêves glacés, un rayon de soleil occupe toutes mes pensées. Tout me semblait figé, tout me semblé glacé, mais je sens soudain mon coeur se réchauffer ! Je sens battre l’espoir je sens mes yeux ravis ! Tout me semble bouger, tout me semble radieux car je t’ai rencontrée. Tout me semble bouger, tout me semble radieux car le soleil est né…. Bonjour à toi joli monde , je me suis réveillé……
Le texte de Bénédicte D.
Ce matin en se réveillant, il lui apparut comme une certitude que ce serait aujourd’hui. Avec une énergie qui lui faisait défaut depuis quelques temps déjà, elle se mit au travail….
Elle posa sur son lit aux draps blancs bordés de dentelles son édredon le plus joli, celui semé de fleurs délicates. Puis elle entreprit le tour de sa petite maison, redressant un tableau, disposant harmonieusement les coussins du canapé, tapotant celui du fauteuil, s’arrêtant parfois un moment sur des albums de photos, remontant l’horloge, effaçant toutes traces de son déjeuner dans la cuisine, vérifiant encore une fois le bon ordre de ses papiers, s’assurant qu’aucune facture aurait pu être oubliée….
Chacun de ses gestes étaient tendres et doux et lui prenait aussi un certain temps. Au milieu de la journée, après s’être un peu reposée, elle enfila ses bottines fourrées, celles dont le laçage demandait toujours du travail à ses doigts déformés, mais qui la faisaient sourire de plaisir quand elle les regardait sur ses pieds. Un coup de peigne dans ses boucles joliment grises, un peu de rouge à lèvres tout en surveillant la lumière d’hiver à l’extérieur. Quand elle sentit que celle-ci s’apprêtait à décliner, elle enfila son manteau, prit son châle en cachemire si léger et si doux que c’en était une merveille, et tira simplement la porte derrière elle….
En peu de temps elle arriva à ce fauteuil, installé à cet endroit depuis longtemps déjà, juste dans la coulée du soleil couchant. C’était à chaque fois un spectacle renversant de beauté, immuable et pourtant jamais le même. C’est un rendez-vous qu’elle ne manquait que si les conditions météorologiques ne le permettaient pas. Aujourd’hui était un jour parfait, elle l’avait su au premier regard par la fenêtre.
Elle s’assit et s’enroula dans son châle. Elle baignait dans la lumière. De temps en temps elle fermait les yeux pour y voir danser à l’intérieur des persistances rétiniennes. Immobile, heureuse et fascinée, elle attendait que le soleil l’emporte avec lui ….Mais à la nuit tombée il fallu bien se rendre à l’évidence, il était parti sans elle….
Alors elle se releva un peu étourdie, engourdie par ce froid sec de Janvier, et repartit chez elle. Elle alluma les lumières, remis ses chaussons et se fit chauffer une soupe dans sa cuisine impeccable.
En allongeant sa fatigue sous son édredon fleuri, un livre à la main, elle se dit avec philosophie que le grand départ serait pour un autre jour…..
Le texte de Ludovic :
J’ai d’abord fait le tour de la maison, en ai profité pour ranger quelques affaires, son vieux gilet élimé aux manches, les chaussons restés seuls au milieu de la pièce, une tasse dont le fond bruni par le café en portait encore l’amer parfum.
À côté, sur la table, le journal du jour, ouvert à la page du pays, livré le matin même avec le courrier par Martin, le facteur du village. Je les imagine alors tous les deux, autour de cette même table, discutant météo et jardinage, refaisant le monde, lui regrettant secrètement que je n’épouse finalement pas Martin… un bon parti, comme ils disent! On avait flirté, on s’était même un peu aimé… mais ça n’avait pas duré, et nous nous étions séparés bons amis, sans vraiment nous revoir.
Mais depuis le départ de ma mère l’année et mon retour ici pour veiller sur mon père, nous nous croisions, échangions quelques mots timides, bonjour, bonsoir, des banalités sur le temps qu’il fait, pour ne pas parler du temps qui passe et nous avait éloignés…
Je reprends finalement mes esprits, revient à la réalité du présent et appelle papa! Je l’imagine endormi dans un fauteuil, ou parti dans la réparation d’un quelconque bibelot dont il se sera mis en tête l’absolue nécessité.
J’appelle une nouvelle fois, tend l’oreille… en vain. Je revois alors les chaussons que je viens de ranger et comprends.
J’ouvre la porte sur le jardin.
D’abord aveuglée par le soleil couchant, sa lumière qui s’épanouit et se repend à travers la brume humide de la fin de l’automne, je ne distingue rien. Puis, petit à petit, la main posé en visière au dessus des yeux, je devine et redessine le jardin, celui de mon enfance. La barrière du verger, le pommier qui a longtemps supporté la cabane de mômes, le carré potager bordé de groseilliers dont je me régalais des petites baies rouges amères. Un parfum de terre humide sature l’espace, et une fraîcheur de saison me fait frissonner. Je saisis une couverture derrière moi, et descends vers le verger, où trône la chaise de jardin, refuge de son chagrin depuis le départ de maman.
-Papa il faut rentrer, tu vas attraper froid.
Je l’enveloppe dans la couverture, tendrement. Il n’esquisse aucun geste, tout juste remarque-t-il ma présence. Je le force à se lever, des larmes ont roulé sur ses joues. Dans sa main, il tient un petit carton bordé de noir. Il me le tend et sa voix emplie de sanglots grelottent quelques mots:
-ta mère est morte…
Je le serre dans mes bras, la faire-part est emporté par le vent d’hiver qui commence à souffler. Je bredouille…
-je sais papa, ça va aller, viens à la maison, on va se faire une soupe bien chaude.
Le texte de Manue :
Elle venait de si loin. D’abord pour voir. Pour la mémoire.
Ses pas craquaient sur la nature glacée qu’elle foulait. Les arbres étendaient leurs silhouettes éthérées comme pour tenter de sauver ce qui restait de beau autour d’eux.
Devant elle, déjà, le halo de lumière montait en puissance dans la mer de nuages qui jusqu’alors préservait le secret de son entreprise.
Le regard perdu dans l’horizon lointain, ses pensées l’amenaient vers les siens. La pulsation de son monde battait encore en elle mais plus pour longtemps. Plus jamais elle ne verrait les dunes brûlantes de son enfance, ni les couchers de soleil fantastiques sur les roches rougeoyantes de sa planète.
C’était un être d’exception, presque unique, choisi dans l’infinité des possibles.
Elle avait écouté les derniers mots de ses compagnons
« jddcgjusn duedgebcndzdhzdd, dnzdzdb,wcxczra »
et maintenant, leur vaisseau décollait, le dernier lien avec Mars, brisé.
Elle était le témoin. Celle chargée de transmettre aux Autres les derniers détails de la décadence des humains puis leur anéantissement total. Elle savait leur fin, elle connaissait leur folie. Elle était le messager, transportée là afin de graver dans la pierre, pour l’éternité, les secondes qui verraient le dernier homme mourir.
Mais nichée au cœur de ses entrailles, l’Ultime, serait nourrie le temps de constituer assez de forces pour son envol vers les ténèbres. Elle, cocon sans substance, resterait. Bientôt poussière, elle disparaitrait sans mémoire, sans tombe, son dernier souffle dédié à envoyer loin, très loin, son étincelle de vie.
Elle était l’Espoir aussi.
PS : Parlant parfaitement martien, ou ayant beaucoup trop fumé de moquette (je laisse au lecteur choisir l’hypothèse la plus plausible), il faut traduire « jddcgjusn duedgebcndzdhzdd, dnzdzdb,wcxczra » par « Va, et n’oublie pas que tu es l’Elue ».
Le texte de Valérie :
Comme tous les matins le réveil sonna. Sans même allumer la lumière, je me déshabillai, me dirigeai dans la salle de bains où je fis couler l’eau. Il lui fallait toujours un temps fou à chauffer en ce moment Je me lavai rapidement, m’enroulai dans ma serviette. Je m’enduis les jambes et les bras d’une crème doucement parfumée. Petit maquillage rapide, ma crème bb et un peu de mascara. Et j’allai me planter devant la penderie de ma chambre. Indécise : pantalon, robe, jupe…Tous les jours le même dilemme. Cette robe-là, je l’adore mais un peu courte pour mettre avec les élèves. À chaque fois que je suis au tableau je les imagine…Pas la peine de vous faire un dessin. Cette jupe, trop longue par contre. On dirait une mamie. Je ne sais même pas pourquoi je la garde. Il y a bien celle-là mais avec quel haut, t-shirt noir ou chemisier blanc? De toutes façons, j’ai filé mon dernier collant noir et avec le bleu même pas la peine d’y penser…
Pour me donner une indication supplémentaire, j’ouvris quand même les volets. Il faisait un temps magnifique. Tout était glacé mais le ciel était trop beau, d’un bleu invitant à la rêverie. Je me mis à envier les arbres qui malgré leur nudité étaient splendides, tout juste vêtus d’une blanche pellicule de givre. Quelle idée quand même Dame Nature de leur faire perdre leurs feuilles avant la saison froide. En même temps, je n’en ai jamais entendu un se plaindre qu’il avait froid. Ce n’est pas moi qui sortirai toute nue en plein hiver, en plein été non plus d’ailleurs. Mais je m’égare. Avec la température qu il doit faire dehors, je vais encore devoir empiler les couches et je vais finir comme le bonhomme Michelin. Pour le coup, mes élèves ne me trouveront pas sexy et ne se déconcentreront pas à cause de moi…
On sonna à la porte. Mince Babeth qui devait me prendre ce matin, ma voiture étant au garage. Et, j’étais toujours dans ma serviette… Et si pour une fois, je me faisais porter pâle.
– Oh Babeth je suis désolée mais je ne me sens vraiment pas bien. J’aurais dû t’appeler pour t’éviter ce détour. Je pensais pouvoir y aller mais…même après la douche, ça ne va pas mieux.
– Pas grave, t’inquiète. Repose-toi bien. Je file.
Je passai une partie de la matinée à observer les arbres, nue sous ma couette. Un pur bonheur ! Puis je fis du tri dans ma penderie. Il était temps.
Plus qu’à faire les soldes !!! Quand je serai retapée…
Le texte de Terjit :
Il m’a déposée au milieu du jardin puis s’est assis. Mais non, ce n’était pas le bon endroit. Il m’a déplacée un petit peu vers la droite, ça n’allait pas non plus, la haie bouchait la vue. Plus bas on ne voyait pas le fond des gorges, en haut la cascade Son petit manège a duré des heures. Après avoir tout essayé il a choisi la position entre les deux petits arbres qui donnent l’impression de voir la vallée dans un cadre, comme un tableau. Il est resté avec moi le reste de la journée pour faire connaissance. Ce n’était pas un bavard Albert, plutôt un contemplatif qui ne disait que des petites phrases frappées au coin du bon sens paysan.
Chaque matin il venait s’assoir sur moi. L’hiver sa tasse de café brûlant posée sur mon accoudoir me réchauffait. Quand il pleuvait il me protégeait avec son parapluie. L’été il m’époussetait avant de s’installer. Et chaque fois il était heureux entre mes bras.
Ça durait depuis 32 ans… Ils ne connaissent pas notre histoire les autres… Qu’est-ce qu’ils vont faire de moi ?
Les textes inspirés de la même mais écrits sur d’autres blogs :
je veux bien retourner au lit moi aussi 😛
Ah ah le lundi matin est difficile ? 🙂
@Leiloona : que de beauté tu nous offres là ! Un réveil en douceur auprès d’un bel étalon et un bonheur qui se poursuit devant un merveilleux paysage tiré de ce sublime cliché à travers tes délicieux mots ! Bref, une semaine qui commence superbement bien ; -)
Nady : Hé hé, voudrais-tu donc dire que de se réveiller auprès d’un bel étalon permet de voir le monde différemment ? Coquine … 🙂
#sotrue
Ça aide beaucoup oun ; -) (joues rougissantes 😉 lol )
Ah oui ? ahhh
Ben oui qu’est ce que tu crois mon bel ami ! Je vois que des échanges attirent ton attention mdr… n’oublie pas de lire mon commentaire sur ton texte et mon texte par la même occasion ; -)
@PdP : welcome parmi nous ! Tu verras, tu en deviendras addicted ! 😉
Touchée en plein coeur par ton texte je suis ! 😉
@Terjit : ROooo ! J’adore ta manière de nous surprendre chaque semaine ! J’aime tes histoires toutes différentes et chacune unique et marquante ! Bref, suis fan 😉
@jos : un beau sujet que tu traites là ! Ahhhh la patience ! C’est vrai qu’on apprend à l’apprivoiser dans son état ! Mais vivement la délivrance tout de même ! Bisous ma belle et à tout bientôt
@Adèle : je crois me souvenir que tu es sensible à tout ce qui touche au corps. Dans ton texte c’est flagrant et très beau. Tu décris si bien ces émotions que procure la marche en groupe ou en solitaire. Ton texte me donne envie d’accélérer l’arrivée de mon projet de compostelle. .. Merci
@Valérie : heuuuu …. Comment te dire que je suis heureuse que mon mini moi ne t’ait pas en prof ou maîtresse…. :-/
Sinon ai été particulièrement attirée par la description des arbres et ton questionnement sur leur nudité est drôle ; -)
Pourquoi tu dis ça? Les absences ou mes tenues? Merci pour ton retour.
Les absences pour cause de choix de tenue difficile. .. inacceptable pour un parent d’élève qui met entre les mains d’une prof l’avenir d’instruction de sa descendance. .. alors si la prof commence à s’absenter pour de telle raison le parent prend peur, enfin je parle pour moi… 😉
@Jos : il faut goûter au froid de l’hiver pour savourer la douceur de l’été… Très beau texte, bravo !
@Leil: jolie musique!
@Anselme: on dirait bien que la musique et l’amour vont de paire cette semaine…
@Adèle: Un bien beau texte! Envie de suivre les pas de ton héroïne.
@Jos: texte court mais efficace!
@Nady: il y a des projets qu’on ne devrait jamais remettre à plus tard.
@PdP: un rayon de soleil peut changer notre vision du monde, aucun doute là-dessus.
@Bénédicte D.: rien ne presse pour le grand départ… et le soleil reviendra demain!
@Ludovic: pas toujours facile la vie de nos aînés…
@Manue: m’est avis que ton héroïne aurait bien fait un petit tour dans un établissement psychiatrique par le passé… Non?
@Valérie: j’ai un peu le même problème quand j’ouvre ma penderie. Je ne sais jamais quoi mettre!
@Terjit: pourvu que ce fauteuil ne termine pas à la déchetterie…
La plume et la page : Je ne pourrais pas vivre sans musique oui … et même chose pour les partitions : poser mes yeux et mes doigts dessus. ^_^
Merci pour ta lecture et suis d’accord avec toi sur les projets ; -)
Surtout en cette période de grand froid! grhhh
Juste fumé un peu de moquette 😉
Tu as raison ! d’ailleurs, au chaud dans son lit un livre à la main elle a l’air plutôt bien …..
@Leiloona : un beau voyage musical et plein de poésie. Merci pour cette belle déclaration d’amour !
Merci Jos !
Espérons que le lord y soit aussi sensible alors …
@ Anselme : Ton texte aux mots bien choisis (j’adore la 2ème phrase) résonne comme une musique douce et apaisante. Merci pour cette agréable lecture !
@Adèle : Faire travailler son corps pour oublier son cœur.. Belle course après la vie ! Etre entraîné par les autres pour réapprendre à vivre et quand le but est atteint se séparer d’eux pour voler de ses propres ailes… Bravo !
@Nady : La vie ne nous permet pas toujours de réaliser les projets les plus importants. Le temps file et nous coupe l’herbe sous les pieds. Reste l’espoir grâce auquel tous les voyages sont possibles…Merci Nady pour ce beau message !
Merci miss
@PdP : Bienvenue parmi nous et bravo pour ton texte fluide et efficace dans lequel avec l’amour, la vie réapparait. J’aime particulièrement l’image « regarder le vent ». Merci pour ce partage.
@Bénédicte : C’est beau et touchant cette femme qui se prépare à son ultime départ avec allégresse et détermination mais qui se trompe de jour. J’aime beaucoup l’idée et j’aime encore plus la façon dont tu l’a menée. Merci Bénédicte.
Merci Jos, tu comprends toujours tout …..
Anselme :
世界是一片汪洋大海,我的心就犹如那滨海地带。
@Ludo : Un texte fort et émouvant ! Le besoin de protection qu’un enfant peut ressentir pour le parents maintenant seul et superbement décrit et le temps figé à l’instant tragique de la perte de l’autre est poignant ! Bravo Ludo !.
@Manue : Un vrai plaisir ton texte ! On y reconnait bien ta patte, tant sur le fond que sur la forme et en plus…on y apprend le martien ! Bravo Manue !
Merci beaucoup :-)))
@Valérie : Beau clin d’œil plein d’humour qui laisse une grande place aux questions existentielles du matin 😉 Ton texte m’a bien fait sourire. Merci Valérie !
Tant mieux, merci pour ton retour.
@Terjit : Bravo pour ton texte aux mots bien choisis et d’une efficacité implacable. Dire qu’il repose tout entier sur la chaise que pour ma part je n’avais même pas vue sur la photo et que j’ai découverte à la lecture des textes ! Encore merci Terjit !
Adèle :
Citius, Altius, Fortius !
Très joli texte aux multiples sensations, et au message porteur.
Jos : Ah ça j’en suis convaincue. La patience est la clé de nombreuses belles choses, oui … Et j’apprends à l’être chaque jour. Elle permet, quand le moment arrive enfin, de profiter et profiter et … 😉
Et profiter encore et toujours ! 🙂 Merci Leiloona !
Nous nous comprenons bien, oui ! ♥
Nady : Ouch’, ben dis moi … Trop triste…:/
Pourtant le poème était comme une charmante petite ritournelle … (je n’arrive pas à voir ce dernier voyage comme quelque chose d’optimiste. Lis « Poussière d’homme », je suis certaine que tu aimeras.
Je vais le réserver à la bibliothèque pour le lire ainsi que petit pays dont tu parles souvent. Merci pour tes conseils de lecture ; -) bisous
De rien, ma belle … que du bon que je te donne ! 😉
Philippe : bienvenue !
Alors tu sais quoi, regarder le vent n’est pas une idée saugrenue (ou alors je suis une fille saugrenue. A voir …)
Un texte sur une renaissance quand l’amour naît. Bel innamoramento !
Béné : Malgré le sous texte triste cette préparation à ce fameux rendez-vous est emprunte d’une douce sérénité … Il ne sert à rien d’en avoir peur en effet …
Joli texte doux pour un rendez-vous bien particulier …
Merci beaucoup Leiloona, tu as bien vu que c’était une façon d’apprivoiser cette idée…Mais je ne suis qu’au début de l’apprentissage de la sérénité…..Encore beaucoup de boulot !
Ludo : Eh bien … la tristesse de faire le deuil de sa mère, mais aussi de porter son père devenu presque à son tour un petit enfant … Quand nos parents deviennent nos enfants …
Malgré tout, je garde ce Martin en tête, ce s’rait chouette si … 😉
@Leil : Baudelaire pour commencer, quel bonheur !!! Et ensuite ton héroïne transportée par l’amour et la beauté du paysage qui l’entoure … Comme dans un poème !
Ou dans un tableau vivant ! 🙂
Merci Manue !
Manue : Ah un texte SF, avec des majuscules, et une élue qui vient de Mars …
Nous ne sommes que de passage, en effet. Quel triste regard sur les hommes le narrateur porte …
Si elle est une élue, de quel ordre est-elle ? Pas compris car elle doit transmettre un message, mais elle meurt, donc … J’ai dû louper un épisode. 🙂
Tu veux un peu de moquette ???
Je vais essayer de rester sur Terre la prochaine fois et ne pas mettre de majuscules !!!
Merci pour ta lecture 🙂
@ Leiloona :
Sensuelle amoureuse musicienne, ou sensuelle amoureuse d’un musicien ?….Les deux me vont bien !!…Ce que je trouve le plus torride ? Quand elle enfile la chemise de son amant…..
Mes exemplaires de Beaudelaire n’en peuvent plus d’avoir été lus et relus depuis que nous avons fait connaissance. Il peut être si doux parfois comme dans « Un hemisphère dans une chevelure « , ce cadeau pour Jeanne Duval …..
Oui, je trouve cela sexy aussi une femme avec une chemise d’homme pour les frimas du matin, son odeur sur elle … une tasse à la main, les yeux vers cette baie vitrée hivernale et aux splendides paysages.
Quant à Baudelaire, oui, moi aussi … je ne m’en lasse pas, et j’apprends même à en découvrir encore aujourd’hui. ♥
@ Anselme :
J’aime ton style, dense, ramassé, essentiel . J’ai décidé de choisir une phrase à chaque fois, à n’importe quel endroit du texte, parce qu’elle me parle, parce qu’elle me touche ou parce qu’elle est belle….
Ce sera encore une fois la première « Tu me regardes et je feins de dormir. »….Celui ou celle qui n’a pas joué à ce jeu n’a jamais été amoureux !!
@Anselme : Quelle belle sensibilité chez ton héros, on dirait presque déjà un sage, capable de s’émerveiller de tout et de se réjouir du plus simple, de l’évidence. Il devrait lire Baudelaire 😉
@Adèle : Quelle belle renaissance pour ton personnage, la nature et la fraternité pour renaître. Joli idée, et tellement vraie !
@ Adèle :
Un très beau texte ponctué de tous ces petits détails qui lui donnent son authenticité. Quand la tête ou le cœur ne va pas bien, je trouve aussi que le salut passe souvent par le corps.
C’est comme si on brouillait les messages du cerveau pour ne plus laisser place qu’à la sensation pure qui envahit tout l’espace disponible…..
Mes pensées l’accompagnent sur ce chemin d’adieu et de reconquête….
@Leiloona : Quelle douceur infinie à la fois sur le regard posé sur cet homme qui partage la couche de ton personnage mais aussi sur le paysage qui respire la sérénité. Et puis cette référence à Baudelaire en prélude de cet amour, la partition est parfaite. Magnifico !
Perfecto ! 😀
Douceur et sérénité, ça me va, deux très jolis mots qu’il est bon de rencontrer sur son chemin.
@Anselme : amusant de retrouver l’idée de la musique aussi dans ton écrit 🙂
C’est une douce symphonie que tu nous offres à travers la sensualité de tes deux personnages et de cette nature à la beauté incontestable.
@Adèle : « J’ai calé le chagrin dans la poche de côté, et une livre d’amitié en contrepoids dans l’autre. » super phrase sans parler du « Un deux trois soleils » que je trouve particulièrement bien trouvé pour cette photo.
Ton texte m’a beaucoup ému, on ressent le besoin, la nécessité de cette retraite. J’aime l’idée que Roland et son amie la poussent à aller plus loin, plus haut pour faire son deuil. Très joli récit mêlant fragilité et force. Bravo !
@ Leil : c’est beau, c’est doux… C’est un magnifique voyage que tu nous offres là, sur des portées musicales et sensuelles..
@ Ludo : Touchée en plein coeur, émue… Les yeux qui piquent
@ Manue : cfjkokhxfjl (en vénusien, ça veut dire j’aime ,! )
Merci Nath ! #smouack
jebdsjcdskvjvddjhildjqzkdnsjcjbjhsdvsfvsehgjdkjdeejhddnzksjzjzdhbsb
(le plus grand mot vénusien est le mot merci 😉 )
Leiloona : Une belle description d’une journée au chaud, amoureuse et tranquille et contemplative
Nady : Cette dernière petite phrase de ta mère, sonne pour moi, qui l’ai vécu, comme une reconnaissance et une satisfaction de sa part. Après, pour le voyage à faire ou pas c’est dans le coeur que cela se passe et on fait comme on veut …
Janick : un joli programme qu’on devrait faire plus souvent, oui …
Merci Janickm me pour ta lecture. Tu veux dire la phrase de la mère de mon héros, n’est ce pas ? Mon texte est fictif, ma mère quant à elle pète la forme ici bas 😉
pardon … j’écris tellement dans le réel, que je ne pensais pas que ce texte était une fiction, quel bonheur alors de savoir que tout est possible.